Pays-Bas : la victoire circonstancielle du D66

Publié le 5 novembre 2025 | Temps de lecture : 4 minutes

Introduction

Puisque la Constitution des Pays-Bas exige que la formation du gouvernement soit confié au parti qui a remporté le plus de sièges — même s’il n’en a pas obtenu la majorité — c’est le PVV (qualifié d’extrême droite) qui avait eu la tâche de former une coalition à la suite des législatives de juillet 2023.

Il s’était donc allié avec le VVD, le NSC et le BBB. Comme condition à leur participation, ceux-ci avaient exigé que le poste de premier ministre ne soit pas confié au chef controversé du PVV.

Minée par des querelles intestines, comme en témoignent les quatre remaniements ministériels en deux ans, cette coalition fut dissoute le 3 juin dernier. Ce qui entraina des élections législatives prématurée, le 29 octobre dernier.

Les résultats des élections législatives aux Pays-Bas

Députation des partis suivants Élus en 2023 Élus en 2025 +/-
Parti pour la liberté (PVV) 37 26 -11
Parti populaire pour la liberté et la démocratie (VVD) 24 22 -2
Nouveau Contrat social (NSC) 20 0 -20
Mouvement agriculteur-citoyen (BBB) 7 4 -3
Parti travailliste-Gauche verte 25 20 -5
Démocrates 66 (D66) 9 26 +17
Appel chrétien-démocrate (CDA) 5 18 +13
Parti socialiste (PS) 5 3 -2
Denk (DENK) 3 3 0
Parti pour les animaux (PvdD) 3 3 0
Forum pour la démocratie (FvD) 3 7 +4
Parti politique réformé (SGP) 3 3 0
Union chrétienne (CU) 3 3 0
Volt (VOLT) 2 1 -1
JA21 1 9 +8
50 PLus (50+) 0 2 +2

Dans ce tableau, les quatre partis membres de la coalition sortante ont été placés en premier. Ce qui frappe, c’est qu’ils ont tous été sanctionnés par l’électorat. Tout particulièrement le NSC, rayé de la carte politique.

Les zizanies internes et l’incapacité à résoudre les problèmes auxquels sont confrontés les Pays-Bas — la crise migratoire et la crise du logement qui en résulte, de même que les mesures draconiennes destinées à combatte la pollution agricole par l’azote (fumier et lisier) — ont valu à la coalition une raclée.

Une interprétation différente

La perte de 26 députés par le PVV (euroseptique) et le gain de 17 par le D66 (pro-européen) sont interprétés par les médias occidentaux comme une grande victoire pour l’Union européenne et une défaite de l’extrême droite.

En réalité, il n’y a pas eu de glissement de l’opinion publique vers le centre.

Ce qui est arrivé, c’est que les électeurs de droite, scandalisés par l’appui inconditionnel du PVV à Benyamin Nétanyahou — dans un pays, faut-il le rappeler, où se trouve la Cour pénale internationale — ont déplacé leurs voix vers deux partis de droite (pires que le PVV, dit-on) soit le FvD (gain de quatre députés) et le JA21 (gain de huit députés), soit plus que la perte du PVV (onze députés).

De la même manière, lorsqu’on cumule les voix obtenues par ces trois partis qualifiés d’extrême droite, elles ont passé de 2 755 163 voix à 2 844 695 voix, soit une légère progression.

La croissance de la députation du D66 (un gain de 17 députés) ne s’est pas faite aux dépens de PVV puisque leurs idéologies diffèrent.

Ce glissement s’est fait aux dépens d’un autre parti centriste, soit le NSC (perte de vingt députés). Celui-ci s’obstinait à nier que l’immigration aggravait la crise du logement aux Pays-Bas. Son électorat a donc migré ailleurs.

Bref, le D66 a profité de cette reconfiguration de l’électorat pour devenir, accidentellement, le premier parti du pays.

Références :
Élections législatives néerlandaises de 2025
Législatives aux Pays-Bas : décompte terminé, victoire du centre confirmée
Un ‘pogrome’ à Amsterdam : vraiment ?

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Écrit par Jean-Pierre Martel


La CAQ permettra à Montréal et à Québec de spéculer à la bourse

Publié le 5 novembre 2025 | Temps de lecture : 2 minutes

Introduction

Conformément à sa manie d’imiter l’Ontario, le gouvernement de la CAQ permettra aux deux plus grandes villes du Québec d’investir leurs liquidités sous forme d’actions inscrites en bourse.

Les économies des villes

Le quotidien La Presse écrit : « Que ce soit pour planifier la réfection d’infrastructures, de nouveaux projets ou l’achat de terrains, bon nombre de municipalités ont mis de côté d’importantes sommes au fil du temps.»

En plus, on doit savoir qu’à Montréal, le paiement des taxes municipales peut se faire en un versement (le 3 mars) ou en deux versements (le 3 mars et le 2 juin).

Ce qui signifie qu’au début de juin, la ville a encaissé tout ce qui lui sera nécessaire pour gérer la ville jusqu’à l’année fiscale suivante.

Cette année, ses revenus seront d’environ sept-milliards de dollars.

Les leçons de l’Histoire

Lors de la crise financière de 2007-2008, l’indice Dow Jones chutait de 36,83 %.

Cela signifie que si la ville de Montréal avait reçu le pouvoir de spéculer à la bourse il y a vingt ans, les Montréalais auraient été soumis en 2007-2008 à une cure d’austérité sans précédent puisque la loi interdit aux municipalités de faire un déficit.

Conclusion

La CAQ ne voit jamais plus loin que le bout de son nez.

Lorsqu’elle est arrivée au pouvoir, l’État québécois nageait dans les surplus budgétaires et les surplus d’électricité. En sept ans de pouvoir, la CAQ a gaspillé l’un et l’autre.

Au lieu d’obliger les villes à maintenir la prudence dont elles font actuellement preuve, la CAQ veut leur ouvrir toutes grandes les portes de la spéculation boursière.

Comment peut-on être à ce point imprévoyant ?

Références :
Budget 2025 et PDI 2025-2034 de Montréal
Crise financière mondiale de 2007-2008
Le Fonds des générations ou Quand l’État spécule à la bourse
L’or et les indices boursiers
Montréal et Québec pourront investir en Bourse
Payer son compte de taxes

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Écrit par Jean-Pierre Martel