Notre-Dame de la Laïcité

Publié le 2 septembre 2025 | Temps de lecture : 6 minutes
Place d’Armes

Introduction

La prière de rue est une prière collective effectuée dans l’espace public par les pratiquants d’une même religion.

En France, dans de petites municipalités, des prières de rue ont été organisées en raison du refus des autorités locales d’accorder les permis nécessaires à la construction d’une mosquée.

À Clichy-la-Garonne, pendant huit mois, des Musulmans ont organisé des prières devant la mairie afin de protester contre la fermeture d’une mosquée. Cette dernière avait été fermée entre autres parce qu’on y avait trouvé des tracts appelant à tuer des Juifs… alors qu’il s’agissait d’un coup monté puisque les tracts avaient été placés là par un militant anti-islam.

De plus, en 2020, des Catholiques avaient pris l’habitude de se réunir à l’extérieur de leurs églises afin d’y prier au grand air, contournant ainsi la rigueur des mesures sanitaires décrétées en début de pandémie.

Les prières de rue sont devenues un sujet d’actualité au Québec depuis que sont organisées hebdomadairement des manifestations pro-palestiniennes devant la basilique Notre-Dame de Montréal à l’issue desquelles une partie des protestataires procèdent à une prière musulmane.

Ce qui a provoqué (évidemment) la controverse.

Si bien que le 28 aout dernier, le premier ministre a dévoilé son intention d’adopter une loi interdisant les prières de rue.

La provocation

L’organisation d’une manifestation pro-palestinienne devant une synagogue pourrait être interprétée comme une provocation.

Mais ici, le lieu de culte concerné est catholique.

Dans la mesure où le pape Léon XIV lui-même en appelle à la fin du conflit à Gaza, les manifestations de la Place d’Armes rejoignent essentiellement la position du Vatican.

Quant à savoir si une prière musulmane dite en face d’une église catholique constitue un sacrilège, rappelons que le Vatican a organisé de nombreuses rencontres œcuméniques au cours desquelles prêtres, imams et rabbins priaient ensemble.

L’espace public n’est pas une mosquée, dit-on

D’abord et avant tout, l’espace public est un milieu de vie.

Or, de toutes les activités humaines, la prière est sans doute une des plus anodines. Prier n’a jamais tué personne.

Mais on ne compte plus les morts causées par l’intolérance à l’égard des minorités religieuses, ethniques et sexuelles.

Le meilleur conseil qu’on peut donner à ces bonnes âmes scandalisées par la prière de rue des Musulmans, c’est de prier à leur tour… de préférence en silence.

Le prosélytisme

Il ne suffit pas de voir des gens prosternés ‘à la musulmane’ pour avoir envie d’adhérer à cette religion afin de pouvoir se prosterner comme eux.

Le prosélytisme, c’est plutôt ces Témoins de Jéhovah qui distribuent des tracts pour nous annoncer la fin du monde et l’urgence de nous convertir au plus vite à leur secte.

Si leur prosélytisme n’a rien d’illégal, il devrait en être de même de la prière de rue de quelques Musulmans.

La laïcité bien relative de l’espace public québécois

L’espace public comprend les places (comme la Place d’Armes), mais également les parcs et les rues.

On trouve une rue Notre-Dame dans probablement toutes les municipalités du Québec, exception faite de celles qui n’en ont qu’une, généralement appelée ‘rue Principale’.

Sur les 1 108 municipalités du Québec, plus de la moitié portent des noms à consonance religieuse, c’est-à-dire des noms de saints ou de fêtes religieuses (comme l’Assomption).

Comme ailleurs dans le monde, l’espace public québécois est un reflet de notre histoire. Voilà pourquoi la laïcité québécoise est un compromis qui s’accommode d’un passé où la ferveur religieuse faisait partie de notre identité.

Laïcité et apostasie

La laïcité de l’État ne concerne que les institutions étatiques.

Elle interdit l’exhibition de symboles religieux amovibles dans les lieux appartenant à l’État (comme l’ex-crucifix de l’Assemblée nationale). Et elle interdit à certains employés de l’état de porter des symboles religieux ostentatoires.

Jamais la laïcité n’a eu pour but d’obliger les citoyens à renoncer à leurs convictions religieuses ni à cesser de prier, tant dans l’intimité de leur domicile que publiquement.

Les processions religieuses — à la Vierge, à sainte Anne, au Christ-Roi, à saint Jean-Baptiste — ont longtemps fait partie de la culture populaire québécoise.

Si ces manifestations ont disparu, ce n’est pas parce que Québec s’est tourné vers la laïcité. C’est parce que les églises se sont vidées dans les années 1960. Conséquemment, les recettes de la dime dominicale ne suffisaient plus à financer toutes les activités des paroisses, les obligeant à une cure d’austérité responsable de la disparition des processions religieuses.

On peut donc anticiper que le renouveau actuel de la religiosité en Occident finisse par atteindre le Québec, ravivant ainsi l’idée d’organiser de nouveau des processions religieuses.

C’est sans doute ce qui explique que Mgr Christian Lépine, archevêque de Montréal, a publié une lettre ouverte dans laquelle il déclare : « Certaines propositions récentes visant à interdire la prière en public soulèvent de sérieuses inquiétudes quant au respect des libertés fondamentales dans une société démocratique.»

On doit donc conclure qu’en voulant interdire la prière de rue, M. Legault est plus catholique que le pape.

Références :
Appel à tuer les Juifs : le curieux document du maire de Clichy
Évangélisation de rue
Gaza : Léon XIV appelle à mettre fin immédiatement à la « barbarie » de la guerre
La CAQ va légiférer pour interdire les prières de rue
Les prières de rue, pas forcément liées à un manque de lieux de culte
Les prières de rue sont-elles illégales en France ?
Les prières de rue sont-elles légales?
Les « saints lieux » au Québec
Prière de ne pas exagérer
Prière de rue
Prières en public : « Il est où, le problème? »

Parus depuis :
Le Québec est un État laïc? Vraiment? (2025-09-04)
Texas attorney general wants students to pray in school… unless they’re Muslim (2025-09-07)

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5 mark II, objectif M.Zuiko 25mm F/1,2 — 1/80 sec. — F/1,2 — ISO 2500 — 25 mm

Avez-vous aimé ce texte ?

Prière de choisir un nombre d’étoiles.

Moyenne : 0 / 5. Nombre de votes : 0

Soyez la première personne à voter.

We are sorry that this post was not useful for you!

Let us improve this post!

Tell us how we can improve this post?

2 commentaires à Notre-Dame de la Laïcité

  1. André joyal dit :

    Prions-on! Prions-on!
    Prions que la bière vienne à 5 cennes. On chantait ça enfants sur le trottoir ou dans la ruelle.

  2. Jacques Légaré dit :

    En réponse à mon ami, Jean-Pierre Martel, commentateur érudit, doté d’un esprit indépendant et talentueux.

    L’interdiction laïciste de la prière dans les rues.

    Si ça grouille dans le bénitier, c’est que l’eau n’y pas très propre.

    Si la rue se spiritualise par des processions, c’est que la sous-culture portant ces processions a des affinités avec l’asphalte salie par tous nos pieds. En effet, l’esprit sain prierait plutôt en solitaire, au grand air, dans nos majestueuses forêts.

    Quand une idéologie se meurt (la catholique) ou livre son baroud d’honneur militant et guerrier contre la modernité (l’islam), il est normal que même le ridicule ne les tuera pas définitivement.

    « Nez par terre et cul en l’air » n’arrêtera pas les sionistes israéliens à nettoyer ethniquement, avec une effroyable et massive cruauté, la Palestine à la manière de Josué.

    Tout comme les prières papales n’ont pas libéré une seule femme de la planète du machisme viriliste de son très pieux époux.

    Notre bonheur québécois provient que l’immense capital immobilier aux mains des rares gérontocrates cardinalices de la planète rend mielleux en lipsing les protestations des robes noires, violettes ou rouges. Ils pontifient, allongés dans leur hamac tissé de fils d’or, comme les vêtements sacerdotaux par dizaines de milliers accrochés dans des églises de nos jours désertées. L’or insignifiant et fatigué.

    La modernité, version libérale occidentale ou version brutale chinoise, à terme viendra à bout des religions, et dans tous les domaines. Pas beau du tout ce qui s’en vient.

    Le bois vermoulu chrétien et la bravade sans industrie des islamistes, terroristes en Europe ou anti-laïcistes au Québec, sont en chute libre accélérée dans le vide sidéral où leur inculture obscurantiste les a projetés.

    Dans leurs doubles agonies ou funérailles qui dureront encore des décennies, nous devons déplorer, humanistes que nous prétendons être, que nos sœurs et frères humains, passent leur vie durant dans cette déplorable misère culturelle.

    La tradition les y a enfermés comme d’innocents poissons rouges dans un bocal. Plus triste encore, où la géopolitique (49 pays) les enferma dans une idéologie toxique assumée, prison dont ils ont eux-mêmes jeté la clé à la mer. Leurs épouses voilées, déscolarisées et confinées aux couches et à la cuisine, n’ont pas le string nécessaire pour plonger un jour à l’eau pour la récupérer.

    Quand on prie dans la rue, on montre à tous le double désespoir d’être prisonnier de sa religion et de souffrir par elle de ne pas savoir pourquoi.

    Pourquoi tous les humains ne trouvent-ils pas aisément et spontanément le bonheur humain, espéré et si bien défini par les Lumières ? Parce que, dans l’homme, l’illusion est plus sucrée et l’effort au bonheur encore trop laborieux.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

>