Introduction
Pendant treize ans, dans les bureaux de Goldman Sachs situés à Londres, Tokyo, New York et Toronto, Mark Carney a été banquier d’affaires.
Puisque le rôle d’un banquier d’affaires consiste principalement à œuvrer dans les opérations de fusion et d’acquisition de grandes entreprises internationales, on peut présumer que ce fut son cas.
De plus, en tant que coresponsable chez Goldman Sachs de la gestion des crises liées aux dettes souveraines, il aida la Russie (sous Boris Eltsine) à traverser sa crise financière de 1988.
Les conflits d’intérêts de Mark Carney
En réaction aux menaces tarifaires de Donald Trump. Mark Carney avait évoqué, au cours de la campagne électorale, la possibilité, pour le Canada, de résilier le contrat d’achat des chasseurs-bombardiers F-35.
Leur acquisition est le pire contrat militaire de l’histoire militaire du Canada. En effet, ce contrat ne comporte aucun transfert technologique, et des retombées économiques insignifiantes pour notre pays. Une fois élu, on n’en a plus entendu parler.
Et pour cause.
Le 11 juillet dernier, le Bureau du commissaire aux conflits d’intérêts révélait que Marc Carney possédait des investissements (qualifiés de ‘notables’) dans Lockheed Martin, le fabricant des F-35.
Cet investissement fait partie des 569 entreprises dans lesquelles Mark Carney possède des intérêts. La liste est tellement longue qu’elle fait quinze pages.
Le 29 juin dernier, Mark Carney décidait d’abolir la Taxe sur les services numériques, sous le prétexte que cela permettra de relancer les négociations en vue d’un nouvel accord avec Donald Trump que le premier ministre espère avantageux pour le Canada.
Un tiens vaut mieux que deux tu l’auras.
Cette taxe devait rapporter annuellement plus de deux-milliards de dollars au fisc canadien.
Le rapport du Commissaire aux conflits d’intérêts nous apprend que Mark Carney a ainsi fait ce cadeau aux entreprises dans lesquelles il possède des investissements majeurs : Alphabet (maison mère de Google), Apple, Amazon, Meta (Facebook), Nvidia et Microsoft.
Ces deux-milliards$ qu’auraient payés ces géants de l’internet, ce sont des milliards$ que vous et moi n’aurions pas eu à débourser pour financer les services de l’État.
La société de fiducie, paravent de l’hypocrisie
Pour pallier les conflits d’intérêts, la loi oblige le premier ministre à confier ses investissements à une société de fiducie sans droit de regard.
‘Sans droit de regard’, cela signifie que les fiduciaires sont libres de faire fructifier ce capital comme ils l’entendent, sans en aviser le premier ministre.
Il n’est pas rare que les politiciens obligés de le faire confient leur argent à une société privée de fiducie, formée de leurs amis les plus proches.
Tout ceci est une farce.
Une des raisons qui incitent les chefs d’État à réduire les taux d’imposition des entreprises et à leur permettre de délocaliser leurs profits dans des paradis fiscaux, c’est que cela profite aux investisseurs.
Or plus les investisseurs s’enrichissent, plus ils spéculent à la bourse. Et plus ils spéculent, plus cette spéculation pousse les indices boursiers à la hausse. Et plus ceux-ci augmentent, plus la fortune en fiducie des décideurs publics augmente.
Conclusion
Comme ces PDG qu’une compagnie internationale déplace d’une filiale à une autre, le nouveau premier ministre du Canada occupa successivement la direction de la banque du Canada, puis celle de la banque d’Angleterre. Comme si ces deux pays étaient de simples succursales de l’Empire américain.
Le nouveau premier ministre du Canada est un technocrate de la finance mondialisée qui n’appartient pas à notre monde. Conséquemment, il s’entoure de ministres et de conseillers qui lui ressemblent; des millionnaires ou des gens en voie de le devenir…
Références :
« Carney a décidé de plier »
Google, Amazon, Meta: voici les grosses compagnies dans le portefeuille de Mark Carney
La taxe numérique et les degrés de l’assujettissement
Mark Carney
Mark Carney at Goldman Sachs: What did he do there?
DOMMAGE QUE VOUS N’AYEZ PAS publié ces infos avant l’élection
Ce triste constat a une cause encore plus triste : les Canadiens, en grande majorité, aiment plus l’argent que leur propre humanité, dont leur devoir de solidarité humaine, de conscience sociale…
…et même de juste compréhension de leurs intérêts économiques véritables.
Qui lèche les pieds de Crésus et de Ploutos ne vaut pas plus que l’odeur qu’ils dégagent.
Le petit côté rationnel qui subsiste sous cette lâcheté est le principe même de l’économie libérale :
si on ne laisse pas les marchés enrichir les plus riches en leur laissant toute liberté, l’incompétence populaire ou la bureaucratie étatique amèneront la stagnation économique, voire le déclin économique.
Les Chinois l’ont compris, mieux que les Russes, et ils ont en 40 ans fait des bonds économiques prodigieux.
À un prix social très élevé. Mais le peuple chinois y a consenti.
De même le peuple canadien consent à la plus triste médiocrité morale. Il vote à 80% pour des partis de droite qui compétionnent au profit, tout majoritaire, des plus riches.
Les autres auront les miettes, ou la simple stagnation de leurs revenus. Et même pire : quand l’inflation dégonfle leur pouvoir d’achat réel.
Vae ignorantis ! (Malheur aux ignorants volontaires qui ne veulent pas s’instruire).
Hors de la sociale-démocratie, revisitée, refondée, votée et unanimement acceptée, l’inégalité grossira et, à terme, la démocratie périra.
j.l. ph.d. en philosophie politique
Intéressant