Ce n’est pas un effroi que l’espace fait voir
Ni le fond infini d’un horrible trou noir.
C’est la chance et l’élan où notre vie patrouille
Comme un poisson fringuant au ruisseau y farfouille.
L’ardeur de tout croyant le chauffe et le séduit;
Mais son bon sens inné à tel feu se réduit.
Il est presque impossible à imposer l’étude
Au citoyen borné qui la dit platitude.
Des crimes les plus noirs ont souillé tous les dieux.
Ils les justifient tous nous pétant dans les yeux :
La violence et le feu, le mensonge et l’inceste,
Le vol, l’assassinat, et tout ce qu’on déteste.
C’est l’ordre impératif dicté des Immortels
À notre âme asservie par leurs tourments cruels.
Serment d’un bigot fanatique :
« Je n’adore qu’un dieu, maître de l’univers,
Sous qui tremblent le ciel, la terre, et les enfers,
Un dieu qui, nous aimant d’une amour infinie,
Voulut mourir pour nous avec ignominie,
Et qui par un effort de cet excès d’amour,
Veut pour nous en victime être offert chaque jour.»
(Pierre Corneille)
Il aurait pu encore en ajouter des bonnes
Que n’aurait jamais dit un gamin de trois pommes :
« Vaut mieux le dur supplice au beau lit d’une femme »
ou
« J’aspire moins à sa peau qu’au chalumeau en flamme
Pour jouir de mon Salut payé d’atrocités »…