Le bannissement partiel d’Airbnb à Montréal

Publié le 31 janvier 2025 | Temps de lecture : 5 minutes

Introduction

L’administration Plante annonçait hier que la location de courte durée serait interdite dans les résidences principales du 10 juin au 10 septembre de chaque année.

Le 6 aout 2021, Barcelone devenait la première ville européenne à interdire la location d’une chambre pour moins d’un mois. Trois ans plus tard, la ville annonçait son intention de bannir toute location d’appartement touristique dès 2028, invoquant la crise du logement et la flambée du prix de l’immobilier.

À ce jour, une cinquantaine de villes à travers le monde ont, plus ou moins, imité Barcelone.

Le surtourisme

Le tourisme de masse a été rendu possible par l’abaissement du prix du transport international (notamment aérien) et celui du prix de la location de courte durée.

Se sont alors généralisées, ces hordes de touristes qui viennent faire la fête dans une ville avec l’intention d’y dépenser le moins possible.

Face au surtourisme qui en a résulté, les villes atteintes ont rendu plus onéreux le séjour sur leur territoire.

Le but de leurs mesures est d’offrir une ‘expérience client’ plus agréable à ceux qui sont prêts à dépenser davantage au cours de leur séjour et à laisser davantage d’argent dans l’économie locale.

La crise du logement

À l’heure actuelle, la ville de Montréal n’est pas encore atteinte par le surtourisme. Mais elle fait face à deux fléaux.

Premièrement, à une grave crise du logement provoquée par un déluge migratoire dont seul Ottawa porte la responsabilité.

Et deuxièmement, à un investissement public en matière de logement social insuffisant depuis plus d’un demi-siècle. Un sous-investissement chronique dont tous paliers de gouvernements sont responsables.

Bref, le problème est : trop de besoins locatifs et pas assez d’offres.

Une mesure insuffisante

Augmenter l’offre de logement locatif auprès des Montréalais est une excellente idée.

Mais quelle famille d’ici aménagera dans un logement sachant qu’elle en sera expulsée dès l’été venu pour faire place à des touristes ?

En voyant la mesure que veut adopter la ville, on se demande s’il y a une personne qui a du jugement à Projet Montréal (le parti municipal de Valérie Plante).

En réalité, pour combattre la grave pénurie de logements, les résidences (principales ou non) doivent être offertes aux Montréalais, exclusivement, toute l’année.

De leur côté, les touristes iront à l’hôtel, au motel ou dans les auberges jeunesse : ceux qui n’en ont pas les moyens iront économiser ailleurs.

Évidemment, cela entraine une perte financière pour ceux qui ont l’habitude de louer leur résidence principale pendant qu’ils sont en voyage. Toutefois, il faut s’enlever de l’idée qu’il existe des crises qu’on peut combattre avec des moyens qui ne pénalisent personne. Cela n’existe pas.

Bref, c’est dommage pour ces locateurs, mais c’est ça qui est ça.

Une mesure inutilement compliquée

La nouvelle règlementation municipale sera adoptée le 24 mars prochain.

Elle ne s’appliquera que dans les arrondissements où la location de courte durée est déjà permise. Ce qui n’est pas le cas du centre-ville et du Vieux-Montréal (où les infractions sont généralisées).

Pour appliquer la nouvelle règlementation, le nombre d’inspecteurs passera de trois à sept.

Mais la loi provinciale adoptée par la CAQ au sujet de la location de courte durée est beaucoup trop lourde puisque les procédures intentées par la ville en vertu de cette loi peuvent durer un an. Et ce, sans compter le temps de l’enquête des inspecteurs.

Pour parvenir simplement au même résultat, il suffirait d’imposer une taxe élevée sur les honoraires que prend Airbnb sur chaque location à Montréal. Et de prévoir une amende colossale si Airbnb néglige de respecter la loi.

Plus besoin d’inspections : sans quitter leurs bureaux, les inspecteurs n’auraient qu’à offrir en location de courte durée des locaux vacants qui appartiennent à la ville, de simuler une location, et de voir si Airbnb a fait payer la taxe au locataire. Sinon, elle est poursuivie pour des millions de dollars pour chaque infraction.

L’idée est simple; rendre la location par des entreprises comme Airbnb plus onéreuse que loger à l’hôtel. Le reste en découlera.

Références :
« Le commerce illégal sur le dos des locataires, c’est fini », dit Valérie Plante
Les 51 villes interdites de Airbnb en 2023
Le Québec, Dollarama des études postsecondaires ?
Logement : comment la ville de Barcelone veut mettre fin aux appartements Airbnb
Victime du “surtourisme”, Barcelone s’attaque à Airbnb

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Écrit par Jean-Pierre Martel