Forces en présence au 8 décembre 2024
Introduction
En moins de deux semaines, l’Organisation de libération du levant (Hayat Tahir al-Cham ou HTC) — autrefois affilié à Al-Qaïda — s’est emparée du pouvoir en Syrie.
Pour savoir ce qui attend la partie du territoire syrien tombée entre ses mains, il faut se reporter à la gouverne du HTC dans son fief de la province d’Idlib (au nord-ouest de la Syrie) où il est la faction rebelle dominante depuis 2019.
Wikipédia nous apprend qu’à Idlib, la charia n’était pas appliquée de manière très rigoureuse; il n’y a pas de code vestimentaire strict autre que le port du voile pour les femmes, pas d’interdiction de fumer, pas d’interdiction faite aux femmes de se balader seules, et pas de contrôle de l’internet.
Femmes et hommes s’assoient séparément dans les restaurants. Mais la mixité est tolérée dans les centres commerciaux ou les parcs. Les commerces peuvent diffuser des chants révolutionnaires.
Du moment que les églises chrétiennes ne font pas sonner leurs cloches et enlèvent les crucifix visibles à l’extérieur, des offices religieux peuvent s’y dérouler discrètement.
Si le passé est garant du futur, c’est ce qui attend la population syrienne sous le contrôle du HTC.
Conséquences internationales
La prise du pouvoir par le HTC est une victoire pour leur principal commanditaire, la Turquiye.
Et c’est une victoire pour Israël puisque ce nouveau régime sunnite brise ce croissant chiite (Syrie, Iraq et Iran) par lequel l’Iran approvisionnait le Hezbollah libanais anti-israélien.
Pour ces raisons, c’est une défaite cuisante pour l’Iran.
Même si le régime de Bachar el-Assad était un allié de la Russie, et même si les trois bases russes en Syrie sont de la plus haute importance aux yeux de Moscou, la diplomatie russe devrait permettre à la Russie de sauver les meubles pour deux raisons.
Premièrement, parce que la Russie peut faciliter la reconnaissance internationale du HTC auprès du Sud Global alors qu’il est encore considéré comme une organisation terroriste par les États-Unis, le Canada et de nombreux pays occidentaux.
Deuxièmement, parce que la guerre en Syrie a détruit 98 % de son économie. Or ce pays ne peut espérer le moindre prêt auprès des institutions financières créées par les BRICS sans l’accord de la Russie.
Quant aux pétromonarchies, elles savent qu’il sera plus facile de s’entendre avec le nouveau régime qu’avec celui de Bachar el-Assad.
La véritable question est de savoir si Washington verra un intérêt à reconnaitre le nouveau pouvoir syrien. En d’autres mots, qu’est-ce que cela lui donne ?
Réaction de la presse occidentale
La plupart des médias occidentaux comptent sur les agences de presse pour les alimenter en nouvelles internationales.
Or certaines des plus influentes d’entre elles sont aveuglément pro-israéliennes, probablement parce qu’elles appartiennent à des financiers qui le sont. Par exemple, si l’agence Reuters a pu faire croire à tout l’Occident qu’un pogrome avait eu lieu récemment à Amsterdam, elle peut faire croire n’importe quoi à nos journalistes et aux experts autoproclamés de nos médias.
Or la victoire du HTC est avantageuse pour Israël. D’où le portrait flatteur que les agences de presse nous font de cet ex-partenaire d’Al-Qaïda.
Ceux-ci nous parlent donc de l’allégresse qui s’est emparée de la diaspora syrienne dans nos pays et font un bilan accusateur (à juste titre) du tyran déchu… tout en passant sous silence le fait que la Syrie ne fait que passer d’une dictature laïque à une dictature islamiste qu’on nous dit bienveillante.
Cela reste à voir…
Oui… Tout reste à voir.
Vous écrivez: « Mais la mixité est tolérée dans les centres commerciaux ou les parcs.»
Je ne savais pas qu’il y avait des centre commerciaux dans la province d’Idlib. Genre Dix-30 ou Royalmount?
Quant aux parcs, se peut-il qu’ils me rappellent le Parc Morgan de mon enfance? Faut aller voir…