États-Unis vs Russie : la classe politique

Publié le 26 novembre 2024 | Temps de lecture : 6 minutes

Au sommet de l’État américain

Le parlement américain porte le nom de Congrès. Il est bicaméral, c’est-à-dire formé de deux chambres.

En premier lieu, il y a une chambre basse appelée Chambre des Représentants, où siègent 435 personnes élues au suffrage universel.

Puis il y a une chambre haute, appelée Sénat, où siègent cent sénateurs également élus au suffrage universel.

Aux trois quarts, les congressistes sont des hommes.

Au sujet de la pigmentation cutanée, environ 40 % des Américains se définissent comme ‘Blancs’ : les congressistes le sont à 61 %.

Mais la caractéristique la plus fondamentale des élus américains est qu’ils sont riches. Très riches. La moitié d’entre eux sont des millionnaires issus du milieu des affaires ou du milieu juridique.

Ceux qui ne le sont pas encore le deviendront au cours de leur mandat, grâce aux délits d’initiés qui permettent aux législateurs de savoir avant tout le monde quels sont les secteurs économiques qui seront avantagés par la législation encore à l’état d’ébauche.

De plus, contrairement au Québec — où le financement politique est plafonné et réservé aux citoyens du Québec — le financement politique aux États-Unis est de la corruption légalisée.

Aux États-Unis, si un politicien américain reçoit secrètement une somme importante, c’est de la corruption. Mais s’il rend publiques les nombreuses sommes importantes qui lui sont versées, cela n’est plus de la corruption, croit-on, puisque cette multitude lui confère une certaine indépendance à l’égard de chacun de ses donateurs.

En réalité, plus nombreuses sont les contributions, plus on est corrompu.

Il en est de même en Europe; tous les élus y sont corrompus à l’os, parfois même par des puissances étrangères qui opèrent sous le couvert d’ONGs (généralement américaines).

Ceci étant dit, qu’en est-il de l’exécutif, c’est-à-dire du président et de ses ministres ?

Ces jours-ci, le président Donald Trump est en train de les choisir. Ceux déjà annoncés sont tous plus incompétents les uns que les autres.

Ce sont généralement des hommes d’affaires richissimes qui ont en commun leur loyauté pour Trump et leur profonde aversion envers les politiques suivies par le département dont ils héritent.

Ce qui permet d’anticiper des affrontements entre ces nouveaux dirigeants et une fonction publique détestée. Un affrontement qui pourrait aller jusqu’au démantèlement partiel de l’État fédéral américain par le moyen de l’abandon de pans entiers des missions qui lui ont été confiées, il y a près d’un siècle, par le New Deal du président Franklin-Delano Roosevelt.

Au sommet de l’État russe

Comme dans tous les pays slaves, le parlement russe (appelé Douma) est formé très majoritairement de députés masculins.

Mais contrairement aux États-Unis — où un équilibre délicat de contre-pouvoirs empêche (théoriquement) l’emprise totale du chef de l’État sur le pays — l’exécutif russe (Poutine et ses ministres) possède un pouvoir déterminant sur les orientations du pays.

Par-dessus tout, la différence fondamentale entre le pouvoir politique russe et celui aux États-Unis est la place des polytechniciens et des experts dans l’entourage de Vladimir Poutine. Pour s’en convaincre, il suffit de voir qui sont les membres de son gouvernement.

Les voici :

Vladimir Poutine, président de la Fédération de Russie
• avocat.

Mikhaïl Michoustine, premier ministre
• diplômé de l’université d’État de technologie de Moscou
• spécialise en ingénierie des systèmes.

Les dix vice-premiers ministres russes

Denis Mantourov, premier vice-premier ministre
• diplômé en sociologie et en sciences économiques.

Dmitri Grigorenko, chef de cabinet
• diplômé en économie.

Youri Troutnev, envoyé plénipotentiaire dans le district d’Extrême-Orient
• ingénieur minier.

Dmitri Patrouchev, responsable du complexe agro-industriel et des ressources naturelles
• doctorat en sciences économiques.

Alexeï Overchuk, responsable de l’intégration eurasienne et de la coopération avec les BRICS
• doctorats en agronomie et en sciences économiques.

Alexandre Novak, responsable du complexe énergétique et de l’économie
• diplômé en métallurgie.

Marat Khusnullin, responsable de la construction et de la politique régionale
• diplômé en sciences économiques.

Tatiana Golikova, responsable des politiques sociales, du travail, de la santé et des pensions
• diplômée en économie du travail.

Dmitri Tchernychenko, responsable du tourisme, des sports, de la culture et des communications
• homme d’affaires.

Vitali Saveliev, responsable des transports
• ingénieur mécanicien et docteur en sciences économiques.

Principaux ministres russes

Andreï Belooussov, ministre de la Défense
• diplômé en économie.

Sergueï Lavrov, ministre des Affaires étrangères
• diplômé en relations internationales.

Vladimir Kolokoltsev, ministre de l’Intérieur
• policier.

Konstantin Chuychenko, ministre de la Justice
• avocat et homme d’affaires.

Alexandre Kourenkov, ministre des Situations d’urgence
• instructeur en éducation physique et diplômé en sciences sociales.

Sergueï Tsivilyov, ministre de l’Énergie
• ingénieur électricien et économiste.

Oksana Lut, ministre de l’Agriculture
• économiste.

Anton Silouanov, ministre des Finances
• doctorat en sciences économiques.

Conclusion

Dans les circonstances actuelles, l’habileté de la Russie à maintenir une croissance économique supérieure à celle des pays occidentaux, et son aisance à contourner les sanctions financières et économiques adoptées contre elle, ne sont pas des coïncidences; c’est le résultat de la compétence des personnes dont Poutine s’est entouré pour diriger son pays.

Puisse son exemple être suivi par ces dirigeants qui, en Occident, se plaisent à susciter sa détestation, mais qui, avouons-le, ne lui arrivent pas à la cheville.

Références :
Violier V. Le pouvoir russe en juillet 2024. Diplomatie 2024; No 81: 19.
Élections américaines : un Congrès encore trop blanc
États-Unis : la majorité des membres du Congrès sont millionnaires
Gouvernement Mikhaïl Michoustine (2)
Part de femmes parmi les personnes siégeant au Sénat et à la Chambre des Représentants aux États-Unis entre 1965 et 2023

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