Port d’Helsinki
Au cours des deux prochaines semaines, la Suède expédiera cinq-millions d’exemplaires d’une brochure de 32 pages destinée à préparer ses citoyens à la guerre ou à des catastrophes naturelles.
Ce document offre des conseils pratiques tels que la constitution de réserves de denrées alimentaires et d’eau, où trouver un abri en cas d’attaque aérienne, ce qu’il faut emporter en cas d’évacuation, et quoi laisser à la maison aux animaux domestiques puisqu’ils ne sont pas admis dans les abris.
C’est la cinquième fois depuis la Deuxième Guerre mondiale que la Suède procède à la distribution d’un tel document, aujourd’hui actualisé.
La Finlande a lancé un site web avec des conseils similaires.
Selon Le Parisien, cette campagne d’information se justifie par l’imminence d’une guerre avec la Russie.
Pour des millions d’Européens, une capitulation de l’Ukraine serait catastrophique puisqu’aussitôt (ou dès qu’elle s’en sera remise), une Russie vengeresse et assoiffée de sang se lancera à la conquête du reste de l’Europe. Ce qui déclencherait une Troisième Guerre mondiale.
Est-ce un scénario probable à brève ou à moyenne échéance ?
Au cours de la guerre russo-ukrainienne, l’armée russe a éprouvé de la difficulté à faire la conquête d’un pays de 38 millions de personnes. Elle y travaille depuis mille jours sans y être parvenue.
Et on prétend que, victorieuse sur l’Ukraine, la Russie lancerait ses troupes contre l’Occident, peuplé de 880 millions de personnes.
Une des différences fondamentales entre la Russie et les États-Unis, c’est que la Russie fait la guerre à ses frontières (Tchétchénie, Géorgie, Ukraine) alors que les États-Unis guerroient partout à travers le monde (Vietnam, Afghanistan, Irak, Syrie, Kosovo, etc.).
Ce qui est normal puisque les États-Unis se veulent les gardiens de l’ordre mondial (qui consacre leur hégémonie), alors que la Russie n’a pas cette prétention.
Quelles sont donc les raisons véritables de cette campagne de peur ?
Avant même son adhésion à l’Otan, la Suède possédait une armée compétente à laquelle elle consacrait plus de deux pour cent de son PIB (qui sera porté à 2,4 % en 2025).
Quant à la Finlande, déjà bien armée, elle compte augmenter de beaucoup son budget militaire d’ici 2026.
Toutefois, la guerre russo-ukrainienne révèle que même 2 % du PIB est insuffisant. Une guerre de haute intensité, comme celles menées par la Russie en Tchétchénie et en Ukraine, nécessite une quantité d’obus et d’ogives considérable, bien au-delà de ce qu’on croyait nécessaire jusqu’ici.
En raison de la rigueur budgétaire qui les caractérise, il est douteux que les gouvernements de ces deux pays choisissent de s’endetter pour financer l’augmentation substantielle de leurs dépenses militaires.
Pour y parvenir, il leur faudra sabrer leur filet de protection sociale. Une protection à laquelle les Finlandais et les Suédois sont très attachés et qui constituait jusqu’ici le dividende de la paix.
Pour qu’ils consentent à des sacrifices jugés nécessaires, il faut créer et entretenir la peur d’une guerre improbable… à moins, évidemment, d’être provoquée par l’Occident.
Références :
« Courir, se cacher… » : Suède et Finlande préparent leurs habitants à une possible guerre contre la Russie
Finlande: Évolution de la dette en pourcentage du PIB
La Finlande va augmenter de 40% son budget de la défense d’ici 2026
La nouvelle Théorie des dominos
La Suède porte son budget défense à plus de 2% de son PIB
Suède: Évolution de la dette en pourcentage du PIB
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