Transport en commun : les comptables à la rescousse de la CAQ

Publié le 8 novembre 2024 | Temps de lecture : 5 minutes
Passagers évacuant un train en panne dans le tunnel du métro

Le gouvernement de la Coalition Avenir Québec (CAQ) est pro-automobile et anti-transport en commun.

Contrariée d’avoir à payer le déficit croissant des sociétés de transport, la CAQ a demandé un audit à leur sujet, c’est-à-dire un examen de leurs comptes et leurs états financiers.

Hier, les comptables de Raymond Chabot Grant Thornton ont rendu public leur rapport. Celui-ci signale qu’il serait possible de réaliser 346 millions de dollars d’économies en ‘optimisant’ les dépenses des sociétés de transport.

On connait la chanson.

Depuis plusieurs décennies, nous élisons des partis politiques qui promettent ‘de couper dans le gras’, de procéder à la ‘réingénierie’ de l’État, de ‘remettre de l’argent’ dans les poches des contribuables. Le tout sans affecter la qualité des services que nous recevons, parait-il.

Le résultat, c’est que notre filet de protection est en ruine, que la construction de logements sociaux se fait au compte-goutte (aggravant la crise du logement), et qu’il y a annuellement mille pannes (de plus de cinq minutes) dans le métro de Montréal alors que certaines années, sur la ligne principale du métro de Paris, il n’y en a aucune (aucune comme dans zéro).

Évidemment, la firme Raymond Chabot Grant Thornton a raison; on peut toujours presser le citron encore plus tant qu’il n’est pas complètement sec, faire appel au privé (qui s’en mettra plein les poches) et appliquer au transport en commun les recettes désastreuses que la CAQ et le PLQ ont appliquées à notre système de Santé.

La vérité, c’est que le transport en commun souffre de sous-investissement chronique.

Si la CAQ disposait d’une véritable stratégie industrielle — autre que la filière batterie (qui bat de l’aile) — elle aurait compris que plus les Québécois achètent des voitures, plus des milliards de dollars quittent chaque année le Québec pour enrichir les pays qui produisent les voitures et l’essence que nous leur achetons.

Depuis qu’elle est au pouvoir, la CAQ a payé les factures du Réseau express métropolitain (déjà en construction), mais elle a différé tous les autres projets de transport en commun à l’exception du Service rapide par bus le long de la rue Pie-IX.

Elle a même retardé l’achèvement des stations à venir du REM (donc autres que les quatre déjà en service) puisque plus le réseau s’agrandit, plus son déficit d’opération s’accroit.

Finalement, rien ne nous assure que l’annonce toute récente du prolongement de la ligne bleue du métro de Montréal ne pourrait pas faire l’objet d’une autre volteface de la CAQ.

Avec un gouvernement réellement nationaliste au pouvoir, le Québec investirait massivement dans le transport en commun électrique fabriqué au Québec.

Dans l’étude que j’ai réalisée en 2018 en comparant la Finlande au Québec, cette étude concluait que si nous avions investi dans le transport en commun comme la Finlande l’a fait depuis quatre décennies, il y aurait 3,1 millions de véhicules de moins sur nos routes, dont 694 000 sur l’ile de Montréal.

Ce qui prouve qu’investir dans le transport en commun, ce n’est pas seulement avantageux pour ceux qui l’utilisent, mais également pour les automobilistes.

En effet, en faisant disparaitre un grand nombre de voitures qui encombrent nos rues, cela entraine une conduite plus agréable pour les automobilistes qui restent, moins d’accidents, moins de rage au volant, et des milliards de dollars de moins dépensés annuellement au Québec à l’achat de voitures et à leur entretien.

Finalement, si nous voulons sauver la planète, il faut moins consommer. Et un des moyens d’y parvenir, c’est de cesser, lorsque cela est possible, d’acheter des voitures, qu’elles soient à combustion ou électriques.

Et pendant que la CAQ cherche à assécher les finances de nos services de transport en commun, la Chine construit un TGV de 1 629 km qui traversera l’Himalaya au cout de cinquante-milliards de dollars. Et la Russie, en dépit des sanctions financières de l’Occident, annonçait en septembre dernier qu’elle construira un TGV entre Moscou et Saint-Pétersbourg, long de 680 km, au cout de 24 milliards d’euros.

Références :
Fizgibbon et le parc automobile du Québec
Le TGV entre Moscou et Saint-Pétersbourg prend forme et il sera un des plus rapides au monde
Le transport en commun finlandais : le matériel roulant
Métro de Montréal : le champion mondial des pannes
Portes palières et pannes de métro
Prolongement de la ligne bleue : les travaux sont lancés
Transport collectif : une firme mandatée par Québec a trouvé comment économiser 346 M$
Why is China Building a $50 Billion Railway in the Himalayas? (vidéo)

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Écrit par Jean-Pierre Martel