Introduction
Lorsque les partisans de Martin-Luther King décidaient de s’assoir au comptoir d’un restaurant, dans une section où cela leur était défendu en vertu de lois ségrégationnistes, leur désobéissance civile était directement reliée à un interdit qui n’avait pas sa raison d’être.
Bloquer un pont ou jeter de la sauce tomate sur La Joconde de Léonard de Vinci n’est pas un droit. Si c’était un droit, s’en prévaloir en violant une loi qui s’y oppose serait de la désobéissance civile.
Dans un cas comme dans l’autre, ce sont plutôt des coups de publicité en faveur de groupuscules radicaux auxquels appartiennent les auteurs de ces méfaits.
S’incliner devant l’ordre établi
Plus tôt cette semaine, en réaction au blocage du pont Jacques-Cartier, Québec Solidaire a refusé son consentement pour que soit débattue une motion gouvernementale condamnant toute désobéissance civile.
Québec Solidaire doit être félicité pour s’être tenu debout.
On aurait tort de croire que la désobéissance civile n’a de place que dans l’Amérique raciste de Martin-Luther King ou dans l’Inde sous colonisation anglaise de Gandhi.
Très peu de Québécois se rappellent les circonstances entourant la création du parc canadien de Forillon, en Gaspésie.
En 1970, 225 familles vivaient en parfaite autarcie sur le territoire qui allait devenir celui de ce parc.
Mais le 17 juillet de cette année-là, sous la pression d’Ottawa, le gouvernement du Parti libéral du Québec (PLQ) adopte la loi P-8; celle-ci accordait à Québec tous les pouvoirs en vue de la création du parc.
Faisant la sale besogne au nom du fédéral, le gouvernement du PLQ a réduit tous ces gens à la misère en leur accordant une somme moyenne équivalente à 30 000$ (en dollars d’aujourd’hui) en échange de leur maison, de leur grange, de leur terrain, de leur terre à bois, et de leurs animaux.
Cette spoliation est un scandale qui a été d’autant plus facilement oublié qu’il n’a été marqué d’aucun incident violent.
D’autre part, à l’époque où Paul Desmarais était propriétaire de Sagard — le luxueux domaine forestier de 76 km² qu’il possédait dans Charlevoix — si Québec et Ottawa avaient décidé de l’acheter pour une bouchée de pain en vue d’en faire un parc, qu’aurait fait le milliardaire ?
À la manière des expropriés de Forillon, se serait-il laissé expulser de chez lui, escorté par des agents de la Sécurité du Québec, pendant qu’on mettait le feu à son château ?
Il aurait plutôt fait appel aux avocats les plus compétents du pays et se serait battu jusqu’en Cour suprême, si nécessaire, pour conserver la propriété de son bien.
En effet, le recours aux tribunaux et l’utilisation de la ‘procédurite’ pour retarder et faire obstacle à la volonté de l’État contituent le privilège de celui qui en a les moyens.
Par contre, la désobéissance civile, c’est la résistance du pauvre.
En profitant d’un fait divers insignifiant pour tenter de jeter le discrédit sur toute désobéissance civile, la CAQ est le successeur idéologique du duplessisme.
Références :
50 ans de Forillon: encore de tristes souvenirs pour les expropriés
Grève de l’amiante
QS s’oppose à une autre motion condamnant la désobéissance civile
J’aime ça :
J’aime chargement…