Incendies mortels dans Ville-Marie : des congédiements, s’il vous plait

Publié le 5 octobre 2024 | Temps de lecture : 5 minutes

L’arrondissement Ville-Marie comprend le centre-ville et le Vieux-Montréal. Il y eut une époque où cet arrondissement possédait son propre maire de proximité.

Valérie Plante préfère cumuler les postes de mairesse de Montréal et de mairesse de l’arrondissement Ville-Marie. Ce qui lui permet d’empocher deux rémunérations.

Privé de gouvernail, l’arrondissement est un navire à la dérive; les rues y sont sales, les passages d’écoliers n’y sont généralement pas sécurisées, les excès de vitesse y sont légion et les permis de location dans des immeubles non sécuritaires y sont délivrés à volonté comme des bonbons.

Le 16 mars 2023, l’incendie à la place d’Youville — au cours duquel sept personnes sont décédées — a révélé que l’immeuble ne possédait pas de gicleurs, pas d’avertisseur de fumée fonctionnel, pas d’issue de secours, et des chambres dépourvues de fenêtre.

Et pourtant, l’édifice possédait tous les permis municipaux nécessaires à ce qu’il serve d’immeuble locatif.

Quelques jours après l’incendie de la place d’Youville, le quotidien Le Devoir faisait enquête à un autre édifice appartenant au même propriétaire, situé au 402 est de la rue Notre-Dame, dans le même arrondissement.

Stéphanie Vallet et Zacharie Goudreault, auteurs de l’enquête du Devoir, écrivaient :

La Ville de Montréal [y] a approuvé les plans de transformation d’une auberge de jeunesse […] qui comportent des chambres sans fenêtre ni sortie de secours, ce qui contrevient aux normes en vigueur.

À la suite de l’incendie à la place d’Youville, le Service de sécurité incendie de Montréal (SIM) a procédé à une inspection au 402 est de la rue Notre-Dame qui a confirmé les lacunes observées par les journalistes Vallet et Goudreault.

En conséquence, le propriétaire a été sommé de se conformer à la règlementation.

Toutes les non-conformités majeures auraient été rectifiées au printemps de 2024. Selon La Presse, l’édifice avait été inspecté il y a quelques jours à peine par les fonctionnaires du SIM, qui n’avaient pas trouvé de problème majeur sur les lieux.

Aujourd’hui, au Téléjournal de Radio-Canada, Martin Guilbault, chef des opérations au SIM déclarait :

Je tiens à rappeler qu’en matière de sécurité, une fenêtre n’est pas considérée comme un moyen d’évacuation. Je peux quand même vous dire que dans ce cas-ci, ce ne fut pas un enjeu.

Les actions prises par la Direction de la prévention et de la gestion des risques en 2023 et 2024 — telle que l’exigence d’installer un système d’alarme d’incendie — ont contribué à la sauvegarde de vies.

Monsieur Martin Guilbault passe sous silence le fait que la règlementation municipale (qu’il est sensé faire respecter) exige que les chambres aient des fenêtres par lesquelles les locataires peuvent échapper à un braiser s’ils sont pris en souricière.

Que les fenêtres soient considérées ou non comme des moyens officiels d’évacuation est une nuance qui n’intéresse que des fonctionnaires bornés.

Il est heureux que dans ce cas-ci, l’absence de fenêtre n’ait pas été un enjeu. Mais doit-il attendre que cela le devienne pour qu’il se décide finalement à faire respecter la règlementation municipale ?

De plus, un détail est intrigant. Un des rescapés a déclaré que son sac à dos n’ayant pas été déballé, il s’en est emparé aussitôt et a cogné à toutes les portes du deuxième étage (third floor, en anglais) et à une partie des portes du premier. Pourquoi se serait-il donné cette peine si l’immeuble était doté d’un système d’alarme d’incendie adéquat et fonctionnel ? Qu’y a-t-il de plus strident que le bruit d’un détecteur de fumée ?

La facilité avec laquelle les propriétaires d’hébergement à bas prix de courte durée obtiennent tous les permis nécessaires pour opérer est suspecte.

Quand des inspecteurs du SIM visitent une auberge et n’y voient rien d’anormal alors que sur l’internet, de nombreux locataires témoignent du contraire, on doit se poser la question : est-il possible que des inspecteurs du SIM soient corrompus ?

Bref, la ville de Montréal n’est évidemment pas responsable du déclenchement de ces incendies criminelles. Mais elle porte une lourde responsabilité quant à leur bilan meurtrier.

Au 402 est de la rue Notre-Dame, une mère et sa fille de sept ans sont mortes dans la nuit de jeudi à vendredi. Elles s’ajoutent aux sept morts de la place d’Youville.

Tous ces brulés vifs, cela commence à faire un peu trop à mon gout.

Au contraire de ces déclarations publiques qui visent à nous convaincre que tout ceci est triste mais parfaitement normal, je crois au contraire que le laxisme des responsables doit se payer au prix de leur congédiement immédiat.

Le manque de jugement flagrant du chef des opérations au SIM le qualifie à figurer au sommet de la liste des destitutions éventuelles.

Références :
Des chambres sans fenêtre approuvées par la Ville
Incendie mortel dans le Vieux-Montréal : Ça n’aurait pas dû arriver
Le feu à la place d’Youville : pour la scission de l’arrondissement Ville-Marie
2 dead after fire rips through historic building in Old Montreal
Une mère et sa fille de sept ans fauchées par l’incendie

Avez-vous aimé ce texte ?

Prière de choisir un nombre d’étoiles.

Moyenne : 0 / 5. Nombre de votes : 0

Soyez la première personne à voter.

We are sorry that this post was not useful for you!

Let us improve this post!

Tell us how we can improve this post?

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

>