L’indulgence canadienne à l’égard du nazisme
La Division SS Galicie est une milice ukrainienne sous commandement allemand qui est responsable de quelques-uns des pires massacres survenus au cours de la Deuxième Guerre mondiale.
À la fin de ce conflit, l’armée britannique avait capturé plusieurs centaines de ses combattants.
En 1948, le ministre britannique de l’Intérieur écrivait :
Nous espérons toujours nous débarrasser des prisonniers de guerre ukrainiens les moins désirables, soit en Allemagne, soit au Canada.
À la suite de quoi, à la demande de la Grande-Bretagne, notre pays accueillait 1 200 à 2 000 vétérans nazis de la Division SS Galicie.
De plus, à la même époque, Londres suggérait secrètement au Canada de mettre un terme à la dizaine de procès qu’il avait intentés contre des criminels de guerre nazis.
Deux décennies plus tard, l’accord d’extradition conclu entre le Canada et Israël rendait irrecevable toute demande d’extradition présentée par ce dernier pays pour cause de crimes de guerre commis par des Nazis.
Et finalement, le 4 novembre 2022, le Canada a essayé de faire battre à l’Onu une résolution adoptée annuellement depuis 2012 qui condamne le nazisme. À cette occasion, l’Ukraine a également refusé de condamner le nazisme…
Laver l’affront
Le 22 septembre 2023, l’ovation au parlement canadien d’un ex-soldat de la Division SS Galicie a éclaboussé non seulement la réputation internationale du Canada, mais également la communauté ukrainienne du pays.
Afin de se porter à sa défense, Jurij Klufas — le président de la Fédération nationale ukrainienne du Canada — a déclaré hier que ce SS ukrainien n’était pas nazi et qu’il se battait pour l’Ukraine et non pour l’Allemagne.
On joue sur les mots.
Strictement parlant, le mot ‘nazi’ ne s’applique qu’aux adhérents au parti National-sozialistiche Deutsche Arbeiterpartei d’Adolf Hitler. Or, on n’y acceptait que des personnes de ‘race aryenne’. Ce qui excluait tous ceux de ‘races’ inférieures (dont les Slaves).
À moins d’être un descendant d’une lignée pure allemande, aucun Ukrainien ne pouvait être nazi si on donne à ce qualificatif son sens le plus strict.
Mais si on considère que le nazisme est d’abord et avant tout une idéologie raciale haineuse, on peut être nazi sans être membre du parti politique d’Adolf Hitler.
De plus, détenir la citoyenneté allemande était un prérequis pour adhérer à l’armée du Troisième Reich. Voilà pourquoi la Division SS Galicie n’était pas un bataillon de l’armée régulière allemande, mais une milice formée de volontaires armés par l’Allemagne nazie.
Contrairement aux affirmations de M. Klufas, les miliciens de la Division SS Galicie ne se battaient pas pour l’Ukraine; ils exécutaient les ordres de leurs chefs. Or tous les officiers supérieurs de cette milice étaient des SS. Et leurs ordres, c’était de tuer des Juifs, des Polonais et des Slovaques pour faire place à des colons allemands.
Le texte de Radio-Canada déclare également que dans son rapport, la Commission Deschênes (au sujet des criminels de guerre) aurait écrit que « les accusations de crimes de guerre contre les membres de la division de Galicie n’ont jamais été fondées.»
Ceci est inexact.
Au paragraphe 58 de la première partie de son rapport, le juge Deschênes écrit plutôt qu’aucune preuve ne lui a été présentée afin d’étayer les accusations de crimes de guerre portées contre les membres de la Division Galicie. Il n’a pas dit que ces preuves n’existaient pas, mais que si elles existent, elles ne lui ont pas été soumises.
Par contre, les avocats de la poursuite au Procès de Nuremberg ont disposé de ressources considérables. Or ils y ont fait la preuve que la Division SS Galicie avait commis quelques-uns des pires massacres de la Deuxième Guerre mondiale.
Conclusion
En 2019, la famille de Yaroslav Hunka a versé une somme de 30 000$ à l’Université de l’Alberta à titre de dotation privée à son nom.
À la suite du scandale à la Chambre des Communes invoqué plus tôt, l’université, à juste tire, a retourné cet argent à la famille Hunka.
Cette dernière serait bien avisée de verser cette somme à une fondation juive qui honore le nom des victimes de la Shoah.
De plus, au lieu de justifier les pages sombres de son passé, l’ex-milicien SS devait plutôt dire (même s’il n’y croit pas) que son adhésion à la Division SS Galicie était une erreur de jeunesse — il n’avait que 17 ou 18 ans — à une époque où il était difficile de partager les bons et les méchants.
Références :
À l’Onu, le Canada refuse de condamner le nazisme
Chrystia Freeland’s granddad was indeed a Nazi collaborator – so much for Russian disinformation
Comment des militaires d’une unité SS sont-ils arrivés au Canada ?
FSWC Appalled by Standing Ovation in Parliament for Ukrainian Veteran Who Served in Nazi Military Unit
Hundreds in Ukraine attend marches celebrating Nazi SS soldiers
Hunka un ex-SS : les Ukrainiens canadiens le savaient
L’ex-combattant nazi ovationné au parlement n’est pas le seul à avoir refait sa vie ici en héros
Long-Distance Nationalism: Ukrainian Monuments and Historical Memory in Multicultural Canada
14e division SS (galicienne no 1)
Rapport de la Commission Deschênes sur les criminels de guerre/a>
Un groupe ukrainien défend l’ancien membre de la Waffen-SS honoré au Parlement
University of Alberta returning $30,000 donation to Yaroslav Hunka’s family, closing endowment in his name
Parus depuis :
Rideau Hall s’excuse d’avoir nommé un vétéran nazi dans l’Ordre du Canada (2023-10-04)
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L’ex-soldat nazi avait été invité à un autre événement par le bureau du PM (2024-02-05)
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