Nouvelles murales dans le Vieux-Rosemont : entre la 8e et la 7e avenue

Publié le 30 avril 2023 | Temps de lecture : 2 minutes

Le cabinet de mon chiro est situé à Rosemont, à 2,5 km de chez moi.

Habituellement, je fais l’aller à pied. Mais depuis deux semaines, je fais le retour en vélo en empruntant un des Bixi à la bibliothèque de Rosemont.

Il suffit alors de me laisser glisser sur la pente légère qui m’amène dans Hochelaga-Maisonneuve.

Mais vendredi dernier, pas de chance; à la bibliothèque de Rosemont, il ne restait plus que des Bixi électriques. Or ceux-ci ne peuvent être loués qu’avec un téléphone multifonctionnel doté d’une connexion internet. Ce que je n’aurai que cet été.

Bref, j’ai dû marcher dans les environs à la recherche d’un Bixi. Ce qui m’a permis d’explorer des ruelles du Vieux-Rosemont.

Précisons qu’on appelle Vieux-Rosemont — où ‘vieux’ est très relatif — cette partie de l’arrondissement Rosemont qui est comprise entre les boulevards Saint-Joseph (au sud) et Rosemont (au nord), et entre le boulevard Saint-Michel (à l’est) et la rue d’Iberville (à l’ouest).




 
Notre premier arrêt est sur la 8e avenue, un peu au nord de l’intersection avec la rue Masson.

Les deux premières photos représentent des murales qu’on voit du côté ouest de la 8e avenue, tandis que la murale ci-dessus occupe tout le côté de l’immeuble en face d’eux.



 
Puis, un peu au sud de la rue Masson, nous nous engouffrons dans la ruelle qui relie la 8e à la 7e avenue parallèlement à la rue Masson. Il est à noter que les murales qu’on y voit (dont celles ci-dessus) ont été généralement été créées il y a moins de trois ans.

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5 mark II, objectif PanLeica 8-18mm
1re photo : 1/1000 sec. — F/3,5 — ISO 200 — 11 mm
2e  photo : 1/640 sec. — F/4,0 — ISO 200 — 18 mm
3e  photo : 1/2500 sec. — F/3,0 — ISO 200 — 9 mm
4e  photo : 1/400 sec. — F/4,0 — ISO 200 — 18 mm
5e  photo : 1/320 sec. — F/3,5 — ISO 200 — 13 mm

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Le troisième lien est mort

Publié le 29 avril 2023 | Temps de lecture : 3 minutes

Le troisième lien était un projet de tunnel sous-fluvial destiné à relier Lévis à la ville de Québec. Un projet promis dès 2017 par le Parti libéral, puis repris par la Coalition Avenir Québec.

L’abandon de ce projet est une mauvaise nouvelle pour ses supporteurs et ceux qui se sont fait élire en le promettant. Mais cela ne change rien au fait qu’il s’agissait d’un gouffre financier.

On peut donc être reconnaissant au gouvernement actuel d’avoir finalement débranché ce projet autoroutier du respirateur qui le maintenait artificiellement en vie.

À la place d’un ‘bitube’ — c’est à dire de deux tunnels monodirectionnels de sens opposés — la CAQ promet maintenant un monotube bidirectionnel qui serait réservé exclusivement au transport en commun.

Si le bitube coutait dix-milliards$, le monotube ne peut pas couter moins que la moitié de cette somme. Toutefois, contrairement au bitube autoroutier, ce monotube pourrait bénéficier d’un cofinancement (à hauteur de 40 %) par Ottawa. Ce partage des couts le rend donc plus économique à réaliser pour le gouvernement du Québec.

Alors imaginons que le trajet Québec-Lévis par autobus attire une clientèle justifiant une desserte toutes les 15 minutes, que fera-t-on du monotube durant les quatorze minutes restantes ?

Et même si c’était aux cinq ou aux deux minutes, la question demeure la même; le monotube doit-il demeurer vide la nuit et la grande majorité du jour, soit plus de 90 % du temps ?

J’entends déjà ceux qui demanderont qu’on ‘optimise’ l’utilisation du monotube en l’ouvrant également à la circulation automobile.

Voilà pourquoi Ottawa ne croira pas aux nouvelles intentions caquistes, cette fois de construire un tunnel sous-fluvial réservé au transport en commun. Cela n’arrivera pas.

En somme, le troisième lien est mort.

Le message aux habitants de Lévis est simple : si vous décidez de travailler à Québec, vous aurez à choisir entre déménager dans cette ville ou parcourir un détour de près de 20 km soir et matin.

Oubliez l’idée que les contribuables de tout le Québec financeront un éléphant blanc pour vous faire plaisir. En somme, revenez-en !

D’autre part, au Québec, on ne construit pas de voitures et on ne produit pas de pétrole. Chaque fois qu’on achète une voiture ou qu’on fait le plein d’essence, c’est de l’argent qui sort de nos poches pour enrichir les régions du monde qui produisent des voitures, des pièces automobiles, des pneus, ou de l’essence.

En somme, favoriser l’achat ou l’utilisation des automobiles, c’est saigner l’économie du Québec.

Par contre, le Québec est un producteur important de matériel destiné au transport en commun, qu’il s’agisse de wagons de métro ou d’autobus.

Développer l’économie du Québec, c’est favoriser la production de biens et de services québécois et leur exportation à l’Étranger. C’est comme ça qu’on développe l’économie nationale.

Si la CAQ veut se présenter comme un gouvernement pragmatique voué au développement économique, il n’a pas d’autre choix que de miser sur nos forces et non favoriser l’achat de biens étrangers.

Ce qui, dans ce cas-ci, sera très bon pour la planète…

Références :
Deux tunnels, 6,5 milliards et étalement urbain
Le ministre Bonnardel coute cher
Troisième lien entre Québec et Lévis

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| 2018-202X (années Legault), Économie, Politique québécoise, Transport individuel, Urbanisme | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


Les miettes fédérales au chantier maritime Davie

Publié le 25 avril 2023 | Temps de lecture : 5 minutes

Le 19 octobre 2011, le gouvernement fédéral procédait à la plus importante entente d’approvisionnement de l’histoire du pays. Il s’agissait d’une série de contrats, au nom de la marine canadienne, pour un montant total évalué à 36 milliards$.

Alors que le chantier maritime Davie, situé à Lévis, était le plus important et le plus compétent constructeur naval du Canada, aucun de ces contrats ne lui a été confié.

La part du lion a été accordée au chantier maritime Irving de Nouvelle-Écosse. L’autre partie fut donnée à un constructeur mineur de Colombie-Britannique.

Cette décision équivalait à une délocalisation de l’industrie maritime canadienne vers la Nouvelle-Écosse et la Colombie-Britannique.

Il faut savoir que la famille Irving est composée de deux clans rivaux qui, ensemble, possèdent une bonne partie de l’économie des provinces maritimes; ils possèdent des scieries, une compagnie ferroviaire, tous les quotidiens importants de la région, des radios locales, etc.

Leur influence politique est telle qu’aucun gouvernement à Ottawa — qu’il soit libéral ou conservateur — ne peut se payer le luxe de les indisposer.

Or le moindre contrat fédéral accordé à la Davie suscite automatiquement la plus vive colère des dirigeants du chantier Irving. Cette hostilité va bien au-delà de la rivalité attendue entre deux concurrents industriels; pour les dirigeants du chantier Irving, la Davie représente le seul obstacle à leur enrichissement illimité.

Au fur et à mesure où les contrats de la Davie arrivaient à terme, le chantier maritime québécois subissait une cure d’amaigrissement, passant de 1 300 travailleurs en 2015 à 150 employés en 2019.

Les Irving auraient finalement obtenu la faillite de la Davie s’ils n’avaient pas suscité entretemps des craintes quant à leur aptitude à respecter leurs obligations contractuelles.

Originellement, la date de livraison de la première des quinze frégates de guerre était prévue pour 2017. En réalité, sa construction n’a même pas encore commencé.

Les Irving promettent maintenant que sa construction devrait débuter en 2024, pour une livraison prévue en 2031, soit après un retard de 14 ans.

Toutefois, la technologue militaire évolue. Recevoir en 2031 des frégates de modèle britannique conçues deux décennies plus tôt n’intéresse personne.

Au fil du temps, le ministère de la Défense s’est vu dans l’obligation d’exiger des radars plus perfectionnés, des outils de navigation plus précis, des moteurs plus silencieux, etc.

Et chaque fois, la facture d’Irving augmente. Si bien que le cout total est passé de 36 milliards$ à plus de 80 milliards$. Sans que personne ne sache si un jour, le chantier Irving finira par livrer la marchandise.

Pour l’instant, l’entreprise demande qu’Ottawa finance la modernisation de ses installations. Ce qui suggère qu’elle pourrait s’avouer incapable de livrer une seule frégate si Ottawa refuse de l’aider.

À moins d’une guerre imminente, le Canada peut toujours attendre pour ses frégates. Mais il ne peut différer la construction de brise-glaces, essentiels à la navigation commerciale hivernale, alors que ceux qu’il possède sont de plus en plus sujets à des bris mécaniques.

Si le chantier Irving avait déjà livré ses frégates, tel que prévu, c’est à lui qu’Ottawa accorderait aujourd’hui les contrats pour sept brise-glaces et deux traversiers.

Mais Ottawa est las d’attendre après Irving. D’où la nécessité de se tourner vers la Davie pour les appareils dont ont absolument besoin la Garde côtière canadienne et Transport Canada.

En raison de la cure d’amaigrissement qu’elle subit depuis des années, la Davie souffre d’un sous-financement responsable du vieillissement de ses installations.

Pour la rendre apte à s’acquitter des contrats civils d’Ottawa — qui représentent le dixième des contrats militaires accordés à Irving — le gouvernement du Québec a pris l’initiative d’avancer 519 millions$ à la Davie, dont 325 millions$ en subvention (c’est-à-dire en don, sous forme d’un prêt ‘pardonnable’) et d’un investissement de 194 millions$ en actions privilégiées.

C’est la plus importante aide financière de Québec depuis l’investissement de 1,3 milliard$ dans la CSeries de Bombardier.

L’investissement à la Davie est conditionnel à la réalisation de la promesse fédérale d’accorder à ce chantier maritime des contrats civils pour une valeur approximative de 8,5 milliards$.

En somme, pas de contrat d’Ottawa, pas d’investissement de Québec.

Toutefois, si Ottawa s’est engagé à accorder ces contrats, il ne participera pas financièrement à la mise à niveau de ses installations.

Reste à voir ce que sera sa réponse définitive d’Ottawa face aux demandes analogues d’Irving…

Références :
La Marine canadienne ne recevra pas de nouvelle frégate avant 2031
Le chantier naval Irving demande plus d’argent pour livrer les frégates à temps
Mark Norman, le ‘Dreyfus’ canadien
Québec investit 519 M$ pour moderniser le chantier Davie

Paru depuis : L’homme de confiance de Trudeau dans l’embarras (2024-12-29)

Pour consulter tous les textes de ce blogue consacrés au prix que nous payons pour appartenir au Canada, veuillez cliquer sur ceci.

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Le bâillement du ministre Lacombe

Publié le 21 avril 2023 | Temps de lecture : 1 minute
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Les ministres Christian Dubé (à la Santé, ici au centre de l’image) et Mathieu Lacombe (à la Culture et aux Communications, ici à droite) sont parmi mes ministres caquistes préférés.

Mercredi dernier, à l’Assemblée nationale, le député Vincent Marissal (de Québec Solidaire) s’inquiétait qu’à l’issue de l’importante réforme que désire entreprendre le ministre de la Santé, la voix des usagers pourrait ne pas être mieux entendue qu’actuellement.

Pendant que le ministre Dubé tentait de rassurer l’opposition, le ministre Lacombe a d’abord essayé de se distraire en vérifiant le contenu de son pupitre.

Mais on fait assez vite le tour du contenu du pupitre d’un ministre de la Culture à la CAQ; quelques secondes suffisent.

Alors il a bien fallu qu’il se mette à écouter la réponse de son collègue à la Santé. Une réponse qu’il a, de toute évidence, jugée très intéressante…

Pour réellement apprécier la réponse du ministre Dubé, il est recommandé de l’écouter en regardant la traductrice pour les malentendants.

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Et Bam

Publié le 20 avril 2023 | Temps de lecture : 2 minutes
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Préambule : Jusqu’à récemment, je ne connaissais pas cette chanson qui, pourtant, a connu un énorme succès en Europe. Pour ceux qui ne l’ont jamais entendue, en voici les paroles. Ci-dessous, a été placée en italiques, la partie du texte qui n’est pas chantée par la Française Sherley Paredes à The Voice Portugal.

 
Gare du Nord en novembre, les cheveux en pagaille
Comme une boule au ventre qui me tend, qui me tord
Et Paris qui s’étale
Tout à coup, me voilà, les jambes fébriles
Qu’elle est grande pour moi cette scène imposante où tout devient fragile

Et bam, et bam
Dans la poitrine
Maman, je l’ai fait pour toi
Je veux pas, je veux pas l’Amérique
Je veux ce cœur qui bat
Et bam, et bam
Sur la musique
Maman, je l’ai fait pour ça
Je veux pas, je veux pas l’Amérique

(Envolée, mon enfance, mais jamais rien n’efface
Les rêves ou la violence, ah oui, ça vous glace, mais c’est pour ça qu’on chante
Donnez-moi d’échouer et que vienne la pluie
On ne m’ôtera jamais que j’ai déjà gagné de nouveaux amis
Et bam, et bam
Dans la poitrine
Maman, je l’ai fait pour ça
Je veux pas, je veux pas l’Amérique
Je veux ce cœur qui bat
Et bam, et bam
Sur la musique
Maman, je l’ai fait pour toi
Je veux pas, je veux pas l’Amérique
)

Et plus fort que ma voix, je l’entends frapper
Ce cœur qui bat et balaie mes larmes et mes pourquoi

Et bam, et bam
Dans la poitrine
Maman, je l’ai fait pour ça
Je veux pas, je veux pas l’Amérique
Je veux ce cœur qui bat

Et bam, et bam
Sur la musique
Messieurs, mesdames me voilà
Je veux pas, je veux pas l’Amérique
Je veux ce cœur qui bat.

© 2021 – Vianney

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Les guides touristiques de Montréal

Publié le 17 avril 2023 | Temps de lecture : 3 minutes
L’édicule de style Art nouveau de la station de métro Victoria

À la belle saison, lorsque je vois des gens qui prennent des photos à proximité d’un site touristique que je connais bien (comme celui ci-dessus), il m’arrive de m’approcher d’eux et, s’ils parlent français, de leur demander s’ils aimeraient que je leur raconte son histoire.

Je le fais à titre bénévole, évidemment. Parce qu’autrement, il faut un permis municipal.

Pour l’obtenir, il faut suivre une formation de l’Institut de tourisme et d’hôtellerie du Québec. Cette formation de 240 heures coute 2 500 $. En plus, le prix du permis municipal est de 105 $ par année.

Cela évite qu’on s’improvise guide touristique et qu’on raconte n’importe quoi. Comme, par exemple, que l’ile de Montréal est un territoire mohawk que les colons français auraient volé ou conquis.

Montréal ne compte que 149 guides certifiés. C’est peu lorsqu’on sait qu’annuellement, plus d’un million de touristes visitent Montréal et que celle-ci jouit d’un riche passé. À la différence de milliers de villes nord-américaines dont il n’y a pas grand-chose à dire.

Intérieur de l’hôtel de Lauzun

Dans une ville comme Paris, certains lieux ne sont accessibles aux touristes que lors d’une visite guidée. Par exemple, l’hôtel de Lauzun — qui a conservé son décor d’origine du XVIIe siècle — est trop petit pour être ouvert au tourisme de masse.

Pour le visiter, par petits groupes de 14 à 20 personnes, il faut réserver des mois à l’avance et acquitter le prix de la visite guidée (une vingtaine d’euros).

En Amérique du Nord, seules trois villes exigent que les guides touristiques y soient qualifiés : Montréal, New York et Québec.

Mais comme presque tout ce qui touche l’industrie touristique à Montréal (dont l’hébergement de courte durée), l’obligation d’obtenir un permis municipal n’a pas pour but de protéger le public, mais de constituer une source de revenus pour la ville.

En effet, personne n’est mandaté pour faire respecter la règlementation à ce sujet.

C’est ainsi qu’au cours des dernières années, l’administration Plante n’a délivré aucun constat d’infraction à l’encontre du grand nombre de guides amateurs qui offrent illégalement des visites payantes du Centre-ville ou du Vieux-Montréal.

Références :
Deuxième voyage à Paris : jour 10
Règlement sur les guides touristiques
Tourisme à Montréal Suivez le guide… illégal
Une entrée de métro parisienne… à Montréal

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5, objectif PanLeica 25 mm F/1,4 (2e photo), et OM-D e-m5 transformé en appareil infrarouge à spectre complet, objectif M.Zuiko 25 mm F/1,2 + filtre VertX1 B+W 061 + filtre bleu FS KB20 + filtre bleu 80C d’Hoya (1re photo)
1re photo : 1/250 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 25 mm
2e  photo : : 1/100 sec. — F/1,4 — ISO 200 — 25 mm

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Les dragqueens et les valeurs conservatrices

Publié le 16 avril 2023 | Temps de lecture : 5 minutes

Introduction

Je devais avoir quatre ou cinq ans. Un soir d’orage, ma mère m’avait pris par la main, avait entrouvert les rideaux de ma chambre et m’avait dit : “ Tu vois les éclairs au loin. Eh bien, c’est le petit Jésus qui éclaire pour savoir où envoyer la pluie.

Quelques années plus tard, revêtu d’un épais imperméable jaune, je m’étais assis sur les marches de notre balcon pour voir et entendre un orage dont les éclairs tombaient à environ un kilomètre de notre maison. Jamais je n’avais vu un orage de si près.

Il y avait d’abord un craquement assourdissant aussitôt suivi d’une intense lumière qui colorait tout en rose. C’est un des spectacles naturels les plus grandioses auxquels j’ai assisté.

D’autre part, beaucoup plus tard, je me souviens d’avoir vu ma sœur Paule, un soir d’orage, serrant fort sa fillette dans ses bras en lui disant de ne pas avoir peur alors que tout son langage corporel criait le contraire.

Comme la peur, l’intolérance se transmet aux enfants.

La peur de la différence

Sous le titre ‘Drag Queen: Protégeons nos enfants!’, Éric Duhaime, chef du Parti conservateur du Québec, a lancé une pétition s’opposant à ce que des travestis soient invités dans des écoles à réciter aux enfants des contes au sujet de la diversité sexuelle ou de la théorie des genres.

Ces contes visent à faire en sorte que les enfants acceptent l’aspect différent des autres personnes, évitent de s’adonner à de l’intimidation et au rejet de l’autre, et s’acceptent eux-mêmes s’ils se sentent différents.


 
En apprenant que le livre Le rose, le bleu et toi ! d’Élise Gravel, était notamment visé par les attaques du chef conservateur, je me suis rendu dans une bibliothèque de mon quartier afin de voir en quoi ce livre mérite ou non la controverse dont il est l’objet.

On y répond à des questions simples. Est-ce que les garçons ont le droit de pleurer ? Est-ce que les filles peuvent être des patronnes ?

On y lit que chez certains peuples, les hommes portent des jupes. On y donne des exemples de femmes qui, les premières, ont exercé des ‘métiers d’hommes’. Etc.

Afin de faciliter la lisibilité du texte auprès des enfants, il est à noter qu’on y a judicieusement évité l’écriture woke (ex.: les bâtisseur.euse.s culturel.le.s montréalais.e.s.).

En cliquant sur ceci, on pourra consulter un extrait de ce livre.

Bref, cette pétition conservatrice est un hameçon auquel se sont empressées de mordre plus de trente-trois-mille personnes qui, dans leur immense majorité n’ont probablement pas lu le livre ou, si elles l’ont lu, sont encore plus stupides que je pense.

Les beaux contes traditionnels

Cette controverse n’aurait jamais vu le jour si l’activité parascolaire facultative dont on parle avait été remplacée par la lecture d’un de ces bons vieux contes traditionnels.

Quoi de plus mignonne que l’histoire du Petit chaperon rouge dont la grand-maman est dévorée par le méchant loup qui aurait également dévoré l’héroïne n’eut été de sa perspicacité.

Mais la cruauté animale est peu de chose comparée à celle des humains. Les enfants doivent en être prévenus.

À cette fin, quoi de mieux que Blanche Neige; dans ce conte, la jalousie de la nouvelle conjointe du père est telle qu’elle demande à un complice deux choses; premièrement d’amener Blanche Neige aux bois afin de la tuer et deuxièmement, de lui rapporter son cœur comme preuve de son assassinat. Comme c’est beau.

Quant à l’importance du consentement sexuel, les enfants doivent l’apprendre subtilement par le biais de l’histoire de la Belle au bois dormant. Imaginez : l’héroïne reçoit un baiser non sollicité alors qu’elle est endormie. Un baiser que toutes les féministes au monde associeraient à de la violence sexuelle si ce baiser volé n’avait pas été administré par un homme riche et puissant. Alors, évidemment, ça change tout !

Quand les parents se plaignent de leurs difficultés financières — comme c’est malheureusement trop souvent le cas ces jours-ci — les enfants doivent s’empresser d’amasser des petites pierres blanches. Pourquoi ? Parce que les parents, lorsqu’ils ont trop de bouches à nourrir, ont parfois l’idée d’abandonner leurs enfants dans les bois afin que les loups les dévorent. C’est la leçon du Petit Poucet.

Bref, les parents conservateurs ont bien raison de préférer qu’on éveille leurs enfants à la cruauté du monde plutôt que leur enseigner la tolérance et le respect des autres… s’ils veulent que leurs enfants finissent par leur ressembler.

Référence : Un livre d’Elise Gravel est banni dans le sud des États-Unis

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Âge des principaux chefs d’État

Publié le 11 avril 2023 | Temps de lecture : 1 minute


 
Voici l’âge des chefs d’État de 187 parmi les 193 pays membres de l’Onu (comparativement à celui du Québec). Chaque point correspond à l’un d’entre eux.

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Rêverie lavande

Publié le 9 avril 2023 | Temps de lecture : 1 minute
Cliquez sur la photo pour l’agrandir

Telle quelle, sans post-traitement, cette photo était un exemple d’infrarouge ‘Pamplemousse rose’.

Mais comme la chenille qui devient papillon, cette photo s’est métamorphosée lors d’un passage sous Photoshop.

Détails techniques : Panasonic GX1 infrarouge à spectre complet, objectif Lumix 14-45mm + filtre bleu 80A d’Omega. Balance des blancs automatique. Post-traitement important sous Photoshop.

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| Infrarouge couleur, Photo infrarouge, Photographie | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


Bravo M. Charest !

Publié le 7 avril 2023 | Temps de lecture : 6 minutes

Du point de vue de l’évolution des mœurs politiques, l’époque du gouvernement libéral de Jean Charest a correspondu à une régression.

La commission Bastarache a révélé que sous ce gouvernement, le critère le plus important auquel devait correspondre un avocat qui voulait être nommé juge était sa contribution à la caisse électorale du Parti libéral du Québec (PLQ).

Sous Jean Charest, l’État québécois a triplé le nombre de contrats accordés sans appel d’offres. Le truc utilisé était de scinder les travaux en plusieurs sous-contrats, ce qui permet à chacun d’eux de se trouver sous le seuil au-delà duquel la loi exige des appels d’offres.

À la fin de son régime en 2012, le budget du ministère des Transports consacré aux infrastructures avait quadruplé. C’est ce qui permettait au premier ministre d’affirmer que son gouvernement investissait quatre ou cinq fois plus en infrastructures que le Parti québécois.

En réalité, le Québec n’investissait pas quatre fois plus : il dépensait quatre fois plus. Ce n’est pas la même chose.

Mais revenons en 2011.

Pressé de toutes parts de créer une commission d’enquête sur la corruption dans l’industrie de la construction — commission qui sera créée quand même un peu plus tard — le gouvernement Charest décide plutôt, en mars 2011, de créer une Unité permanente anticorruption (UPAC) dirigée par un homme de main opposé lui aussi à une commission d’enquête.

Entretemps, la fuite d’un rapport dévastateur (le rapport Duchesneau) oblige M. Charest à créer le 19 octobre 2011 cette commission d’enquête, dirigée par la juge France Charbonneau.

La commission Charbonneau devait être dépourvue de pouvoirs. Il lui était même interdit d’adresser des reproches à qui que ce soit.

Il faudra l’intervention de l’ordre professionnel des avocats du Québec (le Barreau) pour que M. Charest accorde à cette commission le pouvoir de contraindre à témoigner.

La commission Charbonneau a révélé que l’assujettissement des ministres à rapporter 100 000$ par année à la caisse du PLQ s’est soldé par un vaste pillage du Trésor public.

Ce système permettait à des entrepreneurs de gonfler le cout des contrats d’infrastructures moyennant le paiement d’une modeste contribution à la caisse du PLQ.

Toutefois, à l’époque de la commission Charbonneau, les personnes impliquées dans l’attribution des contrats se sentaient surveillées. Conséquemment, le montant des contrats d’infrastructures a baissé de 30 %. Seulement pour 2013, le ministère des Transports a économisé 240 millions$.

Si l’UPAC s’est avérée efficace à démasquer la corruption municipale et à faire condamner les coupables, ses enquêtes relatives à la corruption gouvernementale trainèrent en longueur bien après la défaite électorale de Jean Charest en 2012.

Le 27 avril 2017, Yves Francoeur, président de la Fraternité des policiers et policières de Montréal, déclarait à la radio qu’il existait un verrou mis en place pour bloquer la mise en accusation d’élus du PLQ.

En octobre 2018, à la suite de la victoire électorale de la CAQ et la démission ‘surprise’ de Robert Lafrenière, j’écrivais sur ce blogue :

Le fiasco de l’affaire Ouellette doit nous faire soupçonner que ce ‘verrou’ a pris soin d’insérer une fêlure qui plombera toutes les enquêtes intentées contre le couple Bibeau-Charest, c’est-à-dire celles qui visent le sommet de l’État québécois.

Je m’attends donc à ce que tous les dossiers qui trainent à l’UPAC depuis des années connaissent dans les prochains mois un grand déblocage en raison du changement de gouvernement. Un déblocage qui sera stoppé net quand toutes ces causes seront abandonnées pour vice de forme.

C’est alors qu’on prendra conscience du génie machiavélique du ‘verrou libéral’.

En mai 2022, lorsque le successeur de Jean Lafrenière à la tête de l’UPAC annonça sans surprise l’abandon de toutes les enquêtes contre Jean Charest, on apprenait que le mode opératoire du verrou libéral était justement de fuiter des renseignements de manière à justifier l’annulation des procédures par les tribunaux.

Coïncidence ou non, ces fuites ont cessé dès que Robert Lafrenière a démissionné de l’UPAC. Mais le mal était fait.

À la suite de l’abandon des procédures, les tribunaux n’ont jamais reconnu l’innocence de Jean Charest, si tel est le cas, puisqu’ils ont été dans l’impossibilité d’entendre la preuve recueillie contre lui.

Profitant de la présomption juridique d’innocence, il en a profité pour intenter une poursuite contre l’UPAC et le gouvernement du Québec.

Plus tôt cette semaine, la Cour supérieure du Québec lui a accordé 385 000$ en raison du dommage causé à sa réputation par la divulgation illégale de ses renseignements personnels lors des enquêtes de l’UPAC.

Disons-le franchement; avant même la divulgation de ces renseignements par l’UPAC, la réputation de M. Charest dans l’opinion publique ne valait pas cher la tonne.

Grâce au verrou qu’il a nommé, l’ancien premier ministre semble bien avoir pu tirer profit des failles qui ont plombé les enquêtes contre lui et rendu impossible sa mise en accusation.

Donc bravo, M. Charest, vous nous avez bien eus. Une fois de plus…

Références :
Corruption : le ‘verrou’ libéral
Dur contre les étudiants, mou contre la corruption et le gaspillage
L’abandon de l’enquête à la Société immobilière du Québec
La démission du commissaire de l’UPAC et la soupe chaude
L’argent comptant et la corruption du Parti libéral du Québec
Le congédiement de Jacques Duchesneau ou la vengeance de M. Charest
Le néo-libéralisme du ministère des Transports
Le partenariat public privé (PPP) et la corruption libérale
Le système judiciaire et la corruption libérale
Le ‘verrou libéral’ et l’impunité des puissants
Trafic d’influence au gouvernement Charest
Québec est condamné à verser 385 000 $ à Jean Charest

Note : © Photo de Jean Charest par le quotidien Le Devoir

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Écrit par Jean-Pierre Martel