Le rapatriement des terroristes canadiens de Syrie

Publié le 23 janvier 2023 | Temps de lecture : 5 minutes
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Introduction

On apprend aujourd’hui qu’à l’instar de plusieurs pays occidentaux, le Canada devrait rapatrier prochainement 23 prisonniers détenus dans les prisons kurdes de Syrie : quatre hommes, six femmes et treize enfants.

Il s’agit de quatre djihadistes canadiens et “d’épouses” (c’est-à-dire d’esclaves sexuelles) de Canadiens morts depuis pour l’État islamique. Ces dernières ne sont pas des citoyennes canadiennes puisque la citoyenneté à notre pays ne se transferre pas par le sperme. Quant aux enfants, dix d’entre eux sont nés en Syrie de mères étrangères et de djihadistes canadiens tués là-bas.

L’avocat canadien de vingt-deux de ces prisonniers, Me Lawrence Greenspon, estime que ce rapatriement était inévitable en vertu de la Charte canadienne des droits et libertés.

Celui-ci croit également que les poursuites criminelles qui pourraient être intentées contre eux se dérouleraient dans un contexte plus juste au Canada que si leur procès avait lieu en Syrie.

Selon l’ONG américaine Human Rights Watch, une partie des gens concernés auraient été victimes de traite de personnes et se seraient retrouvés malgré eux dans les rangs de l’État islamique.

Le procès ‘juste’

Afin de déposer des accusations criminelles, les enquêteurs canadiens devront d’abord faire enquête. Ce qui signifie recueillir les témoignages des complices potentiels et des victimes demeurées sur place.

Pour ce faire, ils auront besoin de la collaboration du gouvernement de Syrie. Or non seulement le Canada a rompu ses relations diplomatiques avec ce pays, mais il a cherché à abattre le régime de Bachar al-Assad et procédé à des bombardements ‘humanitaires’ (sic) contre sa population.

En supposant que ce régime collabore à ce sujet, il faudra également qu’il accepte, une fois les accusations portées, d’homologuer les citations à comparaitre émis par les tribunaux canadiens afin que les personnes concernées témoignent par vidéoconférence.

Pour Bachar al-Assad, le meilleur moyen de se venger de l’agression militaire canadienne contre son pays, c’est de se trainer les pieds de manière à ce que tous ces procès s’éternisent et avortent en vertu de l’arrêt Jordan.

Si par bonheur, certains de ces terroristes acceptaient de plaider coupables, leur longue détention dans les prisons syriennes sera soustraite de la sanction imposée par les tribunaux canadiens. Bref, ils seront probablement remis en liberté peu de temps après leur condamnation.

Voilà ce que signifie un procès ‘juste’ dans ce contexte.

La pseudo traite de personnes

Sans exception, tous les Canadiens qui ont accepté de combattre dans les rangs de l’État islamique l’ont fait de leur plein gré.

Ils se sont d’abord renseignés au sujet des moyens pour se rendre en Syrie et ont obtenu les coordonnées des passeurs qui leur ont permis de traverser la frontière turco-syrienne. Ils ont demandé un passeport, acheté leurs billets d’avion, menti aux douaniers quant aux motifs de leur voyage en Turquie, se sont rendus clandestinement aux lieux de passage frontaliers, etc.

Bref, l’idée du jeune adulte qui s’endort le soir au Canada et se réveille le lendemain en Syrie dans les rangs d’une organisation terroriste a peu de chance de devenir un scénario de film tellement tout cela est invraisemblable.

Conclusion

La seule manière d’assurer aux terroristes canadiens un procès juste et équitable, c’est qu’ils soient jugés dans le pays où auraient été commis les méfaits dont on les accuse. En effet, c’est là que se trouvent ceux qui pourraient leur fournir un alibi ou témoigner en leur faveur.

La guerre en Syrie a fait plus de 350 000 morts, dont 175 000 femmes. Les survivants d’actes terroristes dans ce pays ont droit de connaitre la vérité eux aussi.

C’est seulement après leur procès en Syrie qu’il sera opportun de les rapatrier au pays. Quitte à leur permettre, une fois les témoignages entendus et consignés là-bas, de faire appel au Canada de leur condamnation syrienne, le cas échéant.

Au sujet des djihadistes canadiens, plaider leur rapatriement est une manière détournée d’obtenir leur libération à l’issue d’un procès canadien bâclé où on n’aura ni la preuve de leur culpabilité ni la preuve de leur innocence.

Or un seul djihadiste canadien qui rentre au pays pour y commettre un attentat terroriste est un djihadiste de trop.

Parus depuis :
Qui sont les Canadiens détenus dans des camps en Syrie? (2023-01-24)
La Cour d’appel casse la décision exigeant le rapatriement de Canadiens en Syrie (2023-05-31)

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2 commentaires à Le rapatriement des terroristes canadiens de Syrie

  1. André Joyal dit :

    « Or un seul djihadiste canadien qui rentre au pays pour y commettre un attentat terroriste est un djihadiste de trop.»

    Ne crayons rien, ceux qui seront rapatriés en ont tellement bavé déjà, coupables ou pas; ils ont payé le gros prix. Rien à craindre.

    • Jean-Pierre Martel dit :

      Merci monsieur Joyal pour votre commentaire.

      En Normandie, après avoir déclaré sous serment qu’il avait changé et que son plus grand désir était maintenant de fonder une famille, Adel Kermiche a bénéficié d’une libération conditionnelle, limitée aux avant-midis, accordée par une juge émue par son repentir.

      Quatre mois après avoir obtenu cette permission, il a égorgé le père Jacques Hamel à l’issue de sa messe matinale, sous les yeux horrifiés de huit de ses paroissiens.

      L’assaillant et son complice ont cessé d’être des risques sécuritaires après avoir été abattus par la police.

      Référence : Attentat de l’église de Saint-Étienne-du-Rouvray

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