Transferts technologiques militaires vers l’Iran

13 novembre 2022

Introduction

Les États-Unis et la Grande-Bretagne fabriquent les missiles autopropulsés les plus précis au monde.

Ceux qu’ils livrent à l’Ukraine sont des missiles dont la distance maximale est limitée à quelques dizaines de kilomètres et donc, qui ne pourraient pas frapper Moscou, par exemple.

À l’exclusion de la taille de leur réserve de carburant solide, ces missiles sont dotés des mêmes technologies que celles qu’on retrouve dans les missiles les plus sophistiqués de l’arsenal occidental.
 

 
De son côté, l’Iran fabrique des missiles capables d’atteindre une cible située à 2 000 km… mais qui la rate habituellement à cause de leur imprécision.

Cette lacune est en voie d’être corrigée.

Le cadeau technologique russe

Afin de détruire les infrastructures électriques ukrainiennes, l’armée russe a utilisé, entre autres, des drones Shahed-136 iraniens. Cent-soixante d’entre eux ont été livrés à la Russie cet été.

Le cout d’un drone Shahed-136 est estimé à environ vingt-mille dollars. C’est beaucoup moins que les missiles occidentaux dont se sert l’armée ukrainienne pour les abattre (et qui réussissent dans la grande majorité des cas).

L’armée russe utilise donc des missiles iraniens de faible qualité dans le but de détruire les installations électriques sur lesquelles compte l’armée ukrainienne pour fonctionner. Mais également, la Russie s’en sert pour épuiser l’arsenal militaire défensif de l’Ukraine.

En contrepartie des drones iraniens, Moscou a expédié à l’Iran trois missiles occidentaux originellement destinés à l’Ukraine, mais qui ont été interceptés par ses soldats.

Il s’agit d’un missile sol-sol Javelin et d’un missile sol-air Stinger, tous deux de construction américaine. Le troisième était un missile sol-sol NLAW de fabrication britannique.

Le but est de permettre à l’Iran de copier la technologie occidentale et d’améliorer la précision de ses propres missiles.

Le salaire de la peur

Démanteler un engin explosif est toujours risqué.

De plus, les missiles occidentaux étant dotés d’un module de géolocalisation, dès qu’on démarre leur système d’exploitation, ces missiles transmettent leur position exacte aux satellites-espions américains (comme le fait chacun des téléphones multifonctionnels que nous utilisons).

Pour éviter que ses laboratoires deviennent des cibles militaires américaines ou israéliennes, l’Iran devra donc espionner le fonctionnement de ces missiles dans un lieu duquel aucune communication électronique ne peut s’échapper.

Pour pallier ces risques, l’avion-cargo qui acheminait les missiles occidentaux à l’Iran transportait également 140 millions d’euros en argent comptant (afin de contourner les sanctions occidentales).

Depuis 2019, les plus grosses coupures de monnaie européenne sont des billets de 200€. Cela signifie que l’avion en question transportait près de trois quarts de tonne de billets de banque.

Références :
Missiles iraniens : une dangerosité surfaite ?
Russia flew €140m in cash and captured Western weapons to Iran in return for deadly drones, source claims

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Écrit par Jean-Pierre Martel