Guerre russo-ukrainienne : Nissan jette l’éponge

Publié le 23 octobre 2022 | Temps de lecture : 3 minutes

Introduction

Par analogie avec le monde de la boxe, l’expression ‘jeter l’éponge’ veut dire abandonner la partie. Au Québec, on dit plus souvent ‘jeter la serviette’, calque de l’anglais throw the towel.

La déconvenue de Nissan

En juin 2009, le constructeur automobile Nissan inaugurait sa première usine russe. Douze ans plus tard, celle-ci en produisait près de cent-mille (sa capacité maximale).

Mais dès le 14 mars dernier, Nissan interrompait sa production, invoquant des problèmes d’approvisionnement. Le constructeur aurait pu s’approvisionner ailleurs, mais il a préféré suspendre sa production par crainte de sanctions occidentales.

Entretemps, ses deux-mille salariés étaient payés quand même au cas où la production aurait eu à reprendre.

Puisque la guerre russo-ukrainienne se prolongeait, les dirigeants de la compagnie en sont venus à la conclusion qu’il était préférable de fermer l’usine, une décision annoncée le mois dernier.

Toutefois, le 11 octobre, l’usine et le centre de recherche de Nissan à Saint-Pétersbourg étaient achetés pour un euro par l’État russe.

C’est le même prix que pour l’achat de l’usine russe de Renault survenue il y a plusieurs mois. Dans un cas comme dans l’autre, c’est une perte d’environ un milliard de dollars canadiens pour la multinationale.

La production (sous un autre nom) devrait reprendre avec la participation d’un constructeur automobile chinois. Ce qui permettra à l’usine de s’approvisionner indirectement en semi-conducteurs taïwanais puisque la Russie ne peut pas les acheter directement.

Selon la législation russe, les employés licenciés d’une usine doivent continuer de recevoir leur salaire pendant les douze mois qui suivent sa fermeture… une mesure dont nos travailleurs à nous aimeraient sans doute profiter.

Le doute américain s’installe

Les pertes occasionnées par la fermeture de cette usine ne seront pas payées par la Russie; elles se répercuteront sur le prix que paieront les consommateurs ailleurs dans le monde pour les produits du constructeur japonais.

Après avoir appuyé massivement l’adoption de sanctions contre la Russie, les Américains en réalisent les conséquences.

Selon un sondage de la firme Pew réalisé entre le 13 et le 18 septembre dernier, 20 % des Américains estiment maintenant que leur pays s’est trop engagé à soutenir l’Ukraine. Six mois plus tôt, ce pourcentage n’était que de 7 %.

Actuellement, cette proportion atteint même près du tiers de l’électorat républicain.

Pendant ce temps, Donald Trump clame que tout ce gâchis ne serait pas arrivé s’il avait été au pouvoir…

Références :
Guerre russo-ukrainienne et désindustrialisation de l’Europe
McDonald’s et la culture du bannissement
Nissan inaugure sa première usine russe à St-Petersbourg
Nissan quitte le marché russe et vend son usine de Saint-Pétersbourg

Compléments de lecture :
L’engrenage ukrainien
L’épouvantail russe

Pour consulter tous les textes de ce blogue consacrés à la guerre russo-ukrainienne, veuillez cliquer sur ceci.

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2 commentaires à Guerre russo-ukrainienne : Nissan jette l’éponge

  1. Marsolais dit :

    Bonjour Jean-Pierre,
    Bien sûr, la vente de Nissan à la Russie pour 1 euro est très choquant; en lisant les références, est-ce que je comprends bien en pensant que le prìx de cette vente est pour avoir la possibilité de racheter l’entité et ses activités dans les 6 prochaines années, au même prix de 1 euro ? J’en doute beaucoup mais même si c’était le cas, reprendre une compagnie qui a été opérée sous un autre nom et selon des modèles différents, pouvons-nous supposer, pendant 3-4-5 ans, exigera de gros investissements ! De plus, la Russie voudrait être compensée pour ses investissements .
    Si ma réflexion concernant les raisons de ce prix de vente n’est pas la bonne, qu’est-ce qui l’explique ??
    Merci pour tes articles sur cette guerre aux multiples ramifications,

    • Jean-Pierre Martel dit :

      Sur bien des aspects, j’interprète tout cela de la même manière que vous.

      Lorsque cette usine reprendra sa production, ce sera des voitures ayant le même aspect que les Nissan fabriqués jusque là.

      En effet, il s’agit d’usine très robotisée et la Russie n’est probablement pas en mesure de commander de nouveaux robots de l’étranger.

      Tout au plus, en raison d’une pénurie de composants électroniques, il est possible que certaines fonctions disparaissent; par exemple, le stationnement automatique ou les avertissements d’objets trop rapprochés.

      Comme tous les politiciens, Poutine peut mentir. Mais contrairement aux Américains, il tient toujours la parole qu’il a donnée.

      Toutefois à l’interne, le régime de Poutine est une organisation mafieuse qui n’hésite pas à pratiquer l’extorsion et les menaces de mort.

      Il n’est pas exclu de penser que les dirigeants de Nissan et de Renault aient négocié avec le couteau sur la gorge (au sens figuré du terme, évidemment).

      À quelle condition Nissan pourra-t-il reprendre son usine russe s’il le désire et à quel prix ? Je l’ignore.

      Ma présomption, c’est que si Nissan revient dans quelques années, ce sera comme partenaire (majoritaire ou non) en apportant toutes les technologies que ce constructeur aura développées depuis à l’étranger.

      Sinon, la Russie peut se passer de lui.

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