Guerre russo-ukrainienne et désindustrialisation de l’Europe

Publié le 12 octobre 2022 | Temps de lecture : 4 minutes

Depuis des décennies, la mondialisation repose sur un réseau extrêmement complexe d’échanges internationaux régis par des contrats à long terme. Conclus au prix le plus bas, ces contrats assurent à la grande entreprise la stabilité de ses approvisionnements.

La Russie est un important exportateur d’hydrocarbures, de charbon, de blé, d’engrais chimiques, d’acier, d’aluminium, de palladium, de néon, etc.

En décidant, à la demande de Washington, de rompre brutalement leurs relations commerciales avec la Russie, les pays occidentaux ont provoqué la rupture de milliers de chaines d’approvisionnement.

Afin de maintenir leur production, les géants industriels ont dû se tourner vers le marché libre, où les prix sont substantiellement plus élevés. Voilà pourquoi cette remondialisation, opérée en catastrophe, s’avère extrêmement couteuse.


 
Cela se répercute sur les consommateurs par une accélération marquée de l’inflation. Une inflation qui devrait s’aggraver cet hiver.

Avec la destruction des gazoducs Nord Stream I et II, le divorce économique russo-européen est consommé.

Ne pouvant plus compter sur les hydrocarbures bon marché en provenance de Russie, le prix de l’énergie dans l’Union européenne sera plus élevé que dans la plupart des pays concurrents de l’Europe. Et ce, pour quelques années.

On peut donc anticiper que cette remondialisation s’accompagne d’une délocalisation industrielle.

En effet, les unes après les autres, les industries lourdes européennes — grandes consommatrices d’énergie — seront incitées à délocaliser leur production si elles veulent demeurer compétitives.

D’autre part, après deux ans de contraintes sanitaires, les peuples occidentaux ont la mèche courte.

Avant même que cette désindustrialisation soit amorcée, on assiste déjà à une augmentation de l’instabilité sociale en Europe en raison de l’inflation.

Au cours des années qui viennent, cette désindustrialisation accélérée provoquera la perte de millions d’emplois chez des travailleurs syndiqués, c’est-à-dire chez des gens dont la colère organisée peut facilement dégénérer.

Pour préserver la paix sociale, ces pays devront compter sur des gouvernements et des chefs d’État dont l’autorité morale aura été sapée par leur consentement au déclin économique de leur pays et de ce fait, leur trahison à l’intérêt national.

Références :
En Belgique, la colère sociale gronde face à l’explosion des factures énergétiques
La guerre russo-ukrainienne et la vassalisation de l’Europe
Le cout de la dé-Merkellisation de l’Allemagne
The Energy Shock — Germany Plans for a Winter Without Gas from Russia
Au Royaume-Uni, nouvel épisode des grèves de la colère face à l’inflation

Parus depuis :
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Hauts-fourneaux à l’arrêt : « La flambée des prix de l’énergie n’est pas seule en cause » (2022-11-04)
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Compléments de lecture :
L’engrenage ukrainien
L’épouvantail russe

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