Le cas similaire d’Asbestos
En 2012, le gouvernement péquiste de Pauline Marois décidait d’interdire l’exploitation de l’amiante au Québec.
Puisque la plus grosse mine d’amiante au monde se trouvait à Asbestos, les opposants à cette mesure prédisaient que cette municipalité deviendrait une ville-fantôme.
Un an avant cette décision, au recensement de 2011, la ville d’Asbestos comptait 7 096 habitants. Une décennie plus tard, sous le nom de Val-des-Souces, elle en comptait 7 088, Il s’agit donc d’une perte de huit habitants, soit 0,1 % de sa population en dix ans.
Ceci étant dit, on y trouve encore des cas d’amiantose. Mais uniquement chez d’anciens mineurs; il n’y a plus aucun nouveau cas.
Toutefois, la santé a un prix; le revenu total médian y est de 30 600$ par année, alors qu’il est de 40 800$ pour l’ensemble de la population québécoise.
Cet écart de 33,3 % (en comparaison avec la médiane québécoise) existait déjà en 2011; il était alors de 38,4 % chez les hommes et de 41,3 % chez les femmes.
Bref, la vie s’est améliorée à Val-des-Sources depuis la fermeture du principal employeur de la ville.
Le cas de Rouyn-Noranda
Depuis des mois, le bureau régional de la Santé publique et la direction nationale sont en conflit.
Surtout depuis que cette dernière a censuré une étude scientifique commandée par le bureau régional afin d’analyser les effets néfastes de l’arsenic sur la population de Rouyn-Noranda.
Le Dr Horacio Arruda fit disparaitre tout le chapitre à ce sujet dans le rapport préparé par le bureau régional sous le prétexte que cela risquait d’inquiéter la population…
Ces jours-ci, la direction nationale tergiverse quant aux normes à imposer à la fonderie Horne.
Depuis des années, celle-ci possède une dérogation qui lui permet d’émettre 33 fois plus d’arsenic que la norme québécoise de 3 ng par mètre cube d’air.
Alors on négocie en secret avec la minière en vue d’une nouvelle dérogation ‘définitive’ qui dépasserait de seulement cinq fois la norme québécoise. Et ce, à partir de 2027.
Mais il faut savoir à qui on a affaire. La rubrique que Wikipédia consacre à Glencore (propriétaire de la fonderie) est sans équivoque; cette minière n’hésite pas à polluer partout où elle opère à travers le monde. La seule chose qui compte pour elle, ce sont les redevances versées à ses actionnaires.
Malheureusement, ce ne sont pas les ‘mous’ qui dirigent actuellement la Santé publique du Québec qui ont la trempe pour lui tenir tête.
Sur les marchés internationaux, le cours du cuivre atteint des sommets. Précisons que cette envolée des prix est antérieure aux sanctions occidentales contre la Russie.
C’est maintenant que Glencore a les moyens de dépenser les sommes importantes qui sont nécessaires pour moderniser ses installations de Rouyn-Noranda.
Espérer une nouvelle norme moins complaisante qui prendrait effet dans cinq ans, c’est risquer de se retrouver avec un nouveau contexte mondial du prix du cuivre que Glencore pourrait invoquer pour retarder sa mise en application.
C’est maintenant qu’il faut menacer de mettre la clé dans la porte de l’usine si elle ne se soumet pas dans les plus brefs délais à la norme de trois nanogrammes d’arsenic par mètre cube d’air.
Conclusion
Le plus grand risque que court la population de Rouyn-Noranda, ce n’est pas la fermeture de la fonderie Horne; c’est que cette ville devienne un désert médical. En d’autres mots, une ville où plus aucun médecin du Québec n’acceptera que ses enfants respirent de l’arsenic et conséquemment, où tous les médecins seront partis exercer leur profession ailleurs.
Pour éviter cela, il faut mettre fin à la pollution par l’arsenic de la fonderie Horne.
Maintenant que l’internet à haute vitesse est accessible partout sur le territoire québécois (grâce, avouons-le, à la CAQ), il est temps que Rouyn-Noranda fasse preuve d’audace et se réinvente en ville du XXIe siècle.
À ceux qui craignent ce saut vers l’inconnu, regardez la ville de Val-des-Sources…
Références :
Arsenic : le bof! de la Santé publique
Amiante chrysotile: le Canada fait volte-face
Données de 2011 pour Asbestos
Données du recensement de 2022 pour Val-des-Sources
Données du recensement de 2022 pour le Québec
Fonderie Horne — Des travailleurs intimidés, le syndicat lance un appel au calme
Horacio Arruda a empêché la diffusion de données sur le cancer à Rouyn-Noranda
Parus depuis :
Fonderie Horne : une cour d’école couverte de poussières d’arsenic emportées par le vent (2023-05-03)
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