Introduction
En 1944 et 1945, l’armée allemande a fait pleuvoir sur l’Angleterre et la Belgique plus de trois-mille fusées V2.
Pouvant transporter une charge explosive de 910 kg et atteindre une cible située à 320 kilomètres, ces missiles autopropulsés étaient tirés par une rampe de lancement de plusieurs dizaines de mètres de long.
Une fois tirés, ceux-ci ne pouvaient pas changer de direction. En faisant pivoter l’angle de la rampe de lancement — en somme, par tâtonnements — les Allemands ajustaient la précision de leurs tirs.
La précision par géolocalisation
Depuis trois semaines, l’armée ukrainienne a reçu des États-Unis huit lance-roquettes à haute mobilité. On les dit à ‘haute mobilité’ parce qu’ils sont montés sur des camions.
Même si l’armée russe pouvait identifier d’où provenait le missile et tentait de détruire sa rampe de lancement, ce serait inutile; le lance-roquette n’est déjà plus là quand le tir de représailles russe tente de le détruire.
Les États-Unis en possèdent plusieurs types qui se distinguent par leurs portées; ceux livrés le mois dernier à l’Ukraine peuvent atteindre des cibles situées à 80 km.
Déjà, ils auraient détruit une vingtaine d’entrepôts de munitions destinées à l’artillerie russe.
Puisqu’on ne peut pas ajuster leur précision par tâtonnement en raison de leurs déplacements, comment ces lance-roquettes peuvent-ils être aussi précis ?
Le guidage par GPS
À l’époque des guerres en Yougoslavie, entre 1991 et 2001, lorsque l’armée française voulait cibler un tireur d’élite embusqué, des éclaireurs devaient s’approcher de lui au plus prés et pointer un rayon laser qui servait à guider le missile de croisière destiné à le mettre hors d’état de nuire.
Depuis, les choses ont bien changé.
Les roquettes les plus modernes sont des fusées non seulement autopropulsées, mais également ‘autonavigables’ (c’est-à-dire à navigation intégrée).
Tout comme nos voitures et nos téléphones multifonctionnels, ces roquettes sont équipées d’un GPS.
Pour des raisons de sécurité nationale, une imprécision est ajoutée à toutes les applications civiles de géolocalisation. Ce n’est pas le cas des applications militaires; la précision de leur GPS est de l’ordre de quelques centimètres.
Chaque roquette autonavigable connait donc sa position exacte au moment de sa mise à feu et à tout instant durant sa course.
Mais comment sait-elle précisément la latitude et la longitude de sa cible ?
Les coordonnées des cibles à atteindre sont fournies à l’armée ukrainienne par les États-Unis.
Les satellites-espions américains surveillent le déplacement des camions de ravitaillement de l’armée russe. Leurs va-et-vient permettent de découvrir où se trouvent les entrepôts de matériel militaire russe.
Une fois en possession de cette information, il ne reste plus à l’armée ukrainienne qu’à communiquer à une équipe de fantassins la position exacte de ce dépôt pour que ceux-ci programment le logiciel du lance-roquette qui transfert l’information au système de guidage du missile immédiatement avant sa mise à feu.
Avec le résultat qu’on sait…
D’une certaine manière, l’aide militaire américaine est une forme d’instrumentalisation de l’armée ukrainienne puisque Washington en profite pour tester l’efficacité de son matériel militaire dans les conditions réelles d’une guerre sans risquer la vie de ses propres soldats.
Bref, le conflit actuel entre la Russie et l’Ukraine est le laboratoire des guérillas du futur opposant deux armées de forces très inégales.
Références :
Les sites de lancement de V1/V2 du Cotentin
Les systèmes de missiles américains sèment la destruction en Ukraine : « Plus de 20 dépôts d’artillerie russes détruits »
V2 (missile)
Paru depuis :
Russia claims US ‘directly involved’ in Ukraine war (2022-08-02)
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