La dérussification de l’Ukraine

Le 25 juin 2022
Assemblée législative ukrainienne

En janvier 2014, le parlement ukrainien décidait de retirer au russe son statut de langue officielle dans toutes les régions administratives du pays qui comptaient une majorité ou une forte proportion de locuteurs russophones.

En décembre 2016, l’Ukraine limitait à dix le nombre de livres qui pouvaient être importés de Russie.

Depuis dimanche dernier, la législation est devenue plus sévère, interdisant totalement l’importation d’un imprimé provenant de Russie, de Biélorussie ou des territoires ukrainiens occupés par la Russie.

Cela comprend les livres, les brochures, les cartes géographiques, les atlas, les globes terrestres, de même que les livres pour enfants (dont les livres à colorier).

Selon certaines sources, cet interdit ne concernerait que les œuvres de citoyens de la Fédération de Russie (née après le démantèlement de l’Union soviétique en 1991). En d’autres mots, cela ne concernerait pas les auteurs classiques comme Dostoïevski, Pouchkine ou Tolstoï.

S’ils sont écrits en russe, les livres provenant d’autres pays seront soumis à un bureau de censure afin de s’assurer qu’ils ne contiennent pas de propagande antiukrainienne.

À partir du 1er janvier 2023, seront également interdits de publication et de distribution les livres ukrainiens d’auteurs russophones publiés en russe ou traduits du russe.

Une autre loi bannit également la diffusion de la musique russe aux stations de radio ou de télévision, de même que dans les lieux publics.

Les artistes et les auteurs qui vivent en Ukraine, mais qui ont conservé leur citoyenneté russe après l’indépendance ukrainienne seront exceptés s’ils renoncent à leur citoyenneté russe et s’ils déclarent publiquement leur appui à l’Ukraine dans la guerre qui l’oppose à la Russie.

Références :
L’engrenage ukrainien
Russian book ban in Ukraine
Ukraine restricts Russian books and music in latest step of ‘derussification’

Pour consulter tous les textes de ce blogue consacrés à la guerre russo-ukrainienne, veuillez cliquer sur ceci.

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4 commentaires à La dérussification de l’Ukraine

  1. André dit :

    Qu’attend-on pour en faire autant avec tout ce qui nous vient du ROC depuis le coup constitutionnel de 1982?

    • Jean-Pierre Martel dit :

      Il serait tentant de croire que cette dérussification est la conséquence de l’invasion russe.

      En réalité, ce processus a même commencé avant la déclaration unilatérale d’indépendance de la Crimée en 2014. Donc une décennie avant la guerre russo-ukrainienne.

      C’est cette dérussification qui a provoqué l’indépendance de la Crimée. Et non l’inverse.

      C’est ce que nos médias ont oublié de nous dire…

  2. Arbo dit :

    Est-ce qu’on peut aussi parler de la Dé-Ukrainisation en arrachant une parcelle de territoire par-ci et par là?

    • Jean-Pierre Martel dit :

      De manière générale, dans toutes les républiques soviétiques, on enseignait les langues minoritaires afin de ne pas exacerber le nationalisme ethnique. C’est ce qui explique que les Balkans, par exemple, soient calmement demeurés dans l’Empire soviétique pendant si longtemps.

      Ce fut le cas en Ukraine, où l’ukrainien était enseigné, de même que le russe comme langue seconde.

      Mais l’ancienne URSS et la nouvelle Fédération de Russie sont deux choses différentes.

      Vladimir Poutine est un chef d’État remarquablement intelligent, Mais ce n’est pas un intellectuel; c’est un tacticien, froid et méthodique.

      Ses écrits au sujet de l’Ukraine sentent le mépris pour le peuple ukrainien. Malgré cela, je ne crois pas que son but soit d’éradiquer la culture ukrainienne mais de changer la mentalité qui s’y est répandue depuis la Seconde Guerre mondiale, notamment pour les théories d’extrême droite.

      Conséquemment, dans les territoires conquis à ce jour — et qui sont peuplés majoritairement de Russophones — il est douteux que l’ukrainien y soit banni pour une simple et bonne raison; il est plus facile de ‘reprogrammer’ les Ukrainiens si on le fait dans la langue qu’ils comprennent le mieux.

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