Le drame shakespearien du certificat de naissance en français

Publié le 21 juin 2022 | Temps de lecture : 2 minutes
Exemple de visa chinois

Un blogueur que je respecte (mais que je ne nommerai pas) s’est lancé depuis quelque temps dans une campagne contre la loi 96. Rappelons que cette loi est destinée à renforcer l’usage du français au Québec.

Faisant flèche de tout bois, sa dernière trouvaille est d’alerter les Québécois qu’à cause de cette loi, le Québec n’émettrait plus les certificats de naissance, de mariage et de décès qu’en français.

Le but de la loi 96, c’est d’indiquer aux néoQuébécois et aux jeunes angloMontréalais (qui ont tendance à l’oublier), qu’au Québec, c’est en français que ça se passe…

Conséquence pratique, il nous sera impossible — selon ce blogueur — d’obtenir un visa pour voyager aux États-Unis, en Grande-Bretagne ou en Allemagne.

J’ignore pourquoi il a choisi d’utiliser très précisément l’exemple de ces trois pays puisqu’aucun d’entre eux n’exige de visa aux Canadiens qui veulent y voyager.

Ce que leurs douaniers exigent, c’est simplement de voir notre passeport. Pas notre certificat de naissance.

Par contre, il faut un visa pour entrer dans d’autres pays, comme l’Iran et la Chine.

Mais aucun de ces pays non plus n’exige la présentation d’un certificat de naissance.

Dans le cas d’un voyage en Chine, il faut envoyer au consulat chinois de Montréal l’original de notre passeport par poste recommandée. Trois ou quatre semaines plus tard, le passeport nous est retourné. Et sur une de ses pages, le visa chinois y est collé, précisant sa durée de validité.

Donc, le danger que nos certificats de naissance en français condamnent le Québec à devenir une grande prison à ciel ouvert duquel plus personne ne pourra s’échapper est une plaisanterie… à moins d’être un effet secondaire de la consommation du cannabis.

Puisque j’ai de l’estime pour ce blogueur, je présume qu’il a émis cette hypothèse farfelue afin de distinguer, parmi ses lecteurs, ceux qui mordent à l’hameçon parce que dépourvus d’esprit critique.

Si tel est le cas, bravo monsieur le blogueur !

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Le fruit défendu

Publié le 21 juin 2022 | Temps de lecture : 4 minutes


 
En janvier 2028, neuf mois avant la légalisation du cannabis au Canada, deux policiers torontois ont effectué une descente dans une boutique qui vendait illégalement du cannabis et des produits dérivés.

Puisque l’inventaire de la marchandise saisie se fait devant témoins à l’arrivée au poste de police, le policer Vittorio Dominelli en a profité pour subtiliser trois tablettes de chocolat au THC en cours de route et ce, avec la complicité de sa partenaire, la policière Jamie Young.

Mais vers 23h ce soir-là, les deux patrouilleurs étaient assignés à la surveillance d’un bar. Or quoi de plus ennuyant que de rester là, assis dans une autopatrouille, à faire de la surveillance à distance alors qu’il ne se passe rien.

C’est alors qu’ils ont eu l’idée de gouter — de gouter juste un peu — à une des tablettes de chocolat subtilisées.

Mais cinq minutes plus tard, on ne percevait strictement aucun effet. Même près dix minutes, c’était pareil. Or l’odeur du chocolat déballé répandait ses effluves dans la voiture dont les fenêtres étaient fermées en raison de la saison froide.

Puisque ce chocolat ne donnait pas grand-chose, on pouvait donc se permettre d’en prendre un peu plus.

De fil en aiguille, toujours sans avoir ressenti le moindre effet, on finit par manger toute la tablette.

C’est seulement rendu à la fin qu’on perçut un tout petit étourdissement et un engourdissement général très plaisant. Jusque là, le seul regret, c’était de ne pas avoir eu à leur disposition un verre de lait.

Contrairement au cannabis fumé, le début d’action du cannabis administré par voie orale est d’une à deux heures. En fait, on peut noter un début d’effet dès 45 minutes, mais cela est improbable avec une tablette de chocolat au THC puisque le gras du chocolat retarde la vidange gastrique, donc le début de l’effet.

Les policiers s’amusèrent de la monotonie des messages qu’ils entendaient sur les ondes de la radio policière. L’imitation du policier Dominelli fit rire aux larmes sa collègue Young.

Mais bientôt on jugea la radio agressante et on décida de la fermer.

Peu à peu, dans le silence de leur voiture, l’effet paranoïaque du THC grandissait.

Vers 1h du matin, lorsqu’ils furent pris d’hallucinations, ce fut le signal qu’ils avaient besoin d’aide.

Après avoir essayé de faire du jogging afin de faire passer l’effet, le patrouilleur Dominelli revint aussitôt à l’autopatrouille lancer un appel de détresse, croyant mourir, effrayé par la tachycardie (rythme cardiaque très rapide) et la bouche sèche qu’il ressentait. Ce qui est normal lorsqu’on accomplit un exercice violent alors qu’on est intoxiqué par le cannabis.

Les deux patrouilleurs furent transportés à l’hôpital.

Mais comble de malheur, une des agents venus les aider glisse, tombe sur la glace et subit une commotion cérébrale. Elle devient le troisième agent à être admis à l’urgence.

La version du malaise-on-sait-pas-pourquoi ayant été démenti par le rapport médical, la policière Jamie Young a plaidé coupable à l’accusation criminelle de tentative d’entrave à la justice et a démissionné en 2018 du service de Police de Toronto.

Toutefois, à la suite du témoignage de Mme Young, la poursuite a retiré les accusations criminelles portées contre elle, estimant que le véritable coupable dans cette affaire, c’est le policier Dominelli, seul responsable du vol des barres de chocolat au THC et de la destruction partielle de la preuve en la dévorant.

Qualifié d’imbécile complet par la juge Mary Misener, l’accusé — qui a également démissionné du service de Police — a été condamné en novembre 2018 à une peine de prison avec sursis de neuf mois à purger dans la communauté.

Références :
Judge calls Toronto cop who ate cannabis chocolate on duty a ‘complete idiot’
Une policière de Toronto plaide coupable d’une accusation de conduite déshonorante
Un policier qui a mangé des barres de chocolat au pot condamné à une peine de 9 mois avec sursis

Complément de lecture : Le cannabis récréatif

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Écrit par Jean-Pierre Martel