Le ‘verrou libéral’ et l’impunité des puissants

31 mai 2022

Créée en mars 2011, l’Unité permanente anticorruption (UPAC) a eu des années pour enquêter sur ceux qui ont mis en place le système bien huilé de corruption qui prévalait à l’époque du gouvernement de Jean Charest.

À la suite de la création de l’UPAC, le montant des contrats d’infrastructures a baissé de 30 %. Seulement pour 2013, le ministère des Transports aurait économisé 240 millions$.

Si la simple existence de l’UPAC a calmé la gourmandise des soumissionnaires qui faisaient affaire avec l’État, ce corps policier a eu moins de succès contre ceux qui ont mis en place le système de corruption lui-même.

Après avoir pillé le Trésor public, les Libéraux reprirent le pouvoir avec Philippe Couillard. Toutefois, les temps avaient changé : on en était rendu au temps d’assainir les finances publiques. Ce qui voulait dire sabrer notre filet de protection sociale.

Donc on ruine d’abord les finances de l’État en graissant la patte des amis du pouvoir, puis on refile la facture aux gens comme vous et moi.

Six ans après la création de l’UPAC, Yves Francoeur, président de la Fraternité des policiers et policières de Montréal, expliquait que l’impuissance apparente de l’UPAC provenait d’un verrou mis en place pour bloquer la mise en accusation des élus du Parti libéral du Québec.

En octobre 2017, ce blogue qualifiait de show de boucane le témoignage percutant de Robert Lafrenière en commission parlementaire au cours duquel il avait lui-même traité de ‘bandits’ les fuiteurs des enquêtes policières.

Un an plus tard, nous précisions au sujet de l’accusation d’Yves Francoeur :

[On doit] soupçonner que ce ‘verrou’ a pris soin d’insérer une fêlure qui plombera toutes les enquêtes intentées contre le couple Bibeau-Charest, c’est-à-dire celles qui visent le sommet de l’État québécois.

Effectivement, l’enquête à ce sujet a été close le 28 février 2022 sans qu’aucune accusation soit portée.

Aujourd’hui, on apprend que le mode opératoire du verrou libéral était de fuiter des renseignements de manière à justifier l’annulation des procédures par les tribunaux.

Ce qui explique que dès son entrée en fonction, le nouveau directeur de l’UPAC n’avait pas eu d’autre choix que d’abandonner les poursuites, vouées à l’échec en raison des fuites soigneusement orchestrées par ses prédécesseurs.

Alors que les coupables s’en tirent avec la présomption d’innocence, on ne doit pas perdre de vue que leur impunité est un scandale. Un scandale qui entache la réputation de notre système de justice.

Références :
Affaire Normandeau : Lafrenière et son entourage à l’origine des fuites, selon le BEI
Corruption : le ‘verrou’ libéral
La comédie des bandits
La démission du commissaire de l’UPAC et la soupe chaude

Un commentaire

| 2003-2012 (années Charest), corruption, Politique québécoise | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


Le Daguerreotype en infrarouge

31 mai 2022
Un ruisselet
Nymphéa odorant
Petit nénufar jaune

À l’époque où l’opticien Charles Chevalier créa l’objectif qui accompagnait le Daguerréotype, les appareils photo ne possédaient pas de diaphragme.

Pour augmenter ou réduire la quantité de lumière qui atteignait la plaque photographique à l’arrière, on glissait des plaques trouées dans une fente située sur le dessus de l’objectif.

Le Daguerréotype Achromat 64mm F/2,9 Art Lens est la version moderne de cet objectif. Il est vendu avec un certain nombre de plaques d’ouverture, les unes rondes, d’autres fantaisistes.
 

 
Sur les photos prises avec ces plaques, la forme de ces ouvertures détermine l’aspect des taches de lumière en arrière-plan.

Détails techniques des trois premières photos : Olympus OM-D e-m5 infrarouge à spectre complet, objectif Daguerreotype Achromat 64mm F/2,9 Art Lens + filtre vert jaunâtre Lzos Ж3-2* + filtre bleu 80A de Kenko + filtre bleu 80C de Vivitar
1re photo : 1/100 sec. — F/? — ISO 250 — 64 mm
2e  photo : 1/500 sec. — F/? — ISO 200 — 64 mm
3e  photo : 1/160 sec. — F/? — ISO 200 — 64 mm

Complément de lecture : Le Daguerreotype Achromat 64mm F/2,9 Art Lens

Pour consulter tous les textes de ce blogue consacrés à l’infrarouge couleur, veuillez cliquer sur ceci.

Laissez un commentaire »

| Photo infrarouge | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


La loi 96 : le mythe de l’obligation d’apprendre le français en six mois

30 mai 2022

Dans la guerre de propagande que se livrent les adversaires de la loi 96 (qui vise à renforcer la Loi 101), un des mythes qu’on propage est que cette loi donnerait six mois aux néoQuébécois pour apprendre le français (évidemment, s’ils ne le parlent pas déjà).

À l’époque où la loi 96 était à l’étape d’un projet de loi, j’ai eu l’occasion de critiquer ses importantes insuffisantes. Elles sont toujours aussi béantes.

Mais l’obligation d’apprendre le français en six mois ne fait pas partie de mes griefs pour une raison toute simple; la loi 96 n’exige pas cela.

Rien dans cette loi n’oblige le néoQuébécois à s’adresser à l’État en français.

Ce que cette loi dit, c’est que six mois après leur installation chez nous, les néoQuébécois ne recevront leur correspondance de l’État qu’en français.

Libre à eux d’utiliser Google Translation, ou l’aide d’un parent ou d’un ami pour savoir ce que ça dit.

Le message est clair; au Québec, c’est en français que ça se passe.

Dès la loi adoptée, Québec Solidaire s’est empressé de préciser que même si elle a voté pour cette loi, elle prolongerait le délai pour apprendre le français à deux ou trois ans si elle formait le prochain gouvernement.

Cela prouve que Québec Solidaire n’a pas besoin d’avoir compris un texte de loi pour voter en sa faveur…

Pour les fins de la discussion, supposons que la loi 96 exigait cela et que ce délai était prolongé à trois ans. On ne ferait que différer le problème; après trois ans, on argumenterait que trois ans, c’est insuffisant. Et ainsi de suite.

Le Parti Québécois, qui a voté contre, possède la meilleure politique migratoire de toutes les formations politiques du Québec. S’il était élu, il ferait ce que le Royaume-Uni fait déjà.

Depuis des années, la connaissance préalable de la langue anglaise par tout requérant à l’immigration est un prérequis à l’acceptation de sa demande par la Grande-Bretagne.

En d’autres mots, le requérant doit savoir parler anglais avant de mettre le pied en sol britannique. Évidemment, cette exigence ne s’applique pas aux réfugiés, en raison de l’urgence de leur situation.

De manière conséquente, une personne qui a déjà obtenu la citoyenneté britannique ne peut pas faire venir son conjoint de l’Étranger si celui-ci ne parle pas l’anglais.

Depuis 2017, le Parti Québécois demande qu’aucun certificat de sélection ne soit délivré par le ministère québécois de l’Immigration à moins que le candidat et son conjoint aient démontré une connaissance intermédiaire ou avancée du français. Sinon, leur demande sera rejetée.

Voilà LA solution !

Références :
Anglicisation du Québec : l’omelette de la loi 96
Immigrants’ spouses ‘must speak English before entering UK’
Le PQ et la francisation des immigrants
Peut-on réellement apprendre le français en six mois ?
Politique migratoire et lutte sanitaire
Québec solidaire rendrait inopérante la clause de six mois

Un commentaire

| 2018-202X (années Legault), Immigration | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


Le parc Westmount

29 mai 2022


 
Occupant une superficie de 10,6 hectares, le parc Westmount fut créé en 1892 au centre de la municipalité homonyme.

Il doit son aspect actuel à J.-Howard Manning qui entreprit en 1912 son aménagement paysager.

On y trouve une pataugeoire, une aire de jeu pour les enfants, un parc à chiens, trois terrains de baseball et des courts de tennis.

Tout autour sont situés le Centre de loisirs de la ville (qui abrite une piscine et deux patinoires souterraines), la Bibliothèque municipale et le Centre communautaire Victoria Hall.

Pour s’y rendre en vélo, rien de plus facile; on emprunte la piste cyclable de la rue de Maisonneuve qui le traverse d’est en ouest.
 






 
Le parc est entouré de maisons cossues. En vadrouillant dans les environs, celle située au 49 av. Froden (ci-dessous) m’a particulièrement plu.
 

 
Détails techniques : Olympus OM-D e-m5 infrarouge à spectre complet, objectif M.Zuiko 12-40mm F/2,8 + filtre vert jaunâtre B+W 061 + filtre bleu B+W KB20 + filtre bleu 80C de Calumet
1re photo : 1/250 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 17 mm
2e  photo : 1/250 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 25 mm
3e  photo : 1/320 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 17 mm
4e  photo : 1/160 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 24 mm
5e  photo : 1/320 sec. — F/2,8 — ISO 160 — 23 mm
6e  photo : 1/320 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 20 mm
7e  photo : 1/500 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 24 mm
8e  photo : 1/500 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 12 mm

Pour consulter tous les textes de ce blogue consacrés à l’infrarouge couleur, veuillez cliquer sur ceci.

Laissez un commentaire »

| Infrarouge couleur, Photo infrarouge, Photos de Montréal, Photos de voyage, Photos du Canada | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


Maisons des ainés : un éléphant blanc ?

28 mai 2022

Introduction

Lors de la campagne électorale de 2018, la Coalition Avenir Québec (CAQ) promettait de construire une trentaine de Maisons des ainés au cours de son premier mandat.

Chacune d’elles pouvant loger un maximum de cent-trente personnes, cela représente au total 3 480 places en quatre ans, soit 870 places par année.

Remplacer par mieux

À l’époque, l’intention de la CAQ n’était pas d’augmenter la capacité d’hébergement du réseau, mais de moderniser la manière d’héberger les personnes en perte d’autonomie en remplaçant peu à peu les anciens hospices par des édifices où chaque chambre serait ergonomiquement plus efficace et où les aires communes seraient vastes et lumineuses.

Puisque 870 places, c’est moins de trois pour cent de la capacité actuelle du réseau public (qui compte 37 500 places), ce remplacement aurait été complété dans trente ans.

Selon le rapport gouvernemental Les aînés au Québec, paru en 2017, il y a 1,6 million de citoyens âgés de 65 ans ou plus au Québec. Ceux-ci sont suivis par 1,8 million de personnes présentement âgées de 50 à 65 ans.

Même en tenant compte de la mortalité naturelle d’une partie de nos vieillards, de plus en plus de personnes se bousculeront aux portes de nos hospices dans les années qui viennent.

Parallèlement, la forte dénatalité qui a succédé au babyboum a diminué l’importance démographique des générations suivantes, c’est-à-dire de celles qui auront à financer les Maisons des ainés par leurs impôts.

Compléter par mieux

Supposons que le gouvernement du Québec ait pris la sage décision de renoncer à remplacer peu à peu les places existantes et qu’il ait plutôt choisi d’ajouter des places, tout en maintenant fonctionnel le réseau existant.

Dans tous les cas, nous faisons face à un important problème financier.

Le budget de construction des 46 maisons des ainés (complétées ou en voie de l’être) est de 2,79 milliards$. Pour un total de 3 480 places, à raison d’un peu plus de huit-cent-mille dollars par personne.

Quant à leur budget d’exploitation, on l’estime à 1,5 milliard$ sur cinq ans, soit l’équivalent d’un loyer mensuel de 7 183$.

Puisqu’on y héberge des personnes en perte d’autonomie, c’est un milieu où on assure une couverture de soins (médicaux et infirmiers, entre autres), on y sert des repas et on y organise des loisirs.

Bref, il est normal que l’hébergement dans une Maison des ainés soit plus couteux que dans une simple maison de chambre.

Toutefois, l’hébergement dans ces établissements constitue une mesure sociale et en tant que telle, doit viser à répondre à des besoins essentiels.

D’où la question : peut-on couvrir ces besoins essentiels à cout annuel moindre que 143 678$ par personne ?

Soins à domicile vs rénovictions

Dans nos établissements de Santé, l’épidémie au Covid-19 a révélé de graves lacunes dont la correction nécessitera des investissements très importants dans les années qui viennent.

La construction de seulement 3 480 places en Maisons des ainés — ce qui ne couvre même pas l’augmentation des besoins dans le réseau — entrainera un investissement de 2,79 milliards$.

Du coup, il serait sage d’évaluer le rapport cout-bénéfice de ce mode d’hébergement afin d’éviter de poursuivre une expérience qui pourrait s’avérer ruineuse pour notre filet de protection sociale.

Pour éviter une explosion des couts, il faut investir massivement dans les soins à domicile; plus on maintient l’autonomie de nos vieillards, moins cela coute cher.

Mais pour cela, le gouvernement actuel devra faire preuve de beaucoup plus de détermination pour lutter contre les rénovictions — les évictions sous prétexte de rénovation — qui affectent de manière disproportionnée les personnes âgées.

En pleine crise du logement, lorsqu’un vieillard est jeté à la rue, il risque de venir engorger le réseau de nos hospices même s’il aurait pu encore vivre des années dans son propre appartement.

Références :
Le désamour de la CAQ pour les ainés
Maisons des aînés : les coûts gonflent encore

Laissez un commentaire »

| 2018-202X (années Legault), Sociologie | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


La Canadian Constitution de 1982 : une constitution verrouillée

26 mai 2022
Cour suprême du Canada

Introduction

Les constitutions sont des créations humaines. Or la perfection n’est pas de ce monde.

Selon l’évolution des mentalités et selon l’interprétation qu’en font les juges, les constitutions ont souvent besoin d’être retouchées.

Au Royaume-Uni

Le Royaume-Uni ne possède pas de constitution au sens moderne du terme. La Magna Carta de 1215, l’ensemble des lois du pays et leur jurisprudence font office de constitution.

Longtemps champion du multiculturalisme, ce pays s’en est éloigné lorsque récemment, les mentalités ont évolué.

Imposer le serment d’adhésion aux valeurs du pays, voire obliger la connaissance préalable de la langue de Shakespeare aux immigrants avant qu’ils ne mettent le pied sur le sol britannique, cela fut possible sans nécessiter d’amendements constitutionnels; il suffit qu’une nouvelle loi qui remplace l’ancienne.

Donc à toutes les semaines, la Chambre des communes de Londres fait évoluer le droit constitutionnel britannique.

Aux États-Unis

Le droit à l’avortement peut être constitutionnel ou non, selon l’idéologie qui prévaut au sein de la Cour suprême de ce pays.

D’autre part, le droit ‘sacré’ de chaque citoyen de posséder une arme à feu découle d’un amendement à la Constitution adopté en 1791, soit quinze ans après l’indépendance américaine.

Son but inavoué était de permettre aux ‘Blancs’ de s’armer en vue de former des milices afin de traquer et de tuer les esclaves enfuis de leur plantation cotonnière.

De nos jours, elle prend la forme de ces justiciers bénévoles qui, sous le prétexte de sécuriser leur voisinage, font la chasse aux ‘Noirs’ et les assassinent dès que ceux-ci tentent de s’opposer à leur traque.

À l’image des colons anglais qui faisaient la chasse (au sens strict du terme) aux Béothuks de Terre-Neuve au point de les exterminer.

Depuis l’invention des téléphones multifonctionnels, ces justiciers sont moins facilement innocentés par des jurys.

D’autre part, les innombrables tueries qui sévissent dans ce pays pourraient cesser du jour au lendemain si la Cour suprême américaine interprétait beaucoup plus rigoureusement cet amendement constitutionnel qui, à sa face même, ne veut pas dire ce que les tribunaux lui ont fait dire.

Au Canada

Pour des raisons historiques, le Canada fait partie des pays régis par une constitution écrite.

Celle de 1867 était une loi britannique (le British North America Act) adoptée par le parlement de Londres.

Contrairement à ce qu’on pense, les Canadiens ne sont pas tous protégés par cette constitution puisque les peuples autochtones du pays sont plutôt soumis au ‘Droit autochtone’. Cet apartheid juridique puise sa source dans l’Indian Act de 1876 qui a valeur constitutionnelle.

Pour les autres, la constitution de 1867 fit l’affaire pendant plus d’un siècle. Jusqu’au jour où l’Assemblée nationale du Québec adopta la Loi 101, un texte législatif qui lui permettait de se doter de moyens efficaces pour lutter contre l’anglicisation du Québec.

Les ‘lacunes’ de la loi constitutionnelle de 1867 furent aussitôt corrigées par la Canadian Constitution de 1982, adoptée par l’ethnie dominante du pays à la suite d’une séance ultime de négociation à laquelle nous n’étions pas invités.

Cette ethnie agissait ainsi comme l’aurait fait n’importe quel pouvoir impérial à l’égard d’une colonie.

Un droit constitutionnel malléable

Les constitutions ‘anglo-saxonnes’ sont du Common Law et s’interprètent comme tel.

Or contrairement au droit civiliste, le Common Law est souple; un mot peut signifier une chose ou son contraire selon le juge qui en établit l’interprétation.

C’est ainsi que toute personne (sauf une femme) pouvait être nommée au Sénat canadien jusqu’en 1929. En effet, la Cour suprême, dans sa grande sagesse, estimait que les femmes n’étaient pas des personnes.

Je n’y aurais pas pensé…

Il a fallu une décision contraire du Conseil privée de Londres — auprès duquel le parlement canadien pouvait, à l’époque, faire appel — pour que le mot ‘personne’ change soudainement de sens.

C’est ce qui fait la force (et la faiblesse) du Common Law; c’est du mou.

Mais il arrive qu’on ne puisse pas étirer l’élastique au-delà d’une certaine limite.

Au Québec, lorsqu’on a voulu que les commissions scolaires ne soient plus divisées selon l’appartenance confessionnelle, mais plutôt l’appartenance linguistique, il était impossible de trouver un juge qui pouvait penser que ‘confessionnelle’ veut dire ‘linguistique’.

On a dû amender la constitution de 1867. Ce qui fut fait en 1997 parce que les mécanismes d’amendement avaient la souplesse requise.

Ce n’est plus le cas depuis la Canadian Constitution de 1982. Pour être certain que la camisole de force constitutionnelle imposée au Québec soit blindée, on a rendu ses amendements terriblement compliqués.

Une clause non fiable

Mais cette constitution possède une échappatoire; la clause dérogatoire.

En principe, cette clause permet à n’importe quelle législature d’adopter une loi qui serait contraire à des dispositions constitutionnelles.

C’est précisément dans ce but qu’elle fut ajoutée au texte constitutionnel, à la demande des provinces des Prairies.

Mais ceux qui interprètent cette clause littéralement s’imaginent avoir affaire à du code civiliste. Au contraire, c’est du Common Law.

C’est ainsi que la constitution de 1867 exige que la publication des lois québécoises se fasse dans les deux langues officielles du Canada afin que les Québécois, autant francophones qu’anglophones, puissent en prendre connaissance dans leur langue.

Le texte de la constitution ne va pas au-delà.

Mais à l’époque où la Cour suprême était dirigée par le juge Bastarache, on avait utilisé un concept à la mode parmi les juristes — soit celui des exigences constitutionnelles non écrites — pour statuer que même si ce n’était écrit nulle part, l’Assemblée nationale du Québec devait adopter simultanément les versions françaises et anglaises des lois et non seulement les traduire après l’adoption de la version originale française.

Depuis, la Cour suprême n’a pas renoncé à ce concept, mais elle l’applique de manière plus parcimonieuse, afin d’établir des normes de justice fondamentale et non pour de simples peccadilles comme c’est le cas pour l’exemple que nous venons d’évoquer.

La constitution des Anglo-canadiens

Strictement parlant, rien ne limite le pouvoir d’utiliser la clause dérogatoire; un parlement peut l’invoquer aussi souvent qu’il le souhaite.

Le Québec est d’autant plus justifié de le faire qu’il n’a pas souscrit à cette constitution (adoptée sans lui) et qu’elle reflète des valeurs qui ne sont pas les nôtres.

Or justement, c’est une constitution qui élève au rang de droit fondamental de simples ‘caprices constitutionnels’ comme le ‘droit’ des représentants de l’État de porter des breloques religieuses ou le ‘droit’ de nos jeunes Rhodésiens du West Island de refuser d’apprendre un peu de français à l’école.

Même si cela n’est écrit nulle part, la Cour suprême du Canada possède toute la latitude qu’il lui faut pour créer des limites constitutionnelles au droit d’invoquer la clause dérogatoire.

Si elle devait le faire, certains crieront au scandale et compareront la Cour suprême à la tour de Pise, toujours penchée du bord d’Ottawa (qui nomme ses juges et les rémunèrent).

Conclusion

Si le Québec doit invoquer la clause dérogatoire pour se soustraire à la Charte canadienne des droits et libertés (c’est le nom officiel de la Canadian Constitution), ce n’est pas la preuve qu’il entend violer des droits fondamentaux.

C’est parce que cette charte est taillée sur mesure pour rendre inexorable la colonisation anglaise du Québec. Ou bien on s’y soustrait, ou bien le peuple francoQuébécois sera ‘Louisianisé’ dans cent ans. C’est aussi simple que ça.

Le seul moyen d’assurer la pérennité du français au Québec et de créer une société selon nos valeurs laïques, c’est par l’indépendance nationale.

À l’occasion de deux référendums, les Québécois ont refusé d’assumer leur destin et ont préféré remettre leur sort entre les mains d’une ethnie dont la classe politico-médiatique et judiciaire nous a toujours été hostile.

C’est vraiment brillant…

Références :
Adoption d’un amendement constitutionnel relatif à l’éducation
Célèbres cinq
Constitution du Royaume-Uni
Deuxième amendement de la Constitution des États-Unis
Droit autochtone canadien
La façade ministérielle de l’État canadien
La fêlure du Canada : l’adoption de la constitution sans le Québec
La violence par arme à feu atteint des proportions terrifiantes
Le génocide des Béothuks à Terre-Neuve
Les origines racistes du deuxième amendement
Les principes constitutionnels non écrits : qu’est-ce qui se passe dans ce domaine?
L’intégration des immigrants en Grande-Bretagne
Lois 21 et 96 : Ottawa prêt à défendre les droits des minorités en Cour suprême
Meurtre d’un joggeur afro-américain : les trois accusés condamnés à la prison à vie

Parus depuis :
Ottawa contre l’exigence du français pour la recevoir la citoyenneté au Québec (2022-09-28)
Disposition de dérogation : Trudeau envisage de se tourner vers la Cour suprême (2023-01-21)

Pour consulter tous les textes de ce blogue consacrés au prix que nous payons pour appartenir au Canada, veuillez cliquer sur ceci.

Laissez un commentaire »

| 2018-202X (années Legault), Anglicisation du Québec, le prix du fédéralisme, Politique canadienne | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


La sculpture ‘Révolutions’ en infrarouge rose bonbon

25 mai 2022
Cliquez sur l’image pour l’agrandir

En 2016, j’ai eu l’occasion de vous présenter Révolutions du sculpteur montréalais Michel de Broin. Cette sculpture s’inspire des escaliers extérieurs en colimaçon, typiques de la ville.

Depuis un an, je me doute que cette sculpture serait mieux rendue en infrarouge rose bonbon. Au fil des mois, j’en ai pris quelques photos, jamais tout à fait à mon gout.

Ce matin, sur mon trajet vers le parc Westmount (dont je vous reparlerai), la météo était idéale. Et j’ai pu enfin prendre une photo qui me plait.

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5 infrarouge à spectre complet, objectif M.Zuiko 12-40mm F/2,8 + filtre vert jaunâtre B+W 061 + filtre bleu B+W KB20 + filtre bleu 80C de Calumet — 1/500 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 14 mm

Pour consulter tous les textes de ce blogue consacrés à l’infrarouge couleur, veuillez cliquer sur ceci.

2 commentaires

| Culture, Infrarouge couleur, Photo infrarouge, Photos de Montréal, Photos de voyage, Photos du Canada, Sculpture | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


Des tulipes en mai 2022 – Série No 3

23 mai 2022





 
Détails techniques : Olympus OM-D e-m5 mark II, objectif Helios 85mm F/1,5
1re photo : 1/6400 sec. — F/1,5 — ISO 200 — 85 mm
2e  photo : 1/8000 sec. — F/1,5 — ISO 160 — 85 mm
3e  photo : 1/8000 sec. — F/1,5 — ISO 200 — 85 mm
4e  photo : 1/4000 sec. — F/1,5 — ISO 200 — 85 mm

Laissez un commentaire »

| Botanique, Fleurs, Nature | Mots-clés : , | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


Mer Noire : vers une Troisième Guerre mondiale ?

22 mai 2022


 
Introduction

Les guerres entre deux belligérants sont toujours des occasions d’affaires pour des pays tiers.

Afin de ne pas être considérés comme des cobelligérants, les pays fournisseurs évitent de faire en sorte que leurs soldats à eux soient directement impliqués dans les opérations.

L’exemple afghan

De 1979 à 1989, la première phase de la guerre en Afghanistan opposa les Moudjahidines — en gros, les ‘ancêtres’ des Talibans — soutenus par les États-Unis, le Royaume-Uni, le Pakistan et l’Arabie saoudite, au régime communiste afghan soutenu par l’URSS.

Pour les Américains, il s’agissait d’attirer l’URSS dans un piège similaire à celui dans lequel les États-Unis étaient tombés au Vietnam; faire de cette guerre un gouffre financier qui affaiblit l’envahisseur.

Débutée sous le président Jimmy Carter et renforcée sous Reagan, cette stratégie fonctionna tellement bien qu’elle entraina en 1991 l’effondrement de l’URSS. Le facteur déclenchant fut la révolte du Mouvement Solidarité en Pologne. Mais la cause profonde fut l’implication militaire ruineuse de la Russie en Afghanistan.

Tout cela est admis publiquement aujourd’hui. Mais à l’époque, l’appui de la CIA à la guérilla afghane était ultrasecrète. Par exemple, les armes fournies par les États-Unis étaient principalement de modèle soviétique (achetées de Chine, d’Égypte et de pays de l’Est) afin de ne pas prouver l’implication des États-Unis.

Pour les Américains, le cout annuel de l’opération passa d’environ 25 millions de dollars en 1980 à 630 millions en 1987, pour un cout total compris entre trois et vingt-milliards de dollars.

La guerre russo-ukrainienne

Après avoir décrété un blocus financier contre la Russie, les États-Unis ont officiellement offert une aide militaire de quarante-milliards de dollars à l’Ukraine.

L’armement américain n’est pas acheminé directement, mais passe par des pays de l’Otan limitrophes de l’Ukraine.

De plus, même si c’est un secret de Polichinelle, les États-Unis nient fournir à l’Ukraine des données de géolocalisation destinées à suivre à la trace des troupes russes au sol. Ce qui permet aux Ukrainiens de monter des opérations militaires d’une redoutable précision.

Toutefois, jusqu’ici, l’Otan a soigneusement évité que des militaires de l’alliance atlantique participent sur le terrain à des opérations aux côtés des forces ukrainiennes.

De manière à éviter un casus belli, c’est-à-dire à un incident justifiant une déclaration de guerre. Comme ce fut le cas en 1914 lors de l’attentat de l’héritier de l’Empire austro-hongrois à Sarajevo.

Ce fait divers entraina l’entrée en guerre de presque tous les pays européens. Et ce, en raison de tout un réseau d’alliances militaires qui, tel un jeu de dominos, les fit entrer en guerre les uns contre les autres.

La prudence de l’Otan jusqu’ici tire à sa fin puisque l’alliance atlantique a décidé de déployer des navires de guerre en mer Noire. Ce qui augmente considérablement le risque de déclenchement d’une Troisième Guerre mondiale.

La mer Noire et l’ordre mondial

On estime que 12 % de toutes les calories alimentaires sur Terre — blé, orge, betterave sucrière, pommes de terre, soja, maïs, huile de tournesol, etc.— sont produites à partir des sols fertiles d’Ukraine et de Russie.

L’agriculture russe n’est pas affectée par la guerre. Il en est autrement en Ukraine, un pays qui importe ses engrais chimiques de Russie.

Non seulement la mobilisation générale en Ukraine diminue d’autant la main-d’œuvre agricole et compromet les récoltes à venir, mais le blocus maritime de la Russie en mer Noire empêche l’Ukraine d’écouler ses réserves de grains récolés antérieurement.

C’est par les ports d’Odessa (en mer Noire) et de Marioupol (en mer d’Azov) que l’Ukraine exportait une bonne partie de ses produits agricoles et de sa production industrielle.

Leur importance s’est accrue depuis la perte de la Crimée, où se trouvait environ le tiers des terminaux de conteneurs du pays.

L’Ukraine exportait cinq-millions de tonnes de céréales par mois avant la guerre. Elle n’en exportait plus que 200 000 tonnes en mars 2022, puis 1,1 million de tonnes le mois dernier. C’est par bateau que l’Ukraine exporte 90 % de ses céréales.

Ce pays ne peut pas les exporter autrement parce que les chemins de fer en Ukraine — tout comme ceux en Finlande, ancien duché russe — ont un écartement différent du standard occidental. Ce qui signifie qu’aux frontières vers l’Europe, on doit transborder le grain dans des trains différents.

D’autre part, lorsque les navires de guerre russes confisquent le blé que l’Ukraine tente d’exporter d’Odessa, et lorsque l’armée russe vide les silos de céréales des villes ukrainiennes conquises, ce n’est pas parce que la Russie craint de ne pouvoir nourrir sa propre population; c’est pour servir de monnaie d’échange avec les pays sous-développés qui, privés des produits alimentaires ukrainiens, pourraient connaitre des famines, des révoltes et probablement des renversements de gouvernement.

En somme, le blocus maritime de la Russie en mer Noire compromet l’ordre mondial.

C’est ce qui explique que la croisade américaine contre la Russie a suscité l’adhésion des pays riches d’Occident, mais a été accueillie très froidement ailleurs.

Transformer la mer Noire en poudrière

Le désir de l’Otan de faire lever ce blocus et de protéger l’ordre mondial est donc parfaitement légitime.

On peut y arriver par deux moyens.

Le moyen le plus sage aurait été d’utiliser des moyens diplomatiques pour faire cesser cette guerre.

Ce qui signifie enlever à la Russie sa motivation principale à la déclencher, soit la crainte que l’Ukraine se dote de missiles nucléaires dirigés contre Moscou.

Le texte ‘L’engrenage ukrainien’ explique les mécanismes qui ont conduit à la guerre russo-ukrainienne.

En résumé, de la même manière que la décision cubaine de se doter de missiles hostiles envers les États-Unis a déclenché la guerre des missiles de 1962, l’adoption en septembre 2020 de la stratégie ukrainienne de sécurité nationale qui prévoyait le développement d’un partenariat en vue de l’adhésion de ce pays à l’Otan est la cause directe de la guerre avec la Russie.

Signalons que la guerre russo-géorgienne a cessé quand la Géorgie a renoncé à son intention d’adhérer à l’Otan.

Apparemment, les États-Unis ont choisi une stratégie beaucoup plus risquée; s’attaquer au blocus maritime russe.

Depuis des années, l’Otan se livre à des exercices militaires dans les eaux territoriales des trois pays membres qui bordent la mer Noire : la Roumanie, la Bulgarie et la Turquie.

Ces jours-ci, des navires de l’Otan se trouvent stationnés à la base roumaine de Constanța — à 150 km des frontières ukrainiennes — où des soldats alliés se préparent à un conflit direct avec la Russie.

Afin de casser le blocus maritime russe, les États-Unis veulent fournir aux Ukrainiens certains des plus puissants missiles antinavires.

Or ceux-ci ne peuvent être tirés du rivage. En d’autres mots, ils doivent être lancés à partir de navires ukrainiens.

De plus, il ne s’agit pas d’un équipement qu’on peut expédier accompagné d’un manuel d’instruction; des techniciens américains devront installer eux-mêmes ces missiles à bord des navires ukrainiens.

En supposant que les États-Unis prennent soin de faire en sorte que l’installation se fasse en Roumanie, le chemin que devront emprunter les navires ukrainiens pour s’y rendre sera surveillé par les sous-marins russes.

Puisque la Roumanie et l’Ukraine sont des pays limitrophes, si une erreur de géolocalisation amène un sous-marin russe à torpiller un de ces navires dans les eaux territoriales de la Roumanie, nous sommes alors en présence d’un casus belli, susceptible donc de déclencher une guerre mondiale.

Pour parler simplement, quand un couple est en train de se quereller, ce n’est pas le temps d’aller jouer aux cartes à côté d’eux; on risque de recevoir une taloche par mégarde.

Conclusion

Ceux qui croient que nous sommes déjà entrés dans une nouvelle guerre mondiale ne savent pas de quoi ils parlent.

Une Troisième guerre mondiale, c’est une guerre russo-ukrainienne sur les stéroïdes. La Deuxième Guerre mondiale s’est soldée par la mort 70 millions de personnes. En Ukraine, nous en sommes très loin.

Depuis 1945, plusieurs pays se sont dotés de l’arme nucléaire.

On peut estimer qu’une Troisième Guerre mondiale pourrait amener l’espèce humaine au bord de l’extinction, non seulement en raison des pertes occasionnées par l’explosion de milliers d’ogives nucléaires, mais également à cause de l’augmentation des cas de cancer là où la radioactivité rendrait certains territoires impropres à la vie humaine.

Bref, que vaut la Démocratie si les gens qu’on élit laissent aux va-t-en-guerre de l’Otan toute la liberté de nous entrainer en guerre sans que nous ayons un seul mot à dire ?

Références :
Aide de Washington à l’Ukraine : l’industrie militaire américaine craint la surchauffe
Attentat de Sarajevo
Exclusive: U.S. aims to arm Ukraine with advanced anti-ship missiles to fight Russian blockade
Face à la Russie, la mer Noire reste le “maillon faible” de l’Otan
Guerre en Ukraine : quand les États-Unis dégainent l’arme du renseignement militaire
L’OTAN se tient prêt à une attaque de la Russie avec des exercices dans la Mer Noire
Ports de la mer Noire bloqués : Washington accuse Moscou d’utiliser la faim comme une arme
Programme afghan
Qu’est-ce que le système financier SWIFT?
Un deuxième navire canadien déployé dans le cadre d’une mission d’appui à l’OTAN

Parus depuis :
Russian fighter jet ‘released missile’ near RAF plane due to malfunction, MPs hear (2022-10-20)
Attaque de navires en Crimée : Moscou blâme Londres et évoque l’implication d’Ottawa (2022-10-30)

Pour consulter tous les textes de ce blogue consacrés à la guerre russo-ukrainienne, veuillez cliquer sur ceci.

Laissez un commentaire »

| Géopolitique, Guerre russo-ukrainienne | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


Des tulipes en mai 2022 – Série No 2

21 mai 2022





 
Détails techniques : Olympus OM-D e-m5 mark II, objectif Helios 85mm F/1,5
1re photo : 1/6400 sec. — F/1,5 — ISO 200 — 85 mm
2e  photo : 1/8000 sec. — F/1,5 — ISO 100 — 85 mm
3e  photo : 1/3200 sec. — F/1,5 — ISO 200 — 85 mm
4e  photo : 1/6400 sec. — F/1,5 — ISO 160 — 85 mm

Laissez un commentaire »

| Botanique, Fleurs, Nature | Mots-clés : , | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel