Lorsque le journaliste Thomas Gerbet de Radio-Canada a invoqué la loi d’accès à l’information afin d’obtenir une copie de l’avis des experts sanitaires qui justifiait (selon la CAQ) le couvre-feu décrété en décembre 2021, voici le document de deux pages que le gouvernement lui a fait parvenir.
Le verbe caviarder est apparu en France dans les années 1890 pour décrire ironiquement la censure tatillonne pratiquée en Russie depuis l’empereur Nicolas Ier (qui régna sur son pays de 1825 à 1855).
À l’époque, en plus de confisquer les imprimés — ce qu’on faisait dans les cas graves, comme dans beaucoup d’autres pays — la censure russe avait la particularité d’obliger les imprimeurs, dans les cas ‘legers’, à recouvrir d’un enduit noir — aussi noir que le caviar — le moindre passage d’un article ou d’un livre qui déplaisait aux autorités. Une tâche longue et fastidieuse.
Dans ce pays, la crainte de la censure était telle qu’on s’est abstenu de plaisanter à ce sujet. Si bien que même aujourd’hui, il n’y a pas de traduction littérale de ce verbe français.
Parmi les équivalents russes, soit barrer, biffer, éditer ou censurer, c’est évidemment ce dernier qui s’en rapproche le plus.
En anglais, on ne retrouve pas cette allusion au caviar. Le verbe se dit ‘to redact’ et l’adjectif caviardé se traduit par ‘blacked’ (c’est-à-dire noirci).
Le verbe caviarder est un des milliers d’exemples qui illustrent la richesse du français.
Références :
Caviardage excessif : la FPJQ redemande une refonte de la loi d’accès à l’information
Définitions de « caviarder »
Paru depuis : Demande d’accès à l’information — Pas de réponse avant 2028 à la Défense nationale (2024-08-19)