Il y a bien des années, la chanteuse britannique Petula Clark chantait son grand succès ‘Tout le monde veut aller au Ciel, mais personne ne veut mourir’.
C’est là le nœud de la crise environnementale.
On connait les coupables; ce sont les autres.
Le piéton blâme l’automobiliste quand ce dernier achète un lourd véhicule utilitaire.
Celui qui choisit de s’installer à la campagne pour y élever sa famille est blâmé pour les longs trajets en auto qu’il effectue pour aller et revenir du travail.
Les agriculteurs blâment les citoyens urbanisés pour leur entêtement à manger hors saison des fruits et des légumes produits à l’autre bout du monde.
Le vieillard blâme la manie des jeunes de renouveler trop fréquemment leur garde-robe et leur gamme de produits électroniques (téléphones, tablettes et ordinateurs).
En contrepartie, les jeunes blâment les retraités pour les voyages qu’ils effectuent à l’Étranger, notamment afin de séjourner dans leur résidence secondaire pendant de longs mois.
Et personne ne veut transformer son mode de vie.
Pour sauver la planète, c’est simple; il faudrait (idéalement) cesser de consommer. Sinon, consommer préférablement des produits biodégradables.
Il faudrait se nourrir d’aliments de base produits dans son potager ou, à défaut, chez le producteur le plus près.
Il faudrait acheter un nouveau vêtement seulement lorsque celui qu’on porte est usé à la corde. Et en choisir un fabriqué avec des fibres naturelles.
Il faut laisser sur le bord de la rue ou donner à des organismes de charité les objets encore fonctionnels qui peuvent être utiles à d’autres.
Les magasins d’objets d’occasion devraient être fréquentés par tout le monde. Et non seulement s’adresser aux nécessiteux.
Il faudrait effectuer ses achats localement. Oui, on pourrait acheter en ligne. Mais pour des objets produits à proximité, et vendus par une boutique d’ici plutôt que d’ailleurs.
Il faut accepter de payer un peu plus cher pour des biens de qualité. Par exemple, éviter l’achat de ce sofa pas cher dont le faux cuir se fendillera dans deux ans et qu’on devra alors jeter.
Il faudrait travailler près de son domicile. Si on obtient un emploi dans une ville éloignée, il faudrait y déménager. Et non réclamer la construction d’une route plus rapide pour s’y rendre plus vite.
Il faudrait éviter d’acheter la nouvelle version d’un logiciel si cette version ne fonctionne que sous un système d’exploitation incompatible avec son ordinateur actuel.
Il faudrait accepter comment Dieu (ou la Nature) nous a créé plutôt vouloir nous conformer, par des moyens cosmétiques ou chirurgicaux, aux canons de beauté qu’on veut nous imposer.
Il faudrait que l’urbanisme des villes d’Amérique du Nord ressemble à celui des villes anciennes d’Europe, avec leur multitude de commerces de proximité, plutôt que d’être obligé de prendre la voiture pour acheter un litre de lait.
Il faudrait limiter la croissance de la population mondiale. Paradoxalement, il faudrait augmenter la densité urbaine puisqu’un réseau de transport en commun efficace n’est rentable que lorsqu’on atteint une certaine densité de population.
Il faudrait que le raccord d’une nouvelle maison au réseau municipal d’égouts et d’eau potable soit à la charge de son propriétaire et non à la charge des autres citoyens. Et ce, afin de lutter contre l’étalement urbain.
Il faudrait éviter de faire la guerre sauf pour se défendre d’envahisseurs ou pour protéger un ordre mondial gravement menacé.
Bref, pour sauver la planète, il faudrait vivre différemment.
Et si nous vivions différemment, une bonne partie de l’économie mondiale s’effondrerait parce reposant sur une consommation effrénée destinée à combler des besoins artificiels.
Sommes-nous prêts à en payer le prix ?