Avant-propos : Ce que les Américains appellent college équivaut approximativement aux Cégeps au Québec et aux lycées en France.
Aux États-Unis, l’école est un domaine de juridiction exclusive des États. Or la majorité d’entre eux sont dirigés par des gouverneurs républicains.
Ceux-ci ont la réputation d’être de meilleurs gestionnaires des dépenses publiques que leurs adversaires démocrates. Leur gestion néolibérale fait en sorte que l’école publique est sous-financée depuis des décennies.
En 2010, il y avait 15,1 millions d’étudiants admis dans les lycées publics et 5,9 millions dans des lycées privés. En 2021, on estime que leur nombre a baissé respectivement à 14,6 et 5,2 millions d’élèves.
Cette baisse de fréquentation s’explique en partie par l’augmentation des frais de scolarité au fil des ans, bien au-delà de l’augmentation des revenus des familles.
Pour l’année scolaire 2020-2021, 59,5 % des personnes admises sont des femmes et 40,5 % sont des hommes. C’est l’inverse de la situation qui prévalait en 1970.
Les demandes d’admission ont chuté de 1,5 million depuis cinq ans. Cette baisse s’est produite principalement chez les jeunes hommes puisqu’ils sont responsables de 71 % de cette baisse.
En raison des abandons, plus nombreux chez les étudiants masculins au cours de leurs études, il y aura bientôt deux diplômées pour chaque diplômé masculin.
Plusieurs raisons expliquent ces différences.
Dès qu’ils sont en âge de travailler, les occasions pour les jeunes hommes de gagner un salaire alléchant (par exemple, dans l’industrie de la construction, moins règlementée qu’au Québec) sont beaucoup plus nombreuses que pour les filles de leur âge.
De plus, les modèles de réussite que les jeunes garçons ont sous les yeux sont plus souvent ceux d’hommes peu instruits qui ont réussi à force d’audace que de brillants intellectuels derrière leurs lunettes épaisses.
D’autre part, les adolescentes sont plus disciplinées et ont davantage tendance à se concentrer sur leurs études.
De leur côté, les adolescents sont plus portés à un hédonisme qui résiste moins bien à l’attrait des jeux vidéos, de la pornographie et des drogues récréatives.
En raison du fait que l’adolescent qui a abandonné ses études se retrouvera souvent dans un milieu de travail multigénérationnel alors que son confrère encore au lycée est entouré d’un grand nombre de jeunes de son âge, ce dernier trouvera plus facilement une âme sœur.
Particulièrement s’il est hétérosexuel puisque les adolescentes y sont en surnombre.
Invité sur les ondes de CNN, l’intellectuel Scott Galloway déclarait ceci (la traduction suivra) : “College graduate women aren’t interested in mating with men who don’t have college degrees. If you look at the most unstable violent societies in the World, they all have one thing in common: they have young, depressed men, unattached to work, unattached to school and unattached to relationships. And our inability to provide the resources to encourage men to go to college is going to result in us producing too many of the most dangerous cohort in the World. (…) [Back when I applied to college], UCLA had a 70% admissions rate, now a 14% admissions rate. (…) This is a huge problem.”
En voici la traduction :
Les lycéennes diplômées ne sont pas intéressées aux hommes sans diplôme. Or si vous regardez les sociétés violentes les plus instables du monde, elles ont toutes une chose en commun : elles ont beaucoup de jeunes hommes déprimés, peu intéressés à exercer un métier, sans affinité pour l’école et vivant seuls.
Et notre incapacité à fournir les ressources pour encourager les hommes à poursuivre leurs études nous amènera à produire trop de la cohorte la plus dangereuse qui soit.
[À l’époque où j’ai été admis aux études supérieures], l’Université de la Californie à Los Angeles avait un taux d’admission de 70 % : maintenant un taux d’admission de 14 %. (…)
Ceci est un énorme problème.
Références :
A Generation of American Men Give Up on College: ‘I Just Feel Lost’
College enrollment in the United States from 1965 to 2019 and projections up to 2029 for public and private colleges
College gender cap: Women outnumber men 60-40 (vidéo)
Coefficient de Gini