Une personne sur 159 atteinte par le variant Delta en Angleterre

Le 14 août 2021

Introduction

La semaine dernière, le Centers for Disease Control and Prevention (CDC) publiait la version définitive d’une étude au sujet du variant Delta réalisée à Cape Cod.

Cette étude a fait sensation parce qu’elle révélait que vacciné ou non, on est autant la cible du variant Delta. De plus, l’étude suggérait que l’immunité grégaire était impossible à atteindre avec ce variant.

Mais cette étude possède deux défauts.

Le premier est que les chercheurs n’ont pas expliqué comment ils ont trouvé les 469 cas sur lesquels l’étude est basée. Le second est qu’aucun de ses résultats n’est statistiquement significatif pour la simple et bonne raison que l’étude n’a pas fait l’objet d’une analyse statistique.

Ces lacunes sont compensées par une étude anglaise réalisée par l’Imperial College de Londres. Il est à noter, dans celle-ci, le vaccin le plus utilisé fut celui d’AstraZeneca (non homologué aux États-Unis).

Résultats de l’étude de Londres

REACT-1 (ou REal-time Assessment of Community Transmission of coronavirus) est une série d’études prospectives réalisées par l’Imperial College.

Chaque mois, 150 000 Anglais de plus de cinq ans sont invités à participer à l’étude. Ceux-ci sont choisis aléatoirement.

Chacun d’eux reçoit à domicile un nécessaire destiné à prélever un peu de salive et à retourner l’échantillon dans les plus brefs délais aux autorités sanitaires.

Entre le 24 juin et le 12 juillet 2021, 98 233 prélèvements furent retournés, dont 527 s’avérèrent positifs (au variant Delta dans tous les cas). Soit une prévalence pondérée — c’est-à-dire un taux d’infection parmi la population générale — de 0,63 %.

En d’autres mots, un Anglais sur 159 est actuellement atteint par le Covid-19.

Selon l’âge, le taux d’infection fut de :
• 1,02 % chez les 5 à 12 ans,
• 1,56 % chez les 13 à 17 ans,
• 1,56 % chez les 18 à 24 ans,
• 0,72 % chez les 25 à 34 ans,
• 0,61 % chez les 35 à 44 ans,
• 0,46 % chez les 45 à 54 ans,
• 0,31 % chez les 55 à 64 ans.
• 0,25 % chez les 65 à 74 ans, et
• 0,17 % chez les 75 ans et plus.

À part les 5 à 12 ans (pour lesquels aucun vaccin n’est homologué), cette contamination au Covid-19 est inversement proportionnelle aux taux de vaccination.

Chez les jeunes de 5 à 12 ans — en gros, l’âge des élèves du primaire — la prévalence pondérée était presque le double de la population en général, soit 1,02 %.

De tous les groupes d’âge, le taux de contamination le plus élevé fut trouvé chez les 13 à 24 ans.

La moitié des personnes infectées avaient entre 5 et 24 ans alors que ce groupe d’âge ne représente que le quart de la population anglaise.

Selon les auteurs :

« En période de rapide propagation de l’infection, toute intervention qui cible les jeunes aurait un impact [positif] disproportionné dans le ralentissement de la pandémie.»

La proportion des personnes atteintes par le Covid-19 était trois fois moins importante chez ceux qui étaient vaccinés en comparaison avec ceux qui ne l’étaient pas (0,40 % vs 1,21 %).

Cela protection du vaccin n’est pas de 100 %. Si tel était le cas, tous les prélèvements réalisés chez des vaccinés auraient été négatifs. Et au contraire, si le vaccin était inefficace, on aurait trouvé la même proportion de prélèvements positifs chez les vaccinés que chez les non-vaccinés.


 
En tenant compte cela, on a calculé qu’au cours des trois semaines de l’étude anglaise, 44 % des cas concernaient des personnes complètement vaccinées. Ce qui correspond à une sous-représentation des vaccinés puisque le taux de vaccination complète dans ce pays est de 59,2 % (au 12 aout 2021).

Cette protection diffère selon la sévérité de l’infection. Heureusement, elle est de plus de 90 % contre les effets graves de la pandémie. Cette protection diminue à 59 % lorsqu’on inclut les cas légers. Et elle tombe à 49 % lorsqu’on considère tous les cas, y compris les asymptomatiques.

Discussion

Au début de la pandémie, lorsqu’on disait qu’un vaccin était efficace à moins de 100 %, mais qu’il ne causait aucun mort ni aucune hospitalisation, cela signifiait que ce vaccin, lorsqu’il échouait, ne causait que des symptômes légers ou pas de symptômes du tout.

Depuis l’apparition du variant Delta, dans certains États américains, toutes les personnes qui décèdent du Covid-19 et toutes celles qui sont aux soins intensifs sont des non-vaccinés.

Sur les milliards de doses administrées à travers le monde, on a trouvé des cas extrêmement rares de personnes complètement vaccinées qui décédèrent quand même du Covid-19.

Mais l’étude de Cape Cod, de même que celle de l’Imperial College de Londres, démontrent qu’avec le variant Delta, les vaccins actuels protègent moins contre une contamination légère ou anodine du Covid-19.

Quant à savoir si les vaccinés qui attrapent ce variant peuvent le transmettre aux autres, il est raisonnable de le présumer même si ces deux études n’en apportent pas la preuve formelle.

Références :
Covid-19 Coronavirus Pandemic
Le variant Delta ou l’accélération de la vague
REACT-1 round 13 final report: exponential growth, high prevalence of SARS-CoV-2 and vaccine effectiveness associated with Delta variant in England during May to July 2021
Share of people vaccinated against COVID-19
The REACT 1 programme

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2 commentaires à Une personne sur 159 atteinte par le variant Delta en Angleterre

  1. sandy39 dit :

    Tu crois que c’est dans des cas extrêmement rares que certaines personnes décédèrent du Covid ?

    Et si on nous disait pas tout ?

    A midi, j’ai entendu à la Radio : en Israël, il y a des cas… Et, ils étaient les premiers à vacciner tout le monde.

    Il y a eu, aussi, en France, dans les Landes, dans un EHPAD où l’on a vacciné tous les Vieux, des malades.

    L’AstraZeneca protège t-il moins que les autres vaccins ?

    Et, comment peut-on dire qu’un vaccin protège mieux qu’un autre ?

    • Jean-Pierre Martel dit :

      Plus de quatre-millions de gens sont morts jusqu’ici du Covid-19. Il n’est donc pas rare de mourir de la pandémie.

      Mais dans le cadre des études cliniques, personne n’en mourrait chez les vaccinés. Dans la vraie vie, il est arrivé que des gens complètement vaccinés soient morts du variant Delta. Cela est très, très, très rare. On n’en compte que quelques cas jusqu’ici à travers le monde.

      Les gens complètement vaccinés peuvent attraper le variant Delta beaucoup plus facilement qu’on pense. Mais chez les vaccinés qui l’attrapent, le variant Delta est moins virulent que la grippe ordinaire.

      Les personnes atteintes ressentent, pendant un jour ou deux, des symptômes anodins : mal de tête, fièvre légère, et parfois des courbatures. Voilà beaucoup d’entre eux ne sentent pas le besoin de consulter leur médecin. D’où une sous-estimation du nombre de cas.

      On sait depuis peu que chez les non-vaccinés, le B.1.1.7 (le variant britannique) est plus mortel que la souche originelle. Dans le cas du variant Delta, on le sait plus contagieux, mais on n’a pas la preuve qu’il soit plus mortel, c’est-à-dire que sur mille personnes atteintes du variant Delta, on aura plus de morts que chez mille personnes atteintes du Covid-19 ‘classique’.

      Tous les vaccins homologués en Occident protègent également contre les symptômes graves du Covid-19. Au départ, l’AstraZeneca protège moins contre les symptômes légers. Toutefois, au fil des mois, certaines études suggèrent que sa protection serait plus durable.

      Puisque l’approvisionnement des différentes marques de vaccin varie, le meilleur vaccin est celui qu’on reçoit.

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