Le quotidien La Presse nous apprenait ce matin l’existence d’un site web qui diffuse les images captées par des milliers de caméras de surveillance non sécurisées à travers le monde.
Plus de 260 de ces caméras présentent en direct ce qui se passe à l’intérieur de maisons et de commerces canadiens.
Ce site a l’ambition d’être le plus grand répertoire au monde de caméras de surveillance en ligne.
Or la vie privée des Canadiens est protégée par la constitution du pays.
Toutefois, ce droit n’est pas absolu. Les forces de l’ordre peuvent y contrevenir lorsque la permission d’épier quelqu’un leur est accordée par un tribunal.
De manière plus générale, l’État canadien peut également y contrevenir au nom de la lutte contre le terrorisme ou au nom de la sécurité nationale.
À part ces deux exceptions, ce droit constitutionnel à la vie privée s’applique non seulement dans un cadre domestique, mais également sur la voie publique.
C’est ainsi qu’on ne peut pas publier la photo de quelqu’un sur la rue sans son consentement explicite. À moins d’être un journaliste qui couvre l’actualité.
En somme, ce ‘YouTube’ des caméras de surveillance fonctionne dans l’illégalité… si le délit est commis au Canada.
Mais comment peut-on le savoir ?
Entre le moment où des images sont captées par une caméra de surveillance et le moment où, par exemple, le parent au travail observe ce que fait la gardienne à la maison, les images peuvent transiter par différents serveurs situés dans différents pays. Alors comment dire si le délit est commis en sol canadien ?
On se rappellera que toutes les images publiées par ce site ont été obtenues de caméras non sécurisées. Or ce qui distingue les caméras sécurisées de celles qui ne le sont pas, ce n’est pas que les premières enregistrent des images cryptées, mais qu’il est possible d’accéder aux secondes (les caméras non sécurisées) sans mot de passe.
Donc le délit se fait au niveau de la caméra connectée à l’internet et non au niveau des serveurs par lesquels transitent ses images.
Dans le cas des vidéos canadiennes, le délit est donc commis ici même au pays.
Alors pourquoi ne fait-on rien pour contrer cela ? C’est que les images interceptées sont immédiatement transmises l’Étranger. On soupçonne ces pirates d’opérer à partir de la Russie.
Le Canada échoue depuis neuf ans à obtenir la libération de Raïf Badawi détenu par un pays qu’on dit ami. À plus forte raison, il est impuissant à obtenir la collaboration de la Russie, un pays que la diplomatie canadienne s’évertue à diaboliser depuis des années.
Plutôt que d’admettre son impuissance, le Canada a choisi — par le biais du Commissariat à la protection de la vie privée — de nous faire croire que tout cela est légal.
Références :
Dozens sue Amazon’s Ring after camera hack leads to threats and racial slurs
La vie privée de nombreux Canadiens diffusée sur le web
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