Le quatrième arrondissement de Paris (1re partie)

Publié le 18 mai 2021 | Temps de lecture : 15 minutes
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Présentation du diaporama

Le quatrième arrondissement comprend deux parties; une partie insulaire et une partie qui ne l’est pas.

La partie ‘continentale’ est le sud du Marais (un quartier appelé ainsi parce qu’autrefois marécageux).

Ce diaporama-ci couvre la partie insulaire de l’arrondissement, soit l’est de l’ile de la Cité (sur laquelle est construite Notre-Dame de Paris) et l’ile Saint-Louis.

Sur l’ile de la Cité

Le diaporama commence par un aperçu du Tribunal de Commerce de Paris (de 0:13 à 0:15), puis de l’entrée de la Préfecture de police qui fait face à la cathédrale Notre-Dame (à 0:17).

Des 51 maisons qui, autrefois, hébergeaient les chanoines de la cathédrale, celle du chanoine Feydeau (à 0:19) est une des rares qui a survécu. Par la fantaisie des légendes parisiennes, elle est surnommée ‘Maison du roi Dagobert’ (celui qui, selon la chanson, a mis ses culottes à l’envers).

Sur l’ile de la Cité, mon restaurant préféré était la Réserve de Quasimodo (de 0:27 à 0:37).

À 0:41, il s’agit d’une statue de la Vierge qui décore la façade de l’édifice situé au 15 rue des Ursins (propriété du séminaire de Paris).

Le no 1 de cette rue (à 0:43) est une maison médiévale reconstituée au XXe siècle par l’architecte-urbaniste Fernand Pouillon.

De 0:47 à 0:49, on peut voir le pont de l’Archevêché à l’époque où les amoureux pouvaient y laisser des cadenas d’amour.

La tradition voulait que les amoureux y verrouillent un cadenas qui symbolise leur relation amoureuse et que la clé soit jetée à la Seine en guise d’éternité. Cette pratique — qui fragilise les rambardes — est aujourd’hui interdite.

Le pont Louis-Philippe (à 0:51) est un des cinq ponts qui donnent accès à l’ile Saint-Louis.

Sur l’ile Saint-Louis

Si on exclut les rues au pourtour de l’ile, celle-ci n’est traversée d’est en ouest que par la rue Saint-Louis-en-l’ile. On y trouve de nombreuses boutiques intéressantes.

À 1:01, le nom du restaurant L’Ilot Vache est un jeu de mots qui fait allusion au fait que l’ile Saint-Louis fut créée par le remblaiement de plusieurs petites iles sous Louis XIV, dont la principale était l’ile-aux-vaches (inhabitée, et qui devait au pâturage des ruminants, d’où son nom).

L’église Saint-Louis-en-l’Isle (de 1:09 à 1:53)

L’église Saint-Louis-en-l’Isle fut construite de 1664 à 1726 selon les plans de François Le Vau.

Son délicat clocher est percé de trous pour atténuer la poussée du vent.

Confisquée à la Révolution, elle est restituée au culte en 1805 alors que la première messe est célébrée par le pape Pie VII (dont nous éviterons de prononcer le nom par rectitude politique).

Derrière le maitre-autel est située la chapelle axiale dédiée à saint Louis (à 1:17). Depuis 1845, elle est ornée de peintures à la cire (de Pierre-Jules Jollivet) qui décrivent des épisodes de la vie du saint. Le vitrail a été réalisé en 1842 par Joseph Vigné d’après un carton de Pierre Jollivet.

C’est dans le bras droit du transept qu’on trouve l’autel de la Vierge. Sa statue en stuc, créée vers 1741 par François Ladatte, est devenue à la Révolution une représentation de la déesse de la Liberté, ce qui l’a sauvé de la destruction (à 1:21).

Quant à la statue de Sainte-Geneviève (la patronne de Paris), située dans le bras gauche du transept (de 1:23 à 1:25), c’est une œuvre du même sculpteur. Elle s’est recyclée en statue de la Liberté durant la Révolution, ce qui l’a également sauvée.

Le chemin de croix est en terre cuite peinte et dorée par Jean-Bernard Duseigneur (à 1:27).

À 1:29, la chapelle des âmes du Purgatoire est décorée du vitrail La Résurection créé en 1866 par Alfred Gérete.

La statue de saint Louis (à 1:35) est en grès émaillé (faite par Louis Müller en 1897) d’après une terre cuite d’André-Joseph Allar.

À la chapelle Saint-François-d’Assise, on peut admirer le vitrail conçu en 1842 par Pierre Jollivet (à 1:39). Il représente Blanche de Castille, mère de saint Louis.

L’autel de la chapelle Sainte-Marie-Madeleine est surmonté de Noli me tangere (Ne me touche pas), une copie de la toile perdue peinte en 1735 par Carl van Loo (à 1:41)

À 1:43, il s’agit de la chapelle de la Communion.

À 1:45, la chapelle des Fonts baptismaux est décorée du Baptême du Christ, peinte en 1645 par Jacques Stella.

Le vitrail dédié à sainte Isabelle de France (à 1:47), sœur de saint Louis, décore la chapelle homonyme. Il a été réalisé par Joseph Vigné en 1842 d’après les cartons de Pierre Jollivet.

L’orgue actuel (à 1:51) date 2005. Installé dans un buffet de chêne et de châtaignier, il est dû au facteur Bernard Aubertin.

Historique de l’hôtel de Lauzun

De tous les hôtels particuliers de Paris ouverts au public, l’hôtel de Lauzun est le seul qui a conservé une bonne partie de ses décors d’origine. On y est admis que sur réservation, accompagné d’un guide.

Dès que le marais situé près du Louvre fut asséché, son territoire servit à la construction d’hôtels particuliers — c’est-à-dire de palais urbains — commandés par des nobles désireux de se rapprocher du Louvre (où vivait la famille royale).

En comparaison, dès que l’ile Saint-Louis fut remblayée et offerte au développement immobilier, ce sont principalement des familles récemment enrichies (et en quête d’anoblissement) qui s’y établirent. Dont Charles Gruÿn, fournisseur aux armées du roi durant la querre de Trente Ans.

C’est lui qui s’adressa aux architectes Louis Le Vau et Charles Chamois pour qu’on lui construise un hôtel particulier. Ce qui fut fait de 1650 à 1659.

Cette résidence fastueuse fut vendue en 1682 à Antonin Nompar, comte de Lauzun (d’où le nom actuel de l’hôtel).

Qui est ce comte de Lauzun ?

À l’origine, c’est un cadet de Gascogne (comme d’Artagnan). Après des faits d’armes qui lui valurent d’être nommé colonel général des dragons, il courtise ardemment la grande Mademoiselle, cousine de Louis XIV. À 43 ans, c’était une des célibataires les plus riches d’Europe.

Quand la cousine du roi tomba amoureuse de ce parvenu, leur liaison devint une affaire d’État.

Après avoir consenti à leur union, Louis XIV se ravisa, ce qui mit le comte de Lauzun en colère. Les injures qu’il prononça parvinrent jusqu’aux oreilles du roi.

Ce qui valut au comte de Lauzun une peine de prison (écourtée en raison de ses relations), puis l’interdiction d’approcher la cour à moins deux lieux (environ 4 km).

Or justement, l’hôtel de la famille Gruÿn (à 18 km du château de Versailles) était à vendre.

Voilà l’essentiel. Maintenant visitons ce palais.

Visite de l’hôtel de Lauzun (de 1:55 à 3:39)

À 2:11, cette porte du rez-de-chaussée est surmontée d’une grosse coquille sous laquelle est coincée une tête de sanglier. Ceci est une allusion au premier propriétaire de l’hôtel, Charles Gruÿn. Ce nom de famille est une variante de ‘groin’ (désignant un museau de porc ou de sanglier).

Au premier étage, on peut voir la Grande salle et le Cabinet aux armoires.

Actuellement vide, la Grande salle servait de bibliothèque au dernier propriétaire des lieux, Jérôme Pichon (de 2:15 à 2:19)

Le Cabinet aux armoires (de 2:21 à 2:42) est adjacent à la Grande salle. On ignore la fonction de cette pièce à l’origine.

Puisque douze de ses boiseries sont en réalité des portes d’armoires fermées à clé, on présume que ce pourrait être là que Charles Gruÿn entreposait ses documents d’affaires et, qui sait, quelques pièces d’or…

Les huit peintures florales (dont celle à 2:25) seraient de Jean-Baptiste Monnoyer.

À l’époque, tout comme aujourd’hui, lorsqu’on vendait sa résidence, on apportait ses portraits de famille. À l’hôtel de Lauzun, on trouve des peintures allégoriques ou mythologiques, des paysages et des natures mortes (principalement des bouquets). Mais tous les portraits qu’on y voit de nos jours sont des toiles ajoutées aux XIXe et XXe siècles tout en étant anciennes.

En conséquence, des quatre personnages représentés au haut des murs, le seul connu est Marc de Beauvau, grand connétable de Lorraine (à 2:31) peint par Hyacinthe Rigaud dans les années 1720.

Le plafond (de 2:35 à 2:37) célèbre le Triomphe de Cérès, déesse romaine des moissons, peint par Michel Dorigny.

La toile est décentrée vers la fenêtre donnant sur la rue. Ce qui laisse à penser qu’une alcôve se trouvait au fond du cabinet. Effectivement, une photo de 1892 montre le lit de repos utilisé par un des derniers propriétaires de l’hôtel.

Au niveau des yeux, dix petits paysages, tous différents les uns des autres, décorent la pièce (à 2:39). On les attribue au peintre Pierre Patel.

Ils sont espacés par d’autres boiseries sur lesquelles on peut voir le monogramme formé des lettres G et M entrelacées, soit les initiales de Geneviève de Moÿ, deuxième épouse de Charles Gruÿn (à 2:41).

Son mari avait fait mettre l’hôtel à son nom afin de l’empêcher d’être saisi par des créanciers dans l’éventualité où ses affaires tournaient mal. Ce qui fut le cas quelques années plus tard (à la suite de la déchéance de Nicolas Fouquet avec lequel Gruÿn entretenait des liens). Ce qui explique la vente de l’hôtel au comte de Lauzun.

Tout le tour de la pièce, une bande de bois servait à éviter qu’en les déplaçant, le dossier des chaises n’abime les murs peints (à 2:43).

En empruntant de nouveau l’escalier d’honneur, on atteint le deuxième étage.

Au haut de cet escalier, on peut voir d’un côté la niche d’Apollon (à 2:45) et de l’autre, la niche de Minerve (à 2:47).

Le plafond est décoré d’une peinture en trompe-l’œil intitulée Le temps dévoilant la Vérité (à 2:49). Ici, sous un ciel lourd, le vieillard Chronos, ailé et armé d’une faux, soulève un grand voile rouge qui cachait la Vérité nue.

On pénètre ensuite dans l’antichambre (de 2:51 à 3:01). À l’intérieur, ses quatre portes sont surmontées d’un médaillon en bois doré qui représente les vertus cardinales : la Justice, la Force, la Prudence et la Tempérance.

À 2:53, la Tempérance est représentée par une femme qui verse de l’eau dans une coupe de vin.

En dessous de ce médaillon (à 2:55) la porte ne donne sur rien. Elle ne possède pas de poignée ni de serrure. En fait, elle ne s’ouvre même pas. C’est une décoration qui sert à faire symétrie avec la (vraie) porte qui lui fait face (à 2:59) et qui donne accès au Salon de musique.

Cette (vraie) porte est surmontée du médaillon représentant la Prudence. Cette vertu cardinale emprunte ici la représentation allégorique de la déesse romaine du même nom, soit une femme au bras duquel est enroulé un serpent et qui tient un miroir de l’autre.

Toujours à 2:59, l’architecte des lieux a créé une illusion de profondeur. La première porte (celle qui donne accès au Salon de musique) est la seule à deux battants. Les autres — ici toutes ouvertes jusqu’au fond — sont à un seul battant. Or il faut savoir qu’elles ont les mêmes proportions mais sont de taille décroissante, créant ainsi un effet de perspective qui donne l’impression que cette suite d’appartements est plus profonde qu’elle ne l’est en réalité.

Avant de quitter l’antichambre, notons que le bas de ses murs est décoré de panneaux de bois décorés de feuillage enroulé d’où surgit un animal assiégé par deux chiens de chasse (à 3:01).

Successivement, on voit un agneau, un cheval, un cerf, une chèvre, un lièvre, un lion, un ours, un renard, etc. Tous ces animaux ont en commun d’être en vedette dans une ou plusieurs fables d’Ésope.

Passons maintenant au Salon de musique (de 3:03 à 3:15).

À 3:03, sur la cloison au centre qui sépare les deux parties de ce salon, on peut voir un paysage mythologique représentant le repos de Diane et ses compagnes de chasse (dans l’encadrement ovale) et, au-dessus de lui, un paysage marin représentant les amours d’Acis et Galatée sous l’œil jaloux du cyclope Polyphème (dans l’ombre, à droite).

À la droite de ces tableaux, sur un autre mur, on voit un paysage avec Eurydice (épouse d’Orphée) mordue par un serpent.

À 3:05, l’agrandissement du paysage marin représentant les amours d’Acis et Galatée nous permet d’observer les détails de la frise qui coure juste sous le plafond. Sur celle-ci, tous les couples de puttos en stuc blanc sur fond doré sont séparés par le monogramme formé des lettres G et M dorées sur fond bleu.

Au plafond, on peut voir La toilette de Vénus (à 3:13).

Suivent la Chambre à alcôve (de 3:17 à 3:31) et le Boudoir de Daphnis et Chloé (de 3:33 à 3:43).

Dans la Chambre à alcôve, on notera (à 3:19) que la porte à gauche (qui donne accès au Salon de musique) est plus haute que celle de droite (qui donne accès au Boudoir de Daphnis et Chloé).

Ces deux portes participent au jeu de perspective dont nous avons parlé plus tôt.

La Chambre à alcôve comprend deux parties.

La partie avant est richement décorée. De bas en haut, cette décoration superpose des grotesques sur fond doré, les jeux d’enfants en ‘grisaille’, des paysages dans un encadrement rectangulaire surmonté de la tête d’une femme entre deux guirlandes, et finalement des peintures circulaires soutenues par deux puttos ou deux angelots, peintures qui alternent avec des bas-reliefs représentant des vases remplis de fruits. Ouf !

Chez les Romains, Diane est à la fois la déesse de la chasse et de la nuit. Voilà pourquoi on la représente souvent armée d’un carquois et coiffée d’un croissant de lune.

Sur le plafond (à 3:31), on la voit attentionnée sur son char (devant une immense lune) alors que des amours ailés couvrent Endymion du voile du sommeil.

L’alcôve proprement dite, aménagée au fond de la pièce, possède un plafond plus bas et était, à l’époque, fermée d’une draperie. Ce qui signifie qu’elle était plus facile à chauffer et donc, plus confortable en hiver.

Sur le devant de l’alcôve, plus précisément sur la bande de bois doré qui fait le joint entre les deux plafonds (à 3:33), deux amours suspendent une guirlande de feuilles de chêne de chaque côté de la tête de Diane, reconnaissable aux deux carquois croisés devant elle.

Sur cette photo, distingue à peine la peinture circulaire qui décore le plafond bas de la chambre. Elle représente Iris semant des fleurs de pavot sur Morphée (dieu des rêves) endormi.

Les murs du Boudoir de Daphnis et Chloé ont trois niveaux superposés. De bas en haut (à 3:37), des grotesques sur fond or, de grands miroirs qui décuplent en apparence la pièce exigüe, et une partie supérieure où se trouvent quatre illustrations de roman Daphnis et Chloé.

Composé au IIe siècle de notre ère, ce roman est le plus célèbre des récits bucoliques de l’antiquité.

Dans l’ovale central du plafond du Boudoir de Daphnis et Chloé est peinte Flore et Zéphyr de Michel Dorigny.

On y voit la déesse des fleurs qui distribue les bouquets que lui présente Zéphyr (le dieu ailé des vents légers).

Autour d’eux, une profusion de fleurs et de feuillage enroulé, de puttos exubérants soulevant des guirlandes, de masques souriants, alors que deux couples (formés d’un satyre et d’une nymphe) encadrent le monogramme formé des lettres G et M.

Cette apothéose picturale marque la fin de notre visite de l’hôtel de Lauzun.

Pour nous reposer de toute cette splendeur, quoi de mieux qu’un parc. De 3:51 à 3:53, voici donc le Square Barye, créé en 1938 à l’emplacement des jardins des Célestins (une communauté religieuse supprimée à la Révolution). Son monument est à la gloire du sculpteur animalier Antoine-Louis Barye (1795-1875).


Détails techniques : Le diaporama présente 118 photos réalisées à l’aide d’un appareil Olympus OM-D e-m5.

En ordre décroissant, les objectifs utilisés furent le M.Zuiko 12-40 mm F/2,8 (56 photos), le PanLeica 25 mm F/1,4 (35 photos), le M.Zuiko 7-14 mm F/2,8 (25 photos) et l’hypergone M.Zuiko 8 mm /F1,8 (2 photos).

Voir aussi : Liste des diaporamas de Paris

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Écrit par Jean-Pierre Martel