L’hebdomadaire médical The Lancet publiait hier les résultats de la plus ambitieuse campagne de vaccination réalisée contre le Covid-19, celle en Israël.
Du 24 janvier au 3 avril 2021, on y a administré les deux doses du vaccin de Pfizer/BioNTech à 72,1 % des citoyens israéliens âgés de 16 ans ou plus, ce qui correspond à 61 % de l’ensemble de la population du pays.
Au cours de cette période, c’est le variant ‘britannique’ (le B.1.1.7) qui devint la forme prévalente du virus en Israël.
L’étude n’est pas un résumé de quatre mois d’observation à la suite de la vaccination complète; elle porte sur les évènements qui sont survenus tout au cours de la campagne de vaccination chez ceux en attente d’être vaccinés, chez ceux qui n’avaient reçu qu’une seule dose et finalement chez ceux complètement immunisés (sept jours ou plus après leur deuxième dose).
Cette campagne de vaccination débuta le 20 décembre. Les toutes premières personnes à recevoir leur deuxième dose de vaccin l’eurent trois semaines plus tard, soit le 10 janvier. Et encore deux semaines plus tard, soit le 24 janvier, on commença la période d’observation.
La vaccination chevaucha en bonne partie un confinement national qui fut imposé du 27 décembre au 7 mars.
Au cours de la période d’observation, 232 268 personnes ont attrapé le Covid-19. Ce qui a nécessité l’hospitalisation de 7 694 d’entre eux (dont 4 481 gravement) et a entrainé 1 113 décès.
S’il est vrai que le confinement diminua la contagion dans l’ensemble de la population, cette diminution fut beaucoup plus importante chez les vaccinés.
Chez ces derniers, on observa une diminution de 91,5 % des infections asymptomatiques, de 97,0 % des infections symptomatiques, de 97,2 % des hospitalisations (dont 97,5 % des hospitalisations sévères) et de 96,7 % des décès.
L’effet protecteur du vaccin s’est étendu de manière semblable dans toutes les tranches d’âge.
Puisqu’une partie des infections sont survenues quand même chez des gens complètement vaccinés, doit-on présumer que ceux-ci peuvent transmettre le virus à d’autres ?
La majorité des personnes vaccinées qui ont attrapé le Covid-19 quand même l’ont eu sans le savoir, c’est-à-dire sans en éprouver de symptômes.
Or d’autres études ont démontré qu’en cas d’échec vaccinal, les personnes asymptomatiques ont une charge virale relativement faible dans leurs voies respiratoires supérieures, comparativement aux asymptomatiques qui n’étaient pas vaccinées.
En d’autres mots, chez l’ensemble des personnes contagieuses mais asymptomatiques, les vaccinés transmettent probablement plus difficilement l’infection à d’autres.
Dans une table à part, l’étude présente les effets protecteurs de la première dose.
Celle-ci entraina une diminution de 52,0 % des infections asymptomatiques, de 62,5 % des infections symptomatiques, de 75,7 % des hospitalisations (dont 75,6 % des hospitalisations sévères) et de 77,0 % des décès.
Toutefois, on doit préciser qu’il s’agit de la protection observée en Israël au cours de la brève période entre les deux doses.
On prendra soin de ne pas extrapoler ces résultats à la situation québécoise puisque si on allonge le délai entre les deux doses à trois ou quatre mois (comme au Québec), on augmente les occasions d’attraper le Covid-19, autant chez les personnes partiellement vaccinées que chez celles en attente d’un vaccin, sans savoir dans quelle mesure chez les uns et chez les autres.
Références :
Impact and effectiveness of mRNA BNT162b2 vaccine against SARS-CoV-2 infections and COVID-19 cases, hospitalisations, and deaths following a nationwide vaccination campaign in Israel
La plus grande étude en vie réelle confirme l’efficacité de deux doses de Pfizer
Supplementary appendix
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