Vive le printemps !

20 mars 2021
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Ce printemps-ci ne fait pas qu’annoncer le retour du beau temps; il anticipe aussi la fin d’un long hiver. Un hiver qui aura duré plus d’un an.

Le chemin qu’il nous reste à parcourir sera parsemé d’embuches et ponctué de sacrifices.

Mais l’arrivée du printemps fait partie de ces jours où l’optimisme est de mise.

Alors célébrons la renaissance de l’espoir. De notre espoir dans le retour de la vie, de l’amitié et de la joie d’être ensemble…

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Le pays du bonheur

19 mars 2021
Cathédrale luthérienne d’Helsinki

On apprend aujourd’hui que la Finlande s’est hissée de nouveau au sommet du palmarès des pays les plus heureux au monde.

Malgré des taxes et des impôts très élevés, très peu de Finlandais remettent en question leur État-providence, convaincus d’en avoir pour leur argent.

C’est pour comprendre le paradoxe finlandais que j’avais entrepris d’y prendre mes vacances annuelles en aout 2018.

Après avoir publié le récit de ce voyage, j’avais différé la publication de mes photos sous forme de diaporamas en raison de l’éclatement de la crise sanitaire.

Publier des photos de voyage quand tout le monde est confiné chez soi, c’est comme manger une grosse portion de gâteau au chocolat sous les yeux de quelqu’un au régime.

Malgré de nouveaux confinements en raison de l’émergence de variants, il est permis d’espérer que la vaccination nous apportera des jours meilleurs.

Voilà pourquoi je publierai bientôt des diaporamas qui donneront un aperçu de ce peuple qui m’a fasciné.

Référence : La Finlande, pays le plus heureux du monde

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5 mark II, objectif M.Zuiko 12-40mm F/2,8 — 1/6400 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 24 mm

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Néolibéralisme et crises sanitaires

18 mars 2021

La fragilisation du système de santé

L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) est une organisation internationale qui encourage la libéralisation économique par les moyens du libre-échange et de la concurrence afin de favoriser l’innovation et les gains de productivité.

À cette fin, elle publie des études comparatives qui permettent de distinguer les pays qui ont le mieux réussi à s’acquitter de leurs missions au plus faible cout possible.

Grâce au libre-échange, on croyait qu’il n’était plus nécessaire de maintenir des stocks stratégiques d’équipement de protection; il suffisait de commander de nouveaux masques produits à l’autre bout du monde si jamais on en avait besoin.

De plus, sous l’influence de l’OCDE, on a réduit le ratio du nombre de lits par million d’habitants et on a institué de nouveaux modèles de gestion des établissements de Santé.

Dans l’optique néolibérale, le capital est ce qu’on investit dans la construction des édifices et l’achat d’équipement. Le salaire des employés est une dépense comme le sont les frais de chauffage. Quant aux employés eux-mêmes, il s’agit d’une commodité au même titre que le mobilier… sauf que les humains sont capables de locomotion, ce qui nous dispense de les soulever pour les déplacer d’un étage à l’autre.

Dans les hospices (qu’on appelle CHSLD au Québec), on a réduit au plus strict minimum le nombre d’employés afin de maximiser leur productivité.

Et lorsque surviennent des vacances (grossesses, démissions, congés de maladie, vacances annuelles, etc.), on fait appel à des agences privées pour boucher temporairement les trous.

Ce modèle a été adopté par toutes les provinces canadiennes, poussées à cela par la diminution des transferts en Santé d’Ottawa.

Mais grâce à la réforme du ministre Barrette — réalisée par ses ajoints, dont le Dr Horacio Arruda — c’est au Québec que cette intégration entre le public et le privé a été la plus poussée.

Si bien qu’au début de la pandémie au Covid-19, certaines provinces ont été capables d’interdire les mouvements de personnel d’un établissement à l’autre alors que le Québec a voulu… mais n’a pas pu.

Il n’a pas pu parce que l’intégration entre le public et le privé est telle que sans les agences, le système s’effondre.

Une lutte sanitaire néolibérale

Au tout début de la pandémie, le premier ministre a pris la sage décision de confier la lutte sanitaire à des experts.

Mais il a commis deux erreurs.

La première aura été de confier aux mêmes personnes tous les aspects de cette crise, qu’il s’agisse de ses aspects médicaux ou de ses aspects logistiques.

La deuxième a été de confier cette lutte au Dr Arruda.

Bien que doté d’un diplôme en médecine, celui-ci n’exerce plus cette profession depuis des années, devenu gestionnaire spécialisé de notre réseau de santé.

Or sa carrière a été marquée sous le signe de l’austérité et de la recherche du résultat avec le moins d’investissements publics.

Si bien que dès le début de cette pandémie, la Santé publique a dévoilé sa stratégie sanitaire; laisser se développer l’immunité ‘naturelle’, ce qui veut dire laisser les citoyens l’attraper.

Quand les gens chargés de nous protéger d’une épidémie préfèrent au contraire qu’on l’attrape, on a un problème.

Au sein de la droite américaine, influente au sein du gouvernement actuel, vouloir combattre une pandémie, c’est comme vouloir arrêter le vent.

C’est aux États-Unis qu’on trouve la grande majorité des experts sanitaires de la planète. Sous l’administration Trump, on a systématiquement ignoré leurs avis; on a déconseillé le port du masque, on a peu testé, peu recherché les foyers de propagation et, de manière générale, laissé la pandémie faire des victimes.

Au Québec, on a fait pareil.

L’objectif des autorités sanitaires du Québec a donc été de favoriser la contagion jugée inévitable au sein de la population tout en empêchant le système hospitalier d’être débordé.

Et pour minimiser le risque de poursuites judiciaires, on a préconisé la distanciation sociale seule et le lavage des mains, c’est-à-dire les deux mesures les moins efficaces contre cette pandémie.

Tout ce qui aurait permis aux gens de se protéger efficacement (le port du masque et le recours à des purificateurs d’air de type HEPA, par exemple) a été déconseillé. Conséquemment, le nombre des hospitalisés a augmenté.

Et lorsque les hôpitaux s’approchaient du point de saturation, on a confiné.

À l’opposé du lavage des mains et de la distance sanitaire seule, le confinement est très efficace pour arrêter la propagation de l’infection. Pour une raison évidente; on ne peut attraper un microbe auquel on n’est pas exposé.

Mais dès que beaucoup de lits devenaient libres, on déconfinait sans chercher à éteindre les foyers résiduels d’infection. Ce qui aurait permis d’éradiquer la pandémie.

Et comme on baissait la garde, la contamination revenait de plus belle.

Partout en Occident, ce fut pareil.

Si bien que tous les pays riches d’Occident ont lamentablement échoué à protéger leur population contre cette pandémie. Alors qu’en Extrême-Orient et en Océanie, d’autres pays ont brillamment réussi en plaçant la protection de leurs citoyens au sommet de leurs priorités.

En voulant maintenir l’activité économique à tout prix, les pays occidentaux sont allés de confinements en déconfinements prématurés, si bien que d’un confinement-surprise à l’autre, beaucoup de petites entreprises n’ont pas survécu.

Selon le ministre de l’Économie et de l’Innovation, les mesures sanitaires ont poussé à la faillite seize-mille entreprises québécoises, ce qui représente 56 % de toutes les faillites au Canada.

À 80 %, les entreprises disparues sont des restaurants et des bars. Elles comptent pour six pour cent des entreprises du Québec (qui sont au nombre de 250 000).

À cela s’ajoute un nombre inconnu (mais probablement considérable) de petites ou moyennes entreprises qui éprouvent des difficultés financières qui menacent leur survie.

Tous les dirigeants politiques aiment annoncer des investissements de milliards de dollars. Mais ce qu’on oublie trop souvent, c’est que l’économie québécoise repose essentiellement sur la petite ou moyenne entreprise.

Ce qui emploie la majorité d’entre nous, ce sont des épiceries, des restaurants, des pharmacies, des salons de coiffure, des quincailleries, etc. Ce sont eux qui nous font vivre.

La gestion catastrophique de cette crise sanitaire — contre laquelle aucun pays riche d’Occident n’était préparé, mais qui fut pire ici qu’ailleurs — a causé non seulement une hécatombe qui prive nos sociétés de talents, mais a également brisé les vies de milliers de petits entrepreneurs qu’on associe à tort au ‘1 %’ alors qu’ils font partie, comme nous, du ‘99 %’.

Références :
Apprendre à vivre sous la menace du Covid-19 : les non-dits de nos gouvernements
Au Québec, la grippe saisonnière est plus à craindre que le coronavirus, dit le Dr Arruda
Covid-19 : ‘aplatir la courbe’ ne suffit pas
Covid-19 : la cigale québécoise
Covid-19 : l’utilisation ‘judicieuse’ des masques
Covid-19 : oui aux ventilateurs, non aux purificateurs HEPA ?
Le dépistage ‘massif’ du Covid-19 au Québec : une plaisanterie
Qu’attend Québec pour imposer le masque?
Voyage au Maroc : le Dr Arruda s’est absenté 12 jours au début de la crise

Parus depuis :
Les entreprises québécoises inquiètes pour leur avenir (2021-04-03)
La stratégie du «zéro COVID-19» a été plus payante que le «vivre avec» (2021-05-07)
Dépistage chez les travailleurs essentiels — Une méthode « sûre, acceptable et peu coûteuse », conclut l’étude (2021-06-15)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Covid-19 : doit-on forcer les soignants à se faire vacciner ?

17 mars 2021

Sur les ondes de la chaine de nouvelles CNN, tous les experts juristes consultés s’entendent pour dire qu’un employeur possède le droit de contraindre ses employés à se faire vacciner s’ils sont susceptibles de contaminer sa clientèle.

Cela est d’autant plus vrai dans le cas des établissements de Santé. En raison de leur vulnérabilité, il est primordial d’assurer la protection des personnes qui y sont admises.

Mais les choses sont parfois plus complexes qu’on pense.

Le droit international est formel; chaque personne soumise à un traitement expérimental doit y consentir de manière libre et éclairée.

La campagne de vaccination au Québec se déroule selon un protocole qui n’est appuyé par aucune étude scientifique. C’est donc un traitement expérimental à grande échelle.

Lorsqu’administrées espacées correctement (soit trois ou quatre semaines et non trois mois), les vaccins de Pfizer/BioNTech et de Moderna sont efficaces à 94 % ou à 95 %. En d’autres mots, il y a 5 % ou 6 % d’échec vaccinal.

Or qu’arrive-t-il en cas d’échec vaccinal ? Les études ont démontré que parmi les vaccinés qui attrapent le Covid-19 quand même, aucun n’en meure et aucun ne l’attrape de manière suffisamment sévère pour être hospitalisé.

En somme, ils demeurent asymptomatiques ou l’attrapent comme s’il s’agissait d’une grippette.

Dans une étude de grande envergure réalisée récemment en Israël, celle-ci a démontré que le vaccin de Pfizer prévient 57 % des infections symptomatiques dès la première dose.

Si une dose de vaccin protège à 57 %, cela veut dire que la vaccination échoue dans le reste, soit 43 % de ceux qui ne reçoivent qu’une seule dose.

Dans le cas de la vaccination expérimentale du Québec, quel est le pourcentage d’échecs au-delà des trois semaines de l’expérience israélienne ? On ne sait pas. Combien de vaccinés ont attrapé l’infection d’une manière suffisamment sévère pour être hospitalisés ? On l’ignore. Et quel est le pourcentage des vaccinés qui sont morts quand même du Covid-19 ? On l’ignore aussi.

Ce qu’on sait, c’est qu’un mois après avoir administré la première dose au Canada d’un vaccin de Pfizer/BioNTech à une résidente d’un hospice et y avoir vacciné 202 autres résidents, de même que 125 membres du personnel, 37 résidents sont décédés du Covid-19 et 95 travailleurs l’ont contracté, soit 76 % du personnel.

Sachant que cette première séance de vaccination au Québec fut un évènement super-propagateur, on comprendra donc les inquiétudes des travailleurs de la Santé au sujet de leur vaccination obligatoire.

Au cours de la première vague, on a forcé les travailleurs de la Santé à travailler à visage découvert au lieu de leur suggérer de porter un masque artisanal (à défaut d’avoir la protection nécessaire).

Résultat ? 41 384 soignants ont été infectés et dix-huit en sont morts.

Doit-on maintenant forcer ces travailleurs à se soumettre à une vaccination expérimentale dont personne ne connait l’efficacité ?

Je ne crois pas. Pour une raison très simple; bien porté, un masque N95 protège autant qu’un vaccin administré correctement. Autant pour celui qui le porte que pour ceux qu’il rencontre. En somme, le masque N95 est un vaccin amovible.

Dans nos établissements de Santé, voulons-nous retourner en pénurie de personnel ? Non ? Alors il faudrait commencer à respecter ceux qui y travaillent.

S’ils préfèrent, à tort ou à raison, porter un masque N95 plutôt que de servir de sujets d’expérience à une vaccination atypique, c’est leur choix. Respectons ce choix et fournissons-leur enfin l’équipement de protection qu’ils réclament depuis le début de la pandémie.

À 43 % d’échec vaccinal, les travailleurs de la Santé savent qu’il vaut mieux compter sur la protection d’un masque N95 que sur celle d’une vaccination bâclée.

À titre d’exemple, je suis un partisan inconditionnel des vaccins. Et je veux me faire vacciner. Mais il est hors de question que je serve de cobaye aux incompétents qui dirigent la lutte sanitaire au Québec.

J’attends donc l’arrivée des vaccins à une seule dose ou je serai heureux de prendre la place d’un catholique qui refusera — Dieu merci ! — ses vaccins d’AstraZeneca (qui eux, se donnent à raison de deux doses espacées de trois mois).

Et même dans ce dernier cas, je suis inquiet puisque le premier ministre a exprimé sa volonté que tous les Québécois qui le veulent soient vaccinés (sous-entendu : avec une première dose) au 24 juin prochain.

Puisque la Santé publique du Québec a négligé de se doter des capacités logistiques de procéder à une vaccination généralisée de manière rapide, la seule manière de se conformer au souhait du premier ministre sera de différer indéfiniment l’administration de la deuxième dose.

On commence déjà à évoquer cette possibilité…

Références :
BNT162b2 mRNA Covid-19 Vaccine in a Nationwide Mass Vaccination Setting
Des masques N95 aux soignants… 10 mois après une recommandation
La moitié des soignants de première ligne ne sont toujours pas vaccinés dans le Grand Montréal
Tous les Québécois auront reçu une dose d’ici le 24 juin, prévoit Legault
Vaccins et vulnérabilité résiduelle

Parus depuis :
Même vaccinée, une femme de 50 ans est sous oxygène à cause d’un variant (2021-04-08)
Un premier cas de variant indien au Québec (2021-04-21)

Complément de lecture :
Les autorités sanitaires du Québec et la justice

Pour consulter tous les textes de ce blogue consacrés au Covid-19, veuillez cliquer sur ceci

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Écrit par Jean-Pierre Martel


La bijouterie Fouquet

15 mars 2021




 
De nos jours, le nom ‘Fouquet’ est associé à un restaurant situé sur les Champs-Élysées.

Mais au début du XXe siècle, qui disait ‘Fouquet’ voulait parler du bijoutier Georges Fouquet, dont les créations hors de prix faisaient l’envie de toute la haute société parisienne.

Avant d’acquérir cette célébrité, Georges Fouquet n’était qu’un des nombreux maitres de la haute joaillerie française.

En 1899, il fait la rencontre d’Alfons Mucha, artiste touche-à-tout, déjà renommé pour ses affiches. À deux, ils conçoivent une série de bijoux étranges et fascinants qui remportèrent un vif succès à l’exposition universelle de 1900.

Cette exposition fit de Fouquet le joaillier parisien à la mode et donc, le grand rival du bijoutier René Lalique. Ce dernier avait travaillé pour différents joailliers (dont Fouquet) avant d’ouvrir sa propre bijouterie en 1885.

Conscient de son nouveau prestige, quand Fouquet décida en 1901 de déménager sa bijouterie sur la rue Royale, il demanda à Mucha d’en concevoir la décoration.




 
Ce dernier imagina un espace intime d’une grande complexité décorative où plâtres, vitraux, mosaïques et sculptures en bronze n’avaient pour utilité que d’émerveiller et rendre la clientèle vulnérable à la beauté de quelques bijoux d’Art protégés ici et là sous une bulle de verre.


La boutique était tellement Art nouveau qu’elle se démoda rapidement quand ce style fut remplacé par l’Art déco.

Elle fut démontée en 1923. Heureusement, Georges Fouquet fit don en 1938 de la plupart de ses éléments au musée Carnavalet (où ces photos ont été prises).

Détails techniques des photos : Olympus OM-D e-m5, objectifs PanLeica 25 mm F/1,4 (2e, 5e et 6e photos) et M.Zuiko 7-14 mm F/2,8 (les autres photos)
1re photo : 1/125 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 7 mm
2e  photo : 1/200 sec. — F/1,4 — ISO 200 — 25 mm
3e  photo : 1/60 sec. — F/2,8 — ISO 500 — 7 mm
4e  photo : 1/80 sec. — F/2,8 — ISO 640 — 14 mm
5e  photo : 1/60 sec. — F/1,4 — ISO 250 — 25 mm
6e  photo : 1/80 sec. — F/1,4 — ISO 200 — 25 mm
7e  photo : 1/60 sec. — F/2,8 — ISO 640 — 7 mm
8e  photo : 1/60 sec. — F/2,8 — ISO 640 — 14 mm

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Covid-19 : les trois premiers mois de la vaccination au Québec

14 mars 2021

Introduction

Le 14 décembre 2020, il y a donc trois mois, une première personne au Canada était vaccinée contre le Covid-19.

Sous l’œil des caméras de tout le pays, Gisèle Lévesque, 89 ans, recevait la première de ses deux doses du vaccin de Pfizer/BioNTech. Prévue trois mois plus tard, sa deuxième dose lui a finalement été administrée le 5 mars dernier.

Un mauvais présage

Dès le départ, les autorités sanitaires du Québec ont choisi d’espacer de trois mois les deux doses du vaccin de Pfizer alors que ce dernier a été homologué pour être utilisé à raison de deux doses espacées de trois semaines et non de trois mois.

Dans l’hospice où demeure Mme Lévesque, sur les 230 résidents, 202 ont accepté d’être vaccinés, tout comme 125 membres du personnel.

Le 14 janvier 2021, soit un mois plus tard, Radio-Canada rapportait : “ La COVID-19 continue de se propager au CHSLD Saint-Antoine, malgré l’opération de vaccination de la mi-décembre. (…) Depuis décembre, 37 résidents du CHSLD Saint-Antoine sont décédés de la maladie et 95 travailleurs de l’établissement l’ont contracté…” …soit 76 % du personnel.

De toute évidence, cette première séance de vaccination fut un évènement super-propagateur. On ne saura jamais si le virus a été apporté par les équipes de vaccination ou par les journalistes invités à couvrir l’évènement.

Mme Lévesque contracta le Covid-19 deux semaines après avoir reçu sa première dose : heureusement, elle y survécut.

Immunité modeste et immunité robuste

Au moment de la mise en marché de son vaccin, Pfizer soutenait qu’il protégeait 89 % des vaccinés après une première dose et 95 % des vaccinés après leur deuxième dose.

En se basant sur cette différence minime, la Santé publique a décidé de différer l’administration de la deuxième dose afin de vacciner le maximum de personnes avec les vaccins disponibles.

Toutefois, cette décision ne tenait pas compte du fait que le fabricant qualifiait de modeste l’immunité conférée par une première dose et de robuste celle résultant d’une deuxième dose.

Depuis, les résultats des campagnes de vaccination démontrent qu’on obtient une réponse immunitaire robuste dès la première dose du vaccin de Pfizer chez ceux qui ont déjà contracté l’infection puisque dans leur cas, le vaccin sert de rappel (comme la deuxième dose chez ceux qui n’ont jamais contracté l’infection).

De plus, dans une autre étude réalisée auprès de douze-mille vaccinés, celle-ci a démontré que le vaccin de Pfizer prévient 57 % des infections symptomatiques dès la première dose et 88 % après la deuxième dose.

Si une dose vaccin protège à 57 %, cela veut dire que la vaccination échoue dans le reste, soit 43 % de ceux qui ne reçoivent qu’une seule dose.

Qu’en est-il de l’expérience atypique du Québec ?

À part une étude très mal faite dont nous avons parlé sur ce blogue, la Santé publique n’a publié aucune donnée à ce sujet.

Quel est le pourcentage d’échec vaccinal au Québec ? On ne sait pas. Combien de vaccinés ont attrapé l’infection d’une manière suffisamment sévère pour être hospitalisés ? On l’ignore. Et quel est le pourcentage des vaccinés qui sont morts quand même du Covid-19 ? On l’ignore aussi.

Bref, si la Santé publique effectue un suivi de sa campagne de vaccination, elle est demeurée complètement opaque à ce sujet.

Ce qui n’augure rien de bon.

Par contre, lorsque la vaccination s’effectue conformément à la science, les études scientifiques ont démontré qu’aucun décès et aucune hospitalisation ne résulte de l’échec de la vaccination.

En d’autres mots, les personnes chez qui la vaccination échoue peuvent de nouveau attraper le Covid-19. Toutefois, ils l’attraperont sans s’en rendre compte ou de manière tellement faible qu’ils ne sentiront pas le besoin de se rendre à l’urgence d’un hôpital.

Ceci étant dit, une fois le vaccin administré à des millions de personnes, on pourrait se rendre compte que la probabilité d’effets graves à la suite d’un échec vaccinal n’est pas totalement nulle. Toutefois, on peut présumer que ces cas seront rarissimes.

Une vaccination à pas de tortue

La population américaine est de 330 millions d’habitants. Au moment où ces lignes sont écrites, 107 millions de doses du vaccin de Pfizer et de Moderna ont été administrées aux États-Unis.

Plus précisément, dix pour cent des gens y ont reçu une seule dose, et un autre dix pour cent ont reçu leur deuxième dose (et sont donc complètement vaccinés). En d’autres mots, un cinquième des Américains sont vaccinés, dont la moitié de ceux-ci, parfaitement.

Le président Biden s’est fixé comme objectif de faire en sorte que tous les habitants du pays qui le veulent soient vaccinés au 4 juillet prochain (le jour de la Fête nationale américaine).

Avant même que le Canada éprouve des difficultés d’approvisionnement en vaccins, les autorités sanitaires du Québec avaient comme objectif de vacciner 650 000 personnes d’ici la fin du mois de mars.

À ce jour, 648 663 doses de vaccin ont été administrées au Québec. Depuis le 5 mars, Mme Gisèle Lévesque fait partie des rares personnes qui ont reçu leur deuxième dose.

Pour atteindre l’immunité grégaire, 70 % de la population québécoise doit être complètement immunisée au virus.

Au rythme de 650 000 vaccins en trois mois, l’immunité grégaire sera atteinte dans vingt-huit mois, c’est-à-dire dans plus de deux ans, s’il suffit de recevoir une seule dose pour l’atteindre. S’il en faut deux, il faudra patienter plus de quatre ans… si l’immunité conférée dure aussi longtemps. Sinon, il faudra recommencer et vacciner perpétuellement.

Calcul détaillé

Le calcul est simple. En trois mois, administrer 650 000 doses, cela correspond à une moyenne mensuelle de 217 000 injections. C’est le rythme actuel de la campagne ‘massive’ (sic) de vaccination du Québec.

Pour atteindre l’immunité grégaire, il faut que 70 % des Québécois soient complètement immunisés au Covid-19. Or 70 %, c’est six-millions de personnes.

Divisons six-millions d’injections d’un vaccin à une dose ou douze-millions d’injections d’un vaccin à deux doses par le rythme actuel de vaccination et cela prendra respectivement 27,6 mois et 55,3 mois.

C’est un rythme sept à quatorze fois plus lent qu’aux États-Unis, sans parler d’Israël et de la Grande-Bretagne.

Conclusion

À moins d’accélérer la cadence de manière substantielle, le Québec aura donc été soumis à l’alternance incessante des confinements et des déconfinements lorsque surviendront les prochaines élections québécoises, prévues en octobre 2022.

D’une fois à l’autre aura augmenté le nombre des personnes exaspérées par les mesures sanitaires.

Pendant ce temps, aux États-Unis, les restaurants, les cinémas, et les endroits de villégiature seront noirs de gens souriants et décontractés célébrant l’éradication de la pandémie en sol américain.

Peut-être y a-t-il là matière à inquiétude pour nos dirigeants politiques.

En effet, l’heure des explications approche…

Références :
COVID-19 : Gisèle Lévesque devient la première personne vaccinée au Canada
Covid-19 : vaccination vs immunisation
Données de vaccination contre la COVID-19 au Québec
La première vaccinée du Canada a contracté la COVID-19
Sept résidents vaccinés du Centre Maimonides contractent la COVID-19
Single Pfizer vaccine shot provides strong protection for those who’ve had Covid-19, UK studies suggest
UK study finds one dose of Pfizer/BioNTech vaccine reduces risk of infection by 72%

Parus depuis
La moitié des soignants de première ligne ne sont toujours pas vaccinés dans le Grand Montréal (2021-03-17)
Même vaccinée, une femme de 50 ans est sous oxygène à cause d’un variant (2021-04-08)
St. Mary’s Hospital installs air purifiers in ER after staff outbreak (2021-05-07)
Mourir en attendant sa deuxième dose (2021-05-25)

Pour consulter tous les textes de ce blogue consacrés au Covid-19, veuillez cliquer sur ceci

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Covid-19 : oui aux ventilateurs, non aux purificateurs HEPA ?

12 mars 2021

Introduction

Les ventilateurs sont des appareils destinés à faire circuler l’air. Ils sont habituellement constitués de pales qui tournent autour d’un axe.

Les purificateurs sont des dispositifs qui aspirent, filtrent et rejettent l’air débarrassé de particules en suspension.

Ceux équipés d’un filtre HEPA sont utilisés dans les salles d’opération. Ils débarrassent l’air de 99,97 % des particules d’un diamètre supérieur ou égal à 0,3 µm.

L’interdiction des purificateurs

En janvier dernier, dans le but de diminuer le risque de transmission du Covid-19 en classe, des parents se sont cotisés pour acheter deux purificateurs d’air portatifs dotés de filtres HEPA.

Malheureusement, la directrice de l’école a confisqué l’appareil après avoir été avisée que pour installer un tel dispositif, il fallait obtenir au préalable l’autorisation d’un comité tripartite formé du ministère de l’Éducation, du ministère de la Santé et des Services sociaux, et de la CNESST (commission des Normes, de l’Équité, de la Santé et de la Sécurité au travail).

Pour sa part, le ministère de l’Éducation (le premier des trois) s’en remet aux experts de la Santé publique. Or ceux-ci s’y opposent pour les raisons suivantes.

Premièrement, s’il est vrai que la transmission du Covid-19 par aérosols est possible dans les locaux mal ventilés, il ne s’agit pas du mode d’infection principal selon eux.

En réalité, mode principal ou non, le principe de précaution exige qu’on mettre tout en œuvre pour protéger nos écoliers.

Deuxièmement, les dispositifs de filtration pourraient, en théorie, aider à réduire ce risque. Sauf qu’en pratique, selon ces experts, ils sont difficiles à utiliser dans une classe.

Pourtant, il suffit de connecter le fil dans la prise de courant, une tâche extrêmement compliquée, semble-t-il.

Troisièmement, on ignore qui est infecté. Conséquemment, on ignore où les placer pour qu’ils soient efficaces.

Quel dilemme; de toute évidence, les experts de la Santé publique du Québec n’ont pas inventé le bouton à quatre trous.

Les ventilateurs

Dans les édifices de la fonction publique, dans les écoles, et dans les hôpitaux, des milliers de personnes doivent travailler dans des locaux mal ventilés.

Quand ces travailleurs ont chaud, que font-ils ? Ils se plaignent. Et quand il ne se passe rien, ils se plaignent de nouveau. Jusqu’à ce qu’on trouve une solution.

Cette solution pourrait être de changer le système de ventilation. Mais cela est onéreux. Alors le plus simple est d’installer un ventilateur sur pied ou ventilateur portatif sur leur bureau.

Et le problème est réglé.

Au fil des années, l’État québécois a acheté des milliers de ventilateurs qu’on trouve un peu partout.

Le 26 février dernier, je suis allé subir des tests dans un hôpital montréalais.

Dans un des locaux où on m’a fait passer, sur une chaise située à côté du bureau de la préposée, se trouvait un ventilateur portatif relié à une prise de courant. Donc, prêt à être utilisé.

A-t-on connaissance d’une directive de la Santé publique interdisant l’usage des ventilateurs dans la fonction publique ou parapublique ? Non.

A-t-on déjà saisi un seul parmi les milliers de ventilateurs en usage dans les édifices gouvernementaux ? Non.

Alors j’aimerais qu’on m’explique pourquoi la Santé publique s’oppose à l’utilisation des purificateurs d’air de type HEPA alors que ceux-ci sont recommandés par le CDC (Centers for Disease Control and Prevention) des États-Unis, et par les autorités sanitaires de toutes les autres provinces canadiennes…

Conclusion

Si le Québec est un des endroits au monde où on trouve le plus de mortalité du Covid-19 par million d’habitants, cela n’est pas l’effet du hasard.

C’est le résultat d’une suite ininterrompue de décisions stupides prises par les autorités sanitaires du Québec.

Références :
Une enseignante sommée de retirer des purificateurs achetés par des parents
Ventilation in Buildings

Parus depuis :
German Covid super-spreader event driven by poor ventilation, study finds (2021-09-08)
Real-world data show that filters clean COVID-causing virus from air (2021-10-06)
COVID-19 : et si on pouvait offrir un purificateur d’air pour 100 $ par classe? (2022-08-16)

Pour consulter tous les textes de ce blogue consacrés au Covid-19, veuillez cliquer sur ceci

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Vaccins et dogmes religieux

11 mars 2021

Les savants qui consacrent leur vie à la recherche embryologique utilisent depuis près de cinquante ans une lignée de cellules fœtales obtenue par avortement. Comme le levain du boulanger, cette lignée de cellules rénales se multiplie continuellement depuis 1973.

Leurs découvertes ont permis de sauver des millions de vies humaines, notamment par la mise au point de vaccins, dont ceux d’AstraZeneca et de Johnson & Johnson.

En raison de l’opposition de l’Église catholique à l’avortement, la Conférence des évêques catholiques du Canada demande aujourd’hui à ses fidèles d’éviter les deux vaccins dont on vient de parler.

En réalité, ces deux vaccins ne contiennent aucune cellule fœtale ni aucune molécule tirée d’un avorton. Mais il est vrai que le développement de ces vaccins a fait appel à cette lignée embryonnaire.

Le respect absolu de l’Église catholique à l’égard de la vie humaine fait partie de son dogme récent.

Un bref retour sur le passé nous fait remémorer l’inquisition espagnole au cours de laquelle on torturait à mort ceux qui ne voulaient pas se convertir au christianisme.

On se rappellera également les Croisades qui ont mis à feu et à sang le Proche-Orient. Et les guerres de religion qui ont ponctué l’histoire européenne pendant des siècles.

Par exemple, il est significatif que le signal du déclenchement du massacre de la Saint-Barthélemy à Paris ait été le tocsin de l’église Saint-Germain-l’Auxerrois.

Les sites de vaccination au Québec ne sont pas des cafétérias. Qu’on soit catholique ou non, on reçoit le vaccin disponible ce jour-là. Le souhait que les fidèles puissent choisir le vaccin qu’ils préfèrent est un vœu pieux.

Pour un grand nombre de fidèles, la prise de position dogmatique des évêques catholiques crée un problème de conscience qui n’existait pas chez la majorité d’entre eux.

Le principal inconvénient de la ‘fatwa’ des évêques canadiens est de discréditer le catholicisme.

À travers le Canada, il existe des milliers de religieuses et d’hommes d’Église qui consacrent leur vie à aider les autres. À écouter avec empathie les confidences de ceux qui souffrent. À recueillir des vivres pour ceux qui ont faim. À donner des vêtements usagés à ceux qui ont froid.

Ces religieux sont une main-d’œuvre à bon marché pour une aristocratie religieuse coupée des problèmes du monde.

Une aristocratie qui n’a pas compris que l’Église de Rome porte encore, des siècles plus tard, les stigmates de l’excommunication ou des menaces d’excommunication dirigées contre les savants qui soutenaient que la terre n’était pas plate et que c’était notre planète qui tournait autour du soleil et non l’inverse.

Religion et science ne sont pas incompatibles, mais font un très mauvais ménage quand on insiste pour que le dogme religieux réduise au silence les découvertes scientifiques.

Bref, je suggère aux évêques catholiques de sauver les âmes et de laisser les médecins sauver les corps.

Références :
Le clergé demande d’éviter les vaccins d’AstraZeneca et de Johnson & Johnson
Massacre de la Saint-Barthélemy


Postscriptum du 12 mars : Les évêques des principaux diocèses du Québec — Montréal, Québec et Longueuil — se sont dissociés totalement de la ‘fatwa’ émise par la Conférence canadienne.

Références :
Non, les vaccins contre la COVID-19 ne contiennent pas de tissus d’embryons humains
Vaccination : des diocèses déplorent les propos de la Conférence des évêques

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Doit-on interdire l’accès à la magistrature aux avocats québécois unilingues français ?

10 mars 2021

Introduction

Dans tous les pays du monde, le droit d’être jugé dans sa langue est un droit fondamental.

Mais ce n’est pas le cas au Canada. Dans notre pays, la primauté est accordée au droit discrétionnaire du juge de s’exprimer (oralement ou par écrit) dans la langue de son choix.

Le premier alinéa de l’article 19 de la Canadian Constitution de 1982 prescrit :

Chacun a le droit d’employer le français ou l’anglais dans toutes les affaires dont sont saisis les tribunaux établis par le Parlement [fédéral] et dans tous les actes de procédure qui en découlent.

Cela signifie que devant tous les tribunaux fédéraux, les parties peuvent être francophones, les preuves qu’ils présentent peuvent être rédigées en français, mais finalement, le juge est libre de rendre son jugement en anglais.

L’inverse (un jugement en français dans une cause en anglais) est également possible. Mais cela n’arrive jamais.

En 2013, la juge Karen Kear-Jodoin, nommée par Ottawa à la Cour Supérieure du Québec, a rédigé un jugement en anglais dans une cause où tous les avocats étaient francophones, à la suite d’un procès qui s’était déroulé exclusivement en français, et où l’accusé était unilingue français.

Après que son avocat eût protesté contre ce jugement rédigé dans une langue que son client ne comprenait pas, cet avocat a été condamné par le comité de discipline de son Ordre professionnel pour son refus de soutenir l’autorité des tribunaux.

Le droit constitutionnel du juge de s’exprimer dans sa langue a donc préséance sur le droit fondamental de l’accusé d’être jugé dans la sienne.

Cette primauté est un reliquat du passé colonial du pays.

Historique

En 1760, aucun juge de la Nouvelle-France récemment conquise n’était familier avec le Common Law. C’est pourtant le cadre juridique anglais qui s’appliquait dorénavant dans les affaires criminelles de la colonie.

Le nouveau pouvoir colonial fut donc obligé de nommer urgemment des juges anglais pour traiter des affaires criminelles courantes.

Voilà pourquoi le conquérant a imposé à ses nouveaux sujets le droit du juge de rendre ses décisions en anglais puisque ces nouveaux juges ne parlaient pas français.

Chez un peuple conquis militairement — comme ce fut notre cas en 1760 — tout jugement rendu dans la langue du conquérant est une offense aux yeux du conquis et le rappel de son assujettissement.

De constitution en constitution, cette situation perdure depuis.

La croisade d’une juge fédéraliste

La Commission Bastarache a révélé que pendant qu’il était au pouvoir, le Parti libéral du Québec (PLQ) ne permettait l’accès à la magistrature qu’aux avocats dont l’allégeance politique était libérale.

En 2016, Julie Rondeau a été nommée juge en chef de la Cour du Québec par le gouvernement libéral de Philippe Couillard.

Ces jours-ci, cette juge fédéraliste a quitté son devoir de réserve pour critiquer publiquement les réticences du ministre de la Justice du Québec à donner suite à sa suggestion d’exiger la connaissance de l’anglais comme condition pour être nommé juge.

Le Québec est la seule province canadienne où les procès (autant civils que criminels) se déroulent dans n’importe laquelle des deux langues officielles du pays.

Personne au Québec ne conteste le droit d’un angloQuébécois d’être jugé dans sa langue. Cela ne veut pas dire qu’on doive imposer le bilinguisme à tous les juges du Québec.

À Montréal, 100 % des avocats sont bilingues. Donc tous les juges montréalais le sont.

Mais dans les régions où presque personne ne parle anglais, doit-on exiger la connaissance parfaite de la langue de Shakespeare alors que seulement un ou deux procès en anglais s’y déroulent par année ?

Il serait normal que parmi les juges nommés dans cette région, l’un d’eux soit attitré aux causes en anglais.

Mais qu’on impose le bilinguisme à tous les juges au cas où quelqu’un devrait y être jugé en anglais, c’est comme exiger que tous les employés d’un restaurant situé dans un village reculé du Québec soient bilingues sous le prétexte qu’un jour, un touriste américain pourrait s’y présenter.

Une justification tirée par les cheveux

La juge en chef de la Cour du Québec estime que la maitrise des deux langues officielles est essentielle dans certaines régions, notamment dans le Grand Montréal.

Comme on l’a vu précédemment, cela n’est qu’un prétexte puisque dans les cours de juridiction provinciale, tous les juges montréalais le sont déjà.

Lorsqu’un juge n’est pas vraiment bilingue, c’est qu’il s’agit d’un juge anglophone nommé par Ottawa dans un des tribunaux de sa juridiction.

On invoque également le cas concret d’une juge incapable de présider un procès en anglais dans le Grand-Nord du Québec.

La juge dont il s’agit est Denise Descôteaux. Cette avocate a accédé à la magistrature en 2016 grâce au gouvernement libéral de Philippe Couillard.

Or dans son cas, le ministère de la Justice avait simplement donné suite à une recommandation du juge en chef de la Cour du Québec, recommandation faite à la suite d’un appel de candidatures où le bilinguisme était exigé.

En somme, la Cour du Québec a induit en erreur le ministre de la Justice. Plutôt que de le reconnaitre, la juge en chef estime que ce cas prouve la nécessité d’étendre l’exigence du bilinguisme à la grandeur du Québec alors que dans ce cas-ci, cela n’aurait rien changé puisque le bilinguisme était déjà requis.

Trouvez-vous ça logique ?

Conclusion

Selon le recensement de 2016, sur les 8 066 560 de Québécois, 4 032 640 étaient unilingues français. En somme, c’est un Québécois sur deux.

Ce que veut la juge fédéraliste Julie Rondeau, c’est d’instituer une discrimination à l’embauche à l’égard de tous les avocats québécois dont la maitrise de l’anglais est imparfaite.

Par ailleurs, le ministre de la Justice est également responsable de la protection de la langue française. À cet effet, il s’est engagé à présenter une réforme de la Loi 101 qui vise à mettre fin à l’anglicisation de Montréal.

On devine facilement que s’il devait consentir à cette discrimination à l’embauche, sa crédibilité comme défenseur du français sera sérieusement compromise…

Références :
Bilinguisme des juges : différend entre le ministre de la Justice et la Cour du Québec
Bras de fer sur le bilinguisme des juges
Être condamné dans une langue qu’on ne comprend pas
Le bilinguisme des juges mal évalué
Le bras de fer entre Jolin-Barrette et la Cour soulève des questions
L’utilité de la Commission Bastarache
Quatre-millions de Québécois victimes de discrimination à l’embauche

Paru depuis :
Multiplication des postes de juges bilingues depuis 15 ans au Québec (2022-03-02)

Pour consulter tous les textes de ce blogue consacrés à l’anglicisation du Québec, veuillez cliquer sur ceci

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Vaccins et vulnérabilité résiduelle

9 mars 2021


 
Une contagion silencieuse

Aucun vaccin n’est efficace à 100 %. Lorsqu’on dit qu’un vaccin est efficace à 94 % ou à 95 %, qu’arrive-t-il au 5 % ou 6 % résiduel ?

Pour répondre à cette question, il faut se référer aux études scientifiques sur lesquelles repose l’homologation de ces vaccins.

Les études scientifiques révèlent que lorsque le vaccin ‘échoue’, le risque de décéder du Covid-19 est nul. Le risque d’être hospitalisé est également nul.

Cela veut dire que ces personnes demeurent asymptomatiques ou développent la maladie sous une forme tellement mineure que cela ne justifiera pas leur hospitalisation.

Typiquement, ce genre d’études est réalisé sur environ trente-mille personnes dont vingt-mille ont reçu le vaccin.

Une fois que le vaccin sera administré à des dizaines de millions de gens, il est probable qu’on découvrira que ce risque n’est pas complètement nul.

Mais ce qu’on devra retenir, c’est que le risque est extrêmement faible, voire rarissime. Sauf face à certains variants.

Cela est vrai pour tous les vaccins actuellement homologués en Occident, soit celui de Pfizer/BioNTech, de Moderna, d’AstraZeneca, et de Johnson & Johnson.

On a donc tort de craindre de recevoir un vaccin ‘moins bon’ que les autres. Parmi ceux homologués pour votre groupe d’âge, ils sont tous excellents.

En exagérant un peu, on peut dire que ce qui les distingue, c’est le pourcentage de ceux qui attraperont le Covid-19 quand même… mais sans le savoir.

Je n’hésiterais pas à recevoir n’importe quel d’entre eux. Du moment qu’on suit un protocole de vaccination basé sur la science.

Les nouvelles directives du CDC

Le Centers for Disease Control and Prevention (CDC) émettait hier ses premières recommandations au sujet des personnes complètement vaccinées.

Ces recommandations évolueront au fur et à mesure où la proportion d’Américains vaccinés augmentera.

Deux semaines après avoir reçu leur deuxième dose d’un vaccin de Pfizer ou de Moderna — en d’autres mots, dès que la personne sera non seulement vaccinée, mais complètement immunisée — le CDC lui permet trois choses :
• rencontrer d’autres personnes complètement immunisées sans porter de masque ni respecter la distance sanitaire,
• visiter les membres non vaccinés d’un ménage si tous ces gens ont un risque faible de développer une forme sévère de la pandémie, et
• éviter de se mettre en quarantaine si, tout en demeurant asymptomatique, elle entre en contact avec une personne atteinte de Covid-19.

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Concrètement, cela signifie que des grands-parents complètement immunisés pourront librement voir, embrasser, et serrer dans leurs bras leurs petits-enfants.

Analysons la logique de ces recommandations.

Première recommandation

Une personne complètement immunisée grâce au vaccin de Pfizer ou de Moderna possède un risque, évalué à 5 % ou 6 %, d’attraper quand même le Covid-19, possiblement sans en avoir conscience.

Au moment où elle est contagieuse, si cette personne rencontre toute autre personne elle aussi complètement immunisée, cette dernière a environ 95 % des chances de ne pas l’attraper. Mais si elle l’attrape, cela n’aura pas d’importance.

Deuxième recommandation

Si elle est contagieuse, une personne complètement immunisée peut transmettre l’infection aux membres d’un ménage dépourvus d’immunité contre le Covid-19.

Mais si ces gens ont un risque faible de développer une forme sévère de la pandémie, leur contamination sera probablement sans conséquence fâcheuse.

En contrepartie, si c’est l’inverse, c’est-à-dire si ce sont les gens visités qui sont des porteurs asymptomatiques de Covid-19, ils pourraient constituer un risque de transmission au visiteur complètement immunisé. Mais si cela arrive, cela n’aura pas d’importance non plus.

Troisième recommandation

Toute personne complètement immunisée peut rencontrer une personne contagieuse. La première n’a alors pas besoin de se placer en quarantaine parce que son risque d’attraper le Covid-19 n’est que de 5 % ou 6 %. Et si cela arrive, cela sera sans importance.

Les conséquences québécoises

En principe, les deux doses des vaccins de Pfizer/BioNTech et de Moderna doivent être espacées de trois ou de quatre semaines. C’est sur des études basées sur ce protocole de vaccination que ces deux vaccins ont été homologués un peu partout en Occident.

Les autorités sanitaires du Québec ont choisi d’espacer les doses de vaccins de Pfizer et de Moderna bien au-delà de cela, soit de trois ou de quatre mois.

Après une seule dose de l’un ou de l’autre de ces deux vaccins, on protège la majorité des personnes vaccinées. Toutefois, on ne connait pas la robustesse de l’immunité ainsi conférée, notamment à l’égard des variants.

Dans les cas où la vaccination échouera à prévenir une infection après une seule dose, on ignore le pourcentage de ceux qui en mourront ou qui se retrouveront aux soins intensifs.

De plus, on ignore la même chose chez ceux qui, après trois ou quatre mois d’attente, recevront finalement leur deuxième dose tant attendue.

On l’ignore parce que le protocole de vaccination suivi par Québec ne repose sur aucune base scientifique.

Ce qui veut dire que les recommandations du CDC ne peuvent pas s’appliquer au Québec.

Pour ne pas perdre la face, je m’attends à ce que la Santé publique du Québec adopte des recommandations analogues. Mais en raison de leur absence de tout fondement scientifique, ces directives ne voudront rien dire.

Référence : Interim Public Health Recommendations for Fully Vaccinated People

Paru depuis
La moitié des soignants de première ligne ne sont toujours pas vaccinés dans le Grand Montréal (2021-03-17)
Mourir en attendant sa deuxième dose (2021-05-25)

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Écrit par Jean-Pierre Martel