Le rôle des voyageurs internationaux
Il faudra attendre jusqu’à la deuxième moitié de mars de l’an dernier pour que le Canada décide officiellement de fermer ses frontières. Or c’est par le biais des voyageurs internationaux que la pandémie a contaminé le Québec.
Même après cette fermeture, la frontière canadienne est demeurée une passoire.
Les pays qui ont réussi leur lutte sanitaire — en Extrême-Orient et en Océanie — ont tous mis en quarantaine obligatoire les voyageurs qui entraient sur leur territoire.
Au Québec, on aurait pu compenser le laxisme fédéral par des barrages routiers qui auraient fait cela. On a préféré laisser faire et critiquer le fédéral.
Les conséquences de la myopie
Mais revenons au début de ce mois.
Lorsque le directeur de la Santé publique du Québec revient de ses vacances au Maroc, le 8 mars 2020, c’est la panique à Québec.
Depuis plusieurs jours, les pays ferment leurs frontières les uns après les autres. Comme si un grave danger les menaçait.
Pourtant, rien n’est prêt au Québec pour y faire face.
On s’était beaucoup énervé pour rien à l’occasion de la grippe aviaire au H1N1 en 2009, alors que le taux de mortalité avait finalement été assez semblable à celui d’une grippe ordinaire.
Plutôt que d’appliquer le principe de précaution, la Santé publique a parié que le Covid-19 serait comme le H1N1 de 2009. Voilà pourquoi, le 5 février 2021, cet organisme déclarait qu’il fallait plus craindre la grippe que le coronavirus.
Cette désinvolture aurait dû faire soupçonner au premier ministre que la lutte sanitaire contre le Covid-19 devait être confiée à d’autres dirigeants, plus perspicaces et ayant plus d’envergure que ceux hérités de l’époque libérale.
Le directeur de la Santé publique, le Dr Arruda, a fait carrière en tant que gestionnaire du réseau de la santé. C’est ainsi que la réforme Barrette a été mise en œuvre par une poignée de hauts fonctionnaires, dont lui à titre de sous-ministre ou de sous-ministre adjoint.
Pour ces gens-là, on ne dépense pas l’argent des contribuables pour rien. L’idée d’acheter de l’équipement de protection au cas où est complètement étrangère à leur manière de penser.
Donc quand l’iceberg de la Covid-19 frappe le Titanic québécois, on manque de canots de sauvetage.
Pour compenser cette insouciance, on décide alors de faire ce que tout bon gestionnaire fait en pareil cas; rationaliser. On décide de réserver l’équipement de protection à l’usage exclusif des médecins et des infirmières qui sont au front, c’est-à-dire dans les zones rouges de nos hôpitaux.
Protéger ces professionnels était une bonne décision. Mais protéger l’ensemble de la population était du devoir de la Santé publique.
Compte tenu de la pénurie sévère des équipements de protection, il était essentiel de conseiller à la population de porter un masque artisanal et de lui montrer comment en fabriquer un.
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Malheureusement, au contraire, on a choisi de déconseiller le port généralisé du masque. Selon les autorités sanitaires, le masque ne constituait pas un outil de protection efficace pour la population générale.
On invitait les personnes contagieuses à tousser dans leur coude et à jeter leurs mouchoirs — remarque : que fait-on normalement avec ses mouchoirs de papier, sinon les jeter — et on recommandait à tous l’hygiène des mains.
La décision la plus stupide fut d’interdire spécifiquement le port du masque aux travailleurs de la santé qui travaillaient hors des zones rouges des hôpitaux.
Le résultat a été que le quart de tous les Québécois qui ont attrapé le Covid-19 lors de la première vague étaient des travailleurs de la Santé. On a mis inutilement en danger la vie de ces gens-là; dix-huit d’entre eux en sont morts.
Et pour faire campagne contre le masque, la Santé publique du Québec a mis au point le ‘Grand sophisme’.
Le Grand sophisme
Un sophisme est un raisonnement faux, ayant l’apparence d’un raisonnement logique, fait dans le but de tromper.
Nous avons tous en mémoire l’argument central contre le port du masque utilisé par la Santé publique du Québec. Analysons cet argument en détail.
Précisons que le virus du Covid-19 ne traverse pas la peau, mais qu’il pénètre exclusivement à travers des muqueuses.
Selon le Dr Arruda, le masque donne un faux sentiment de sécurité. Il peut même être dangereux. En l’enlevant, si on touche à l’extérieur du masque, on peut se contaminer les doigts de virus. Et si on met un doigt contaminé dans le nez ou si on se frotte les yeux, on vient d’attraper le Covid-19 et ultimement, on peut en mourir.
C’est vrai.
Ce qu’oublie de dire le Dr Arruda, c’est que s’il y a des virus à la surface d’un masque, c’est que ce dernier a bien fait son travail; nous empêcher d’inhaler les virus et d’attraper le Covid-19.
En d’autres mots, ce que dit le Dr Arruda, c’est ceci : “ Vous savez, le masque qui vous a sauvé la vie, vous n’auriez pas dû le porter. Parce qu’en l’enlevant, vous auriez pu commettre trois imprudences successives; toucher l’extérieur du masque, ne pas vous laver les mains, et déposer le virus sur une muqueuse en vous mettant les doigts dans le nez.”
Cela est vrai. Mais si on commet toutes ces imprudences, on ne fait que mettre dans le nez une partie des virus qui s’y trouveraient déjà si on n’avait pas porté de masque.
En temps de guerre, il est imprudent pour un peuple de tirer dans le dos de ses généraux. Forts de ce principe, des centaines de journalistes, de chroniqueurs et d’éditorialistes ont abandonné tout esprit critique et ont choisi de répéter le Grand sophisme, contribuant ainsi à faire avaler cette couleuvre à la population.
Pendant ce temps, le virus se propageait…
(à suivre)
Références :
Au Québec, la grippe saisonnière est plus à craindre que le coronavirus
Covid-19 : les prix citron à Ottawa et à la STM
Covid-19 : l’utilisation ‘judicieuse’ des masques
Grippe A (H1N1) de 2009
Panique à Québec : dans les coulisses de la course aux masques
Paru depuis :
Enquête de la coroner : échec de la quarantaine au CHSLD Yvon-Brunet (2021-06-08)
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