Racisme : la poupée sacrificielle

Le 27 mars 2021

Ce qui est en cause derrière les accusations de racisme portées contre les Québécois, c’est la justification des politiques coloniales de l’État canadien.

Pendant des décennies, ces politiques ont consisté, entre autres, à subventionner outrageusement les institutions anglo-québécoises au nom de la défense des minorités… en oubliant que la plus importante minorité du Canada, c’est le peuple francoQuébécois.

En réalité, la ‘minorité’ anglophone du Québec n’est que l’annexe québécoise de la majorité canadienne.

Aux yeux de bien des citoyens de ce pays, l’extinction en cours du peuple francoQuébécois ne fera qu’éliminer un peuple sans intérêt qui vit paresseusement aux dépens de la péréquation canadienne.

Lorsqu’on veut déposséder un peuple ou le faire disparaitre, la première étape est de le diaboliser ou de susciter le mépris à son égard. C’est précisément pour cette raison que le concept de race a été développé au XIXe siècle.

C’est ainsi que selon de jeunes bourgeois blancs et anglophones de l’université McGill, nous sommes coupables de racisme lorsque nous prenons fait et cause en faveur des victimes du colonialisme anglo-saxon. Sous l’accusation d’appropriation culturelle, nos créateurs doivent se taire et laisser ces victimes se défendre elles-mêmes.

L’impérialisme anglo-saxon nous oblige même à partager des tabous culturels (le Blackface) dont les racines sont complètement étrangères à notre histoire. En somme, nous devons nous sentir coupables des politiques esclavagistes des autres.

À partir du titre d’un pamphlet anticolonial qui fait le parallèle entre le sort des ‘Noirs’ américains et le nôtre — N… blancs d’Amérique de Pierre Vallières — on suggère que l’ensemble de la littérature québécoise serait raciste alors que le mot en ‘N’ est omniprésent dans la littérature américaine et rare dans celle d’ici.

En raison de leur opposition à ce colonialisme, le FLQ et les indépendantistes québécois sont jugés ‘racistes’ comme sont jugés ‘terroristes’ les patriotes qui s’opposent par les armes à l’envahissement de leur pays par des soldats américains.

Quant aux paroles malheureuses prononcées il y a un quart de siècle par un premier ministre à moitié ivre un soir de défaite référendaire, disons-le une fois pour toutes; elles ne sont pas plus un exemple du racisme des Québécois que le reflet de ce qu’il était véritablement.

Fondamentalement, le Canada s’est construit sur la dépossession territoriale violente des peuples autochtones et leur génocide culturel dans des pensionnats autochtones.

De plus, le multiculturalisme actuel du Canada n’est rien d’autre que l’expression du tribalisme des sociétés anglo-saxonnes.

Pour oublier son racisme, l’ethnie dominante du Canada doit habiller le Québec des attributs du racisme anglo-saxon et, comme la poupée sacrificielle, la détruire pour se sentir soulagée de ses propres fautes.

Le dénigrement du Québec existe parce qu’il fait du bien à ceux qui le pratiquent. Et ce phénomène sera récurrent tant que le Québec ne sera pas devenu une province anglophone comme les autres.

Références :
Appropriation culturelle et racisme anglo-saxon
Colonisation et esclavage en Nouvelle-France
Le colonialisme économique ‘canadian’
Le mot en ‘n’ dans la littérature anglo-américaine
Le multiculturalisme ou le tribalisme des sociétés anglo-saxonnes
Le néo-racisme multiculturel du NPD
L’invention des races humaines
Maquillage et Blackface
Nettoyer la statue de Macdonald, un gaspillage des fonds publics
Une présentation sur le mot en n sème l’émoi dans une école anglophone

Paru depuis :
Blackface : Netflix confirme avoir retiré un épisode des Filles de Caleb (2022-10-12)

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7 commentaires à Racisme : la poupée sacrificielle

  1. André dit :

    N… blancs d’Amérique de Pierre Vallières

    Allons! M.Martel, vous êtes chez-vous. Ne vous croyez pas obligé de satisfaire les exigences des woke. Écrivez le titre tel que je le vois dans ma bibliothèque.

    Je viens de relire (après 20 ans) «Les particules élémentaires» de Houellebeck où j’ai croisé au moins 10 fois le mot «nègre». Faut-il bannir le meilleur (j’en lu 5 autres) de ses livres pour autant?

    • Jean-Pierre Martel dit :

      Après que le film ‘Et Dieu créa la femme’ eut pris l’affiche dans ma ville natale, le curé de ma paroisse avait dit en chaire (en pointant le ciel d’un index tremblant et en fronçant les sourcils) : “ Tout bon chrétien doit éviter d’aller voir ce film.

      Dès le vendredi soir suivant, une heure avant l’ouverture du cinéma, la file d’attente s’étirait déjà jusqu’au coin et finissait à proximité du seul autre cinéma de Joliette.

      Sautons au présent.

      J’ai récemment téléchargé une version électronique du livre de Pierre Vallières (au prix d’environ 14$). J’imagine que d’autres ont tenté de faire pareil.

      Mon intérêt pour ce livre — dont j’avais vaguement entendu parler — est né de la controverse provoquée par la censure dont il fait l’objet dans quelques établissements scolaires.

      Or cette controverse n’aurait pas eu lieu sans l’indignation de gens comme vous.

      Je vous remercie donc d’avoir contribué à m’élargir l’esprit.

      Pour ce qui est de mon refus d’écrire au long le mot en ‘n’, il s’agit en effet d’une autocensure que je me suis imposée. Mais dont je ne souffre pas.

      Sous l’influence du cinéma américain, le mot en ‘n’ — réduit à ses trois premières lettres — est utilisé depuis des années comme insulte dans les quartiers défavorisés de Montréal (et d’ailleurs).

      Pour des centaines d’écoliers et de jeunes adultes à la peau pigmentée, le mot n’a pas d’autre sens que celui-là.

      Évidemment, je pourrais tenter de les apprivoiser au mot. Mais défendre la réputation d’un mot accusé d’être une injure ne fait pas partie des combats pour lesquels je veux m’illustrer.

      • André dit :

        Incroyable! Si je disais que j’ai des voisins qui sont des nègres: je serais dans le tort.

        Mais, pour le livre de Vallières (que j ‘ai hébergé un soir à Trois-Rvières en 1984,) vous entendre en parler en écrivant : «JE VAIS ACHETER «LE MOT QUI COMMENCE EN N…»-BLANCS DE PIERRES VALLIÈRES », C’EST POUR MOI, AVEC TOUT LE RESPECT ET L’ESTIME QUE JE VOUS DOIS, FRANCHEMENT RIDICULE. Excusez les majuscules, c’est un lapsus d’écriture… À minuit passé, j’ai la flemme de recommencer.

        Vraiment: c’est que vous diriez à un libraire?

      • André dit :

        Vraiment: c’est que vous diriez à un libraire?

        J’attends votre réponse…

        Même si je suis plus âgé que vous (78) je me rappelle très bien quand le film est sorti en France mais, pas du tout à Montréal où je suis né et ai été élevé.

      • Jean-Pierre Martel dit :

        Désolé de ne pas vous avoir répondu cette nuit; je dormais.

        Les libraires sont très heureux quand des gens comme moi achètent ce livre.

        Défendre la liberté d’expression est bien. Mais acheter les livres tabous afin de juger par soi-même si la parole de leurs auteurs est toujours pertinente, c’est encore mieux. Tous les libraires au monde sont de cet avis.

        Quand des gens comme moi, achètent N… blancs d’Amérique, les ayant droits — les héritiers de Vallières — perçoivent des royautés et les libraires font des profits.

        J’ai choisi de me battre pour des idées et non pour la manière avec laquelle on les exprime.

        De plus, un livre qu’on cesse de lire est un livre mort. En parler rappelle l’existence de son auteur. Mais si les morts nous observent de l’au-delà, savoir qu’on parle d’eux est une bien mince consolation.

        Par contre, lorsqu’on lit leurs écrits, leur parole nait en nous durant le temps que dure cette lecture. Et si cette lecture fait naitre une réflexion, leur parole perdure…

      • André dit :

        Mis à part votre choix du titre, on s’entend à merveille.

        Affaire réglée. Heu…je ne me rappelais plus avoir écrit mon commentaire avant d’éteindre 😉

      • André dit :

        Merci Jean-Pierre pour votre réponse.
        Mais, que savez-vous des quartiers dévfavorisés de Montréal?

        J’ai été élevé dans ce que l’on appelait à l’époque «Maisonneuve» : un quartier ouvrier où mon père était un des rares cols blancs. J’y ai été très heureux comme servant de messe, louveteau et scout. Tout était à proximité y inclus le parc Morgan où j’ai appris à patiner. Bons souvenirs des frès des Écoles chrétiennes qui, en plus de mes parents, m’ont conduit au monde de la connaissance.

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