Masques et nationalisme économique

Publié le 6 mars 2021 | Temps de lecture : 3 minutes

Introduction

Je ne doute absolument pas de la détermination du gouvernement québécois actuel à favoriser les entreprises d’ici.

Mais il y a des décisions qui me semblent incohérentes.

Le masque N99 de Dorma Filtration

L’entreprise montréalaise Dorma Filtration a conçu le premier masque N99 entièrement fabriqué au Canada.

Plus performant que les masques N95, il peut bloquer 99 % des particules de Covid-19.

Son filtre amovible, fait au Québec, peut être retiré afin de permettre au masque d’être lavé jusqu’à trente fois (et même être stérilisé) avant d’être mis au recyclage.

Fait de polymère transparent, ce masque confortable a passé brillamment tous les tests de Santé Canada.

Mais d’octobre 2020 à janvier 2021, sa fabrication a été bloquée par la CNESST, un organisme gouvernemental québécois.

Pourquoi ?

La CNESST exige que tout appareil de protection respiratoire soit approuvé par l’Institut national de Santé des États-Unis. Cela évite à la CNESST de constituer sa propre expertise dans ce domaine.

Malheureusement, l’organisme américain, débordé par la pandémie, a interrompu sa certification de produits étrangers afin de se concentrer sur les produits américains.

Il a fallu que ce scandale soit révélé par le chroniqueur Yves Boisvert (de La Presse) pour que le masque soit finalement approuvé par Québec le 15 janvier dernier.

Des masques à fenêtre faits au Québec

Les masques à fenêtre permettent aux enfants de voir les mouvements de la bouche de leurs éducatrices. Inversement, ils permettent aux professeurs de voir la mimique faciale de leurs élèves et ainsi, mieux déceler leurs difficultés à l’apprentissage.

Entreprise Prémont, de Louiseville, est la première entreprise canadienne à produire des masques à fenêtre répondant aux normes de Santé Canada.

Contrairement aux masques N99 dont nous venons de parler, ceux-ci ne sont pas réutilisables.

Afin d’équiper les garderies du Québec, le gouvernement a accordé un premier contrat, d’une valeur d’un demi-million de dollars, à Entreprise Prémont.

Toutefois, la compagnie québécoise a perdu le second, d’une valeur de quatre-millions$. Celui-ci a été accordé à un importateur québécois de masques faits en Chine.

À l’unité, les masques chinois sont cinq cents plus économiques (1,40 $ au lieu de 1,45 $). En contrepartie, ils sont de qualité moindre puisqu’ils ne répondent qu’à la classe 1 de Santé Canada alors que les masques québécois répondent à la classe 2.

Normalement, pour à peine 3 % de plus, on ne devrait pas hésiter à équiper nos garderies de ce qu’il y a de mieux.

Compte tenu du fait que les employés d’Entreprise Prémont paient leurs impôts au Québec, on se demande comment on peut justifier cette économie de bouts de chandelle.

Références :
Des masques de Chine choisis au détriment de ceux d’une entreprise de Louiseville
Les premiers masques transparents répondant aux normes de Santé Canada fabriqués en Mauricie
La CNESST approuve le masque N99
Un filtre 100 % régional pour les premiers masques N99 canadiens
Un masque québécois testé, approuvé, louangé… mais bloqué

Laissez un commentaire »

| 2018-202X (années Legault), Covid-19, Politique québécoise, Santé | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel