Racisme et racisme
Lorsque j’étais adolescent, le racisme, c’était tout ou rien; ou bien on était raciste, ou bien on ne l’était pas.
Depuis, je me suis rendu compte qu’il y a des degrés dans le racisme.
On peut être indifférent aux problèmes éprouvés par les membres d’une communauté ethnique. Ce manque d’empathie généralisé est une forme minimale de racisme.
On peut aussi craindre ou ne pas aimer leur présence. Ou croire qu’ils partagent les mêmes défauts ou les mêmes insuffisances. Parce que, dit-on, ils sont tous comme ça…
Au-delà du préjugé, on peut leur souhaiter collectivement du mal.
Et finalement, on peut prendre des moyens pour leur infliger soi-même des sévices ou leur causer la mort.
À des degrés divers, tout cela est du racisme.
Même si chaque personne raciste est susceptible d’évoluer (positivement ou non), on doit distinguer les degrés de sévérité du racisme. En effet, on n’applique pas les mêmes remèdes lorsqu’une maladie est bénigne ou sévère.
Il en est de même du racisme systémique.
Les degrés du racisme systémique
Le Canada et les États-Unis sont deux pays nés de la dépossession violente de territoires occupés par des peuples autochtones et l’assujettissement de ces derniers à un apartheid juridique qui vise à leur extermination physique ou à leur assimilation culturelle.
Sans entrer dans de longues discussions quant au sens qu’on doit donner au qualificatif systémique, il est clair qu’une politique coloniale l’est toujours dans la mesure où elle s’appuie sur tous les pouvoirs répressifs de l’État.
Justin Trudeau, premier ministre du Canada, a donc raison de reconnaitre le racisme systémique exercé contre les peuples autochtones du pays.
Là où le Canada se distingue de son voisin du Sud, c’est à l’égard des groupes ethniques dispersés au sein de la population, notamment les personnes à la peau pigmentée.
Depuis des décennies, les Québécois qui sont membres de la communauté haïtienne de Montréal sont l’objet de contrôles d’identité alors qu’aucun méfait n’a été commis.
Ceux-ci ont raison de s’en plaindre puisqu’il s’agit de microagressions qui, à la longue, constituent une forme de harcèlement. Un harcèlement contre lequel les autorités politiques n’ont pas fait grand-chose jusqu’ici.
À titre de comparaison, de toute ma vie, il ne m’est jamais arrivé d’être interpelé par un policier pour rien.
Comparons cela à la situation aux États-Unis.
Le cas de George Floyd — étranglé publiquement par un policier (avec la complicité de trois autres) — est mondialement connu.
Ce qu’on ignore généralement, c’est que dans ce pays, tous les parents ‘Noirs’ doivent un jour procéder à The Talk auprès de leurs adolescents.
The Talk est un exposé au sujet de la soumission dont doit faire preuve tout ‘Noir’ interpelé par un policier ‘Blanc’; s’adresser à lui en l’appelant ‘Sir’, ne pas élever la voix, obéir sans discussion à chacune de ses requêtes même celles qui semblent humiliantes, ne faire aucun geste brusque, etc.
À défaut de quoi ce dernier pourrait abattre le ‘Noir’ sans préavis et être innocenté ultérieurement de toute accusation sous le prétexte qu’il s’est senti menacé.
Références :
En marge du meurtre de George Floyd
Kenosha : les mauvaises fréquentations policières
Le meurtre de Rayshard Brooks
Le transport aérien d’urgence d’enfants autochtones malades : la cruauté de l’État québécois
Racisme systémique : la complicité de Washington à l’égard du KKK
Risk of being killed by police use of force in the United States by age, race–ethnicity, and sex
Trois viols masculins célèbres aux États-Unis
Paru depuis :
Des jeunes Inuits interdits de parler l’inuktitut (2021-05-19)
Complément de lecture : L’invention des races humaines