Covid-19 : doit-on s’inquiéter de la réticence aux vaccins ?

Publié le 7 janvier 2021 | Temps de lecture : 3 minutes

Enfant, quand j’exprimais mon déplaisir à manger des choux de Bruxelles — un légume que j’ai toujours détesté — mon père disait : « Si t’en veux pas, ça en fera plus pour les autres…».

Avant d’ajouter : «…Mais t’auras pas de dessert avant d’avoir fini ton assiette.»

De manière analogue, dans un contexte où le nombre de personnes qui veulent être vaccinées contre le Covid-19 est considérablement supérieur au nombre de doses disponibles, si quelqu’un veut passer son tour… ça en fera plus pour les autres.

En Amérique du Nord, le pourcentage des irréductibles antivaccins est de l’ordre de 14 %. Ce qui veut dire qu’il est possible d’atteindre l’immunité grégaire sans eux.

À cela s’ajoutent ceux qui pourraient se faire se vacciner mais qui craignent que les vaccins adoptés à la hâte soient moins sécuritaires qu’on le dit.

On peut s’attendre à ce que leur nombre diminue au fur et à mesure où des millions de gens auront été vaccinés avant eux. Sans autre problème qu’une réaction allergique importante, mais non mortelle, chez une personne sur cent-mille.

En Europe occidentale, c’est en France où l’hésitation vaccinale est la plus élevée, atteignant environ 60 % de la population. Ce qui veut dire qu’à l’inverse, 40 % des Français veulent être vaccinés.

Au Québec, l’hésitation vaccinale est moins fréquente.

Chez nous, l’objectif de la Santé publique est de vacciner 7,6 % des Québécois d’ici trois mois. Si tout va bien.

À ce rythme, même dans un an, on sera loin d’avoir vacciné toutes les personnes consentantes. Voilà pourquoi la réticence à se faire vacciner n’a aucune importance. Pour l’instant.

Une des raisons pour lesquelles il faut vacciner rapidement la population consentante, c’est que la motivation des gens à se faire vacciner diminuera avec le temps.

La raison en est simple.

À juste titre, on a commencé à vacciner prioritairement les personnes les plus susceptibles d’en mourir.

Conséquemment, le nombre de morts diminuera au fil des mois puisque les personnes qui n’auront pas encore été vaccinées seront éventuellement comprises dans des groupes d’âge qui en décèdent rarement.

Alors que l’on compte 1,7 million de morts du Covid-19 à travers le monde, beaucoup de personnes en Occident nient la dangerosité de la pandémie. En dépit de toutes les preuves du contraire, ces gens croient que le Covid-19 n’est pas plus dangereux que la grippe annuelle. Leur nombre augmentera sans doute quand presque plus personne n’en mourra.

Même chez les personnes consentantes à se faire vacciner, plusieurs perdront leur motivation liée à la peur de la mort.

D’où l’importance de mener promptement une campagne généralisée de vaccination. À défaut de quoi on risque de rendre permanent le bourbier laissé par toute campagne de vaccination ‘broche à foin’ comme celle qui s’annonce au Québec.

Références :
Québec sommé d’offrir une 2e dose de vaccin aux résidents du CHSLD Maimonides
Vaccins : la France championne du monde du scepticisme

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Les chauvesouris

Publié le 6 janvier 2021 | Temps de lecture : 2 minutes
Sérotine boréale (Eptesicus nilssonii)

Les chauvesouris sont les seuls mammifères capables de voler (et non seulement planer comme le peuvent certains écureuils).

Elles comptent pour 1 400 des 5 000 espèces de mammifères. Ce qui en fait le groupe le plus varié après les rongeurs.

Comme on peut le voir sur la photo ci-dessus, l’aile part de l’épaule à la queue. Attachée au talon, elle s’étire grâce à quatre des cinq doigts de l’animal. Le pouce fait exception; libre et de petite taille, il sert de crochet.

Si les chauvesouris ne sont actives que le soir ou la nuit, c’est que leur vol — d’une grande vivacité — provoque une très forte dépense énergétique.

Leur corps étant poilu, seules leurs ailes peuvent dissiper efficacement cette chaleur. Mais le jour, la peau sombre des ailes absorbe la chaleur du soleil. Ce qui les met à risque d’hyperthermie.

Voilà pourquoi ce sont des animaux nocturnes.

Et pour réussir à se nourrir dans le noir, ils ont développé un moyen unique de ‘voir’ la nuit: en émettant des ultrasons et en captant — à l’aide de leurs longues oreilles — ceux qui rebondissent de leurs proies.

Selon une étude réalisée en 1998 par l’université de Floride, une chauvesouris peut consommer 850 insectes volants durant ses quatre heures d’activité nocturne. Qu’ils dépècent prestement de leurs petites dents acérées.

Afin de vous présenter ces petites bêtes mal aimées, en voici quelques-unes qui font partie de la collection du musée d’Histoire naturelle d’Helsinki.

Sérotine commune (Eptesicus serotinus)
Vespertilion de Brandt (Myotis brandtii)
Sérotine bicolore (Vespertilio murinus)
Oreillard roux (Plecotus auritus)
Pipistrelle de Nathusius (Pipistrellus nathusii)
Murin de Daubenton (Myotis daubentonii)

Détails techniques des photos : Olympus OM-D e-m5 mark II, objectifs M.Zuiko 12-40 mm F/2,8 (1re, 3e et 5e photos) et M.Zuiko 25 mm F/1,2 (les autres photos)
1re photo : 1/60 sec. — F/2,8 — ISO 800 — 32 mm
2e  photo : 1/80 sec. — F/1,2 — ISO 640 — 25 mm
3e  photo : 1/60 sec. — F/2,8 — ISO 1600 — 32 mm
4e  photo : 1/60 sec. — F/1,2 — ISO 400 — 25 mm
5e  photo : 1/80 sec. — F/2,8 — ISO 640 — 32 mm
6e  photo : 1/80 sec. — F/1,2 — ISO 400 — 25 mm
7e  photo : 1/60 sec. — F/1,2 — ISO 250 — 25 mm

Référence : Chiroptera

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Le fiasco prévisible de la vaccination québécoise contre le Covid-19

Publié le 4 janvier 2021 | Temps de lecture : 4 minutes

Sous le régime d’austérité du gouvernement libéral de Philippe Couillard, notre système de santé a souffert d’importantes restrictions budgétaires.

Ces coupures ont affecté la Santé publique du Québec; son budget d’exploitation de 72 millions$ a été amputé de 23,7 millions$. Essentiellement, ce que la Santé publique a perdu, c’est une partie de son expertise.

Et cela parait.

Avant même le déclenchement de la pandémie actuelle, elle n’avait déjà plus l’envergure nécessaire pour faire face à une telle catastrophe. C’est alors que le Covid-19 est arrivé.

Depuis des mois, nous assistons au fiasco de la lutte québécoise contre cette pandémie.

Mais nous en sommes aujourd’hui à l’étape de la vaccination. Et cette étape est l’occasion unique pour la Santé publique de se reprendre. Puisque la vaccination, c’est sa spécialité.

Chaque année depuis longtemps, la Santé publique orchestre la vaccination contre la grippe saisonnière. Elle sait le nombre de vaccins à acheter. Où les obtenir. À quel prix les payer. Les endroits où les acheminer. Etc.

Bref, tout cela roule habituellement sur des roulettes. Or vacciner contre le Covid-19 ou contre le virus de la grippe, c’est pareil.

La seule différence, c’est qu’on doit vacciner presque toute la population. Ce qui est plus que d’habitude, mais pas la mer à boire.

La vaccination en est à ses débuts. Comme toute opération d’envergure, il est normal d’observer du cafouillage aux premiers jours. Par la suite, tout devrait rentrer dans l’ordre.

Toutefois, il y a un problème majeur; l’objectif de la Santé publique est de vacciner (avec deux doses) 650 000 personnes d’ici le 1er avril 2021.

Cela veut dire que si tout va bien — en d’autres mots, si on manque ni de vaccins ni de personnel pour l’administrer — seulement 7,6 % des Québécois auront été vaccinés dans trois mois. À ce rythme, il faudra plus de deux ans pour vacciner 70 % de la population et atteindre ainsi l’immunité grégaire.

Malheureusement, on ne peut pas accélérer ce rythme. Pourquoi ?

Parce que faire pénétrer une seringue dans le bras de quelqu’un d’autre est un acte médical. Ce qui n’a été délégué qu’à d’autres professionnels de la Santé.

Dans le cas des infirmières, on ne peut pas les déplacer massivement à faire de la vaccination quand les hôpitaux débordent.

Quant aux pharmaciens, ils ont déjà d’autres tâches professionnelles à accomplir. Ils ne peuvent pas vacciner du matin jusqu’au soir.

Il aurait été souhaitable que la direction de la Santé publique réclame un règlement de délégation d’acte autorisant de simples techniciens, formés adéquatement, à procéder à cette campagne de vaccination généralisée.

Mais on n’a pas jugé bon exiger un tel règlement.

Au moment où ces lignes sont écrites, on ne sait pas la durée de la protection offerte par les vaccins contre le Covid-19. Les experts américains estiment que cette protection pourrait durer huit mois.

Ce qui veut dire que toute campagne de vaccination qui prend plus de temps que la durée de cette protection est perpétuellement à recommencer.

À l’issue de la protection offerte, si on doit attendre la fin de la première campagne de vaccination (des mois plus tard) avant d’être vacciné de nouveau, que fait-on d’ici là ? C’est quoi le plan ? A-t-on même un plan ?

Face aux critiques, la Santé publique peut bien adopter une cible de vaccination plus ambitieuse : mais s’est-elle donné les moyens de l’atteindre ?

Ce qui est certain, c’est qu’au rythme actuel, la campagne de vaccination au Québec est vouée à l’échec.

Références :
Covid-19 : évolution en neuf mois
COVID-19 : le gouvernement atteindra-t-il sa cible de vaccination?

Parus depuis :
Single Covid vaccine dose in Israel ‘less effective than we thought’ (2021-01-19)
Québec cherche 6,4 millions de seringues (2021-01-27)
La Santé publique « sous-financée » pendant plus de 15 ans au Québec (2021-04-29)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Covid-19 : évolution en neuf mois

Publié le 1 janvier 2021 | Temps de lecture : 2 minutes

Voici la liste des pays les plus durement affectés par la pandémie au Covid-19.

À titre comparatif, cette liste est complétée par le cas de quelques pays d’Extrême-Orient.

Ont été exclus de cette liste, les pays de moins d’un million d’habitants.


Tableau comparatif des pays les plus atteints au premier jour de chaque mois, en nombre de morts par million d’habitants

Pays Avr. Mai Juin Juil. Aout Sep. Oct. Nov. Déc. Jan.
Belgique 73 676 834 842 849 853 863 1002 1434 1681
Slovénie 2 46 54 56 60 67 76 175 717 1312
Bosnie-Herzég. 1 21 47 57 100 189 263 381 833 1249
Italie 206 467 554 575 581 587 594 642 933 1235
Macédoine du N. 6 41 70 147 237 290 357 482 860 1205
Pérou 2 33 149 299 588 880 983 1042 1087 1136
Bulgarie 1 10 20 34 56 93 121 187 583 1099
Rép. Tchèque 4 22 30 33 36 40 63 312 783 1093
Royaume-Uni 35 414 593 647 680 611 621 687 868 1089
Espagne 194 532 581 607 608 623 684 767 973 1087
États-Unis 12 199 330 395 477 570 642 713 831 1074
Hongrie 2 33 55 61 62 64 81 188 516 1002
France 53 367 432 457 464 470 490 567 819 991
Mexique 0 37 81 215 362 499 601 709 818 971
Croatie 1 18 25 26 35 46 69 137 455 968
Québec 4 238 549 651 669 679 689 734 834 958
Argentine 1 5 12 35 79 193 448 687 854 954
Arménie 1 11 46 153 253 297 325 460 739 953
Panama 7 44 80 149 335 463 551 624 709 935
Brésil 1 29 149 286 440 576 680 751 815 916
Suisse 54 205 224 227 229 232 239 268 568 882
Chili 1 14 66 301 498 591 669 743 804 868
Suède 24 262 442 532 568 575 583 587 671 861
Colombie 0 6 19 68 203 393 513 617 723 850
Roumanie 5 39 66 87 124 192 253 368 601 826
Équateur 6 52 210 259 325 372 646 715 760 790
Bolivie 1 5 27 96 255 430 680 744 763 780
Pologne 1 17 28 39 46 54 67 153 465 766
Moldavie 1 31 76 136 195 250 331 447 576 746
Autriche 16 65 74 78 80 82 89 126 368 693
Portugal 18 98 140 155 170 179 194 250 449 685
Pays-Bas 68 285 347 357 359 363 374 434 550 672
Iran 37 75 98 130 202 257 313 418 576 655
Géorgie 0 2 3 4 4 5 10 84 327 634
Lithuanie 3 17 26 29 30 32 34 61 192 588
Afrique du Sud 0 2 12 46 137 240 283 326 363 484
Grèce 5 14 18 19 20 27 39 63 242 469
Irlande 15 262 343 352 357 359 365 386 417 453
Ukraine 1 6 16 27 39 60 96 167 288 428
Costa Rica 0 1 2 3 30 87 180 271 339 427
Slovaquie 0 4 5 5 5 6 9 40 158 412
Albanie 5 11 11 22 56 100 135 180 286 411
Allemagne 10 81 105 108 110 112 114 126 207 410
Tunisie 1 4 4 5 5 7 27 114 275 398
Russie 0 8 33 65 96 119 143 193 277 394
Jordanie 1 1 1 1 1 2 7 87 273 376
Serbie 3 21 28 33 67 82 86 95 189 373
Israel 3 24 31 35 57 104 176 278 313 365
Lettonie 0 8 13 16 17 18 19 39 111 343
Irak 1 2 5 51 119 176 228 271 303 315
Honduras 1 8 21 50 135 189 237 268 293 315
Paraguay 0 1 2 3 7 48 121 196 245 315
Oman 0 2 10 36 88 135 182 242 277 290
Palestine 0 0 1 2 16 31 61 94 144 275
Guatemala 0 1 6 43 109 155 181 207 231 267
Azerbaïdjan 0 1 3 22 45 54 59 74 143 262
RoC* 3 51 94 106 113 117 120 135 175 256
               
Japon 0,4 3,6 7,1 7,7 8,0 10,0 12,4 14,0 16,9 27,4
Hong Kong 0,5 0,5 0,5 0,9 4,5 12,0 14,0 14,0 14,5 19,7
Corée du Sud 3,2 4,8 5,3 5,5 5,8 6,4 8,1 9,1 10,2 17,9
Singapour 0,5 2,7 4,1 4,4 4,5 4,5 4,6 4,7 4,9 4,9
Chine 2,4 3,4 3,4 3,2 3,3 3,2 3,2 3,2 3,2 3,2
Vietnam 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,4 0,4 0,4 0,4 0,4
Taïwan 0,2 0,3 0,3 0,3 0,3 0,3 0,3 0,3 0,3 0,3

*— ‘RoC’ signifie le Canada sans le Québec.

Cet été, l’épicentre de la pandémie était en Amérique latine, notamment au Pérou, au Chili, au Brésil, au Mexique, en Bolivie, au Panama et en Colombie.

Après avoir atteint dernièrement l’Europe Centrale et l’Europe de l’Est, la pandémie a frappé depuis un mois les Balkans et les républiques baltes (où la pandémie avait fait relativement peu de victimes jusque-là).

En décembre, les augmentations les plus importantes ont été rapportées en Slovénie, en Croatie, en Bulgarie, en Hongrie, en Bosnie-Herzégovine, en Lituanie, et en Macédoine du Nord.

Références :
Covid-19 : le nombre de cas en temps réel
Covid-19 Coronavirus Pandemic
Données COVID-19 au Québec

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