Le mirage de la théorie du ruissèlement

20 décembre 2020

À qui profite l’enrichissement des riches ?

Une des assises fondamentales du néolibéralisme est la théorie du ruissèlement.

Selon cette théorie économique, plus l’État favorise l’enrichissement des riches, plus ceux-ci démarrent de nouvelles entreprises et font augmenter l’activité économique.

Et par le biais des emplois ainsi créés, cette richesse profite à l’ensemble de la société.

C’est sous les règnes de Margaret Thatcher et de Ronald Reagan (dans les années 1980) que la théorie du ruissèlement est devenue un dogme parmi les milieux conservateurs.

En réalité, personne n’en a jamais fait la démonstration. Ce qui n’empêche pas les milieux conservateurs de proclamer la réussite (en réalité fictive) des politiques fiscales de Reagan et de Thatcher.

En 2015, le Fonds monétaire international a effectué une étude qui concluait :

“…l’augmentation de la part du revenu des pauvres et de la classe moyenne augmente la croissance économique, tandis qu’une augmentation de la part du revenu des 20 % supérieurs entraine une croissance plus faible.”

Enrichir le peuple profite à tous

Les adversaires du néolibéralisme soutiennent, au contraire, que nous vivons dans une société de consommation. Or le moteur de la consommation, ce sont les dépenses du peuple.

Plus ce dernier s’enrichit, plus il consomme. Et plus il consomme, plus des entrepreneurs s’affairent à répondre à cette demande. Ce qui crée de l’emploi, et contribue à la prospérité des entreprises et de leurs propriétaires.

Depuis plusieurs décennies, la croissance modeste des revenus des familles est accaparée à l’achat de produits technologiques dispendieux (téléphones multifonctionnels, tablettes, ordinateurs portables, etc.). Ce qui fait que le pouvoir d’achat pour tout le reste stagne.

Dans un contexte de stagnation de l’économie, une nouvelle entreprise ne peut réussir qu’aux dépens d’entreprises rivales. Les emplois créés en raison de la réussite de la première sont annulés par la suppression d’emplois chez les autres.

Si bien que si on accorde des réductions fiscales aux riches, la seule source assurée d’enrichissement devient la spéculation boursière, c’est-à-dire acheter à la hausse les actions déjà détenues par d’autres actionnaires. Bref, on ne fait qu’encourager l’économie futile et non l’économie réelle.

Comme un papier buvard reliant pauvres et riches, la théorie de la capillarité économique soutient que l’enrichissement du peuple finit par profiter aux riches.

Qu’en est-il vraiment ?

On peut donc opposer la théorie de la capillarité économique à la théorie du ruissèlement.

Dans les faits, laquelle s’avère fondée ?

C’est à répondre à cette question que se sont consacrés des chercheurs de la London School of Economics and Political Science. Leur rapport vient d’être publié.

Chez dix-huit pays membres de l’OCDE, les chercheurs ont étudié l’effet des réductions de la charge fiscale consenties aux riches au cours des 50 dernières années sur différents indicateurs économiques.

Leur rapport est dévastateur; de 1965 à 2015, les réductions de taxes et d’impôt pour les riches ont entrainé un accroissement des disparités économiques, et ont exercé un effet nul sur la croissance économique et sur le chômage.

Références :
Classes et couches sociales
La “théorie du ruissellement”, fable des années 1980
The Economic Consequences of Major Tax Cuts for the Rich
Théorie du ruissellement

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Cyberespionnage : l’arroseur arrosé

18 décembre 2020

Les États-Unis sont furieux; un pays étranger — probablement la Russie — épie tous les ministères américains importants depuis neuf mois et ils viennent seulement de l’apprendre.

L’histoire est classique. Profitant d’une vulnérabilité du système d’exploitation Windows, des pirates ont eu accès aux ordinateurs d’une firme texane (Solar Winds) dont le produit phare est un outil logiciel (Orion) extrêmement populaire pour le réseautage des ordinateurs.

Ce logiciel est utilisé par trente-trois-mille entreprises, dont la presque totalité des grandes compagnies internationales et une bonne partie des agences gouvernementales américaines.

Une fois introduits dans les ordinateurs de Solar Winds, les pirates ont d’abord créé les attestations numériques qui leur étaient nécessaires afin de pouvoir travailler sur Orion sans attirer l’attention.

Puis, en tant que programmeurs attestés de l’entreprise, ils ont inséré un cheval de Troie dans deux mises à niveau d’Orion offertes en mars et en juin derniers.

Sans le savoir, la firme a invité ses clients à télécharger la nouvelle version. Ce qu’environ 18 000 de ses clients se sont empressés de faire.

Dans l’autre moitié des utilisateurs d’Orion, les responsables du réseautage ont évité d’installer des mises à niveau offertes, non pas parce qu’ils se doutaient de quelque chose, mais parce que ces personnes hésitent souvent à installer des mises à niveau qui pourraient comporter des bogues susceptibles de déstabiliser leur réseau informatique. On préfère donc les vieux bogues connus à de nouveaux qui pourraient leur réserver des surprises encore pires.

Si les pirates russes ont choisi le logiciel Orion comme vecteur de leur cheval de Troie, ce n’est pas seulement en raison de sa popularité au sein des grandes entreprises, mais également parce que son éditeur, Solar Winds, avait pris l’habitude de conseiller à ses clients d’inactiver temporairement leur protection contre les programmes malveillants au moment des mises à niveau d’Orion.

Aux États-Unis, le virus informatique a contaminé les ordinateurs du FBI, d’une partie du Pentagone, des Départements d’État, du Commerce, et du Trésor, de même que les ordinateurs du Département de la Sécurité intérieure (dont le rôle est de protéger les États-Unis de ce genre de menace). Évidemment, Microsoft elle-même a été touchée.

Au moment où ces lignes sont écrites, les autorités américaines sont incapables de dire ce à quoi les pirates ont eu accès, les documents ultraconfidentiels qu’ils auraient pu consulter (ou copier), et les méfaits à retardement qu’ils auraient pu planifier.

C’est comme savoir qu’un malfaiteur s’est introduit dans votre maison sans savoir s’il est toujours là.

Aussi insultés qu’ils soient de voir leur réputation d’invulnérabilité atteinte, les États-Unis doivent se rappeler que depuis toujours, les pays s’espionnent. On espionne les pays ennemis, évidemment, mais également les alliés les plus fidèles.

Sans ses espions, les couloirs du Pentagone seraient déserts. Et on s’ennuierait royalement dans les ambassades.

Avant même les attentats de 2001, les gouvernements des pays anglo-saxons — les États-Unis, le Royaume-Uni, le Canada, l’Australie et la Nouvelle-Zélande — avaient mis sur pied un vaste réseau d’espionnage qui filtrait tous les courriels, textes, et conversations téléphoniques de la planète.

C’est ce qu’a révélé Edward Snowden en 2013 après y avoir travaillé.

De plus, grâce au géolocaliseur des téléphones multifonctionnels, on est en mesure d’épier tous les déplacements de leurs propriétaires.

Pour donner une idée de l’ampleur de ce système d’espionnage, dans une seule journée de 2012, on a ramassé les données des carnets d’adresses électroniques de 22 881 comptes Gmail, 82 857 comptes Facebook, 105 068 comptes Hotmail et 444 742 comptes Yahoo.

Les États-Unis travaillaient sur des systèmes de reconnaissance faciale à des fins de surveillance de masse et avaient commencé à préparer les esprits à ce sujet lorsqu’ils ont appris que la Chine les avait devancés.

Au lieu du message ‘Si votre enfant était kidnappé, n’aimeriez-vous pas que la police le retrouve en quelques heures grâce à notre système de reconnaissance faciale’, le message américain est devenu ‘Voyez comment la Chine est un État totalitaire : n’êtes-vous pas heureux de vivre dans un pays où ce genre de chose ne se fait pas (ou du moins, ne se fait pas encore) ?

Le gouvernement américain goute maintenant à sa propre médecine. Il a versé des milliards à des firmes afin de développer aux États-Unis une expertise en matière de sécurité informatique. Et voilà qu’on apprend qu’on n’a rien vu d’un acte d’espionnage — et peut-être de piraterie — qui s’est poursuivi pendant neuf mois avant qu’on s’en aperçoive.

Les pirates russes entraient dans les ordinateurs du gouvernement américain comme le vent entre les planches des murs d’une vieille grange. Et ce, depuis des mois.

Pouvez-vous imaginer ce que vaut la protection de nos données personnelles à nous (dont nos numéros de cartes de crédit) enregistrées dans les bases de données des commerces dans lesquels nous faisons affaire ?

La morale de cette histoire : tout ce qui est accessible par l’internet peut être piraté.

En supposant que les pirates russes n’aient rien volé : si tel est le cas, c’est qu’ils ont choisi de ne rien prendre. Mais ce qu’ils ont prouvé, c’est que les États-Unis sont un colosse aux pieds d’argile.

Le gouvernement américain lui-même s’est fait prendre. Imaginez ce que vaut la protection sur laquelle repose la sécurité de nos données…

Références :
Clinton commits $1.46B to fight cyberterrorism
Edward Snowden
Etats-Unis : des pirates ont réussi à infiltrer les départements du Trésor et du commerce
La piraterie encouragée ou financée par l’État
L’informatique dématérialisée et l’espionnage industriel
Liste permanente de vols de données par l’internet
‘Russian cyber-thieves’ raid Pentagon computers during 1999
Russian government hackers are behind a broad espionage campaign that has compromised U.S. agencies, including Treasury and Commerce
Scope of Russian Hack Becomes Clear: Multiple U.S. Agencies Were Hit
SEC filings: SolarWinds says 18,000 customers were impacted by recent hack
Snowden: Washington a lancé 231 cyberattaques en 2011
SolarWinds

Parus depuis :
États-Unis et Danemark sommés de s’expliquer sur l’espionnage d’alliés européens (2021-06-01)
Le FBI espionne encore régulièrement les communications d’Américains (2023-05-19)
Protection de données : une amende de 1,75 milliards $ pour Meta, un record en Europe (2023-05-22)
Chine : les e-mails de l’ambassadeur américain piratés (2023-07-21)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


La publicité trompeuse des épiceries Métro

18 décembre 2020

Il y a une semaine, j’ai demandé et obtenu l’annulation d’une commande d’épicerie effectuée en réponse à une offre de livraison gratuite.

Dans cette réclame, un astérisque discret référait à une note de bas de page précisant que cette offre n’était valable qu’à l’achat de trois des produits en vedette.

Hier, j’ai reçu une nouvelle offre, cette fois encore plus trompeuse que la précédente.

À l’ouverture du courriel, c’est clair; Métro offre la livraison gratuite.

En faisant défiler vers le bas, c’est réitéré; l’offre est valable cette semaine. Mais cette fois-ci, pas de petit astérisque référant à une note en bas de page.

Toutefois, le consommateur curieux qui aurait l’idée de cliquer sur cette flèche au coin inférieur droit est référé à un page Web (ci-dessous) qui lui précise que la livraison gratuite n’est pas ‘disponible’ pour le service ‘mpriorité’ (sans expliquer ce que ce mot signifie).

En réalité, il faut aller à la fin de la réclame pour lire, en petits caractères gris sur fond blanc…

…une note qui précise que l’offre de livraison gratuite n’est valable que pour une commande supérieure à 50$ comprenant l’achat de trois produits en vedette.

En dépit d’une commande valant le double et de l’achat de quatre formats d’un des produits en vedette, c’est au moment de passer la commande qu’on voit que tout cela est faux; on doit payer quand même des frais de livraison de 8$.

De plus, on doit savoir qu’à l’occasion d’un achat antérieur, les épiceries Métro conservent en mémoire les numéros de carte de crédit.

Si le client présume qu’au moment de préciser son numéro de carte de crédit, il aura l’occasion de se prévaloir de l’offre de livraison gratuite, il se trompe. Dès qu’il clique le bouton qui finalise sa commande, c’est terminé; il vient de se faire avoir.

Il y a quelques minutes, je suis retourné sur le site de Mon épicerie en ligne métro.ca.

Contrairement à hier soir, les épiceries Métro disent explicitement ce matin que la livraison n’est gratuite qu’à l’achat de trois produits participants.

C’est beaucoup mieux. Mais pour combien de temps ?

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Créer des raccourcis pour les exposants et les indices sur un Macintosh

15 décembre 2020

En mathématique, un exposant est un nombre entier placé en haut à droite d’un autre nombre et qui exprime la puissance à laquelle ce dernier est élevé.

Par exemple, 2² se dit ‘deux au carré’, ce qui vaut 4. De la même manière, 2³ se dit ‘deux au cube’, ce qui vaut 8 (le nombre 2 multiplié par lui-même trois fois).

On utilise les exposants pour exprimer des surfaces (par exemple, m² et km²) ou des volumes (cm³ et m³).

En chimie, les indices sont des nombres entiers qui, placés en bas à droite d’un élément, indiquent le nombre de fois qu’on rencontre cet élément dans une molécule.

C’est ainsi que la formule H₂O exprime la composition chimique de l’eau, dont chaque molécule est formé de deux atomes d’hydrogène est d’une molécule d’oxygène.

Mais comment écrire H₂O et non H2O ?

S’il vous arrive souvent d’écrire des textes qui contiennent des exposants et des indices, le plus simple est de créer un raccourci pour chacun d’eux.

Pour ce faire, ouvrez TextEdit ou un autre éditeur en mode texte.

Puis, dans le coin supérieur droit du bureau, cliquez sur l’icône du clavier et choisissez l’item ‘Afficher les Emoji et symboles

Dans la boite de saisie située en haut à droite du Visualisateur de caractères, écrivez ‘superscript’. Puis doublecliquez sur chacun des exposants dont vous aurez besoin. Chaque fois, il apparaitra dans TexEdit.

De la même manière, écrivez ’subscript’ puis doublecliquez sur chacun des indices dont vous aurez besoin.

Fermez le Visualisateur de caractères.

En haut à gauche du bureau, cliquez sur /Préférences Système….

Puis cliquez sur le clavier.

Dans la configuration du clavier, cliquez sur l’onglet ‘Texte’ (ici en bleu). Puis, en bas à gauche, sur le ‘+’. C’est maintenant que vous allez créer un raccourci.

Dans la moitié gauche, tapez le texte qui vous servira de raccourci. Choisissez quelque chose aussi inutile que facile à retenir. Par exemple, j’ai choisi l’accent circonflexe suivi du chiffre 2 comme raccourci de l’exposant ². Ici, l’accent circonflexe est comme une petite flèche qui pousse le nombre vers le haut.

Allez à TextEdit et copiez l’exposant ². De retour dans la configuration du clavier, coller cet exposant à droite.

Faites de même pour chacun des autres exposants.

Dans le cas des indices, la première lettre du texte qui me servira de raccourci est le tréma (¨) suivi du chiffre qui deviendra mon indice. C’est ainsi que ¨2 se transformera en ₂ à chaque fois que j’en aurai besoin.

Voici quelques-uns des raccourcis que je me suis créés.

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Une certaine discrimination sexuelle à Paris

14 décembre 2020
L’hôtel de ville de Paris

La ville de Paris vient d’être condamnée à payer une amende de 90 000 euros — près de 140 000$ — pour discrimination sexuelle à l’embauche.

Comment peut-on imaginer qu’une ville comme Paris, dirigée en plus par une femme depuis 2016, puisse commettre un tel méfait ?

C’est que la discrimination dont Paris a été reconnue coupable a été exercée contre des victimes inattendues : les hommes.

En 2018, sur seize postes de directeurs et de sous-directeurs, les autorités municipales ont choisi onze femmes et seulement cinq hommes.

Les procureurs de la République, zélés défenseurs des opprimés, se sont donc empressés de poursuivre les autorités municipales.

Dans l’ensemble de ses 53 000 employés, Paris compte 56 % de femmes, principalement dans des postes subalternes. Mais les hommes ont toujours eu la haute main sur les postes décisionnels, occupés par eux à 53 %.

Afin de rétablir l’équilibre au niveau des postes supérieurs, la ville voulait bien faire.

Mais voilà qu’à l’époque, la loi de transformation de la fonction publique limitait la discrimination positive; celle-ci ne pouvait pas dépasser 60 % en faveur du groupe sous-représenté.

Or ici, 69 % des postes ont été accordés à des femmes.

Depuis, le texte de cette loi a été modifié de manière à permettre n’importe quel écart du moment que cela n’aboutit pas au déséquilibre inverse parmi les emplois concernés.

En somme, la loi permet maintenant un rattrapage accéléré, ce qui n’était pas le cas en 2018. D’où la condamnation de la ville pour une offense qui n’existe plus…

Référence :
La Ville de Paris mise à l’amende pour avoir nommé trop de directrices

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5, objectif M.Zuiko 12-40mm F/2,8 — 1/3200 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 12 mm

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Plus de 182 enfants séparés de leurs parents à la frontière canadienne

13 décembre 2020

Parmi toutes les mesures antimigratoires adoptées par nos voisins du Sud, la plus controversée est sans doute celle qui a consisté à prendre en otage les enfants d’immigrants afin de punir leurs parents d’avoir traversé illégalement la frontière américaine.

C’est ainsi qu’aux frontières de ce pays, plus de 2 300 enfants et adolescents ont été détenus séparément entre le 5 mai et le 9 juin 2018.

Dans un pays profondément raciste comme les États-Unis, il est imprudent de confier la vie d’étrangers vulnérables aux soins des forces de l’ordre de ce pays.

Effectivement, quelques-uns de ces enfants sont décédés alors qu’ils étaient sous la garde des services frontaliers américains, dont une fillette de sept ans, morte de soif.

Au Canada, cette pratique est évidemment interdite. Du moins, officiellement.

Selon une directive émise en 2017, les douaniers canadiens ne doivent pas séparer les familles ni les emprisonner, sauf dans des cas exceptionnels.

En dépit de cette directive, seulement au Québec, en 2019, 182 enfants ont été séparés d’un parent détenu à des fins d’immigration.

Compte tenu du fait que la population canadienne est le dixième de celle des États-Unis, cela signifie que le Canada fait pareil… sauf que — Dieu merci — aucun enfant n’en est mort jusqu’ici.

À Laval, le Centre de surveillance de l’immigration est en réalité une prison à immigrants.

Le 10 décembre dernier, Radio-Canada rapportait le cas d’un père de famille brésilien arrivé au Québec, dix jours après son épouse enceinte.

Parce qu’il est arrivé au pays sans papier, cet homme n’a pu faire la preuve de sa paternité à l’égard d’un garçon de quatre ans et d’une fillette de deux ans qui l’accompagnaient.

En dépit des pleurs du père et de ceux des enfants qui lui criaient ‘Papai’, il n’est pas venu à l’esprit des douaniers que cet homme pouvait dire la vérité. Conséquemment, ceux-ci ont décidé de séparer ces trois personnes et de transférer les enfants à la Protection de la jeunesse.

Celle-ci n’a rien trouvé de mieux à faire que de confier les deux enfants à deux familles d’accueil différentes.

Références :
Séparé de ses enfants à la frontière par l’Agence des services frontaliers
Un cinquième enfant migrant est mort aux États-Unis depuis décembre
Une fillette meurt de soif en détention aux États-Unis

Compléments de lecture :
COVID-19 : grève de la faim au Centre de surveillance de l’immigration de Laval (2021-03-06)
Une personne détenue au Centre de surveillance de l’immigration de Laval est décédée (2022-01-30)
Le Québec et l’Ontario parmi les provinces qui emprisonnent toujours des migrants (2022-09-28)
Emprisonnement de migrants : au tour de l’Alberta de rompre son contrat avec Ottawa (2022-10-12)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Glyphosate : le ministre Lamontagne rit de nous

8 décembre 2020
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Pour la première fois cet été, une centaine de producteurs de blé du Québec ont empoisonné leurs céréales au glyphosate (le Roundup™ de Monsanto) avant de les récolter.

Contrairement à ce qu’on pourrait penser, il ne s’agit pas d’un accident; c’est volontairement que ces agriculteurs ont agi ainsi. Leur but était d’arrêter la croissance de leur blé et de simplifier sa récolte.

Contrairement au maïs québécois, principalement destiné à l’alimentation du bétail, le blé québécois est essentiellement destiné à l’alimentation humaine.

Apparue en Saskatchewan dans la deuxième moitié de la décennie précédente, l’utilisation controversée du glyphosate en prérécolte a entrainé la chute des exportations canadiennes de blé vers l’Italie, passant d’un million de tonnes en novembre 2017 à 290 000 tonnes en aout 2018.

Dans l’Ouest canadien, cette pratique est devenue tellement commune qu’il est difficile de trouver du blé récolté normalement qui ne soit pas contaminé par du glyphosate aspergé sur des champs voisins. Si bien que même le blé bio de Saskatchewan trouve difficilement preneur auprès des producteurs de pâtes en Italie.

L’utilisation des défoliants en pré-récolte n’a pas été homologuée au Canada. Avant que cette pratique ne se généralise au Québec, il serait important de sévir contre elle.

Au contraire, grâce aux démarches de l’industrie agrochimique, l’assurance récolte du Québec a remboursé cet été l’achat des herbicides et les couts de pulvérisation en prérécolte du glyphosate et du Diquat (un herbicide interdit en Europe en raison de sa toxicité).

Le 1er décembre dernier, à la période de questions orales de l’Assemblée nationale du Québec, la députée Émilie Lessard-Therrien (de Québec Solidaire) a cherché à savoir la position du ministère de l’Agriculture à ce sujet.

C’est le sourire aux lèvres que le ministre André Lamontagne a refusé à trois reprises de condamner cette pratique, préférant accompagner nos agriculteurs.

Rappelons que c’est ce même ministre qui, en janvier 2019, était tout fier d’annoncer le congédiement de Louis Robert — l’agronome le plus respecté du Québec — au grand plaisir de l’industrie agrochimique dont le ministre Lamontagne est le plus dévoué serviteur.

À la suite du tollé que ce congédiement avait provoqué, le premier ministre lui-même s’en était excusé et conséquemment, Louis Robert avait retrouvé ses fonctions.

Ceci étant dit, que se soit au sujet de son combat contre l’arsenic dispersé par les cheminées de la Fonderie Horne sur la ville de Rouyn-Noranda ou au sujet des pesticides dans nos assiettes, la députée Lessard-Therrien mérite nos remerciements.

Références :
Des résidus de glyphosate dans les bières allemandes et suisses
La corruption généralisée des agronomes québécois
Le glyphosate plein l’assiette
Les céréales canadiennes contaminées au glyphosate
Merci à l’agronome Louis Robert

Paru depuis :
Cancers liés au Roundup — Bayer perd de nouveau en appel (2021-08-10)

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| 2018-202X (années Legault), Agriculture, Économie, Environnement, Politique québécoise, Pollution | Mots-clés : , | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


La ruelle Sainte-Catherine

7 décembre 2020

Depuis le milieu du XIXe siècle, les voies de circulation de Montréal délimitent des quadrilatères rectangulaires, presque toujours traversés d’une ruelle.

Dans certains cas, cette ruelle traverse tout le quadrilatère, généralement du nord au sud. Dans d’autres cas, la ruelle relie plutôt deux ruelles qui lui sont perpendiculaires. En somme, dans ce deuxième exemple, ces trois ruelles forment un ‘H’.

La ruelle en vedette aujourd’hui en est un exemple. Son nom — ruelle Sainte-Catherine — est en fait le nom collectif porté par les trois ruelles qui la forment.


 
Le quadrilatère qu’elle traverse est délimité par les rues Sainte-Catherine (au sud), Adam (au nord), de Ville-Marie (à l’est) et Viau (à l’ouest).

Cette ruelle dessine un ‘H’ couché sur le côté, représenté en jaune sur la vue aérienne ci-dessus.

Cette vue aérienne permet également aux lecteurs du blogue qui vivent à l’Étranger de voir à quel point les quartiers populaires de Montréal sont arborés.

Depuis quelques années, la ville permet aux citoyens de s’approprier la ruelle qui passe derrière leur logement.

Les voisins de celle-ci ont demandé à un artiste qui habite le quartier de venir décorer la leur. C’est lui qui a peint les œuvres présentées sur les cinquième et sixième photos ci-dessous. J’aime beaucoup ce qu’il fait.

Alors il est venu avec ses copains. Chacun avec son style. Et ils se sont bien amusés.

Depuis, chacun des habitants des alentours a sa préférence. Le couple que j’ai rencontré le 9 novembre dernier préfère l’œuvre sur la quatrième photo ci-dessous (et qu’on entrevoit également sur le côté gauche de la deuxième photo).

De manière surprenante, ce lieu est encore intact, ayant échappé jusqu’ici aux vandales.

On peut rêver qu’un jour, tout l’arrière des maisons soit peint, à la manière de la Callejón de Hamel à La Havane.

Trêve de bavardage, voici un aperçu de cette ruelle.













 

Complément de lecture : Les ruelles, trésors cachés de la ville

Détails techniques des photos (excluant donc la capture d’écran) : Olympus OM-D e-m5 mark II, objectif PanLeica 8-18mm F/2,8
  1re photo : 1/125 sec. — F/5,0 — ISO 200 — 16 mm
  2e  photo : 1/160 sec. — F/5,0 — ISO 200 — 16 mm
  3e  photo : 1/60 sec. — F/5,0 — ISO 200 — 8 mm
  4e  photo : 1/125 sec. — F/5,0 — ISO 200 — 8 mm
  5e  photo : 1/125 sec. — F/5,0 — ISO 200 — 13 mm
  6e  photo : 1/250 sec. — F/5,0 — ISO 200 — 10 mm
  7e  photo : 1/250 sec. — F/5,0 — ISO 200 — 11 mm
  8e  photo : 1/640 sec. — F/5,0 — ISO 200 — 14 mm
  9e  photo : 1/80 sec. — F/5,0 — ISO 200 — 14 mm
10e  photo : 1/320 sec. — F/5,0 — ISO 200 — 13 mm
11e  photo : 1/320 sec. — F/5,0 — ISO 200 — 9 mm
12e  photo : 1/250 sec. — F/5,0 — ISO 200 — 8 mm

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Les jeunes plus écologistes que les vieux ?

3 décembre 2020

La maison de sondage The Opinium poll a mesuré l’attitude de deux-mille Britanniques à l’égard des questions environnementales.

Parmi les sondés, 78 % croient avoir un rôle important à jouer pour prévenir les crises climatiques. Toutefois, une proportion substantielle d’entre eux ne sont pas prêts à consentir à des sacrifices pour les atténuer.

Champions des causes environnementales, les adolescents et les jeunes adultes croient que les personnes plus âgées portent une lourde responsabilité à l’égard des catastrophes climatiques qui s’annoncent.

Toutefois, lorsqu’on interroge les gens à l’égard de leurs habitudes de consommation, il semble y avoir un écart entre les paroles et les actes.

La moitié des personnes âgées de plus de 55 ans achètent localement, renouvèlent peu leur garde-robe (ils achètent moins de vêtements et les portent plus longtemps) et utilisent moins de plastique.

Dans le groupe des 18 à 34 ans, cette proportion est deux fois moindre. Une grande partie des jeunes désirent manger moins de viande, éviter de suivre la mode, etc. Beaucoup le font occasionnellement, mais peu le font véritablement, selon le sondage.

On aurait tort de conclure que les personnes âgées sont ‘climatiquement’ plus vertueuses que les jeunes.

L’explication vient sans doute du fait que la grande majorité des personnes âgées vivent des revenus de leur pension de retraite.

Cette pauvreté relative les incite à conserver leur vieux téléphone portable tant qu’il fonctionne, à porter des vêtements datant du siècle dernier, à ne pas acheter de nouvelle voiture parce qu’ils n’en ont pas les moyens, et à ne pas acheter de l’équipement sportif haut de gamme parce que leur forme physique ne leur permet pas de s’en servir. Et ainsi de suite.

Mais fondamentalement, les jeunes ont raison; le monde dans lequel nous vivons est de résultat de l’activité de ceux qui les ont précédés.

Aussi louables que soient les bonnes habitudes actuelles des personnes âgées — habitudes dictées par la nécessité — l’hyperconsommation était la règle quand ces vieux avaient l’âge de ceux qui les blâment aujourd’hui.

Ceci étant dit, quelle génération n’a pas blâmé la précédente pour tous ses malheurs ?

Les jeunes de demain blâmeront les jeunes d’aujourd’hui pour tous ces gadgets électroniques (téléphones, tablettes, ordinateurs, trottinettes électriques, etc.) qui s’accumuleront dans nos sites d’enfouissement et pollueront nos nappes phréatiques parce que personne n’a obligé les fabricants à créer une filière de collecte et de recyclage de leurs produits.

Si on veut sauver la planète, il faudra cesser de s’entredéchirer et agir.

Référence : Move over, millennials. Boomers are UK’s greenest generation

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Le glyphosate plein l’assiette

2 décembre 2020


 
Les céréales sont à la base de l’alimentation humaine. Ils sont tellement importants que le gouvernement canadien n’a jamais autorisé la commercialisation de blé transgénique au pays.

En février 2019, l’émission La semaine verte nous apprenait que les agriculteurs de la Saskatchewan utilisaient le glyphosate (le Roundup™ de Mosanto) en prérécolte.

Puisque le glyphosate est mortel pour le blé (ce dernier n’étant pas transgénique), que vient faire le glyphosate dans la culture de cette céréale ?

C’est qu’aucun champ n’est parfaitement plat. Après la pluie, certaines parties du champ demeurent détrempées plus longtemps. Et les plantes qui y poussent murissent plus lentement.

Pour ne pas avoir à attendre après les ‘retardataires’, on tue tous les plants à l’herbicide. Ils sèchent en quelques jours. Puis on les récolte.

Si le blé n’était pas réduit en farine, il serait impossible de semer ses grains; ils sont empoisonnés au glyphosate.

Apparue en Saskatchewan, cette technique agricole s’est répandue au Québec cet été.

Non seulement est-elle pratique pour l’agriculteur, mais elle aussi très économique; l’assurance récolte du Québec — payée à 60 % par les contribuables — rembourse l’achat des herbicides et les couts de pulvérisation.

C’est ainsi que 99 agriculteurs québécois ont obtenu dernièrement un remboursement moyen de 1 047 $ pour l’achat de pesticides et les couts de pulvérisation. Aucune demande n’a été refusée par le ministère de l’Agriculture.

Le remboursement concerne non seulement le glyphosate (cancérogène probable selon l’OMS), mais également l’épandage du Diquat (un herbicide interdit en Europe en raison de sa toxicité).

On invoque des raisons climatiques particulières cette année. Mais qu’on ne s’y trompe pas; cela n’est qu’un prétexte. L’an prochain, on invoquera d’autres raisons.

La décision de rembourser l’épandage de glyphosate en prérécolte a été prise à la suite des représentations de Christian Overbeek, président des Producteurs de grains du Québec.

Celui-ci est également un lobbyiste enregistré dont les démarches visent officiellement à libéraliser l’utilisation des pesticides.

Puisqu’au Québec, on ne peut acheter de pesticide que sur ordonnance d’un agronome, de plus en plus d’agriculteurs achètent ces produits sur l’internet.

Ceux qui continuent de s’approvisionner au Québec obtiennent facilement une ordonnance à ce sujet en raison de la corruption généralisée des agronomes québécois (dont l’Ordre professionnel aurait dû être mis sous tutelle il y a bien longtemps).

Autrefois, il suffisait d’acheter du pain fait avec de la farine de blé du Québec (comme ceux de la boulangerie St-Méthode) pour éviter de consommer du pain fait avec du blé empoisonné au glyphosate.

Depuis que les agriculteurs d’ici sont tombés dans la facilité, la manière de consommer du pain sain est soit de le faire soi-même à partir de farine bio ou d’acheter du pain bio (comme ceux que vend Première Moisson).

Incidemment, leur pain intégral au levain (à 6,29$ la miche de 625 g) et leur pain de blé Khorasian biologique (à 5,20$ la miche de 500 g) sont chaudement recommandés.

Références :
Du glyphosate dans nos aliments
La corruption généralisée des agronomes québécois
L’argent des Québécois a payé l’usage controversé de pesticides
Les céréales canadiennes contaminées au glyphosate
Notre pain contaminé par les herbicides

Parus depuis :
Santé Canada veut autoriser plus de pesticide glyphosate sur des aliments (2021-07-19)
Encore et toujours plus de glyphosate (2021-07-22)

Paru depuis :
Cancers liés au Roundup — Bayer perd de nouveau en appel (2021-08-10)

Détails de la photo : Droits appartenant à Matt Gibson. Photo distribuée par la banque d’images OnePixel.

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Écrit par Jean-Pierre Martel