La galaxie Caldwell 45

31 décembre 2020
Cliquez sur l’image pour l’agrandir

Pour célébrer le 30e anniversaire de son télescope Hubble, la NASA a rendu publiques ce mois-ci les photos de trente galaxies, nébuleuses et objets célestes éloignés.

Ces photos ont été prises par Sir Patrick Caldwell-Moore, un vulgarisateur scientifique et astronome amateur britannique.

Parmi elles, voici cette photo spectaculaire de la galaxie Caldwell 45.

Découverte en 1784 par William Herschel, cette galaxie est située à 59 millions d’années-lumière, plus précisément dans la constellation de Boötes (soit à l’ouest de la constellation du Lion et au nord de la constellation de la Vierge).

C’est dans ses nuages rouges que naissent des étoiles.

Un commentaire

| Astronomie | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


Les canards en riziculture biologique

30 décembre 2020
Cliquez sur l’image pour démarrer

Afin d’assurer la santé de leurs champs, certains riziculteurs comptent sur des milliers d’ouvriers qui, du matin au soir, travaillent bénévolement pour eux.

Depuis des siècles, les canards sont utilisés pour débarrasser les rizières des mauvaises herbes, des escargots et des autres ravageurs.

Jeunes, ils suivent spontanément les sillons à la recherche de petits escargots et d’insectes. En piétinant le lit de la rizière, ils contribuent à y oxygéner l’eau. Et en troublant l’eau, cela bloque partiellement la lumière nécessaire à la croissance des mauvaises herbes.

Et c’est sans compter sur le fait que leurs fientes engraissent le sol.

Adultes, ils sont encore plus efficaces contre les mauvaises herbes. Ils les broutent sélectivement puisque les plans de riz contiennent trop de cellulose. Or les oiseaux, contrairement aux ruminants, n’ont pas de dents.

S’il leur arrive de piétiner des plants de riz, ces derniers se redressent dans les heures qui suivent.

Bien nourrie, une cane adulte pond un œuf par jour. Si bien que la vente d’œufs et de viande de canard (engraissés gratuitement), de même que l’économie de produits chimiques, compensent en bonne partie la baisse de productivité (environ -20 %) de la riziculture bio.

2 commentaires

| Agriculture, Environnement, Nature, Vidéos | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


Le 250e anniversaire de l’Opéra Royal de Versailles

28 décembre 2020

Introduction

Vingt-trois mois après le début des travaux, l’Opéra Royal fut inauguré au château de Versailles le 16 mai 1770.

Conçu par Ange-Jacques Gabriel (1698-1782) — premier architecte du roi depuis 1742 — c’était alors la plus grande salle de spectacle d’Europe; elle pouvait accueillir près de 1 500 personnes et, dans sa fosse d’orchestre, quatre-vingts musiciens.

À l’époque, les scènes étaient éclairées à la bougie. Puisque la salle était entièrement en bois, on construisit l’opéra à l’extrémité de l’aile nord du palais, immédiatement après le grand réservoir qui alimentait les fontaines.

Ce qui constituait le choix le plus sécuritaire en cas d’incendie.

Le 16 mai était un grand jour. Le dauphin de France, âgé de seize ans, épousait Marie-Antoinette d’Autriche, un an plus jeune que lui.

La jeune princesse était l’avant-dernière enfant de l’impératrice Marie-Thérèse d’Autriche.

C’est dans la salle d’opéra réaménagée que fut donné le festin de noce des époux.

Le contexte politique

En 1756, la Prusse, longtemps alliée de la France contre l’Autriche, s’était retournée contre la première en concluant un traité avec l’Angleterre, rompant ainsi un équilibre diplomatique destiné à assurer la paix en Europe.

En réaction, la France s’était rapprochée de l’Autriche, ennemie de longue date, et avait proposé de concrétiser ce rapprochement par l’union dynastique des deux plus prestigieuses lignées royales d’Europe.

La seule exigence de Louis XV était que la jeune princesse autrichienne apprenne correctement le français. Ce qu’elle fit.

Nef de l’église des Augustins, à Vienne

Un premier mariage eut lieu par procuration (c’est-à-dire en l’absence du marié) le 19 avril 1770 à l’église des Augustins. Celle-ci est la plus grande des deux églises situées dans le palais impérial de Vienne.

Le 21 avril, accompagnée d’un cortège d’une quarantaine de carrosses, Marie-Antoinette entreprit le voyage inconfortable de 1 258 km qui relie Vienne à Versailles. Le périple dura vingt jours.

Au moment de traverser en sol français, on lui présenta ses nouvelles dames d’honneur et les robes à la française qu’elle devait revêtir dans une jolie cabane de bois construite pour l’occasion et qui la protégeait de la pluie battante.

Le plus difficile fut de se séparer de son petit chien, un carlin (appelé ‘pug’ au Québec) qu’elle possédait depuis son enfance.

Vers la fin de son périple, le roi, le dauphin et la cour allèrent à sa rencontre dans la forêt de Compiègne, au nord-est de Paris.

Voute de la Chapelle Royale

Le lendemain, le mariage officiel fut célébré à la Chapelle Royale. Les cinq-mille invités étaient disposés le long de leur parcours dans le château. Quelques centaines de privilégiés trouvèrent place dans la chapelle.

Scène de l’Opéra Royal

Le repas du soir eut lieu dans le nouvel opéra dont le parterre avait été haussé au niveau de la scène afin d’accueillir le maximum de convives.

Peu après minuit, les mariés se rendirent à leur chambre nuptiale. Le coucher des époux se fit devant public. Puis les jeunes mariés furent laissés à eux-mêmes.

Les cérémonies se poursuivirent durant plusieurs jours. Dans la salle de l’opéra, réaménagé comme il se doit, on présenta un opéra (Persée de Lully), trois pièces de théâtre, de même qu’un bal.

Le tout se termina le 30 mai par un feu d’artifice sur la place qui, de nos jours, est appelée Place de la Concorde (où le couple royal sera guillotiné vingt-quatre ans plus tard).

Visite de l’opéra

Intérieur de l’Opéra Royal

Le parterre y est en gradins, descendant du premier niveau jusqu’à l’orchestre. Tout autour, les trois niveaux, en retrait les uns par rapport aux autres, sont des loges à la française (sans cloisons hautes qui les séparent). Au troisième niveau, les loges sont plus profondes et le bord des loges est décoré d’une colonnade.

Colonne en faux marbre

Le décor sculpté fut réalisé par Augustin Pajou (1730-1809).

Parce qu’ils ne sont pas faits de matériaux nobles, ses éléments décoratifs n’ont pas été prélevés pour être vendus aux enchères à la Révolution. Le lieu est donc à peu près intact, tel qu’on pouvait le voir sous Louis XV.
 



 
Le plafond de cette salle fut peint en 1769-1770 par Louis-Jean-Jacques Durameau (1733-96). L’œuvre s’intitule Apollon distribuant des couronnes aux Muses.
 


 
Au fond de la salle, au deuxième niveau, se trouvent trois petites loges fermées dont l’ouverture est décorée d’arabesques dorées.

Celle du milieu était fermée par un treillis en métal lorsque le roi était absent ou lorsqu’il voulait assister à un spectacle sans être remarqué.

On y accédait en traversant l’une ou l’autre des loges où étaient stationnés les soldats chargés de protéger le roi.

Amours de Durameau

Au dernier niveau, le plafond à caissons est décoré de scènes évoquant les amours des dieux, peintes par Louis-Jacques Durameau.

Détails techniques des photos : Appareils Panasonic GH1 (1re photo) et Olympus OM-D e-m5 (les autres photos), hypergone M.Zuiko 8 mm F/1,8 (4e et 5e photos), objectifs M.Zuiko 7-14 mm F2,8 (2e et 3e photos), M.Zuiko 12-40 mm F/2,8 (les autres photos).
  1re photo : 1/13 sec. — F/3,5 — ISO 400 — 14 mm
  2e  photo : 1/80 sec. — F/2,8 — ISO 2500 — 7 mm
  3e  photo : 1/60 sec. — F/2,8 — ISO 1250 — 8 mm
  4e  photo : 1/60 sec. — F/1,8 — ISO 640 — 8 mm
  5e  photo : 1/60 sec. — F/1,8 — ISO 200 — 8 mm
  6e  photo : 1/80 sec. — F/2,8 — ISO 400 — 32 mm
  7e  photo : 1/100 sec. — F/2,8 — ISO 2500 — 40 mm
  8e  photo : 1/25 sec. — F/2,8 — ISO 6400 — 12 mm
  9e  photo : 1/60 sec. — F/2,8 — ISO 2000 — 14 mm
10e  photo : 1/50 sec. — F/2,8 — ISO 6400 — 16 mm

Laissez un commentaire »

| Photos de France, Photos de Versailles, Photos de voyage | Mots-clés : , | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


Le multiculturalisme ou le tribalisme des sociétés anglo-saxonnes

27 décembre 2020

Introduction

Dans son édition de février 2015, le bimestriel La Revue publiait une entrevue accordée par le poète syrien Ali-Ahmad Saïd-Esber.

À la question : « Que reprochez-vous aux (sociétés) arabes ?», celui-ci répondait :

D’abord une culture fondée sur une conception du pouvoir liée à l’argent et à la tribu (…).

Les Arabes n’ont pas réussi à créer un seul État de citoyenneté. Seulement des régimes basés sur des alliances tribales où la valeur de l’individu ne se définit pas par ses qualités intrinsèques mais par sa couleur ethnique et religieuse, et par sa relation avec le zaïm [NDLR – mot qui signifie chef charismatique ou leader politique].

La logique intérieure de la vie arabe est une logique fondée sur l’appartenance. C’est un monde habité par une peste sociologique et ethnique.

À la manière des sociétés arabes vues par le poète syrien, il suffit de syntoniser la télévision américaine pour être frappé par l’importance accordée aux divers groupes ethniques qui composent ce pays.

L’importance ethnique

Au Québec et en France, dès qu’un nouveau chef de gouvernement annonce la composition de son Conseil des ministres, on y évalue la compétence des titulaires et la place faite aux femmes.

Le reste (l’ethnie, la religion, voire l’orientation sexuelle) est jugé secondaire.

Aux États-Unis, la place des femmes est également prise en considération. Mais ce qui retient surtout l’attention, c’est la nomination de ministres issus de divers groupes ethniques; première femme Autochtone à occuper tel poste, premier Latino-Américain ou premier ‘Noir’ à occuper tel autre poste, et ainsi de suite.

Avec ses 328 millions d’habitants, les États-Unis sont suffisamment populeux pour qu’on puisse y trouver des gens compétents au sein de n’importe quel groupe ethnique.

Mais l’accent porté à l’ethnie contribue à enraciner son importance en tant que facteur identitaire. C’est ainsi que les études ont démontré que les entrepreneurs américains issus de divers groupes ethniques privilégient les liens d’affaires avec leurs semblables.

L’importance de la pigmentation de la peau

Chez nos voisins du Sud, on distinguait autrefois les ‘Noirs’ et les ‘Blancs’ : depuis l’abolition officielle de la discrimination raciale, les unions interethniques ont fait en sorte qu’on parle de plus en plus des ‘Black and Brown people’ (des gens Noirs ou Bruns).

En vertu de la même logique, on peut anticiper qu’il sera bientôt question des ‘Black, Brown and Beige people’. Et finalement, des ‘Black, Brown, Beige and Off-White people’. Parce qu’on réalise très vite qu’aux États-Unis, on perd le statut de ‘Blanc’ dès qu’on n’est pas ‘pure-race’.

Quand la ‘race’ sert de paravent à la pauvreté

Au sujet du Covid-19, la télévision américaine rapporte parfois les taux de mortalité selon la race; chez les ‘Blancs’, les ‘Noirs’ et les Latino-Américains. Mais jamais ou presque selon le revenu familial.

Or il n’existe aucune preuve que les ‘Noirs’ et les Latino-Américains souffrent d’une vulnérabilité intrinsèque (c’est-à-dire génétique) au virus.

S’ils sont plus atteints, c’est en raison de leur condition sociale; appartements surpeuplés, promiscuité intergénérationnelle, de même que l’éloignement des cliniques où ils pourraient être diagnostiqués précocement, des pharmacies où ils pourraient se faire vacciner, et des épiceries offrant des aliments frais (d’où l’obésité et le diabète prédisposant à la pandémie).

Dans ce pays dominé par la droite ou l’extrême droite, on juge préférable de ne pas parler de l’influence de la pauvreté sur les taux de mortalité au Covid-19. Car cela alimenterait le discours de ceux qui réclament plus de justice sociale.

En mettant l’accent sur l’effet de la ‘race’, cela fait qu’on n’y peut rien; si les ‘Noirs’ et les Latino-Américains sont plus atteints, c’est parce que Dieu les a faits ainsi…

L’assimilation idéologique du Québec

Comme une ile entourée par un océan d’Anglophones, le Québec est à la frontière de ce tribalisme auquel nous sommes exposés par le biais de l’énorme influence culturelle et politique de nos voisins.

L’appropriation culturelle

On se rappellera de la controverse au sujet des pièces SLĀV et Kanata, accusées d’appropriation culturelle.

Appliqué aux arts de la scène, ce concept consiste à interdire aux créateurs québécois d’aborder des sujets sensibles — le KKK, l’esclavagisme noir américain, les réserves indiennes, les pensionnats autochtones — qui correspondent aux squelettes que le colonialisme anglo-saxon cache dans ses placards.

Colliger des données selon la ‘race’

En juin dernier, le Nouveau Parti démocratique (NPD) réclamait que le gouvernement fédéral punisse le Québec en raison de son refus de compiler des données au sujet du Covid-19 en fonction des ‘races’ et des origines ethniques.

Lorsque l’Institut national de Santé publique lance une campagne de sensibilisation dans l’arrondissement de Montréal-Nord, il ne le fait pas parce qu’on y trouve des ‘Noirs’, mais parce que le nombre de cas y est plus élevé qu’ailleurs.

Et les masques qu’on y distribue gratuitement ne sont pas donnés exclusivement aux minorités ‘visibles’, mais à tous puisque la contagion affecte tous les pauvres du quartier, peu importe la pigmentation de leur peau.

Concrètement, ce que demandait le NPD, c’est qu’en remplissant des questionnaires à ce sujet, on estime à quelle ‘race’ appartient la personne qu’on évalue. Ce qui contribue à entretenir ce concept fallacieux.

En effet, le racisme ne consiste pas à observer une différence de pigmentation de la peau, mais à y attacher une importance particulière.

L’exemple de McGill

Dans une lettre publiée récemment dans le quotidien Le Devoir, le professeur Martin Drapeau de l’université McGill écrit :

…voici que cette année, nos programmes comptent introduire une nouvelle échelle (…) pour favoriser l’admission d’étudiants issus de groupes dits minoritaires et adhérant à une définition de la « justice sociale » selon laquelle toute minorité est de facto opprimée.

Ce dont il s’agit, ce n’est pas d’une politique de discrimination positive en faveur de groupes ethniques victimes jusqu’ici de discrimination à l’admission, mais d’une politique favorisant le multiculturalisme, perçu comme un idéal en soi au sein de la communauté universitaire.

En réalité, qu’elle soit positive ou non, la discrimination a toujours fait partie de l’ADN de McGill.

Au cours de la première moitié du XXe siècle, dans chaque faculté, l’admission des étudiants de ‘race juive’ (comme on disait à l’époque) était contingenté; la majorité des étudiants y devait être de ‘race britannique’.

Hier comme aujourd’hui, la discrimination ethnique à McGill découle du même tribalisme qui, selon l’époque, donne des résultats différents, voire opposés.

Conclusion

Les États-Unis et le Canada sont nés de l’épuration ethnique des Autochtones par des colons européens.

De manière générale, l’appartenance ethnique est la fondation sur laquelle sont édifiées les sociétés anglo-saxonnes; ce sont des sociétés inégalitaires au sein desquelles chacun doit demeurer à sa place.

Lorsqu’un ‘Noir’ accède à la présidence américaine, il provoque immédiatement l’explosion du nombre de milices d’extrême droite partout à travers le pays. Des milices qui se donnent la mission de rétablir la suprématie violente de la ‘race blanche’.

Ce tribalisme est omniprésent. Dans ce pays, même l’antiracisme perpétue involontairement l’importance démesurée attachée à la pigmentation de la peau.

Strictement parlant, ce n’est pas la faute des peuples anglo-saxons; ceux-ci sont nés dans ce tribalisme qui les accompagne toute leur vie. Au point qu’ils ne le voient plus.

Lorsqu’on examine l’évolution du Québec depuis le dernier référendum, on constate que pour l’élite anglophone du Canada, il ne suffit pas que le Québec renonce à faire son indépendance politique; il lui faut ensuite abandonner ses valeurs républicaines (dont sa conception de la laïcité) et adopter l’idéologie raciste de nos colonisateurs.

De manière à ce que l’idée même de société distincte soit vide de sens, parallèlement à la bilinguisation de Montréal, étape intermédiaire vers l’extinction irréversible du peuple francoQuébécois.

Défendre ce que nous sommes, ce n’est pas seulement défendre le français. C’est défendre les idéaux de la Civilisation occidentale à laquelle nous appartenons contre le tribalisme barbare qui nous entoure.

Références :
Adonis (poète)
Appropriation culturelle et racisme anglo-saxon
Diversité ou discrimination? le cas universel de McGill
Le néo-racisme multiculturel du NPD
L’invention des races humaines

Parus depuis :
Des organisations « pas suffisamment noires » écartées d’un programme fédéral (2021-01-16)
L’obsession américaine de la ‘race’ (2021-10-15)
Majority of Latinos Say Skin Color Impacts Opportunity in America and Shapes Daily Life (2021-11-04)
Britain ‘not close to being a racially just society’, finds two-year research project (2023-04-09)
Association musulmane du Canada : des liens « troublants » avec un réseau de soutient du Hamas (2023-11-13)

Compléments de lecture :
La convergence culturelle : communion et symbiose
Le charabia woke de l’interculturalisme

2 commentaires

| Politique canadienne, Racisme, Sociologie | Mots-clés : , | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


L’accord post-Brexit ou la fabrication du consentement politique

26 décembre 2020

Introduction

Dans notre série au sujet de la fabrication du consentement politique, nous avions choisi trois exemples : le cas de la Chine après l’accession au pouvoir du Parti communiste, le cas des États-Unis à la veille de la guerre en Irak et, à l’opposé, le contrexemple du Brexit.

Il existe également des situations où le libre consentement d’un peuple est construit de l’Étranger et sert à lui faire consentir à son assujettissement.

Un exemple récent est celui de l’accord commercial post-Brexit, intervenu ces jours-ci entre Grande Bretagne et l’Union européenne.

Récapitulons.

Un peuple divisé

Après l’éclatement, en 2007, de la bulle spéculative des prêts à haut risque (ou Crise des subprimes), le Royaume-Uni a sévèrement été touché par la Grande Récession qui en a résulté.

Le gouvernement britannique s’est vu contraint d’imposer des mesures d’austérité qui ont provoqué des émeutes durement réprimées en 2011.

Plutôt que de condamner la cupidité des milieux financiers de Londres, certains politiciens conservateurs ont commencé à prétendre que tout cela était la faute de l’Europe; selon eux, l’Union européenne appauvrissait la Grande-Bretagne au profit des pays ‘fainéants’ du sud de l’Europe et des anciennes républiques soviétiques.

En janvier 2013, David Cameron, promet que si son parti déloge les Travaillistes du pouvoir aux élections de 2015, son gouvernement négociera un nouveau traité d’appartenance du Royaume-Uni à l’Union européenne, traité qu’il soumettra ensuite à l’approbation du peuple britannique.

À la tête d’un gouvernement majoritaire, le premier ministre entame donc les négociations promises.

Après deux ans de négociation, l’accord intervenu est rejeté de justesse lors d’un référendum en 2017.

Après la démission de David Cameron, la première ministre Theresa May demande une renégociation. Mais l’accord intervenu avec l’Union européenne, modifié légèrement à trois reprises, est rejeté trois fois par le parlement britannique.

Arrive Boris Johnson. Celui-ci réalise d’abord la sortie ‘définitive’ du Royaume-Uni de l’Union européenne à la fin de janvier 2020.

Cette sortie s’accompagne toutefois d’une période de transition de onze mois au cours de laquelle les deux parties se donnent l’occasion de conclure un traité de libre-échange.

Pendant des mois, ces négociations trainèrent en longueur. D’une part en raison du Covid-19 qui contamina les deux équipes de négociateurs. Et aussi en raison des voltefaces et des coups d’éclat de Boris Johnson.

Il y a quelques semaines à peine, les ministres britanniques préparaient l’opinion publique anglaise à la possibilité d’un Brexit à la dure, c’est-à-dire sans accord.

Le gouvernement a les choses bien en main, disait-on. La population ne doit craindre aucune pénurie. Le Brexit ‘complet’ devrait se dérouler en douceur.

Le boomerang

Comme la majorité des pays européens, la Grande-Bretagne est durement frappée par la seconde vague de la pandémie.

Pour expliquer l’aggravation de la crise sanitaire, le gouvernement anglais avait trouvé l’excuse parfaite; c’est à cause de la virulence de la souche.

Sous le climat ingrat des iles britanniques, le Covid-19 s’était transformé en un mutant extrêmement virulent. Il ne serait pas plus mortel, mais beaucoup plus contagieux.

L’explication la plus probable, c’est que ce mutant possède un plus grand nombre de cette protéine qui le décore en surface et qui lui sert à s’agripper aux récepteurs situés à la surface de certaines de nos cellules.

Toutefois, il semble que ce mutant circule déjà à travers le monde depuis quelques mois.

Mais l’Europe n’allait pas rater l’occasion.

Si l’Angleterre est dévastée par un microbe extrêmement dangereux, il est logique de tenter de le contenir en fermant nos frontières et ainsi protéger notre peuple bien-aimé.

Et voilà que la belle excuse du mutant se retourne contre Boris Johnson.

Du jour au lendemain, plus de dix-mille camions ne peuvent plus livrer les biens produits en Grande-Bretagne vers les clients européens. Et le journal télévisé montre aux familles inquiètes ces tablettes vides de produits frais dans les supermarchés britanniques.

On a encore à l’esprit les paroles rassurantes des ministres au sujet du Brexit à la dure. Or ce que le public anglais constate maintenant, c’est à quel point la Grande-Bretagne dépend de l’Europe.

D’où le soupçon qu’un Brexit sans accord serait beaucoup plus grave qu’on le dit, voire que ce serait… Mon Dieu ! Une catastrophe ?

L’anxiété se répand alors dans le pays comme une trainée de poudre. À leur bureau de comté, le téléphone des députés britanniques ne cesse de sonner.

Pour faire cesser immédiatement le blocus économique contre son pays, Boris Johnson n’a pas eu d’autre choix que d’accepter tout de suite ce que l’Europe lui offrait.

Échec et mat.

Références :
Brexit
Bust-ups and brinkmanship: inside story of how the Brexit deal was done
Emeutes britanniques : le gouvernement réunit les responsables des réseaux sociaux
La fabrication du consentement politique : un exemple américain
La fabrication du consentement politique : un exemple chinois
Le Brexit ou l’absence de fabrication du consentement politique
Référendum sur l’appartenance du Royaume-Uni à l’Union européenne

Laissez un commentaire »

| Géopolitique, Politique internationale | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


Souhaits du temps des Fêtes

25 décembre 2020

5 commentaires

| Carte de souhait, Graphisme | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


Balthasar, roi mage

24 décembre 2020
Crèche de Kamenesky (1783) au Museu Nacional de Arte Antiga de Lisbonne

C’est après le décès de l’apôtre Matthieu que fut écrit en grec l’évangile qui porte son nom.

Au chapitre deux, dans le récit de la naissance de Jésus de Nazareth, l’évangéliste fait la première mention de ce qu’on appelle aujourd’hui ‘les rois mages’.

Jésus était né à Bethléem en Judée, au temps du roi Hérode le Grand.

Or, voici que des mages venus d’Orient arrivèrent à Jérusalem et demandèrent : « Où est le roi des Juifs qui vient de naitre ? Nous avons vu son étoile à l’orient et nous sommes venus nous prosterner devant lui.»
(…)
Après avoir entendu le roi, ils partirent. Et voici que l’étoile qu’ils avaient vue à l’orient les précédait, jusqu’à ce qu’elle vienne s’arrêter au-dessus de l’endroit où se trouvait l’Enfant.

Quand ils virent l’étoile, ils éprouvèrent une très grande joie.

Ils entrèrent dans la maison, ils virent l’Enfant avec Marie, sa mère. Et, tombant à ses pieds, ils se prosternèrent devant lui. Ils ouvrirent leurs coffrets et lui offrirent leurs présents : de l’or, de l’encens et de la myrrhe.

Le nombre de ces mages n’est pas précisé. Ni leurs noms. Ni leur occupation.

Aucun des trois autres évangiles chrétiens n’en parle.

Dans l’évangile selon saint Matthieu, le mot grec utilisé pour les décrire (μάγοι) se prononce ‘mágos’ — l’accent tonique est sur le ‘a’ — et signifie ‘magicien’.

En raison des présents luxueux qu’ils apportèrent, on leur prêta une origine royale au IIIe siècle. Peu de temps après, le théologien Origène (un des pères de l’Église chrétienne) déduisit leur nombre à partir du nombre de leurs présents.

Vers le VIIIe siècle, on les nomma Gaspard, Balthazar et Melchior.

Portail de l’église priorale Notre-Dame-et-Sainte-Croix (milieu du XIIe siècle)

Au VIIIe siècle, un texte attribué à un moine anglais précisa un peu l’aspect des rois mages; Gaspar est imberbe et rose de peau, Balthasar y est décrit comme un barbu au visage sombre, et Melchior est un vieillard barbu aux cheveux blancs.

En somme, les rois mages symbolisaient des trois âges de la vie. En plus de représenter l’Humanité tout entière rendant hommage à l’Enfant Jésus.

Très lentement, cette conception des rois mages se répandit dans toute l’Europe.

L’Adoration des Mages (XVe), de Giovanni Boccati

C’est le cas, par exemple, de cette œuvre du XVe siècle où nous avons atténué les couleurs des personnages secondaires.

Toutefois, dans son Historia Trium Regum, paru en 1375, l’écrivain et frère carmélite Jean de Hildesheim fit de Balthasar un roi éthiopien (donc africain), descendant de la reine de Saba.

Dès lors, Balthasar cesse d’être simplement un adulte à la peau hâlé pour devenir très précisément un ‘Noir’.

Mais il faudra attendre l’âge des grandes découvertes maritimes — alors que des aventuriers européens entrent en contact avec des peuples d’aspect très différent d’eux — pour que des artistes de la Renaissance apprennent comment représenter correctement les Humains à la peau très pigmentée.

L’Adoration des Mages (~1461) d’Andrea Mantegna
Tiré du Livre d’heures de la Vierge selon l’usage romain (France, 1524)

C’est alors que la représentation artistique de Balthasar se fixe définitivement sous les traits d’un Africain.

Références :
Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu
L’invention des races humaines
Myrrh mystery: how did Balthasar, one of the three kings, become black?
Rois mages

2 commentaires

| Histoire, Religion | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


Apple : disques électroniques et abus de monopole

23 décembre 2020


 
Autrefois, les ordinateurs enregistraient leurs données sur des disques rigides. Ceux-ci étaient constitués de plateaux magnétiques superposés.

C’est en 2007 qu’est apparu le premier ordinateur dont les données étaient stockées sur des puces de mémoire flash. En anglais, on leur donna le nom de Solid State Drive ou SSD.

Ceux-ci avaient l’avantage de ne pas contenir de pièces mobiles et conséquemment, étaient beaucoup plus résistants aux chocs.

La principale raison de leur succès reposait sur le fait que leurs vitesses d’écriture et de lecture étaient considérablement plus rapides.

Par contre, ils étaient dispendieux. Ils le sont encore.

Disque rigide (poids : 123,5 g) et disque électronique (53,4 g)

Les premiers SSD avaient la taille des disques rigides à plateaux qu’ils remplaçaient.

Cela permettait aux personnes désireuses d’acheter un modèle d’ordinateur, de choisir de l’équiper soit d’un disque rigide ou soit d’un disque électronique : l’un ou l’autre prenait place au même endroit dans l’ordinateur.
 

 
En 2011, Apple a décidé de n’offrir ses petits ordinateurs portables (les Macbook Air) qu’équipés de disques électroniques. Ce faisant, leurs SSD n’avaient plus à ressembler à des disques rigides.

De fait, ces disques électroniques avaient l’aspect de minuscules barrettes de mémoire.

Cela permettait d’épargner de l’espace interne dans l’ordinateur et de mettre au point des ordinateurs portables plus légers et plus compacts.

Apple prit également une deuxième décision; opter pour des disques électroniques incompatibles avec tous les autres offerts sur le marché.

Sur la photo ci-dessus, le disque électronique du haut (celui de marque Crucial) possède, à droite, trois séries de contacts électriques séparés par deux échancrures. D’autres modèles de disques électroniques standards portent l’une ou l’autre de ces deux échancrures.

Mais les disques électroniques d’Apple (au bas de la photo) sont les seuls à posséder 18 contacts électriques (6+12) séparés par une seule échancrure située différemment.

À l’intérieur d’un Macbook Air, un frein placé exactement vis-à-vis cette échancrure empêche toute autre barrette de mémoire d’y être insérée.

Mais c’était sans compter sur l’ingéniosité des Chinois qui se sont empressés de fabriquer des adaptateurs (en haut à droite) qui permettent aux disques électroniques comme celui de Crucial d’être utilisés dans un ordinateur d’Apple.

En 2012, Apple équipa tous ses ordinateurs portables avec de nouveaux disques électroniques exclusifs comportant cette fois 24 contacts électriques (7+17).
 

 
Dans les Macbook Pro de 2013 à 2015, c’est pareil. Sauf que cette fois-ci, les disques électroniques d’Apple ont 28 contacts (12+16), toujours incompatibles avec les autres.

Dans la photo ci-dessus, le disque électronique ‘étranger’ est de marque Sabrent. Il suffit d’un adaptateur (en haut à droite) pour qu’on puisse l’insérer à la place d’un disque électronique authentique d’Apple (au bas de la photo).

Mais vers 2016, Apple en a eu assez; elle décida que dorénavant, ses barrettes de mémoire — autant pour la mémoire vive que pour les données enregistrées — seraient soudées à la carte maitresse.

Ce qui signifie que depuis ce temps, le marché des disques électroniques destinés aux ordinateurs Macintosh est fermé à tout autre fabricant que celui choisi par Apple.

Ce qui est un abus flagrant de position dominante.

Par défaut, un Macbook Pro de 16 pouces vient avec un SSD soudé de 1 To. Pour en acheter un avec un SSD soudé de 4 To, il faut débourser un supplément de 1 250 $ (ou 1 150 €). Alors que le SSD de 4 To de Sabrent (rendu incompatible par décision d’Apple) se vend 752 $, soit 40 % moins cher.

De plus, du strict point de vue environnemental, c’est la décision la plus stupide d’Apple à ce jour.

Pensez que dès que l’espace disque de votre ordinateur devient insuffisant, vous devez jeter tout l’ordinateur — plein de terres rares et d’autres métaux toxiques — pour acheter un nouvel ordinateur doté d’un disque électronique de plus grande capacité.

Avec le 5G qui s’annonce et la possibilité de télécharger des longs métrages sur votre ordinateur, n’importe quel disque électronique s’avèrera bientôt insuffisant.

Conséquemment, si vous songez à acheter un ordinateur Macintosh, évitez si possible d’acheter les nouveaux modèles d’Apple en dépit de leurs avantages technologiques indéniables.

Préférez l’achat d’un vieux Macintosh d’occasion dont le disque électronique est amovible.

Depuis mon premier disque rigide, la taille des données enregistrées dans mon ordinateur double aux deux ans. Ce qui fait que la capacité de mon disque électronique actuel est 100 000 fois plus importante que celle de mon tout premier disque rigide.

Chez Apple, on vous dira de vous habituer à utiliser des disques externes. C’est ce qu’on répète depuis des décennies.

Mais qui dit ‘géant de l’électronique’ dit aussi ‘obsolescence programmée’.

Vous devez savoir que dès qu’on aura trouvé plus rapide, les ordinateurs futurs d’Apple cesseront d’être dotés d’un port (USB, Thunderbolt ou autre) vous permettant d’y connecter votre disque externe.

Tout comme les disques externes haut de gamme du passé (SCSI ou Firewire) ne peuvent plus être connectés directement aux ordinateurs Macintosh d’aujourd’hui.

Un commentaire

| Informatique | Mots-clés : , , | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


Speak White !

22 décembre 2020


 
Selon les défenseurs du concept raciste d’appropriation culturelle, il est outrageant que des créateurs québécois affichent leur solidarité avec les victimes du colonialisme anglo-saxon (Autochtones et ‘Noirs’ américains).

Mais voilà qu’il est maintenant devenu outrageant que nous demandions poliment d’être servis dans notre langue, comme en témoigne ce graffiti près du marché Maisonneuve.

C’est le résultat de quinze ans de lente anglicisation de Montréal sous les gouvernements ultrafédéralistes du Parti libéral du Québec.

Quand comprendrons-nous que la seule manière d’être maitres chez nous, c’est de faire l’indépendance ?

Références :
Appropriation culturelle et racisme anglo-saxon
‘Shame!’ ou l’expression du mépris

Pour consulter tous les textes de ce blogue consacrés à l’anglicisation du Québec, veuillez cliquer sur ceci

Laissez un commentaire »

| Anglicisation du Québec, Langue française | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


Covid-19 : le cout de la vaccination

21 décembre 2020

Eva De Bleeken pensait bien faire. La secrétaire d’État au budget de la Belgique a publié sur son compte Twitter le montant que son pays a payé pour l’achat de vaccins contre le Covid-19 afin de faire preuve de transparence.

Retiré quelques heures plus tard à la demande de son gouvernement — puisque ces prix résultent d’ententes confidentielles — le document avait eu le temps d’être copié et d’avoir fait le tour du globe.

On y apprend que d’une compagnie à l’autre, le prix du vaccin varie beaucoup :

AstraZeneca : 1,78 € (2,80 $)
Johnson & Johnson : 8,50 $US (10,93 $)
Sanofi/GlaxoSmithKline : 7,56 € (11,89 $)
BioNTech/Pfizer : 12 € (18,87 $)
Curevac : 10 € (15,72 $)
Moderna : 18,00 $US (23,14 $)

Je crois deviner (sans en être certain) qu’il s’agit ici du prix par fiole injectable multidose et non du prix pour chaque dose. À cela s’ajoutent probablement des frais d’expédition variables d’un pays à l’autre, selon leur proximité avec un site de fabrication du vaccin.

Le gouvernement canadien a pris un certain nombre d’options sur ces vaccins. Les ententes d’approvisionnement stipulent que l’achat est conditionnel à l’approbation du vaccin par Santé Canada.

En d’autres mots, si le vaccin ne reçoit jamais l’autorisation de Santé Canada, l’option prise devient nulle et Ottawa ne paiera rien ou presque au fabricant.

Au moment où ces lignes sont écrites, le gouvernement canadien a passé des ententes avec les fournisseurs suivants :

AstraZeneca : 20 millions de doses
Johnson & Johnson : jusqu’à 38 millions de doses
Sanofi/GlaxoSmithKline : jusqu’à 72 millions de doses
BioNTech/Pfizer : jusqu’à 76 millions de doses
Medicago : jusqu’à 76 millions de doses
Moderna : jusqu’à 56 millions de doses
Novavax : jusqu’à 76 millions de doses.

Au cout d’acquisition des vaccins s’ajoutent les honoraires des professionnels de la Santé qui les administreront.

Toujours lente, la Santé publique du Québec n’a pas encore décidé si les pharmaciens feront partie de ces professionnels.

Au sujet de la vaccination contre la grippe, l’honoraire professionnel versé aux infirmières est de 9,40 $ par personne. Dans le cas des pharmaciens, cet honoraire est de 11,40 $.

La différence entre les deux vient du fait que tous les frais administratifs reliés à la vaccination sont assumés par l’État dans le cas des infirmières, et par les pharmacies dans le dernier cas.

On peut présumer que le cout unitaire de la vaccination contre le Covid-19 sera semblable à celui contre la vaccination contre la grippe.

Références :
Achat canadien de vaccins contre la COVID-19
La secrétaire d’Etat Eva De Bleeker publie le prix des vaccins sur Twitter et… supprime son tweet juste après
Service d’accès en pharmacie à la vaccination prévue au Programme québécois d’immunisation
Vaccin à prix variable

Paru depuis :
Pfizer et Moderna augmentent le prix de leurs vaccins en Europe (2021-08-01)

Pour consulter tous les textes de ce blogue consacrés au Covid-19, veuillez cliquer sur ceci

Laissez un commentaire »

| Covid-19, Santé | Mots-clés : , | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel