Rapatriement des terroristes canadiens de Syrie : l’humanisme niais du Devoir

7 octobre 2020

Introduction

Sous le titre ‘Pour que justice soit rendue’, le quotidien Le Devoir publie aujourd’hui une chronique qui réclame le rapatriement des terroristes canadiens de Syrie afin qu’ils soient jugés ici.

Les limites de la justice

En droit criminel, il vaut mieux innocenter cent coupables que de condamner un seul innocent.

Voilà pourquoi un tribunal ne condamnera un accusé que s’il ne subsiste plus, dans l’esprit du juge, aucun doute raisonnable quant à sa culpabilité.

C’est ce qui explique l’incapacité intrinsèque du système judiciaire de punir les coupables de certains crimes à caractère sexuel lorsque la parole d’une victime (généralement une femme) s’oppose au témoignage du coupable (généralement de la même classe sociale que le juge).

Malgré cela, il arrive parfois que l’on condamne à tort un innocent. Le 26 septembre dernier, l’émission Josélito au cœur du monde en présentait trois exemples, dont celui — à faire pleurer les roches — d’Aaron Faucher-Laprise.

Beaucoup plus souvent rencontre-t-on la situation inverse.

Un des plus importants homicides de l’histoire du Québec fut celui de 47 personnes à Lac-Mégantic en 2013.

Après avoir échoué à faire condamner trois employés subalternes — boucs émissaires dans cette histoire — les avocats de la poursuite ont renoncé à accuser les vrais coupables, soit les dirigeants de la compagnie ferroviaire. Bref, personne n’a été condamné pour cette tragédie.

La corruption sous le gouvernement libéral de Jean Charest est un autre cas où personne n’a été condamné, grâce à la complicité probable de la DPCP et à celle évidente de l’UPAC.

Des questions sans réponse

Peut-on croire sérieusement qu’il sera possible de réunir les preuves irréfutables de crimes commis par les terroristes canadiens en Syrie alors que les témoins et les survivants de leurs méfaits vivent à des milliers de kilomètres d’ici ?

Comment un tribunal pourrait-il faire respecter un ordre de venir témoigner au Québec quand notre pays n’entretient plus aucune relation diplomatique avec le gouvernement officiel de Syrie ?

Les vols internationaux ayant été suspendus dans presque tous les pays en raison de la pandémie, est-on certain de pouvoir faire témoigner des victimes par vidéoconférence alors que l’aviation canadienne a gracieusement contribué à détruire 98 % des infrastructures syriennes, dont l’accès à l’internet ?

Par-dessus tout, comment peut-on condamner par erreur quiconque s’est rendu en Syrie pour servir de mercenaire à Daech ?

Conclusion

La seule manière d’assurer aux terroristes canadiens un procès juste et équitable, c’est qu’ils soient jugés dans le pays où auraient été commis les méfaits dont on les accuse. En effet, c’est là que se trouvent ceux qui pourraient témoigner en leur faveur ou, au contraire, fournir la preuve de leur culpabilité.

La guerre en Syrie a fait plus de 350 000 morts, dont 175 000 femmes. Les survivants d’actes terroristes dans ce pays ont droit de connaitre la vérité eux aussi.

Au sujet des djihadistes canadiens, plaider leur rapatriement en invoquant un humanisme de peccadille est une manière détournée d’obtenir leur libération à l’issue d’un procès bâclé où on n’aura ni la preuve de leur culpabilité ni la preuve de leur innocence.

Or un seul djihadiste canadien qui rentre au pays pour y commettre un attentat terroriste est un djihadiste de trop.

Références :
Pour que justice soit rendue
Syrie : Terroristes à donner

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Écrit par Jean-Pierre Martel