CHSLD : l’ivresse du pouvoir à Ottawa

Publié le 26 septembre 2020 | Temps de lecture : 5 minutes

La mortalité causée par le Covid-19

Au Québec, les quatre cinquièmes des décès survenus le printemps dernier en raison du Covid-19 sont survenus dans des résidences pour vieillards.

À des degrés divers, ce fut également le cas dans les autres provinces canadiennes et dans tous les pays européens où prévaut l’idéologie néolibérale.

Cette idéologie prescrit le désinvestissement des États dans leur filet de protection sociale afin de favoriser leur compétitivité économique.

Au fil des décennies, le gouvernement canadien a réduit son aide financière aux provinces au chapitre de la Santé. Conséquemment, les provinces ont réagi en diminuant le financement de leurs établissements de Santé, notamment de leurs hospices.

Jusqu’à cette année, leur sous-financement chronique avait passé inaperçu. Mais il a suffi d’une crise sanitaire mondiale pour que tout tourne à la catastrophe.

D’autre part, une étude épidémiologique récente a révélé qu’environ 247 voyageurs internationaux sont à l’origine des soixante-dix-mille cas et des six-mille morts au Québec.

Il aurait suffi qu’Ottawa ferme les frontières du pays une semaine plus tôt pour que des centaines de Québécois — peut-être des milliers — aient la vie sauve.

Évidemment, on aime insinuer que les personnes décédées sont surtout des vieillards qui seraient morts quand même quelques jours plus tard s’ils n’avaient pas été fauchés par la pandémie.

Malheureusement, la vérité est que, dans probablement la majorité des cas, leur espérance de vie a été amputée de quelques années.

En sabrant ses transferts en Santé vers les provinces et en tardant à fermer les frontières du pays, Ottawa porte une lourde responsabilité dans le bilan humain de la pandémie au Canada.

L’occasion fait le larron

En raison des lacunes révélées lors de la pandémie, les provinces canadiennes se proposent de réinvestir massivement dans leurs hospices avec l’aide du gouvernement fédéral.

Profitant de l’occasion, le gouvernement fédéral leur a fait savoir que son aide ne serait pas inconditionnelle et qu’il entend les soumettre au respect de normes fédérales qu’il entend adopter.

Hier, à la reprise des travaux parlementaires, le premier ministre du Canada a déclaré qu’il se refuse à envoyer des chèques en blanc aux provinces. Des chèques en blanc ?

À l’entendre, il serait facile d’oublier qu’il parle de notre argent et non du sien. Quand l’impôt et les taxes payés par les contribuables passent de la poche d’un gouvernement à celle d’un autre, cela demeure notre argent.

Et plus cet argent passe d’une poche à l’autre sans paperasserie administrative, plus cet argent est utilisé là où il le faut, c’est-à-dire à prodiguer des soins.

Or les entités gouvernementales les plus compétentes au pays pour s’occuper de Santé, ce sont les provinces.

Si le gouvernement fédéral avait vraiment à cœur la santé des Canadiens, il n’aurait pas laissé toutes grandes les portes du pays à une pandémie mortelle.

Des questions

Dès l’élection d’un parti conservateur à Ottawa, voulons-nous que l’aide médicale à mourir en CHSLD cesse d’être financée à ceux qui en ont le droit parce que cela est contraire aux valeurs morales du nouveau gouvernement fédéral ?

Voulons-nous que les fonctionnaires du Québec découvrent qu’il est préférable de rédiger en anglais les rapports exigés par Ottawa en raison du fait que les fonctionnaires fédéraux travaillent dans cette langue ?

Étant donné que le Québec est la seule province qui a mis sur pied un réseau de garderies publiques, si le Québec veut se doter d’un réseau d’hospices qui ne cadre pas avec les critères pancanadiens, est-ce que nos vieillards en seront privés au motif qu’une telle mesure dévie des normes canadians dictées par un gouvernement qui ne connait rien en Santé ?

Conclusion

L’accommodement raisonnable le plus pernicieux exigé du peuple francoQuébécois, c’est d’être constamment en deçà de ce qu’il aspire à être dans le but de se soumettre aux dictats de l’ethnie dominante du pays.

La seule manière de nous libérer de cette tutelle, c’est de créer une société meilleure, en rupture avec l’État pétrolier canadien : en somme, c’est de faire l’indépendance du Québec.

Autrement, peu à peu, le gouvernement du Québec se transforme en intendant régional du pouvoir central d’Ottawa.

Quand mes ancêtres ont bravé les mers au XVIIe siècle afin de s’établir dans ce coin-ci du monde et d’y créer une société nouvelle, je ne crois pas que c’était pour en arriver à ça…

Références :
Aperçu du fonctionnement interne de l’État canadien
247 voyageurs ont introduit la COVID-19 au Québec
La COVID-19 détectée dans des vols intérieurs et internationaux au Canada
Le néo-racisme multiculturel du NPD
Ottawa a exempté une milliardaire américaine de l’obligation de la quarantaine
Presque 70 vols commerciaux avec des cas confirmés de COVID-19 dans les dernières semaines
Transferts en santé : Trudeau refuse d’envoyer des « chèques en blanc » aux provinces

Pour consulter tous les textes de ce blogue consacrés au prix que nous payons pour appartenir au Canada, veuillez cliquer sur ceci.

Laissez un commentaire »

| le prix du fédéralisme, Politique canadienne | Mots-clés : , , | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel