Mythes et réalités des vaccins contre le Covid-19

Publié le 17 septembre 2020 | Temps de lecture : 6 minutes

Introduction

Le 20 juillet dernier, une nouvelle a suscité beaucoup d’espoir.

Publiée dans The Lancet, une étude révélait qu’il suffisait d’administrer deux doses d’un nouveau vaccin pour que 100 % des personnes vaccinées développent une immunité importante et durable au Covid-19.

On entrevoit déjà la fin de la pandémie. Fini les masques, la distanciation sociale et le Plexiglass. Et bienvenue au bon vieux temps où nous étions libres de mener notre vie comme nous l’entendions.

À partir de prélèvements sanguins, les chercheurs britanniques ont mesuré l’aptitude du vaccin à déclencher la production d’anticorps.

Sur les 1 077 participants, 543 personnes ont été vaccinées. Vingt-huit jours après la première dose, une 2e dose a été administrée à un sous-groupe de seulement dix personnes; c’est la nouvelle de leur excellente réponse immunitaire qui s’est répandue comme une trainée de poudre.

Malheureusement, n’importe quel résultat obtenu chez aussi peu de gens ne permet pas de tirer une conclusion quant à la capacité d’un vaccin à protéger la population contre le Covid-19.

Selon un grand nombre d’experts — dont le virologue et immunologue Paul Offit, de l’hôpital pédiatrique de Philadelphie — cette étude n’aurait jamais dû être publiée.

L’efficacité des vaccins contre les coronavirus

Les vaccins contre la rougeole sont efficaces à 98 %.

Par contre, lorsqu’une grippe saisonnière est causée par un coronavirus, l’efficacité du vaccin est alors d’environ 30 à 40 %.

Parmi les 113 vaccins contre le Covid-19 en gestation à travers le monde, la Food and Drug Administration n’autorisera que ceux dont le taux d’efficacité sera supérieur à 50 %.

Soyons optimistes et imaginons la mise en marché d’un vaccin efficace à 70 %.

Dès qu’on reçoit sa deuxième dose, peut-on abandonner les mesures sanitaires et enfin vivre comme avant ? Non.

Mais pourquoi pas ?

C’est qu’aucune des personnes vaccinées ne sait si elle fait partie du 70 % de gens devenus réfractaires au virus ou si elle fait partie du 30 % des gens chez qui la vaccination échouera.

Dans le doute, il faudra continuer d’observer les mesures sanitaires recommandées.

La durée de la protection

À l’heure actuelle, on ignore la durée de la protection offerte par les vaccins contre le Covid-19.

On sait que les vaccins contre les coronavirus grippaux ont une efficacité inférieure à un an.

De manière anecdotique, on a rapporté le cas de personnes qui ont attrapé le Covid-19, qui en sont guéries, et qui l’ont attrapé de nouveau quelques mois plus tard.

Chez ces gens, la réinfection au Covid-19 est toujours moins sévère que la première fois. Comme c’est le cas avec l’herpès.

En juillet dernier, le King’s College de Londres publiait une étude selon laquelle les anticorps sanguins contre le Covid-19 atteignent leur concentration maximale trois semaines après le début des symptômes. Et décliner rapidement par la suite.

Après trois mois, on trouverait une immunité sérologique appréciable chez seulement 17 % des personnes atteintes. Dans certains cas, l’immunité serait indétectable.

Les critiques de cette étude font valoir qu’il faut distinguer l’immunité sanguine de l’immunité tissulaire.

Même si l’immunité sérologique disparait, cela ne veut pas dire que les tissus sont incapables de se défendre contre un agent pathogène qui les a déjà infectés.

Malgré cela, au cours des derniers mois, on assiste à une multiplication des indices qui laissent croire que l’immunité au Covid-19 ne serait que de quelques mois.

Ce qui veut dire que toute campagne de vaccination qui s’éternise au-delà de la durée de protection du vaccin sera continuellement à recommencer.

L’acceptation sociale

Il est normal qu’un médicament ait des effets secondaires. Mais les vaccins sont administrés à des gens en santé. On s’attend donc à ce qu’ils soient sans danger.

Les sondages ont démontré que 14 % des gens sont contre les vaccins, peu importe lequel.

À cela s’ajoutent 32 % de gens qui craignent que le premier vaccin mis en marché n’ait pas suffisamment été testé et ait été autorisé de manière complaisante par les autorités sanitaires sous pression des autorités politiques.

Il s’agit d’une crainte légitime si on se rappelle du cas de la mousse d’urée-formaldéhyde (la MIUF), aujourd’hui bannie, mais reconnue sécuritaire par l’Association canadienne de normalisation à la suite de pressions du gouvernement fédéral.

Bref, seulement 46 % des Canadiens consentiront à recevoir un vaccin contre le Covid-19 lorsqu’il sera disponible.

La conséquence de cela, c’est que si 46 % des gens reçoivent un vaccin efficace à 70 %, cela donne une immunité collective de 32 %.

C’est environ la moitié de l’immunité grégaire qui est nécessaire pour protéger la population contre cette pandémie.

La logistique

Le plus important fabricant de vaccins aux États-Unis est la compagnie Pfizer. Son vaccin contre le Covid-19 ne peut demeurer dans un congélateur ordinaire que 24 heures.

Pour l’entreposer en grandes quantités, on doit disposer de congélateurs ou d’entrepôts frigorifiques capables de descendre à une température de -70°C.

Celui du fabricant Moderna doit être entreposé à -20°C.

Indépendamment de cette contrainte, pour être réussie, une campagne de vaccination devra reposer sur une discipline hyperrigoureuse et s’opérer plus rapidement que la durée de l’immunité conférée par le vaccin.

Si la future campagne de vaccination de la Santé publique du Québec est à l’image de son actuelle campagne de dépistage, on doit s’attendre au pire.

Conclusion

Les vaccins contre le Covid-19 seront des ajouts utiles à la panoplie des moyens à notre disposition pour combattre cette pandémie.

En raison de leur efficacité limitée et de leur acceptation sociale insuffisante, les vaccins sont en eux-mêmes moins efficaces que les mesures sanitaires existantes.

À preuve : l’absence de vaccin n’a pas empêché des pays comme le Vietnam et la Nouvelle-Zélande d’éradiquer temporairement le virus de leur territoire.

Références :
Covid-19 : évolution en cinq mois
Here’s why a vaccine will not stop the Covid-19 pandemic right away
Immunity to Covid-19 could be lost in months, UK study suggests
Mousse isolante d’urée-formaldéhyde
Ottawa réserve jusqu’à 190 millions de doses d’éventuels vaccins contre la COVID-19
Peut-on avoir le Covid-19 deux fois? Ces chercheurs relancent le débat sur la réinfection
Safety and immunogenicity of the ChAdOx1 nCoV-19 vaccine against SARS-CoV-2
32 % des Canadiens hésitent à se faire vacciner rapidement contre la COVID-19, selon un sondage

Parus depuis :
L’achat de vaccins contre la COVID-19 embrouillé par des conflits d’intérêts (2020-09-21)
COVID-19 : l’immunité « diminue assez rapidement », selon une étude (2020-10-27)

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Un commentaire à Mythes et réalités des vaccins contre le Covid-19

  1. sandy39 dit :

    D’où l’insuffisance de protection des vaccins… il faut, donc, continuer à être raisonnable.

    Et, je crois que je deviens anti-vaccins…

    Et, si nous pouvons avoir le Covid-19, deux fois, faudrait-il se faire vacciner tous les ans ?

    Tout en sachant que l’efficacité d’un vaccin n’est que de 30 à 40%, nous demeurons, donc, dans une grande traversée du désert, n’est-ce-pas, J.Pierre ?

    Alors, pourquoi, à toutes les entrées d’hiver, on conseille aux plus âgés de se faire vacciner contre la grippe ?

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