Covid-19 : le test de la réalité

Publié le 7 mai 2020 | Temps de lecture : 4 minutes

Au moment où on s’apprête à rouvrir prochainement les écoles et les garderies, la nouvelle ne pouvait pas plus mal tomber.

Rares sont les garderies encore ouvertes; seules le sont celles qui s’adressent aux jeunes enfants des travailleurs essentiels.

On apprenait ce matin que l’une d’elles, située à Mascouche, avait été contaminée par le Covid-19.

Montrant des symptômes s’apparentant à ceux du Covid-19, un des enfants a été testé ‘autour du 23 avril’ (sic) selon le directeur de la Santé publique de Lanaudière.

Même lui ne sait pas précisément quand.

Ce qu’on sait, c’est que les résultats du test n’ont été connus que le 30 avril. Et ce, alors qu’on nous dit et qu’on nous répète qu’on obtient les résultats des tests le lendemain (ou le surlendemain dans le pire des cas).

Faites le calcul.

Lorsque j’ai lu cette nouvelle, j’ai cru à une coquille typographique. Il a fallu que je lise la même chose sur le site de Radio-Canada pour y croire.

En panique, la direction de la Santé publique a testé tous les enfants de cette garderie pour découvrir que 12 enfants sur 27 avaient eu le temps d’être contaminés, de même que 4 membres du personnel.

Depuis, une trentaine de personnes travaillent à plein temps pour documenter à postériori la chaine de cette transmission virale.

Dimanche dernier, j’écrivais sur ce blogue que les autorités sanitaires du Québec étaient comme le chien qui court après sa queue; toujours en retard sur le virus.

Le cas de cette garderie, fermée depuis, en est un parfait exemple.

Autre cas.

Mardi dernier, le chroniqueur Patrick Lagacé, de La Presse, rapportait l’anecdote suivante.

Il y quelque temps, sa collègue Katia Gagnon se sent malade et décide de passer un test de diagnostic au Covid-19.

Puis elle attend. Et elle attend.

Lasse d’attendre, elle appelle à Info-Santé. Au téléphone, la préposée lui dit que pour les tests, c’est 11 ou 12 jours d’attente.

La journaliste argumente : « Je m’excuse, mais à sa conférence de presse, la ministre de la Santé a bien dit que ça prend de 24 à 48 heures

La réponse de la préposée est sans équivoque :

« Je regarde les mêmes conférences de presse que vous, madame, mais moi je vous dis ce qui se passe dans la réalité

Soyons gentils et présumons que ces deux exemples sont des cas particuliers et qu’ils ne reflètent pas la réalité.

Alors la question qui se pose est la suivante : Est-ce que la direction de la Santé publique effectue des contrôles de qualité au sujet de ce qui se passe réellement.

Dans le cas d’une pandémie meurtrière qui se répand à toute vitesse, il ne suffit pas d’un taux d’excellence de 90 % ou de 95 %; on doit viser la perfection. Il faut une rigueur militaire.

Donc, est-ce que quelqu’un, quelque part, connait le pourcentage des résultats qui sont communiqués aux personnes testées en moins d’un jour, de deux jours, de trois jours, et ainsi de suite.

Et s’il existe des données fiables à ce sujet, peut-on les rendre publiques afin de restaurer la confiance des citoyens envers la direction de la Santé publique du Québec alors que celle-ci ressemble de plus en plus au Titanic ?

Références :
À la grâce de Dieu
Éclosion de COVID-19 dans une garderie de Lanaudière
La stratégie de dépistage du Québec vivement critiquée par une conseillère de Trudeau
Le dépistage ‘massif’ du Covid-19 au Québec : une plaisanterie
Un premier foyer d’éclosion de coronavirus dans une garderie au Québec


Pour consulter tous les textes de ce blogue consacrés au Covid-19, veuillez cliquer sur ceci

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| Covid-19, Santé | Mots-clés : , , | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


Le pouvoir des étagères

Publié le 7 mai 2020 | Temps de lecture : 3 minutes
Prunksaal de Vienne ou Salle d’apparat de la Bibliothèque nationale

Sur l’internet, j’écoutais dernièrement les propos d’un artiste de la Comédie française.

Confinement oblige, celui-ci s’était filmé assis entre un grand miroir (derrière lui) et la fenêtre de son appartement.

Nous, spectateurs, avions donc l’acteur de face, éclairé par sa fenêtre. Et dans le miroir, on voyait son reflet de dos, l’iPhone au bout du bras. En arrière-fond, par la fenêtre, se déployait le feuillage majestueux d’un arbre vu du premier étage.

Le résultat était aussi charmant qu’original.

Au cours des grands concerts collectifs en appui aux travailleurs américains de la Santé ou aux banques alimentaires canadiennes, on pouvait comparer l’intérieur bourgeois du logis des vedettes de la chanson américaine avec celui, plus modeste (et plus sympathique), des vedettes canadiennes. Ces décors révélaient des différences de niveaux de vie.

Durant les entrevues par Skype, on se plait à observer la décoration intérieure des appartements de nos vedettes quand nous ne sommes pas distraits par le chat qui s’invite à marcher en gros plan sur le clavier de son ordinateur.

Et lorsque des experts — médecins, infectiologues, et épidémiologistes — sont invités à parler du Covid-19, on remarque leur souci de faire sérieux et de se mettre en scène. Comme des artistes.

Ceux qui s’expriment de leur cabinet prennent soin de se filmer devant un mur de diplômes académiques.

Mais que faire lorsqu’on doit répondre à une entrevue de la maison ?

Pour rehausser la crédibilité, l’urgentologue animé de compassion évitera de se filmer devant la tête empaillée d’un trophée de chasse.

Pour ce qui est du directeur tout endimanché d’un CIUSSS, d’un CLSC, d’un CHSLD — ou de tout autre organisme dont le nom, impossible à prononcer, témoigne de la déshumanisation que des technocrates lui ont fait subir — celui-ci évitera d’accorder l’entrevue du sous-sol de son bungalow, devant la belle peinture à la craie d’une nue sur velours noir.

Au contraire, rien de mieux qu’une étagère de livres pour rehausser la crédibilité d’un expert.

Vous noterez; la plupart d’entre eux font la mise au point sur l’étagère derrière eux plutôt que sur leur visage. C’est ce qui s’appelle une entrevue de fond.

Évidemment la basse résolution de l’image ne permet pas de distinguer tous les titres. Mais on peut lire les plus gros.

Et on se dit : « C’est merveilleux, il a lu ça, lui aussi.» ou « Tiens, ç’a l’air intéressant; l’ont-ils chez Archambault ?»

Et quand l’entrevue est terminée, on se demande : « Mais de quoi parlait-il au juste…»

Malheureusement, les experts de demain ne pourront pas se filmer devant leur collection de livres électroniques. Toutefois, en réalité virtuelle, ils pourraient choisir d’apparaitre devant les étagères des plus grandes bibliothèques du monde…

Détails techniques de la photo : Panasonic GH1, objectif Lumix 7-14mm F/4,0 — 1/15 sec. — F/4,0 — ISO 400 — 10 mm

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Écrit par Jean-Pierre Martel