Covid-19 : les urnes funéraires de Wuhan

Publié le 3 avril 2020 | Temps de lecture : 8 minutes

Introduction

Afin d’incriminer la Chine, on publie ces jours-ci des photos prises à Wuhan — le berceau de la pandémie au Covid-19 — qui montrent les files de citoyens qui attendent de recevoir l’urne funéraire d’un être cher.

On suggère ainsi que l’épidémie a causé beaucoup plus de victimes que ce que suggèrent les chiffres officiels.

De plus, on affirme qu’en début d’épidémie, les responsables chinois n’auraient comptabilisé que les morts survenus en établissements de Santé. Comme en France.

En début de pandémie

Au début de l’infection, les dirigeants de la province d’Hubei se sont empressés d’emprisonner les lanceurs d’alerte, accusés de saper l’harmonie sociale en répandant des nouvelles inquiétantes.

Mais quand il s’est avéré qu’on avait effectivement affaire à un problème sanitaire majeur, les choses ont été rapidement prises en main par Beijing; les autorités locales ont été limogées au profit d’hommes de confiance de Xi Jinping.

Ce dernier a alors ordonné la mise en quarantaine de dizaines de millions de personnes en plus d’annuler les célébrations de la Nouvelle année chinoise. À défaut de quoi, des centaines de millions de travailleurs chinois seraient retournés dans leurs provinces respectives, répandant l’infection partout dans le pays.

Dès la mi-janvier, les autorités chinoises ont publié le code génétique du virus, permettant ainsi la fabrication de tests de diagnostic.

Le bilan chinois

Au 1er avril 2020, il y avait 2,4 morts causées par le Covid-19 par million de personnes (mpm) en Chine, 3,2 mpm en Corée du Sud, 0,4 mpm au Japon, et 0,2 mpm à Taïwan.

Indépendamment de leurs systèmes politiques, les citoyens de ces pays sont soumis à un contrôle social beaucoup plus important de la part de l’État que chez nous et ont une longue habitude du port du masque sur la voie publique (pour différentes raisons).

Compte tenu des données dans les pays environnants, le bilan chinois est donc plausible. Dans tous les cas, on est loin du bilan de 12,4 mpm (présentement) en sol américain.

De retour au sujet des urnes

La population du Québec est de 8,5 millions de personnes. En 2018, 68 000 Québécois sont décédés, principalement de causes naturelles.

L’agglomération urbaine de Wuhan compte onze-millions d’habitants. En présumant que le taux de mortalité dans cette mégapole est analogue à celui au Québec, il y aurait 88 000 morts par année.

Ce qui veut dire que durant les trois mois de l’épidémie de Covid-19, il y aurait eu 22 000 morts dans cette mégapole, sans compter la mortalité additionnelle due au Covid-19.

Bref, en quoi une file de quelques centaines de personnes attendant une urne funéraire prouve quoi que ce soit ?

L’inquiétude de Washington

Donald Trump s’est fait élire sous la promesse de redonner la gloire d’autrefois à son pays.

Quatre ans plus tard, aux élections présidentielles de novembre prochain, il devra justifier pourquoi la bourse s’est effondrée, pourquoi des millions de travailleurs américains sont maintenant sans emploi, pourquoi la dette américaine est montée en flèche, et pourquoi le taux de mortalité du Covid-19 dans son pays dépasse celui de nombreux autres pays.

Et, humiliation suprême, les États-Unis seront devenus (temporairement) la deuxième puissance économique mondiale, derrière la Chine.

La réponse américaine à ces questions est simple : parce que la Chine a caché la dangerosité du virus ‘chinois’ et qu’elle l’a laissé sortir de chez elle.

Tout l’arsenal de propagande des États-Unis (aidés par les ONG qu’ils financent) s’évertueront à nous convaincre d’ici novembre que Donald Trump a été induit en erreur par les mensonges de Beijing, lui si vertueux en matière de franchise…

Malheureusement, même en ignorant le bilan ‘falsifié’ de le Chine, la lutte américaine contre le Covid-19 sera un fiasco qui aura obligé ce pays à se comporter comme un brigand dans l’acquisition du matériel médical de protection.

Le fond du problème

Au début, la pandémie s’est répandue autour du globe par le biais des voyages aériens transcontinentaux.

Puisque les gens qui ont les moyens d’effectuer de tels voyages sont principalement des Occidentaux, ce sont leurs pays qui furent les premiers affectés, après les pays voisins de la Chine.

Malheureusement pour nous, les pays occidentaux sont aussi ceux dont les dirigeants ont cédé aux chantres de la mondialisation aveugle.

Quand Trump interdit à un fabricant américain d’exporter ses masques N95 vers le Canada, il a raison; son pays est 3 à 4 fois plus atteint que le Canada. Que ferions-nous à sa place ? Et si l’ONU avait le pouvoir de trancher ce différent, est-on certain qu’elle donnerait raison au Canada ?

La France fait pareil. En vertu d’un décret adopté récemment, la production de masques par la succursale française de Medicom sera uniquement destinée à la France.

Le gars stupide, ce n’est pas Trump ou Macron; c’est celui qui laisse produire en Inde et en Chine de l’équipement médical de première nécessité et des médicaments essentiels à la vie de ses citoyens et qui se dit : « Si jamais on en a besoin, on leur fera signe…»

Dans le cas des médicaments, les pénuries actuelles ne surprendront personne. De telles pénuries se succèdent depuis plus d’une décennie.

Dès 2011, j’écrivais sur ce blogue : ‘Le jour où l’approvisionnement en médicaments sera jugé aussi stratégique que l’approvisionnement en pétrole, les gouvernements seront davantage soucieux d’établir des règles qui garantissent à leurs citoyens l’accès ininterrompu en médicaments essentiels à leur vie.´

Malheureusement, le Canada n’a constitué et maintenu de réserves stratégiques ni pour l’équipement médical ni pour des médicaments de base.

De plus, le Canada n’a rien retenu de la pandémie de SRAS de 2003.

On n’a pas équipé les douaniers de scanneurs thermiques, tant aux aéroports qu’aux frontières. Contrairement à la Chine, à la Corée du Sud, au Japon et à Taïwan.

Actuellement, à Beijing, à l’aide de scanneurs thermiques, on vérifie la température de toute personne qui se promène à l’extérieur. Même si nos directeurs de Santé publique recommandaient qu’on fasse pareil, on ne pourrait tout simplement pas donner suite à cette suggestion.

Le fédéral n’a institué aucun mécanisme de concertation qui permettrait aux provinces d’assurer le suivi des voyageurs qui confient spontanément aux douaniers canadiens être atteints de symptômes suggérant l’infection au Covid-19.

Contrairement aux pays démocratiques d’Extrême-Orient, Ottawa n’a institué aucun plan de confinement obligatoire des voyageurs atteints. Pas de test. Rien. Jusqu’à tout récemment, on entrait dans le pays comme dans une grange.

Tout ce que le fédéral a fait, c’est distribuer des feuillets de renseignements. Wow ! Quel bel effort…

Conclusion

Il est futile de chercher des puces à la Chine.

Le fiasco occidental dans la lutte contre le Covid-19 nécessite une réflexion profonde sur le lien qui unit nos États à leurs peuples.

Suffit-il d’élire nos dirigeants (ce qui est mieux que rien) pour que nous faire accepter le fait que dès qu’ils prennent le pouvoir, ils servent de paravent à une machine étatique à la solde du grand capital international ?

En somme, est-ce que la démocratie parlementaire (élire ses dirigeants) est le seul modèle de démocratie ? Puisque ce n’est pas le cas, est-il vain de désirer mieux ?

Je crois que l’âge des révoltes approche…

Références :
L’âge des révoltes
Les États-Unis demandent à 3M de ne plus envoyer de masques au Canada
Les pénuries de médicaments
Plus d’un million de masques retenus en Inde

Paru depuis :
Des études montrent que la pandémie de Covid-19 a commencé sur un marché de Wuhan et que deux lignées virales ont été transmises à l’homme (2022-07-29)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Les mystères du Covid-19

Publié le 2 avril 2020 | Temps de lecture : 8 minutes

Anatomie du Covid-19

Le Covid-19 se compose de deux parties distinctes; une coquille protectrice qui emprisonne un contenu qui lui est indépendant.

Sa coquille grasse et molle est hérissée d’excroissances. Quant à son contenu, il est comme la Belle au bois dormant; vivant mais inerte.

Ce n’est pas le baiser d’un prince charmant qui réveille le Covid-19. Dès que le contenu du virus se retrouve à l’intérieur d’une cellule, c’est alors que le virus s’éveille.

Depuis le début de la vie sur Terre, les espèces vivantes sont confrontées à des microorganismes hostiles. Pour s’en protéger, elles ont développé des mécanismes qui empêchent les microbes d’entrer dans leurs cellules.

Si bien que très peu d’espèces vivantes sont formées de cellules qui laissent entrer les coronavirus.

Selon les connaissances actuelles, seuls la chauvesouris, le chameau, les primates, les furets, la civette palmiste masquée et le hamster doré font exception à cette règle.

À elle seule, la chauvesouris est un immense réservoir de coronavirus. À partir des grottes du sud de Chine, on a identifié deux-mille souches différentes de coronavirus chez cet animal.

C’est ainsi qu’en 2015, la virologue Shi Zhengli a découvert que le virus du SRAS tirait son origine spécifiquement de la chauvesouris Rhinolophus ferrumequinum (ou Grand rhinolophe fer à cheval).

Heureusement, l’immense majorité des coronavirus sont incapables de pénétrer dans les cellules des primates (dont les humains).

Sept le peuvent. Quatre font partie du groupe hétéroclite des virus responsables d’infections respiratoires bénignes; on estime que de 15 à 30 % des rhumes banals sont causés par un coronavirus.

Mais trois coronavirus peuvent causer de graves épidémies : le virus du SRAS, celui du SRMO et le tout dernier, le Covid-19.

La plupart des virus respiratoires qui s’attaquent à l’humain colonisent soit les voies respiratoires supérieures (nez, bouche et gorge) ou bien les voies respiratoires inférieures (les poumons).

Les premiers provoquent des infections qui se répandent facilement, mais dont la gravité est généralement mineure. Ceux qui s’attaquent aux poumons se transmettent plus difficilement, mais causent des symptômes beaucoup plus graves.

Le Covid-19 est capable d’infecter tout le système respiratoire. Ce qui le rend à la fois très contagieux et très virulent.

Il se transmet non seulement par la toux, mais aussi par les gouttelettes de salive (ou postillons) projetées en parlant.

Voilà comment il se propage d’une personne à l’autre.

Mais comment le virus du Covid-19 réussit-il à déjouer les mécanismes cellulaires de défense que l’espèce humaine a mis des centaines de milliers d’années à developper ?

Les ventouses du Covid-19

Si la ‘coquille’ du Covid-19 est hérissée d’excroissances, ce n’est pas à titre décoratif.

Celles-ci sont des ‘ventouses’ qui adhèrent à des récepteurs à la surface de nos voies respiratoires.

Pour entrer dans une cellule, le coronavirus doit fixer une de ses excroissances au cœur (ou site actif) d’un enzyme appelé ACE2 (ou Enzyme de Conversion de l’Angiotensine 2). Cet enzyme est présent à la surface de certaines de nos cellules.

C’est la muqueuse du nez qui possède la plus forte concentration de récepteurs à Covid-19 de tout le système respiratoire. Chez les personnes symptomatiques, on récolte dans le nez entre un tiers et un demi-million de copies du virus par écouvillon.

Les ‘ventouses’ du Covid-19 adhèrent tellement bien à l’ACE2 (en comparaison avec celles du SRAS) qu’il faut beaucoup moins de copies du Covid-19 pour que l’une d’elles réussisse à entrer dans une cellule et débuter l’infection.

Évidemment, au cours de son évolution, l’espèce humaine n’a pas développé l’ACE2 pour qu’un jour des coronavirus puissent s’y fixer et nous rendre malades.

En plus des voies respiratoires, on trouve cet enzyme dans le cœur, le rein, l’intestin et les testicules.

L’ACE2 sert principalement à fabriquer une substance vasodilatatrice essentielle au bon fonctionnement du cœur et des reins.

On ne sait pas très bien pourquoi nous avons des ACE2 dans nos poumons. Peut-être servent-ils à dégrader des protéines et faciliter le nettoyage des bronches.

De tous les organes qui contiennent de l’ACE2, c’est le système respiratoire qui sert de porte d’entrée à l’infection par le Covid-19.

Comment procède-t-il ?

Lorsqu’une des excroissances du virus se fixe fermement sur une molécule d’ACE2, il en bloque le fonctionnement.

La réaction de la cellule est alors de phagocyter le virus tout entier, c’est-à-dire de l’entrainer à l’intérieur de la cellule.

Or à l’intérieur des cellules, les vacuoles servent de vidangeurs et de nettoyeurs. Dès qu’un Covid-19 est phagocyté, les vacuoles se mettent à l’œuvre pour digérer ce qu’elles croient être une simple impureté. C’est alors qu’elles grugent la paroi virale, libérant son dangereux code génétique.

Celui-ci s’empare aussitôt de la machine reproductrice interne de la cellule.

Cette machine reproductrice est celle qui permet normalement à une cellule-mère de se diviser en deux cellules-filles. Une fois piratée par le Covid-19, elle ne sert plus qu’à produire d’autres petits virus comme lui.

En somme, la cellule devient une machine à produire des virus. Ce qu’elle fait jusqu’au moment où elle est pleine à craquer.

C’est là que cette poche de virus libère son contenu, permettant aux ‘virus-fils’ de se lancer à la conquête exponentielle d’autres cellules des voies respiratoires.

Ces voies sont tapissées de cils vibratoires dont le rôle est de repousser les poussières et les particules qui tentent d’aller vers les poumons. Plus les particules sont petites, plus elles sont capables d’aller loin au creux de l’arbre respiratoire avant d’être décelées et repoussées par les cils vibratoires.

Dans la gorge ou le nez, lorsqu’une cellule infectée éclate, ce qu’elle éjecte, ce sont des particules virales de taille infime, capables d’être inhalées profondément vers les bronches.

Les conséquences

Dans le poème épique Roland furieux, écrit à la Renaissance par l’Arioste, l’auteur décrit un long combat à l’épée entre deux chevaliers.

Il y précise qu’au fur et à mesure que le combat se prolongeait, le sol se jonchait des anneaux métalliques brisés de leurs cottes de mailles.

C’est ce qui arrive aux poumons lors d’une pneumonie à Covid-19.

En éclatant sous la pression de son trop-plein de ‘virus-fils’, la cellule piratée déverse alors tout le reste de son contenu dans les bronches.

Peu à peu, les bronches s’encrassent de cellules mortes et de débris cellulaires. Il y en a tellement que les cils vibratoires ne suffisent plus à la tâche.

Appelé en renfort, le système immunitaire s’active.

Normalement, les cellules de la paroi des vaisseaux sanguins s’écartent légèrement pour laisser passer les cellules immunitaires appelées pour aller combattre l’infection dans les tissus.

Mais fragilisés par l’affaissement des tissus autour des cellules mortes, les vaisseaux sanguins deviennent trop perméables, laissant les fluides sanguins et le pus engorger les bronches.

De fil en aiguille, le patient se noie de l’intérieur, en plus d’être épuisé par la tempête immunitaire qui s’abat sur lui et qui s’attaque à tout, y compris aux cellules saines.

Références :
ACE2 Receptor Expression and Severe Acute Respiratory Syndrome Coronavirus Infection Depend on Differentiation of Human Airway Epithelia
Enzyme de conversion de l’angiotensine 2
SARS-CoV-2 Entry Genes Are Most Highly Expressed in Nasal Goblet and Ciliated Cells within Human Airways
Virological assessment of hospitalized cases of coronavirus disease 2019
Why the Coronavirus Has Been So Successful

Parus depuis :
L’ABC du Covid-19 (2020-04-05)
Broad host range of SARS-CoV-2 predicted by comparative and structural analysis of ACE2 in vertebrates (2020-08-21)
Omicron : une biologie et une dynamique virale différentes de celles observées chez les précédents variants (2022-02-09)
Covid-19 : premier cas documenté de transmission du SARS-CoV-2 du chat à l’homme (2022-06-30)
Covid-19 : des rats domestiques contaminés par leur propriétaire infecté par le SARS-CoV-2 (2022-10-17)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Covid-19 : Les pays les plus touchés au 1er avril

Publié le 1 avril 2020 | Temps de lecture : 1 minute

Voici la liste des pays les plus durement affectés par la pandémie au Covid-19. Leur population est exprimée ici en millions d’habitants et ces pays sont classés par le nombre de morts par million de personnes.

À titre comparatif, cette liste est complétée par le cas du Québec et de quelques pays d’Extrême-Orient.

Ont été exclus de cette liste quelques micro-États.


Tableau comparatif des pays les plus atteints

Pays N. de morts Population Morts/million
       
Italie 12 428 60,5 205,5
Espagne 9 053 46,7 194,0
Belgique 828 11,4 72,6
Pays-Bas 1 173 17,2 68,3
Suisse 461 8,6 53,8
France 3 523 67,0 52,6
Iran 3 036 81,2 37,4
Grande-Bretagne 2 352 66,4 35,4
Suède 239 10,1 23,6
Danemark 104 5,6 18,6
Portugal 187 10,3 18,2
Autriche 146 8,8 16,6
Irlande 71 4,8 14,7
États-Unis 4 066 327,2 12,4
Allemagne 821 82,8 9,9
Norvège 43 5,4 8,0
       
Québec 31 8,5 3,7
Corée du Sud 165 51,5 3,2
Chine 3 312 1 386,0 2,4
Hong Kong 4 7,4 0,5
Japon 57 126,8 0,4
Taïwan 5 23,8 0,2

Référence : Covid-19 Coronavirus Pandemic

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Écrit par Jean-Pierre Martel