Les mystères du Covid-19

Le 2 avril 2020

Anatomie du Covid-19

Le Covid-19 se compose de deux parties distinctes; une coquille protectrice qui emprisonne un contenu qui lui est indépendant.

Sa coquille grasse et molle est hérissée d’excroissances. Quant à son contenu, il est comme la Belle au bois dormant; vivant mais inerte.

Ce n’est pas le baiser d’un prince charmant qui réveille le Covid-19. Dès que le contenu du virus se retrouve à l’intérieur d’une cellule, c’est alors que le virus s’éveille.

Depuis le début de la vie sur Terre, les espèces vivantes sont confrontées à des microorganismes hostiles. Pour s’en protéger, elles ont développé des mécanismes qui empêchent les microbes d’entrer dans leurs cellules.

Si bien que très peu d’espèces vivantes sont formées de cellules qui laissent entrer les coronavirus.

Selon les connaissances actuelles, seuls la chauvesouris, le chameau, les primates, les furets, la civette palmiste masquée et le hamster doré font exception à cette règle.

À elle seule, la chauvesouris est un immense réservoir de coronavirus. À partir des grottes du sud de Chine, on a identifié deux-mille souches différentes de coronavirus chez cet animal.

C’est ainsi qu’en 2015, la virologue Shi Zhengli a découvert que le virus du SRAS tirait son origine spécifiquement de la chauvesouris Rhinolophus ferrumequinum (ou Grand rhinolophe fer à cheval).

Heureusement, l’immense majorité des coronavirus sont incapables de pénétrer dans les cellules des primates (dont les humains).

Sept le peuvent. Quatre font partie du groupe hétéroclite des virus responsables d’infections respiratoires bénignes; on estime que de 15 à 30 % des rhumes banals sont causés par un coronavirus.

Mais trois coronavirus peuvent causer de graves épidémies : le virus du SRAS, celui du SRMO et le tout dernier, le Covid-19.

La plupart des virus respiratoires qui s’attaquent à l’humain colonisent soit les voies respiratoires supérieures (nez, bouche et gorge) ou bien les voies respiratoires inférieures (les poumons).

Les premiers provoquent des infections qui se répandent facilement, mais dont la gravité est généralement mineure. Ceux qui s’attaquent aux poumons se transmettent plus difficilement, mais causent des symptômes beaucoup plus graves.

Le Covid-19 est capable d’infecter tout le système respiratoire. Ce qui le rend à la fois très contagieux et très virulent.

Il se transmet non seulement par la toux, mais aussi par les gouttelettes de salive (ou postillons) projetées en parlant.

Voilà comment il se propage d’une personne à l’autre.

Mais comment le virus du Covid-19 réussit-il à déjouer les mécanismes cellulaires de défense que l’espèce humaine a mis des centaines de milliers d’années à developper ?

Les ventouses du Covid-19

Si la ‘coquille’ du Covid-19 est hérissée d’excroissances, ce n’est pas à titre décoratif.

Celles-ci sont des ‘ventouses’ qui adhèrent à des récepteurs à la surface de nos voies respiratoires.

Pour entrer dans une cellule, le coronavirus doit fixer une de ses excroissances au cœur (ou site actif) d’un enzyme appelé ACE2 (ou Enzyme de Conversion de l’Angiotensine 2). Cet enzyme est présent à la surface de certaines de nos cellules.

C’est la muqueuse du nez qui possède la plus forte concentration de récepteurs à Covid-19 de tout le système respiratoire. Chez les personnes symptomatiques, on récolte dans le nez entre un tiers et un demi-million de copies du virus par écouvillon.

Les ‘ventouses’ du Covid-19 adhèrent tellement bien à l’ACE2 (en comparaison avec celles du SRAS) qu’il faut beaucoup moins de copies du Covid-19 pour que l’une d’elles réussisse à entrer dans une cellule et débuter l’infection.

Évidemment, au cours de son évolution, l’espèce humaine n’a pas développé l’ACE2 pour qu’un jour des coronavirus puissent s’y fixer et nous rendre malades.

En plus des voies respiratoires, on trouve cet enzyme dans le cœur, le rein, l’intestin et les testicules.

L’ACE2 sert principalement à fabriquer une substance vasodilatatrice essentielle au bon fonctionnement du cœur et des reins.

On ne sait pas très bien pourquoi nous avons des ACE2 dans nos poumons. Peut-être servent-ils à dégrader des protéines et faciliter le nettoyage des bronches.

De tous les organes qui contiennent de l’ACE2, c’est le système respiratoire qui sert de porte d’entrée à l’infection par le Covid-19.

Comment procède-t-il ?

Lorsqu’une des excroissances du virus se fixe fermement sur une molécule d’ACE2, il en bloque le fonctionnement.

La réaction de la cellule est alors de phagocyter le virus tout entier, c’est-à-dire de l’entrainer à l’intérieur de la cellule.

Or à l’intérieur des cellules, les vacuoles servent de vidangeurs et de nettoyeurs. Dès qu’un Covid-19 est phagocyté, les vacuoles se mettent à l’œuvre pour digérer ce qu’elles croient être une simple impureté. C’est alors qu’elles grugent la paroi virale, libérant son dangereux code génétique.

Celui-ci s’empare aussitôt de la machine reproductrice interne de la cellule.

Cette machine reproductrice est celle qui permet normalement à une cellule-mère de se diviser en deux cellules-filles. Une fois piratée par le Covid-19, elle ne sert plus qu’à produire d’autres petits virus comme lui.

En somme, la cellule devient une machine à produire des virus. Ce qu’elle fait jusqu’au moment où elle est pleine à craquer.

C’est là que cette poche de virus libère son contenu, permettant aux ‘virus-fils’ de se lancer à la conquête exponentielle d’autres cellules des voies respiratoires.

Ces voies sont tapissées de cils vibratoires dont le rôle est de repousser les poussières et les particules qui tentent d’aller vers les poumons. Plus les particules sont petites, plus elles sont capables d’aller loin au creux de l’arbre respiratoire avant d’être décelées et repoussées par les cils vibratoires.

Dans la gorge ou le nez, lorsqu’une cellule infectée éclate, ce qu’elle éjecte, ce sont des particules virales de taille infime, capables d’être inhalées profondément vers les bronches.

Les conséquences

Dans le poème épique Roland furieux, écrit à la Renaissance par l’Arioste, l’auteur décrit un long combat à l’épée entre deux chevaliers.

Il y précise qu’au fur et à mesure que le combat se prolongeait, le sol se jonchait des anneaux métalliques brisés de leurs cottes de mailles.

C’est ce qui arrive aux poumons lors d’une pneumonie à Covid-19.

En éclatant sous la pression de son trop-plein de ‘virus-fils’, la cellule piratée déverse alors tout le reste de son contenu dans les bronches.

Peu à peu, les bronches s’encrassent de cellules mortes et de débris cellulaires. Il y en a tellement que les cils vibratoires ne suffisent plus à la tâche.

Appelé en renfort, le système immunitaire s’active.

Normalement, les cellules de la paroi des vaisseaux sanguins s’écartent légèrement pour laisser passer les cellules immunitaires appelées pour aller combattre l’infection dans les tissus.

Mais fragilisés par l’affaissement des tissus autour des cellules mortes, les vaisseaux sanguins deviennent trop perméables, laissant les fluides sanguins et le pus engorger les bronches.

De fil en aiguille, le patient se noie de l’intérieur, en plus d’être épuisé par la tempête immunitaire qui s’abat sur lui et qui s’attaque à tout, y compris aux cellules saines.

Références :
ACE2 Receptor Expression and Severe Acute Respiratory Syndrome Coronavirus Infection Depend on Differentiation of Human Airway Epithelia
Enzyme de conversion de l’angiotensine 2
SARS-CoV-2 Entry Genes Are Most Highly Expressed in Nasal Goblet and Ciliated Cells within Human Airways
Virological assessment of hospitalized cases of coronavirus disease 2019
Why the Coronavirus Has Been So Successful

Parus depuis :
L’ABC du Covid-19 (2020-04-05)
Broad host range of SARS-CoV-2 predicted by comparative and structural analysis of ACE2 in vertebrates (2020-08-21)
Omicron : une biologie et une dynamique virale différentes de celles observées chez les précédents variants (2022-02-09)
Covid-19 : premier cas documenté de transmission du SARS-CoV-2 du chat à l’homme (2022-06-30)
Covid-19 : des rats domestiques contaminés par leur propriétaire infecté par le SARS-CoV-2 (2022-10-17)

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4 commentaires à Les mystères du Covid-19

  1. sandy39 dit :

    Acceptez-vous, toujours, mes vieilles choses écrites, presque un an en arrière ?…

    Aujourd’hui, l’espèce humaine doit-elle développer d’autres enzymes, pour empêcher au virus de pénétrer dans nos cellules ?

    Pourrais-je avoir d’autres explications ?

    Car, je le comprends comme ça : on a développé, au cours de notre évolution, l’ACE2 mais, ça ne suffit pas à empêcher le virus de pénétrer dans nos cellules.

    Alors, comment peut-on, aujourd’hui, apprendre à vivre avec ce virus ? ( à part le masque, distanciation sociale, vaccin…)

    Et, peut-on trouver dans l’apparition de ce virus, un message venu de la Nature ?

    Cette dernière nous laisserait-elle entendre qu’on doit changer nos comportements ?

    Peut-être est-ce le résultat d’un changement climatique mais encore, doit-on en tirer une réflexion sur le monde moderne ?

    Celui-ci produirait-il beaucoup – sans dire -, de plus en plus de fréquences nocives ?

    Et en tant qu’humain, nous sommes, peut-être, sensibles à toutes ces vibrations (les animaux le sont bien)… par l’affaiblissement de nos défenses immunitaires…

    • Jean-Pierre Martel dit :

      Au cours de l’évolution, les coronavirus ont découvert par tâtonnement qu’en se fixant sur l’ACE2 des cellules qui en ont à leur surface, ces virus pouvaient être entrainés à l’intérieur d’elles et les envahir.

      Chez l’humain, on connait le rôle important de l’ACE2 dans la régulation de la pression artérielle. Mais on ignore son rôle dans le système respiratoire.

      Pour devenir résistants aux coronavirus, les humains pourraient cesser de produire l’ACE2 dans leur système respiratoire (s’il n’y joue aucun rôle). En effet, cela supprimerait la porte d’entrée de ces virus dans notre corps. Mais cela prendrait des centaines de milliers d’années d’évolution.

      Le véritable moyen de combattre le Covid-19 une fois qu’il a commencé à envahir notre organisme, c’est par la fabrication, par notre organisme, d’anticorps (sous-entendu : anticorps… étranger). Ces anticorps sont à la base de notre réponse immunitaire.

      Cette réponse immunitaire, on peut la développer de manière risquée en contractant l’infection à ce virus, ou de manière sécuritaire par le biais de la vaccination.

      Faut-il voir dans cette catastrophe un message divin ou un message venu de la nature ?

      Répondre à cette question philosophique (et scientifique) justifierait la rédaction d’un texte spécifique à ce sujet.

  2. Counil dit :

    Bonjour Jean-Pierre, je viens de te lire sur le COVID. Nous avons choisi la solution de la vaccination fixée au moi de mars. Nous espérons avoir de tes nouvelles ainsi que de tes trois filles. Et ta maman….En attendant de te lire aussi avec plaisir la famille COUNIL te fait de gros bisous. Colette.counil@gmail.com ou pierre.counil@gmail.com

  3. sandy39 dit :

    J’ai bien aimé “Le Monde” et “les Réalités biomédicales” où certains journalistes médico-scientifiques ont des blogues qui nous renseignent beaucoup sur notre nature humaine !

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