Introduction
Ce matin, en conférence de presse, la ministre québécoise de la Santé a déclaré :
« Les établissements [de santé] se sont organisés pour que les opérations d’approvisionnement [en masques] se fassent de façon optimale.
(…)
Il faut vraiment insister sur l’utilisation judicieuse des masques. Que ce soit les N95 ou les masques de procédure.
(…)
Il faut vraiment s’assurer que les masques, par exemple les N95, soient pour les bons intervenants dans les bonnes procédures. Je ne pense pas que c’est normal qu’un gardien de sécurité porte un N95.
(…)
Je sais que les gens qui sont dans le maintien à domicile, les CHSLD, la protection de la jeunesse sont préoccupés. Ils ont ce qu’il faut. Mais il faut absolument qu’ils les utilisent dans les bonnes constances.
(…)
C’est la condition pour en avoir suffisamment pour la suite des choses.»
Traduction
Ce que la ministre veut dire, c’est qu’on manque de masque.
Voilà pourquoi on estime que des ‘subalternes’ (comme des gardiens de sécurité) devront accepter de courir un certain risque afin qu’on ait suffisamment de masques N95 pour ceux qui sont au cœur de la lutte contre la pandémie.
La ministre a raison de fixer des priorités. Dans une guerre, il arrive qu’un général doive sacrifier un bataillon si cela lui permet d’infliger à l’ennemi une défaite plus décisive sur un autre front.
Or dans ce cas-ci, le front, il est aux urgences, aux soins intensifs, aux cliniques de dépistage, et non à la porte de l’hôpital.
Si on avait tellement de masques qu’on ne savait pas où les mettre, la ministre ne serait pas obligée de les rationner au bénéfice des ‘bonnes personnes’ aux ‘bons endroits’.
Ces temps-ci, on insiste beaucoup sur l’importance du lavage des mains. Effectivement, l’eau et le savon tuent plus efficacement le virus du Covid-19 que n’importe quel désinfectant.
Mais cela ne doit pas nous faire oublier que si la pandémie du Covid-19 se propageait par le toucher, elle n’aurait pas fait le tour du globe en trois mois.
Pour que l’épidémie se soit répandue aussi facilement, c’est que son principal mode de transmission, c’est par voie pulmonaire. En somme, par des particules virales en suspension dans l’air.
Dans le contexte d’une pénurie de masques, la distanciation sociale devient la seule alternative.
Comment en est-on arrivé là ?
Réponse : on a mal évalué ce qui fait partie des ressources stratégiques. Au Canada, comme dans tous les pays du G7, on a cédé aux chantres de la mondialisation aveugle.
Dans une guerre conventionnelle, si on manque de pétrole, les bombardiers sont cloués au sol et les chars d’assaut ne peuvent plus avancer. Alors qu’on a toujours suffisamment de chair à canon pour continuer les hostilités.
Voilà pourquoi l’accès à des réserves pétrolières est qualifié de stratégique; l’issue de la guerre en dépend.
Le Canada a perdu la presque totalité de sa capacité de produire des ingrédients actifs et des médicaments finis, laissant l’industrie pharmaceutique internationale délocaliser sa production en Chine ou en Inde afin de réaliser des économies d’échelle.
De la même manière, on n’a pas jugé stratégique la production nationale de tout ce qui est essentiel pour lutter efficacement contre de graves pandémies.
L’Inde n’a pas encore été touchée par le Covid-19. Au moment où ces lignes sont écrites, on y compte vingt-neuf morts. Deux de plus qu’hier.
Dans ce pays de 1,3 milliard d’habitants, la distanciation sociale est impossible à faire respecter. On doit donc s’attendre à ce que ce pays détrône facilement les États-Unis au premier rang des pays les plus touchés par la pandémie.
On ne sera donc pas surpris d’apprendre qu’un million de masques destinés au Québec sont présentement bloqués en Inde. Les dirigeants du pays savent ce qui s’en vient. À leur place, que ferions-nous ?
Conclusion
Lorsqu’ils auront enterré leurs morts, les peuples occidentaux seront mûrs pour une révolution.
L’annonce que des centaines de milliards de dollars seront dépensées pour sauver l’économie ne doit pas nous faire oublier que cet argent sera puisé dans nos poches ou, comme toute dette, puisé dans celles de nos enfants.
Pour nous convaincre qu’ils sont réellement au service du peuple, nos dirigeants politiques devront financer la relance de l’économie en faisant main basse sur les sommes colossales cachées dans les paradis fiscaux et en taxant substantiellement le chiffre d’affaires des géants de l’Internet.
Comment nos dirigeants peuvent-ils être à ce point inféodés au grand capital international pour se soumettre volontairement à des traités internationaux qui leur interdisent d’assurer la sécurité de leur population ?
Alors que la pandémie débute en Amérique du Nord, le nombre de morts par million de personnes est déjà de 8 aux États-Unis et de 2 au Canada.
Dans certains pays d’Extrême-Orient, il y a presque plus de nouveaux décès. À l’issue (ou presque) de la pandémie dans ces pays, le nombre de morts par million de personnes est de 2 en Chine, 0,5 à Hong Kong, 0,4 au Japon et de 0,2 à Taïwan.
La Chine, le Japon, Taïwan et la Corée du Sud ont retenu les leçons de l’épidémie du SRAS en 2003. Cette fois-ci, ils ont agi promptement avec force.
Mais aucun pays occidental n’a fait de même.
Le temps des explications approche donc…
Références :
COVID-19 – La ministre McCann fait le point sur la situation au Québec
La pandémie va frapper le Canada de plein fouet, dit le Dr Joanne Liu, qui propose trois axes de lutte
Les pénuries de médicaments
Plan canadien de lutte contre la pandémie d’influenza
Plus d’un million de masques retenus en Inde
Parus depuis :
Les commandes de masques arriveront-elles à temps? (2020-03-31)
Bataille pour des masques chinois entre la France et les États-Unis (2020-04-01)
En Inde, le confinement peut tuer (2020-04-01)
Ne pas porter de masque pour se protéger du coronavirus est une « grande erreur » (2020-04-01)
Pénurie appréhendée de matériel médical (2020-04-01)
Les États-Unis demandent à 3M de ne plus envoyer de masques au Canada (2020-04-03)
La guerre des masques (2020-04-04)
Derrière les masques (2020-04-08)
Qu’attend Québec pour imposer le masque? (2020-04-18)
A Hongkong, la prise en charge au plus tôt des malades a permis d’éviter la crise sanitaire (2020-05-07)
(Historique) Panique à Québec : dans les coulisses de la course aux masques (2020-12-15)
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Brrrrr ! Ça fait froid dans le dos.