Introduction
En 2017 et 2018, sur un nombre total de quarante-mille personne qui ont demandé l’asile au Canada, 37 300 l’ont fait en traversant le chemin Roxham, soit une moyenne annuelle de 18 650 personnes.
En 2019, leur nombre a légèrement diminué à 16 000. Pour les premiers mois de cette année, ce serait 1 115 personnes.
Selon Jean-Pierre Fortin, président du syndicat des douanes et de l’immigration, environ 60 à 80 personnes empruntent quotidiennement cette voie de ces temps-ci.
Ce chemin est une voie terrestre reliant à pied le Québec à l’État de New York.
New York, un épicentre de la pandémie au Covid-19
Avec une population deux fois moindre que celle du Canada — 19,5 vs 36,6 millions de citoyens — l’État de New York compte cinq fois plus de morts causées par le Covid-19 (125 vs 24, au moment où ces lignes sont écrites).
En raison de tests de diagnostic défectueux, le nombre officiel de personnes infectées aux États-Unis est une grossière sous-estimation. Comme c’est le cas dans de nombreux pays, pour différentes raisons.
La seule chose incontestable, c’est le nombre de morts.
Ce nombre nous révèle que l’épidémie est dix fois plus répandue dans l’État de New York qu’au Canada.
Au moment où ces lignes sont écrites, il est plus dangereux d’accueillir au Québec une personne provenant de l’État de New York qu’une personne provenant de la province chinoise de Wuhan (berceau de la pandémie).
L’aveuglement idéologique
Ce matin, Le Devoir publie un éditorial critiquant la décision du Canada — prise vendredi dernier — de fermer ses frontières aux réfugiés.
L’éditorialiste termine son plaidoyer en écrivant : « …la crise et la peur nous aveuglent-elles quant à nos responsabilités humanitaires ? Et si un pays développé comme le Canada n’est pas en mesure d’accueillir ces migrants, qui le sera ?»
C’est une grossière erreur de confondre une mesure sanitaire adoptée par la presque totalité des pays occidentaux avec de la xénophobie.
Alors que le système de santé du Québec n’est pas encore débordé, mais pourrait le devenir à tout moment, il serait imprudent d’accueillir des milliers de chevaux de Troie de l’épidémie américaine, attirés par la gratuité de notre système de santé.
Il y a un temps pour chaque chose.
Si le Canada fait respecter cette fermeture des frontières comme il s’y est engagé (c’est à voir), son message aux réfugiés est simple : « Si vous songez à vous réfugier au Canada, ce n’est pas le temps.»
S’imaginer qu’il suffit de mettre ces gens en quarantaine, c’est oublier que c’est ce que faisait déjà le Canada. Sauf que personne ne sait ce que le fédéral entend par ‘quarantaine’.
À la suite de la pandémie du SRAS qui a durement affecté Toronto en 2003, le fédéral a dépensé des millions$ pour automatiser (de manière excellente) les déclarations aux douanes. Mais il n’a pas dépensé un sou pour acheter des scanneurs thermiques comme l’ont fait de nombreux pays afin de protéger leur population.
De plus, pendant une semaine, le fédéral a été sourd aux requêtes de provinces de fermer les aéroports internationaux alors qu’il était déjà évident que c’est par le biais du transport aérien international que l’épidémie se répandait.
Donc je ne remettrais pas le sort des Québécois entre les mains du fédéral. Dans cette crise, ses ministres ne sont que des pantins qui répètent les lignes écrites par leurs relationnistes.
Conclusion
À l’heure où le premier ministre du Québec déconseille les voyages d’une région à l’autre du Québec, à l’heure où les provinces veulent que le fédéral interdise les voyages interprovinciaux non essentiels, voilà que le Conseil canadien des réfugiés et Le Devoir veulent qu’on fasse exception pour les réfugiés en provenance des États-Unis.
On ne parle pas ici de réfugiés qui seraient torturés à mort si le Canada refusait de les accueillir.
Le pire qui pourrait leur arriver, c’est que Washington les expulse du territoire américain. Dans la mesure où les États-Unis seront bientôt l’épicentre mondial de la pandémie, ne serait-ce pas un moyen de leur rendre service malgré eux ?
Références :
Arizona man dies after taking coronavirus ‘cure’ Trump touted with false claims
Coronavirus : les tests de diagnostic envoyés par les États-Unis fonctionnent mal
Covid-19 : les données en temps réel
COVID-19 : pas d’isolement obligatoire pour les migrants passant par le chemin Roxham
La Vérif : les migrants passant par le chemin Roxham sont-ils privilégiés?
Temperature screening to cover all flights
Parus depuis :
Coronavirus: des migrants détenus en grève de la faim (2020-03-26)
Le Canada ouvre à nouveau ses frontières à des demandeurs d’asile (2020-04-22)
COVID-19 : « C’est un peu hors de contrôle » à Montréal-Nord (2020-04-28)
Un quart des voyageurs malades de la COVID-19 au Québec venaient des États-Unis (2020-05-04)
Pour consulter tous les textes de ce blogue consacrés au Covid-19, veuillez cliquer sur ceci
Je reste effarée de la situation modiale dans laquelle nous plonge cette pandémie de covid-19. Je suis contente de n’être pas à la place de quelqu’un à qui imcomberait le devoir de prendre une décision. L’ampleur du sujet est trop impressionante pour que mon petit cerveau réagisse. La torpeur m’a gagné. Je suis vieille et résignée. Merci pour vos excellentes mises au point par ce blogue. Amitiés.
Chemin Roxham :
« L’Organisation mondiale de la Santé ne recommande pas de fermer les frontières »
À ceux et celles qui se réjouissent de la décision du gouvernement Trudeau de fermer le Chemin Roxham. Sachez qu’il y a des sentiers qui traversent la frontière canadienne à tous les 500 pieds au pays. Les cours de géographie les plus élémentaires nous apprenaient à une certaine époque que la frontière canado-américaine est « la plus longue frontière non militarisée du monde ».
Sachons aussi que ladite frontière canado-américaine mesure plus de 6414 kilomètres et qu’il n’est pas nécessaire d’être expert-géographe pour comprendre qu’il faudrait mobiliser des milliers de gardes-frontières pour rendre cette bordure hermétique. La décision du gouvernement Trudeau de fermer le Chemin Roxham s’avère donc aussi irréaliste et inefficace que le mur de Donald Trump entre les États-Unis et le Mexique.
D’autre part, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) ne recommande pas de fermer les frontières en période de crise sanitaire, puisque l’expérience acquise en 2013 lors de l’épidémie de la maladie à virus Ebola avait démontré que les réfugiés.es trouvaient d’autres moyens d’entrer sur les territoires et se retrouvaient hors de contrôle en plaçant les populations locales encore plus à risque de contracter la maladie.
Signataires :
Christian Montmarquette, militant de gauche politique
Michel Seymour, professeur retraité, Université de Montréal
Ianik Marcil, économiste
Xavier Camus, enseignant en philosophie
Marjolaine Goudreau, présidente du RÉCIFS
Isabelle Vallée, organismes communautaires
Pascale Cormier, écrivaine
Sylvain Lafrenière, organisme communautaire
Olivier Laforme, organismes communautaires
Serge Bruneau, écrivain
Linda Roy Linda Roy, comédienne
Viviane Salette, infirmière
Alexandra Soumain, militante
Louis Horvath, poète
Lucie Mayer, chanteuse lyrique
Johanne Heppell, traductrice
Louise Trencia, retraitée
Jo Tanguay, étudiante en littérature
Louise Aspireault, retraitée
Réjean Desrosiers, poète et citoyen engagé
Vincent Chagnon, étudiant
Suzie Ouellet, organisme communautaire
https://www.pressegauche.org/Chemin-Roxham-L-Organisation-mondiale-de