Huawei : les différences de détention au Canada et en Chine

Publié le 22 janvier 2020 | Temps de lecture : 4 minutes

Depuis des mois, les journaux canadiens comparent la sévérité de la détention des Canadiens Michael Kovrig et Michael Spavor en Chine à celle, beaucoup plus clémente, de Mme Meng Wanzhou au Canada. Cette dernière est simplement confinée à la prison dorée de sa luxueuse demeure en Colombie-Britannique.

On crie donc à l’injustice.

En réalité, les deux Canadiens en Chine sont traités comme le sont les prisonniers dans ce pays, alors que Mme Wanzhou n’est pas traitée comme n’importe quel prisonnier au Canada.

Mais est-ce la faute de la Chine ?

Dans un pays communiste, tous les prisonniers sont traités durement. Qu’ils soient en attente d’un jugement ou déjà condamnés.

Dans ces pays, la prison est considérée comme une punition; on s’assure que les condamnés n’aient pas le gout de recommencer.

Quant aux simples accusés ultérieurement déclarés non coupables, ce sont des victimes collatérales du système judiciaire de tout pays totalitaire. Que ses dirigeants soient d’extrême droite (comme l’Arabie saoudite) ou d’extrême gauche (comme la Chine).

Quel est le sort des prisonniers en attente d’un jugement ?

Au Canada (mais probablement pas en Chine), les accusés sont habituellement relâchés sous caution en attente de leur procès. À moins qu’on estime que leur remise en liberté comporte un risque pour la société.

Car la prison est vue comme un moyen de protéger la société canadienne. Et c’est par le moyen des libérations conditionnelles qu’on récompense les prisonniers qui expriment leur repentir.

Quant aux condamnations au pays, elles varient selon le statut social du condamné. Cela découle du pouvoir discrétionnaire de la poursuite.

Dans les négociations secrètes entre la défense et la poursuite qui précèdent toute condamnation, lorsque l’avocat de la défense est en mesure d’établir que l’accusé est tellement riche qu’il a les moyens de faire trainer sa cause pendant des années, la poursuite finira par accepter de réclamer elle aussi la clémence du tribunal.

C’est ainsi qu’Anita Obodzinski, après avoir ruiné une personne âgée et l’avoir fait enfermer dans un hospice sécurisé, a été condamnée à purger sa peine à son luxueux domicile.

De la même manière, Pierre Duhaime, PDG de SNC-Lavalin, a été condamné à vingt mois d’emprisonnement avec sursis, une peine qu’il purgera à son domicile. Et ce pour sa contribution à la plus importante fraude de l’histoire du Canada.

Parmi les milliers de condamnés à des peines d’emprisonnement au Canada, seules les personnes riches purgeront leur peine à domicile. Jamais un assisté social n’est condamné à purger sa peine dans son HLM.

Le cas de Mme Wanzhou est donc typique du traitement que le système judiciaire canadien réserve aux personnes fortunées.

Strictement parlant, le statut de la dirigeante chinoise est celui d’une accusée à qui on a refusé la simple remise en liberté et qui a le privilège d’être incarcérée chez elle.

Afin de susciter le ressentiment des Canadiens contre la Chine, on se plait à mettre en évidence le caractère ‘injuste’ des conditions de détention de la dirigeante chinoise (comparées à celles des détenus en Chine).

En réalité, la propagande canadienne ne fait que souligner que le Canada a deux justices; l’une pour les riches et l’autre pour les pauvres.

Références :
La loi ou la force
Le DPCP et l’esprit de caste
Les tribunaux et la vieille au déambulateur

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Écrit par Jean-Pierre Martel