Pour ceux qui ne le savent pas déjà, Mike Ward est un humoriste francophone condamné deux fois pour avoir ridiculisé les divers handicaps d’un jeune de 22 ans atteint du syndrome de Treacher Collins.
Entre Mike Ward et Jérémy Gabriel, le véritable handicapé est le premier, sourd et aveugle aux décisions judiciaires rendues contre lui.
L’humoriste s’entête à se voir comme le défenseur de la liberté d’expression. Or ce n’est pas cela qui est en cause.
Sans viser personne en particulier, Mike Ward peut bien rire de tous les handicapés de la terre. Cela manque d’empathie, mais il a le droit d’en manquer.
Mais quand il ridiculise quelqu’un en particulier, il doit choisir avec discernement la victime de ses sarcasmes.
Il peut se moquer de la bouche croche d’un ex-premier ministre canadien. Mais pas de celle de son voisin, assisté social, qui serait traumatisé à vie d’être devenu publiquement son souffre-douleur.
Le sarcasme peut être une arme.
Ce qui lui est interdit, c’est de stigmatiser — littéralement, marquer de stigmates — une personne vulnérable comme le font les harceleurs contre leurs victimes.
Il ne peut pas immoler publiquement des personnes immensément plus faibles que lui sur l’autel de son talent à rendre sa cruauté amusante.
Répétant ses sarcasmes de spectacle en spectacle, Mike Ward est le modèle de l’adolescent égocentrique qui se trouve drôle en harcelant la tapette, la grosse puante et le N… de sa classe. Le modèle de celui qui estime qu’il en a le droit parce qu’il est plus fort qu’eux. Et qui se glorifie en se percevant comme le héros de ses fantasmes.
Le meilleur conseil que je pourrais donner à Mike Ward, c’est de ne pas tenter de porter sa cause en appel, de s’excuser publiquement, et de composer pour Jérémy Gabriel un numéro où celui-ci viendrait se moquer de l’humoriste dans un de ses spectacles.
Ça, ça serait sympa.