Les Indes galantes de Rameau à l’UdeM

Publié le 18 novembre 2019 | Temps de lecture : 2 minutes

Vendredi et samedi dernier, l’Atelier d’opéra et l’Atelier de musique baroque de l’Université de Montréal présentaient des extraits de l’opéra-ballet Les Indes galantes de Rameau.

Les musiciens et les chanteurs étaient principalement des étudiants de la faculté de musique, mais aussi quelques vétérans de la scène musicale baroque de Montréal.

La mise en scène et la chorégraphie étaient assurées par Marie-Nathalie Lacoursière.

Après un prologue, les deux actes (ou ‘entrées’) extraits de cet opéra-ballet furent Les Incas du Pérou et Les Sauvages.

N’étant pas critique musical, on me permettra d’éviter de juger ici la performance des interprètes. Si ce n’est pour dire que l’orchestre m’est apparu impeccable et les chœurs, puissants et justes.

Le présent texte est donc un simple photoreportage de la représentation de samedi, destiné à permettre à ces jeunes interprètes de conserver un souvenir de leurs premiers pas dans leur vie professionnelle.

Pour zoomer, il suffit de cliquer sur l’image.

Les Incas du Pérou

L’orchestre, sous la direction de Luc Beauséjour
Clémence Danvy et Martin Davout
Dominic Veilleux
Dominic Veilleux et les chœurs de l’opéra

Les Sauvages

Aurore Le Hannier et Emmanuel Hasler
Ricardo Galindo, Aurore Le Hannier et Philippe Gagné
Marie-Nathalie Lacoursière et les interprètes de l’opéra

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5 mark II, objectif M.Zuiko 40-150mm F/2,8
1re photo : 1/50 sec. — F/2,8 — ISO 6400 — 43 mm
2e  photo : 1/200 sec. — F/2,8 — ISO 2000 — 106 mm
3e  photo : 1/250 sec. — F/2,8 — ISO 2000 — 106 mm
4e  photo : 1/80 sec. — F/2,8 — ISO 500 — 40 mm
5e  photo : 1/320 sec. — F/2,8 — ISO 1250 — 125 mm
6e  photo : 1/250 sec. — F/2,8 — ISO 2000 — 115 mm
7e  photo : 1/80 sec. — F/2,8 — ISO 640 — 40 mm

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Le PQ et l’affirmation indépendantiste de QS

Publié le 18 novembre 2019 | Temps de lecture : 6 minutes

Introduction

Plusieurs choses distinguent Québec Solidaire du Parti Québécois. La principale est l’audace.

Qualifiant la Canadian Constitution de ‘torchon colonial’, QS a décidé samedi dernier qu’elle foutrait le bordel — l’expression est de moi — dans la fédération canadienne dès qu’elle prendrait le pouvoir à Québec.

Les Nationalistes courtisés par la CAQ

Issu du Mouvement Souveraineté-Association, le PQ a toujours été une coalition regroupant des gens qui attachaient une importance inégale à l’une ou à l’autre, soit la souveraineté politique et à l’association économique avec le reste du Canada.

Même le mot ‘souveraineté’ comportait une ambigüité puisqu’il ne veut pas dire exactement la même chose qu’indépendance.

Dans les faits, pour les avoir côtoyés, je ne doute pas des convictions indépendantistes des dirigeants du PQ.

Mais au niveau des membres et des sympathisants, ce parti a toujours regroupé à la fois des Indépendantistes qui souhaitent la sécession du Québec d’une part, et d’autre part des Nationalistes qui veulent simplement que le gouvernement du Québec dispose plus de pouvoir au sein du Canada.

Ces derniers ne craignaient pas l’option indépendantiste du PQ puisque ce parti s’engageait à consulter le peuple à ce sujet. Il suffisait de voter ‘non’ à un référendum pour que le PQ n’insiste pas et se contente d’être un bon gouvernement provincial.

Ces Nationalistes sont maintenant courtisés par le gouvernement de François Legault. Celui-ci se présente à eux comme une solution de remplacement au PQ, capable lui aussi de réclamer et d’obtenir plus de pouvoirs d’Ottawa.

En somme, depuis son élection, la CAQ tire sous le tapis du PQ afin de lui ravir sa clientèle la moins chaude à l’idée de provoquer la sécession du Québec.

Les Indépendantistes ‘ardents’ courtisés par QS

En plus de certains Nationalistes, la coalition péquiste comprend aussi des Indépendantistes ‘ardents’ et d’autres qui veulent promouvoir l’indépendance, mais sans faire de vagues, de manière positive, en évitant de créer de la chicane à ce sujet.

Ces deux groupes ont longtemps coexisté harmonieusement, partageant le même idéal, mais avec des moyens différents.

L’adoption du texte de refondation du PQ bouscule cette alliance puisque cette charte politique est une camisole de force qui enferme l’idéologie péquiste dans le ‘positivisme’ et consacre le triomphe des Indépendantistes mous qui en contrôlent déjà l’appareil interne depuis des années.

À la suite de son congrès de samedi — au cours duquel son option indépendantiste s’est affirmée considérablement — QS courtise maintenant les Indépendantistes purs et durs : ceux qui sont toujours membres du PQ et ceux qui avaient perdu tout espoir que le PQ réalise leurs vœux.

Le message de QS est simple : si vous voulez vraiment l’indépendance du Québec, ne perdez plus votre temps au PQ. Venez chez nous, vous y êtes les bienvenus.

Or il s’adonne que le PQ a une dette de deux-millions de dollars et que ses donateurs les plus assidus sont précisément des personnes caractérisées par une profonde ferveur indépendantiste.

En effet, la grande majorité de ceux qui donnent annuellement au PQ la contribution maximale permise par la loi ne donnent pas cet argent pour le PQ, mais pour ‘la cause’.

En d’autres mots, ces gens ont l’indépendance tatouée sur le cœur.

Puisque QS conteste le monopole du PQ sur la cause indépendantiste, ces donateurs se poseront inévitablement la question de savoir lequel de ces deux partis constitue le meilleur véhicule politique de réaliser leur idéal.

Même les membres qui ne voudront pas quitter le PQ seront tentés de le priver de leurs dons pendant quelque temps afin de l’inciter à revenir à la ferveur révolutionnaire de ses débuts.

C’est ainsi que QS glisse le tapis sous les pieds du PQ. Et ce, après que la CAQ ait fait pareil auprès d’une autre partie de sa clientèle électorale.

En attaquant de manière frontale le régime colonial canadien, QS fait du PQ une victime collatérale de cet affrontement.

La myopie du PQ

Lors de l’adoption de son texte de refondation, le PQ s’est peinturé dans le coin.

Dans son désir obsessionnel de ‘susciter l’adhésion’, de ‘bâtir des consensus’ et d’en arriver à ‘des décisions rassembleuses’,
le PQ se présente non pas comme un parti de combattants pour l’indépendance, mais un parti de pleutres, prêts à prendre la fuite au moindre affrontement avec les forces fédéralistes.

Menacé de manière existentielle par QS, si le PQ commet l’erreur de critiquer l’idéologie virile de QS face à l’ordre colonial canadien, il apparaitra comme le parti de la division au sein des forces indépendantistes alors que l’ennemi, en principe, est à Ottawa.

Conclusion

Au PQ, le succès récent du Bloc Québécois fait rêver.

Malheureusement, le PQ n’a pas encore réalisé qu’il n’a plus le monopole de la cause indépendantiste.

S’il est vrai que le PQ est le vaisseau amiral du mouvement indépendantiste, alors les dirigeants de QS en sont maintenant les corsaires, déterminés à en piller le trésor; ses plus ardents donateurs.

Ce sabordage devrait faire réaliser l’imprudence stratégique d’avoir adopté, six jours plus tôt, un texte de refondation qui condamne le PQ à la redondance politique, dépecé d’un côté par la CAQ et de l’autre par QS.

Références :
Le texte de ‘refondation’ du PQ : le paroxysme de l’insignifiance
Québec solidaire résolument indépendantiste
QS se dit en mesure de rendre «attirant pour toutes les générations» le mouvement indépendantiste

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Le 19e mort

Publié le 17 novembre 2019 | Temps de lecture : 10 minutes

Introduction

Nous sommes le vendredi 15 novembre 2019. Il est près de 6h du matin. Depuis le changement d’heure, survenu deux semaines plus tôt, il fait encore nuit.

Le temps est détestable; c’est venteux, humide et froid.

La température est un peu en dessous du point de congélation. Mais il semble faire encore plus froid en raison de l’humidité relative de 75 % et des vents qui soufflent à plus de 30 km/h.

Sur la chaussée du boulevard Décarie, à l’intersection du boulevard de Maisonneuve, un homme agonise. Il vient d’être frappé par une voiture qui roulait sur Décarie à vitesse normale vers le nord.

Dans quelques instants, il deviendra le 19e piéton montréalais tué involontairement cette année par un automobiliste. C’est un de plus que pour toute l’année 2018 et trois fois plus qu’en 2017.

Cette année, l’âge moyen des victimes est de 61 ans. Lui en avait 89.

En dépit du fait que rien ne prouve que le conducteur de la voiture ait commis une faute, la mairesse de Montréal a incité les automobilistes à la prudence. « Les gens derrière le volant doivent faire attention » a-t-elle déclaré.

Évidemment.

Cela s’appelle parler pour ne rien dire. Comme si les automobilistes le faisaient par exprès.

La question à se poser est la suivante : est-il possible que la ville ait sa part de responsabilité dans ce drame ? Si oui, qui en est responsable ?

Faire poiroter les piétons inutilement

Afin de comprendre ce que cette intersection a de particulier, je m’y suis rendu hier, le lendemain du drame. Et ce que j’ai observé m’a estomaqué.

Sans vraiment me surprendre, toutefois. Voici pourquoi.

À cette intersection, lorsque les feux de circulation changent afin de permettre aux automobilistes de traverser Décarie, ils ne permettent pas aussitôt aux piétons de faire pareil.

Il y a un délai de 38 secondes où la priorité est accordée aux automobilistes; les piétons doivent alors attendre leur tour au vent et au froid. Puis ils auront 34 secondes pour franchir Décarie, dont les 19 dernières font l’objet d’un décompte.

Donc au total, les automobilistes ont 72 secondes pour traverser Décarie. Beaucoup plus lents — surtout lorsqu’ils sont vieux — les piétons n’ont que 34 secondes.

Cette ‘fenêtre d’opportunités’ n’est vraie que si les piétons sont déjà là, au coin de la rue à attendre leur tour.

Au moment où la traversée devenait permise, si ce vieillard de 89 ans était en mouvement vers l’intersection (donc sans y être encore), il a eu encore moins de temps.

Devait-il alors presser le pas ou avait-il amplement le temps d’atteindre l’intersection puis de franchir la rue ?

À cette intersection, comme à toutes les autres à Montréal, le décompte ne s’affiche pas aussitôt que le feu change. À certaines rues du centre-ville, le décompte ne s’affiche qu’à partir des six dernières secondes.

Sur la rue Davidson à l’intersection d’Ontario, il n’y a pas de décompte et on passe du feu vert au feu rouge en quatre secondes.

Le piéton qui vient de s’engager sur la voie publique apprend alors soudainement qu’il ne lui reste plus que quelques secondes pour faire le reste ou pour rebrousser chemin. Dans tous les cas, il devra décider vite.

Nous ne saurons jamais si le vieux tué vendredi fait partie de ceux qui apprennent brutalement qu’il ne leur reste que 19 secondes pour atteindre l’autre côté du boulevard Décarie. Parce qu’à cet endroit, les piétons ne sont avisés que lorsqu’il leur reste un gros 19 secondes.

D’un trottoir à l’autre, la distance à cette intersection est de 17,5 mètres. Le piéton doit donc parcourir cette distance, au maximum, en 34 secondes.

Quelle est la proportion des personnes de 89 ans qui sont capables de parcourir 17,5 mètres en 34 secondes ?

Si ce vieillard est arrivé à l’intersection au moment où débutait le décompte de 19 secondes, c’est pire; il devait alors marcher à la vitesse d’environ un mètre par seconde ou patienter jusqu’au feu vert suivant, au froid et au vent.

Cette brutalité à l’égard des piétons dure depuis des années sans que personne la remette en question. Parce qu’à la ville, rares sont les piétons parmi les décideurs publics. Pour ces derniers, les piétons sont une nuisance à la circulation.

À la circulation de quoi ? De la circulation automobile, évidemment.

Les experts sont pourtant unanimes : la mesure la plus sécuritaire aux feux de circulation est d’avoir une phase réservée exclusivement aux piétons, c’est-à-dire d’avoir un temps où tous les feux sont au rouge pour que le piéton puisse traverser. C’est exactement le contraire à cette intersection. Avec le résultat qu’on sait.

Feux à l’intersection de Pie-IX et d’Hochelaga

À certains endroits, le décompte est même caché aux piétons qui se dirigent vers l’intersection; il n’est visible qu’à l’intersection même, incliné (comme dans ce cas-ci) en direction des automobilistes qui traverseront Pie-IX, comme si ce message leur était adressé.

À La Havane, dès que les feux de circulation changent, le décompte s’affiche aussitôt. Même quand le feu vire au rouge, les piétons sont informés de leur temps d’attente. Ils savent donc le temps qu’ils auront à patienter et peuvent décider de la meilleure manière de l’occuper.

Il y près d’un an, j’ai suggéré à la ville d’imiter la capitale cubaine. J’ai reçu une réponse informatisée. Mais rien n’a changé, 19 morts plus tard.

Le responsable de la mobilité pour Projet Montréal a déclaré qu’une collision, c’est toujours entre deux usagers et que la responsabilité est partagée entre les deux.

En somme, selon M. Éric-Alan Caldwell, lorsqu’un piéton se fait tuer, c’est toujours un peu de sa faute.

La vérité est plutôt qu’un certain nombre de vieillards montréalais meurent à chaque année par la faute exclusive des beaux parleurs qui nous dirigent et qui tardent à agir.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Le nombre de piétons tués à Montréal a triplé depuis que Projet Montréal est au pouvoir.

À mon avis, le responsable de ce dossier, M. Éric-Alan Caldwell, devrait démissionner. Tout simplement parce que c’est un incompétent.

L’incivilité municipale à l’égard des piétons

Il n’y a pas de pire violence que la mort. Or ces 19 morts, c’est dix-neuf morts de trop.

Dans mon quartier, je vois se multiplier les embuches et les contraintes imposées aux piétons depuis que Projet Montréal a été porté au pouvoir.

L’administration Plante a interdit la traversée de la rue Sherbrooke au niveau de la rue Jeanne-d’Arc. Plutôt que d’y ajouter un feu de circulation, on a préféré construire un terreplein au milieu de Sherbrooke, et d’obliger les piétons à faire un détour par Pie-IX ou par l’avenue d’Orléans.

J’ignore quel est le petit génie qui a pensé à cela, mais bravo. Félicitations.

À l’intersection de Pie-IX et de Pierre-de-Coubertin, la dernière moitié du feu vert est une longue période d’attente où les voitures peuvent continuer de traverser Pierre-de-Coubertin sans que les piétons puissent faire pareil. Encore bravo.

À l’intersection de Pie-IX et d’Hochelaga, il est fréquent que des automobilistes pressés, plutôt que de ralentir et s’arrêter quand le feu passe au jaune, préfèrent accélérer et griller le feu rouge à toute vitesse.

Plutôt que de réprimer sévèrement cette manie dangereuse — en installant une caméra de surveillance et en expédiant des contraventions après lecture automatique des plaques d’immatriculation — on a décidé d’imposer un délai aux piétons avant de leur permettre de traverser. Pour leur sécurité. Merci infiniment.

Et si l’un de ces piétons se fait tuer pareil, ce sera évidemment un peu de sa faute, comme dirait notre ‘Ponce Pilate’ municipal, responsable de la mobilité.

Conclusion

Dans la bouche des dirigeants de Projet Montréal, les mots ‘écologie’ et ‘environnement’ résonnent comme le caillou qui frappe les parois d’une caverne vide.

Le moyen le plus écologique de se déplacer est à pied. Aucun autre moyen de transport n’est meilleur pour l’environnement.

Or ce moyen de locomotion millénaire est découragé par la ville en raison des embuches qu’elle y oppose.

Au lieu de rendre plus sécuritaire la marche, l’administration Plante a consacré ses énergies à promouvoir un moyen de locomotion en partie concurrent à la marche, la trottinette électrique, qui est une aberration environnementale. Un autre dossier géré lamentablement par M. Caldwell.

La triste vérité, c’est que le responsable de la mobilité préfère s’amuser avec des gadgets plutôt que de protéger la vie des citoyens.

Il est temps que les piétons aient priorité sur tout et que la ville cesse de les décourager par des détours et des attentes inutiles.

Les politiques municipales au sujet du partage de la voie publique datent de l’époque où l’automobile était souveraine.

Heureusement, ces politiques ont été modifiées pour tenir compte des représentations des associations de cyclistes.

Mais d’un autre côté, elles n’ont jamais tenu compte des besoins des piétons parce que ceux-ci n’ont personne pour parler en leur nom.

D’ici à ce que cela change, les automobilistes devront faire attention de ne pas trop en tuer, suggère l’administration Plante.

C’est rassurant…

Références :
Appel à la prudence après la mort d’un 2e piéton cette semaine à Montréal
Est-ce que les boutons pour piétons fonctionnent vraiment?
La petite fille aux trottinettes
Les trottinettes Lime : le bonnet d’âne de Projet Montréal
L’hiver, les piétons et la police montréalaise
Météo montréalaise du 15 novembre 2019
Montréal appelle les citoyens à faire attention aux piétons plus âgés
Une année meurtrière pour les piétons montréalais

Sur le même sujet :
La crise des piétons tués durera huit ans (2019-11-19)

Pour consulter tous les textes de ce blogue consacrés à la sécurité des piétons, veuillez cliquer sur ceci.

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| Politique municipale, Sécurité des piétons, Urbanisme | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


L’abandon de l’enquête à la Société immobilière du Québec

Publié le 15 novembre 2019 | Temps de lecture : 5 minutes
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Introduction

C’est le gouvernement de Jean Charest qui a nommé un certain nombre de collecteurs de fonds du Parti libéral à la direction de la Société immobilière du Québec (SIQ).

En 2010, des faits troublants quant à la gestion du parc immobilier de la SIQ ont justifié l’ouverture d’une enquête par l’Unité permanente anti-corruption (UPAC).

Neuf ans plus tard, après un contrôle de qualité sur l’ensemble des dossiers qui trainent, l’UPAC a estimé, dans ce cas-ci, que les conditions n’étaient pas réunies pour aller de l’avant et pour demander qu’une plainte soit portée devant les tribunaux.

Soulignons que l’UPAC ne déclare pas que son enquête prouve l’innocence des accusés ni qu’elle les croit coupables mais que ses preuves sont insuffisantes à en faire la preuve.

Elle affirme simplement que les conditions n’étaient pas réunies pour lui donner l’assurance raisonnable de l’emporter dans l’éventualité où des accusations seraient portées devant les tribunaux.

Ce qui peut signifier que son contrôle de qualité a révélé des vices de forme qui plombent l’enquête à ce sujet et qui assombrissent considérablement ses chances de l’emporter.

Une issue prévisible

Si la classe politique du Québec se dit surprise et déçue par l’abandon des procédures à ce sujet, cela ne me surprend pas.

Dans le texte intitulé ‘La démission du commissaire de l’UPAC et la soupe chaude’, j’écrivais il y a un an :

Je m’attends donc à ce que tous les dossiers qui trainent à l’UPAC depuis des années connaissent dans les prochains mois un grand déblocage en raison du changement de gouvernement. Un déblocage qui sera stoppé net quand toutes ces causes seront abandonnées pour vice de forme.

Qu’est-ce qui justifiait cette sombre prédiction ?

La leçon du cas de Guy Ouellette

L’article 10 de la Canadian Constitution exige qu’en cas d’arrestation, tout citoyen soit informé des motifs qui la justifie dans les plus brefs délais.

À l’époque de l’arrestation du député Guy Ouellette, l’UPAC affirmait que l’opération visait à sécuriser des éléments de preuve. Toutefois, l’UPAC s’est obstinée à cacher quelles étaient précisément les actions criminelles qu’aurait commises Guy Ouellette dans cette affaire.

Ce déni de ses droits constitutionnels constituait un vice de forme qui rendait impossible toute condamnation devant les tribunaux (en supposant que le député ait été fautif). D’où l’abandon des procédures huit mois plus tard.

Mais dans le cas du député, le but de l’arrestation n’était pas de le faire condamner, mais de le museler en l’empêchant de se défendre d’une accusation dont il ignorait la nature et de le rendre inapte à siéger à toute commission parlementaire devant laquelle l’UPAC pourrait être convoquée, l’ancien patron de l’UPAC et lui étant à couteaux tirés.

Le fiasco de l’affaire Ouellette aurait dû faire soupçonner à la classe politique québécoise que les méthodes de l’UPAC étaient au moins occasionnellement illégales, voire anticonstitutionnelles.

Mais les députés ont préféré l’aveuglement et par conséquent, expriment aujourd’hui leur surprise… feinte ?

Conclusion

L’impuissance totale de l’UPAC à faire sanctionner la corruption sous le gouvernement de Jean Charest — contrairement à son bilan remarquable contre la corruption municipale — vient du fait qu’un ‘verrou libéral’ a plombé toutes les enquêtes relatives au Parti libéral du Québec en y ajoutant des vices de forme qui, au final, rendent impossible la condamnation des coupables.

L’abandon de l’enquête au sujet de la SIQ sous le motif vague d’un vice de qualité en est le signe annonciateur.

On doit donc s’incliner devant le génie machiavélique de ce ‘verrou libéral’, dont on me permettra de taire le nom.

Pour terminer, je tiens à préciser que je n’ai jamais eu confiance dans l’ancien commissaire de l’UPAC (nommé par le gouvernement de Jean Charest). Toutefois, le nouveau commissaire, nommé à l’unanimité par l’Assemblée Nationale, jouit de ma confiance la plus totale.

Sa décision d’abandonner cette enquête (et les autres abandons qui suivront) est la conséquence inéluctable de ce qui s’est passé avant lui. Il n’y est pour rien.

Références :
La démission du commissaire de l’UPAC et la soupe chaude
Les abus de pouvoir de l’UPAC
L’UPAC ferme son enquête sur la Société immobilière du Québec

Paru depuis :
Affaire Normandeau : Lafrenière et son entourage à l’origine des fuites, selon le BEI (2022-05-30)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Le projet ‘Rossignol’ de Google

Publié le 14 novembre 2019 | Temps de lecture : 2 minutes


 
Introduction

Société américaine sans but lucratif, Ascension dispense pour 1,8 milliard$ de soins de santé à des religieux catholiques et à certains nécessiteux dont ils s’occupent.

C’est la plus grande société catholique de soins de santé au monde. Elle exploite 2 600 sites de soins, dont 150 hôpitaux et 50 maisons pour personnes âgées.

Afin de faciliter le travail multidisciplinaire et de permettre à ses spécialistes d’avoir accès à ses données, Ascension a décidé d’entreposer ses données sur les serveurs infonuagiques de Google (Google Cloud).

En somme, c’est l’équivalent du DSQ (dossier de santé du Québec).

Toutefois, l’entente avec Google va beaucoup plus loin.

Lundi dernier, le Wall Street Journal révélait que l’entente donne secrètement à Google l’accès illimité aux données des millions de patients d’Ascension.

Plus de 150 employés de Google connaitront donc l’identité des patients, leurs coordonnées, les diagnostics, les résultats d’examens et les antécédents familiaux, le tout à l’insu des patients concernés.

Un rossignol indiscret

Le projet Nightingale (en français : Rossignol) vise à développer, grâce à l’intelligence artificielle, des outils permettant de suggérer aux médecins des examens complémentaires, des prestations supplémentaires ou des traitements, voire de découvrir des anomalies dans le parcours de soins.

Tout comme le moteur de recherche de Google s’accompagne de publicités ciblées, rien dans le projet Rossignol n’empêche Google de donner préséance aux tests ou aux traitements de ses partenaires d’affaires parmi ses recommandations médicales.

Google précise : « Nous cherchons à fournir des outils qu’Ascension pourrait utiliser afin d’apporter des améliorations dans la qualité clinique et la sécurité des patients

Toutefois, les algorithmes et les applications développés par Google afin d’aider (sic) le personnel soignant demeureront confidentiels puisqu’ils constituent des secrets commerciaux.

Références :
Google’s ‘Project Nightingale’ Gathers Personal Health Data on Millions of Americans
I’m the Google whistleblower. The medical data of millions of Americans is at risk
L’accord controversé de Google avec plus de cent cinquante hôpitaux aux Etats-Unis
Liste permanente de vols de données par l’internet

Détails de la photo : Droits appartenant à Stokkete. Photo distribuée par la banque d’images Onepixel.

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Catherine Dorion et le respect des institutions

Publié le 13 novembre 2019 | Temps de lecture : 2 minutes

Introduction

À la suite d’une plainte logée par le Parti Libéral du Québec, on a interdit jeudi dernier l’accès à l’Assemblée nationale de la députée Catherine Dorion qui s’y était présentée revêtue d’un coton ouaté.

Selon le règlement, les députés doivent y siéger en ‘tenue de ville’.

Le conformisme vestimentaire

Pendant des décennies, les parlements du Canada étaient composés presque exclusivement d’avocats. S’habiller comme l’un d’eux était donc la norme.

De nos jours, au Congrès américain, on n’y trouve plus autant d’avocats qu’autrefois. Mais, à ma connaissance, tous ceux qui y siègent sont des millionnaires.

Adhérer aux codes vestimentaires et aux manières de cette classe sociale est le moyen de s’y faire accepter.

À sa manière, le règlement de l’Assemblée nationale du Québec est une façon d’obliger les députés à se soumettre au conformisme vestimentaire des possédants.

Le respect et la dignité

Fondamentalement, ce n’est pas manquer de respect au parlement d’y représenter le peuple à son image.

Que le député plombier y soit habillé comme un plombier, cela n’est pas plus irrespectueux pour l’institution que pour un banquier d’y porter son habit de travail.

Ce qui est irrespectueux, c’est d’y manquer de dignité.

Pour un parlementaire, la pire indignité, c’est d’utiliser son influence pour piller le Trésor public au profit de ceux qui ont contribué à la caisse électorale de son parti.

À l’époque du gouvernement libéral de Jean Charest, la corruption qui y prévalait — et qui est demeurée impunie à ce jour — était une offense à la dignité de l’État.

Or de nos jours, ce sont les représentants de ce même parti — tels les sépulcres blanchis de la Bible — qui s’offensent de l’indignité de la députée Catherine Dorion.

Il me semble qu’il y a un écart de gravité dans la faute — vestimentaire pour l’une et éthique pour ses accusateurs — que ces derniers ne semblent pas avoir mesuré.

Référence : L’accès au Salon bleu refusé à Catherine Dorion

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Le test indépendantiste du Parti Québécois

Publié le 12 novembre 2019 | Temps de lecture : 3 minutes

Il existe de nombreuses raisons de faire l’indépendance du Québec. Parmi celles-ci, certaines sont des arguments en or, c’est-à-dire des arguments incontestables qu’aucun Fédéraliste ne peut réfuter.

Parmi ceux-ci, il y a l’argument selon lequel l’indépendance est le seul moyen d’éviter le passage d’un pipeline canadien au travers du territoire québécois.

En effet, le transport interprovincial de marchandises est de compétence constitutionnelle exclusive du fédéral. Les provinces n’ont aucun pouvoir à ce sujet.

Pour l’agriculteur québécois, perdre une certification bio durement acquise si jamais un pipeline traverse ses champs, voilà un argument solide. Mais au contraire, lui dire que grâce à l’indépendance, le Québec pourra s’assoir à la table des Nations, c’est une chose dont il peut se passer.

Donc dans l’idéologie péquiste, il y a du mou et du dur.

Le recours à l’argument solide du pipeline (ou le refus de l’utiliser) est un des moyens faciles de vérifier la sincérité du ‘virage’ indépendantiste du PQ.

Depuis des années, le PQ nie l’impuissance du Québec face à l’ordre pétrolier canadien.

Le PQ soutient que s’il était au pouvoir, il réussirait — grâce aux pouvoirs normatifs d’un gouvernement provincial — à faire indirectement ce qu’il ne peut pas faire directement; bloquer le passage d’un pipeline transcanadien au Québec.

En plein congrès du PQ, j’ai fait scandale en déclarant que le PQ se tire dans le pied en faisant croire aux Québécois qu’ils peuvent avoir tous les avantages de l’indépendance sans avoir besoin de la faire.

Or justement, un pipeline canadien doit traverser le Québec d’ici 2030, alors que les capacités combinées des pipelines Keystone (vers les États-Unis) et Trans-Mountain (vers l’océan Pacifique) seront devenues insuffisantes à exporter tout le pétrole canadien, dont les capacités d’extraction sont constamment en croissance.

À cette fin, le Parti conservateur promet la création d’un ‘couloir énergétique’ traversant le Québec. Le Parti libéral fédéral évite le sujet, mais fera pareil parce que les investisseurs de Bay Street l’exigent. Tout simplement.

Si le PQ continue d’éviter d’utiliser cet argument en or, c’est que le nouveau PQ est exactement comme l’ancien; un parti qui parle d’indépendance parce que c’est bon pour la collecte de fonds, mais un parti qui, de nos jours, est devenu peureux à l’idée même de la faire.

Références :
Le PQ et Énergie-Est
Le texte de ‘refondation’ du PQ : le paroxysme de l’insignifiance
Pétrole et élections : un rendez-vous manqué avec le destin
Pétrole traversant le Québec : l’anesthésie péquiste

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| 2018-202X (années Legault), Politique québécoise | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


Immigration : un arrimage chaotique

Publié le 11 novembre 2019 | Temps de lecture : 5 minutes

Les besoins éphémères

Depuis plus d’un an, le gouvernement caquiste répète inlassablement son intention d’arrimer l’immigration aux besoins du marché. Et ce, à l’aide d’un système informatique appelé Arrima.

L’assise fondamentale de ce système est la conviction qu’on peut évaluer précisément les besoins du marché.

Effectivement, on peut évaluer les besoins actuels du marché en compilant les emplois disponibles.

Toutefois, la manière la plus efficace de combler de tels besoins est par le biais des permis de travail.

On le fait déjà pour les travailleurs saisonniers. Il suffit de généraliser les programmes à ce sujet.

Ce moyen est plus rapide parce que le candidat n’a pas à décider de recommencer sa vie au Québec, d’abandonner parents et amis à l’Étranger, et de quitter le sol où ses ancêtres sont ensevelis.

Si les règles sont claires, le travailleur temporaire sait qu’il retournera chez lui lorsqu’on n’aura plus besoin de lui ici.

Par contre, si on veut combler des besoins actuels par le biais de l’immigration, non seulement les délais administratifs s’allongent, mais dès que les besoins du marché changent après qu’un candidat ait obtenu la citoyenneté canadienne, on aura ‘arrimé’ un immigrant à des besoins qui se seront avérés finalement éphémères.

Besoins du marché vs politique migratoire

Voilà pourquoi une politique migratoire doit aller bien au-delà d’une simple compilation d’emplois disponibles.

Et c’est là que les choses se compliquent.

Tout ce qui existe peut être mesuré. Et ce qui existera peut-être fait partie du domaine des prédictions.

Le ministère de l’Immigration possède-t-il l’expertise interne qui lui est nécessaire pour prédire les besoins futurs du marché ?

La réponse à cette question nous est fournie par l’amateurisme dont il a fait preuve en réformant le Programme de l’expérience québécoise.

Rappelons qu’en vertu de ce programme, tout étudiant ayant terminé ses études avec succès au Québec pouvait obtenir facilement le statut de résident permanent.

Du jour au lendemain, le gouvernement a décidé de restreindre ce privilège qu’à ceux qui étudient dans des domaines qui, selon lui, sont arrimés aux besoins du marché.

Le cas le plus absurde est le cas du baccalauréat en Sciences domestiques — qui apparait dans la liste du ministère — un programme aboli depuis des décennies et qui visait à donner autrefois une formation rigoureuse aux femmes qui se destinaient à devenir les ‘reines du foyer’.

Mais comment le gouvernement Legault en est-il arrivé là ?

Il semble que les fonctionnaires du ministère de l’Immigration se soient basés sur l’édition de 2018 de l’État d’équilibre du marché du travail. Il s’agit d’un rapport annuel publié par le ministère du Travail dont l’édition de 2018 a été préparée à partir de données remontant à l’année précédente.

En somme, le talon d’Achille de cette politique migratoire, c’est qu’elle sera toujours basée sur des prédictions anciennes au sujet des besoins anticipées du marché.

Toute la rigueur présumée d’une politique basée sur les besoins du marché s’avère donc être un mirage qui s’évanouit au contact de la réalité concrète du fonctionnement de l’État et de l’imperfection de la nature humaine.

Une alternative humaniste

Depuis 2001, la réforme éducative québécoise repose à la fois sur l’apprentissage des connaissances et sur l’acquisition de compétences jugées importantes au XXIe siècle : la pensée critique, la communication, la collaboration, la créativité, l’innovation, la facilité numérique et technologique, l’apprentissage continu, la flexibilité et l’adaptabilité, la citoyenneté, et l’esprit d’initiative.

On qualifie de transversales les compétences qui, une fois acquises, pourraient être appliquées dans n’importe quel autre domaine.

Depuis près de deux décennies, tous les enseignants du Québec évaluent l’acquisition de compétences transversales chez leurs élèves. Or évaluer cela chez un candidat à l’immigration ou chez un écolier, c’est pareil.

Le système Arrima consacre la suprématie des marchés. Il repose malheureusement sur une illusion; l’aptitude à prévoir rigoureusement les besoins futurs d’une économique dont le rythme de transformation s’accélère.

Plus pertinente, une politique migratoire humaniste consacre la suprématie de l’être humain.

En effet, ce dont le Québec a besoin, ce sont des citoyens capables d’affronter l’avenir, de s’y adapter et de réussir leur vie dans un monde en évolution. Or ce monde sera de plus en plus imprévisible.

Les compétences valorisées par notre politique migratoire devraient être les mêmes que celles inculquées par notre système éducatif à nos propres enfants.

De manière à ce que rien ne distingue l’aptitude à réussir du citoyen né au Québec de celui qui est venu s’y installer plus tard dans son existence.

Références :
Fonction publique : coupe-t-on encore dans le gras ?
Immigration : la liste de formations du gouvernement Legault pleine d’incohérences
Immigration : l’illusion des prophéties
Les vieux arguments de François Legault
Tellement contre-productif!

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Effets du protectionnisme américain contre la Chine

Publié le 6 novembre 2019 | Temps de lecture : 3 minutes

La Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement a publié hier un rapport au sujet des effets de la guerre commerciale que se livrent les États-Unis et la Chine sur le commerce américain.

En gros, les États-Unis ont imposé une taxe de 25 % sur 200 milliards$US d’importations chinoises, de 15 % sur une autre tranche de 125 milliards$US de biens importés de Chine, alors qu’une dernière tranche de 175 milliards n’était pas affectée.

Si l’objectif de Donald Trump était qu’on produise de nouveau aux États-Unis des biens que les États-Unis ont pris l’habitude d’importer de Chine, cette politique est un échec.

C’est un échec parce que la différence des couts de production entre la Chine et les États-Unis est beaucoup plus grande que 25 %.

D’ailleurs, si les États-Unis imposaient des tarifs douaniers suffisamment importants, démarrer une nouvelle usine prend du temps et exige souvent l’acquisition d’une certaine expertise qui n’est pas à la portée de n’importe quel investisseur.

Ces taxes ont eu deux effets.

Le premier effet est une augmentation des importations en provenance de fournisseurs alternatifs. Même chose pour les importateurs chinois qui se sont également approvisionnés ailleurs.

Puisque cette guerre commerciale a débuté à l’été de 2018, on a comparé les importations américaines au cours de la première moitié de 2018 avec celles de la première moitié de 2019.

En provenance de la Chine, elles furent respectivement de 130 milliards$US et de 95 milliards$US, soit une baisse de 35 milliards$US (soit environ le quart du 130 milliards$US).

Environ 63 % de cette baisse a été compensée par une augmentation de l’approvisionnement auprès d’autres pays.

C’est ainsi que les exportations de Taïwan vers les États-Unis ont augmenté de 4,2 milliards$US, principalement en fourniture de bureau.

Le Mexique a augmenté ses exportations de 3,5 milliards$US en produits agroalimentaires, en matériel de transport et en machinerie électrique.

L’Union européenne a augmenté les siennes de 2,7 milliards$US.

Après le Vietnam, le Japon et la Corée du Sud, le Canada est au septième rang des bénéficiaires, avec une hausse des exportations vers les États-Unis estimée en 0,9 et 1,5 milliard$US.

En tout, c’est 21,4 milliards$US sur les 35 milliards$US perdus par la Chine qui ont été gagnés par des fournisseurs alternatifs. Le reste, soit 14 milliards$US, est dû à une baisse de la demande américaine, provoquée en partie par des pénuries d’approvisionnement.

Quant à la majorité des exportations chinoises — 95 milliards$US dans la première moitié de 2019 — elles se sont poursuivies en dépit des tarifs douaniers. Les taxes payées par les importateurs américains ont été refilées aux consommateurs américains sous forme de hausses de prix.

Quant à la Chine, si ses exportations vers les États-Unis ont baissé sur les produits tarifés, il n’est pas exclu de penser que cette baisse ait été compensée par une augmentation des ventes sur d’autres marchés.

Par exemple, après un recul de ses ventes au pire de la campagne américaine contre Huawei, cette compagnie a augmenté ses ventes à l’international de 23,2 % au premier trimestre de 2019.

Références :
Trade and trade diversion effects of United States tariffs on China
Les ventes de Huawei en hausse
Key Statistics and Trends in Trade Policy 2018
Trade Wars: The Pain and the Gain

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| Économie, Politique internationale | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


RONA : l’audace des traitres

Publié le 3 novembre 2019 | Temps de lecture : 7 minutes

L’histoire d’une trahison

Après avoir échoué à acheter RONA en 2012, la compagnie Lowe’s était revenue à la charge avec une offre à peu près identique en 2016, offre qui fut acceptée.

La différence, c’était que le dollar canadien valait 1,05$US en 2012 et 0,75$US en 2016. De plus, RONA avait procédé à un rachat de ses actions. Donc Lowe’s en avait moins à acheter.

Conséquemment, même si le prix offert par action passait de 14,50$ à 24$, le montant total (en argent américain) était à peu près le même.

La valeur boursière (c’est-à-dire spéculative) de l’entreprise avait baissé, ce qui rendait la même offre plus intéressante pour les actionnaires.

Mais ce qui a fait toute la différence, c’est que l’américaine graissait la patte des membres du Conseil d’administration de RONA sous forme d’indemnités de départ. Dont 4,1 millions$ pour le président de l’époque.

Or, entre 2012 et 2016, le Conseil d’administration de RONA était devenu composé majoritairement d’Ontariens pour qui la défense d’un fleuron de l’économie québécoise ne voulait rien dire.

L’achat avait été facilité par le gouvernement Couillard qui avait permis (ou ordonné ?) qu’Investissement-Québec se départisse de sa minorité de blocage.

La ministre libérale de l’économie de l’époque, Dominique Anglade déclarait :

« Ce qui est important pour nous c’est que les emplois soient maintenus au Québec, que les fournisseurs québécois puissent profiter de cette transaction pour exporter et profiter des marchés étrangers et que le siège social soit maintenu au Québec. (…)
Mon rôle sera de m’assoir avec le PDG de l’organisation dans les prochaines semaines et de m’assurer que tout ce qui est présenté sur papier sera respecté.»

Ce que le gouvernement Couillard négligeait de dire, c’est que les fleurons font partie du patrimoine économique d’un pays.

De la même manière que les États interdissent l’exportation d’œuvres d’Art qui représentent la quintessence du génie national, tout politicien qui reste les bras croisés face à l’acquisition étrangère de fleurons économiques fait acte de trahison puisqu’il remet le contrôle d’un secteur de son économie à l’hégémonie d’intérêts étrangers.

Les victimes collatérales

À l’époque de la vente de RONA, Pierre-Karl Péladeau (du PQ) et François Legault (de la CAQ) prévoyaient que Lowe’s ne tiendrait pas ses promesses et que peu à peu, de plus en plus de produits américains se retrouveraient sur les tablettes des anciens magasins RONA.

Depuis, le siège social canadien est demeuré à Boucherville. Mais les véritables décisions se prennent maintenant en Caroline du Nord. D’où l’annonce récente de la suppression d’une soixantaine d’emplois à Boucherville.

Invité à réagir à ces mises à pied, le premier ministre François Legault a déclaré 

« Je ne veux pas commencer à lancer des séries de boycottages, […] mais moi j’essaie d’acheter québécois, dans des magasins québécois.»

En somme, plutôt que de dire que ces licenciements découlent de l’absence de stratégie industrielle des gouvernements Charest et Couillard, le premier ministre souligne qu’il préfère favoriser l’émergence de nouveaux géants de la distribution de matériaux de construction qui soient strictement québécois.

Voilà ce qui est une politique intelligente.

Mais l’opposition libérale ne l’entend pas ainsi. Elle accuse le premier ministre de nuire à l’économie du Québec en soulignant que les marchands affiliés à Lowe’s sont des Québécois et que de nombreux produits offerts dans leurs magasins sont produits au Québec.

Depuis Donald Trump, il est évident que même les alliés militaires des États-Unis sont considérés comme des ennemis dont il faut saper l’économie.

Or dans toute guerre commerciale, il y a des victimes collatérales. Les marchands Lowe’s et Home Depot situés au Québec sont du nombre.

Les réseaux de distribution des matériaux de construction sont des vases communicants. Quand les consommateurs délaissent une chaine au profit d’une autre, la première doit licencier du personnel parce que ses ventes baissent alors que la seconde fait le contraire parce que ses ventes augmentent.

En invitant les Québécois à délaisser les chaines américaines au profit des réseaux québécois de distribution — Canac ou Patrick Morin, par exemple — François Legault défend les intérêts québécois, trahis par ses prédécesseurs libéraux.

Les vertus du nationalisme économique dans ce cas-ci

Lowe’s et Home Depot sont deux grandes multinationales qui délocalisent leurs profits dans des paradis fiscaux.

Leurs centres de décision sont situés à l’étranger : cette distance représente un handicap pour des producteurs québécois qui veulent leur offrir leurs produits et qui, en plus, doivent le faire en anglais.

Ce n’est pas le cas des chaines vraiment québécoises.

Les sites web de ces dernières ont été conçus au Québec, ce qui favorise l’expertise d’ici dans ce domaine.

Et lorsque ces distributeurs québécois ont du succès, leurs patrons, devenus immensément riches, exercent leur mécénat au Québec.

Voilà pourquoi le nationalisme économique est sain; ne dit-on pas que charité bien ordonnée commence par soi-même…

Conclusion

Depuis plus d’une semaine, il ne se passe pas une période de questions à l’Assemblée nationale sans que l’opposition libérale tente de placer le premier ministre dans l’embarras pour avoir exprimé son nationalisme économique.

Dans leur lutte aveugle contre le nationalisme québécois sous toutes ses formes, le Parti libéral du Québec n’a de cesse que de trahir les intérêts du Québec.

Au contraire, c’est par le nationalisme économique et par la bienveillance des politiques préférentielles de l’État que nous reconstruirons, au fil des décennies, ce qu’a détruit ce parti hypocrite.

Dans ce processus de reconquête économique, il sera donc normal que les franchisés québécois de chaines américaines périclitent au profit de franchisés québécois de chaines québécoises.

Références :
Des fournisseurs québécois touchés par la vente à Lowe’s
Jacques Daoust contre la vente de RONA: Couillard dit ne pas avoir été impliqué
La vente de Rona : une bonne affaire pour le Québec?
Le derrière miraculeux de la ministre
Legault et Fitzgibbon veulent encourager les quincailleries d’ici
Les dessous de la vente de RONA: l’ex-PDG ne voulait rien savoir des offres de Lowe’s
Pourquoi Lowe’s ferme-t-il des magasins Rona?
Québec n’empêchera pas l’achat de Rona
Vente de Rona: plus de 40 millions pour les patrons

Paru depuis :
Les grands défis de la quincaillerie (2019-11-23)

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Écrit par Jean-Pierre Martel