Il existe de nombreuses raisons de faire l’indépendance du Québec. Parmi celles-ci, certaines sont des arguments en or, c’est-à-dire des arguments incontestables qu’aucun Fédéraliste ne peut réfuter.
Parmi ceux-ci, il y a l’argument selon lequel l’indépendance est le seul moyen d’éviter le passage d’un pipeline canadien au travers du territoire québécois.
En effet, le transport interprovincial de marchandises est de compétence constitutionnelle exclusive du fédéral. Les provinces n’ont aucun pouvoir à ce sujet.
Pour l’agriculteur québécois, perdre une certification bio durement acquise si jamais un pipeline traverse ses champs, voilà un argument solide. Mais au contraire, lui dire que grâce à l’indépendance, le Québec pourra s’assoir à la table des Nations, c’est une chose dont il peut se passer.
Donc dans l’idéologie péquiste, il y a du mou et du dur.
Le recours à l’argument solide du pipeline (ou le refus de l’utiliser) est un des moyens faciles de vérifier la sincérité du ‘virage’ indépendantiste du PQ.
Depuis des années, le PQ nie l’impuissance du Québec face à l’ordre pétrolier canadien.
Le PQ soutient que s’il était au pouvoir, il réussirait — grâce aux pouvoirs normatifs d’un gouvernement provincial — à faire indirectement ce qu’il ne peut pas faire directement; bloquer le passage d’un pipeline transcanadien au Québec.
En plein congrès du PQ, j’ai fait scandale en déclarant que le PQ se tire dans le pied en faisant croire aux Québécois qu’ils peuvent avoir tous les avantages de l’indépendance sans avoir besoin de la faire.
Or justement, un pipeline canadien doit traverser le Québec d’ici 2030, alors que les capacités combinées des pipelines Keystone (vers les États-Unis) et Trans-Mountain (vers l’océan Pacifique) seront devenues insuffisantes à exporter tout le pétrole canadien, dont les capacités d’extraction sont constamment en croissance.
À cette fin, le Parti conservateur promet la création d’un ‘couloir énergétique’ traversant le Québec. Le Parti libéral fédéral évite le sujet, mais fera pareil parce que les investisseurs de Bay Street l’exigent. Tout simplement.
Si le PQ continue d’éviter d’utiliser cet argument en or, c’est que le nouveau PQ est exactement comme l’ancien; un parti qui parle d’indépendance parce que c’est bon pour la collecte de fonds, mais un parti qui, de nos jours, est devenu peureux à l’idée même de la faire.
Références :
Le PQ et Énergie-Est
Le texte de ‘refondation’ du PQ : le paroxysme de l’insignifiance
Pétrole et élections : un rendez-vous manqué avec le destin
Pétrole traversant le Québec : l’anesthésie péquiste
Juste un mot pour vous dire que j’apprécie vos idées, notamment celles que vous publiez dans vos commentaires du Devoir.
Très heureux d’avoir découvert votre blogue.
Au plaisir de vous lire.
Christian Montmarquette
Il existe une symbiose évidente entre le blogue et les commentaires soumis au Devoir.
Le Devoir me permet de tester mon argumentaire et de tenir compte des points de vue opposés avant de publier sur le blogue un article généralement beaucoup plus étoffé.
D’autres fois, un texte paru depuis longtemps sur le blogue sert à approvisionner (par couper-coller) mon commentaire sur le site du Devoir lorsqu’un sujet est soudainement devenu brulant d’actualité.
Connaissant le sérieux de vos interventions au Devoir, je salue votre inscription ici et souhaite que parmi les sujets hétéroclites qu’on trouve sur ce blogue, il y ait suffisamment de textes pour maintenir votre intérêt.