La Chine, bientôt première puissance mondiale
Pendant plus de mille ans, la première puissance mondiale fut la Chine. À cette époque, les caravaniers et les marins transportaient les épices, la soie et la porcelaine chinoises aux quatre coins du monde.
En 1820, au sommet de sa puissance, le produit intérieur brut de la Chine représentait 32,9 % de l’économie mondiale. Comparativement, les États-Unis représentent de nos jours un peu moins de 20 % de l’économie mondiale.
En 1870, grâce à l’invention de la machine à vapeur et au pillage des richesses de leurs colonies, les pays européens étaient devenus les plus riches du monde.
L’hégémonie de la Chine
À l’époque où la Chine dominait le monde, celle-ci n’a jamais cherché à exporter son modèle hiérarchisé d’organisation sociale — Empereur, mandarins, fonctionnaires choisis par examens parmi les lettrés — mais s’est plutôt contentée de s’enrichir aux dépens de ses clients.
La Chine n’a cherché à exporter son mode de gouvernement que sous Mao Zedong. C’est sous son règne que la Chine s’est emparée du Tibet.
Aux autres époques, lorsque le territoire chinois s’est agrandi, c’était toujours lorsque des peuples voisins ont fait la conquête de la Chine et non l’inverse puisque la Chine n’a jamais gagné une seule guerre de son histoire.
Jusqu’aux guerres de l’opium (au XIXe siècle), les envahisseurs de la Chine étaient toujours assimilés par ce pays, émerveillés par sa civilisation au point de devenir plus chinois que les Chinois eux-mêmes.
C’est ainsi que la dernière dynastie chinoise est celle des Qing (1644-1911), d’origine mandchoue et non chinoise.
La revanche chinoise
Deuxième puissance mondiale, la Chine deviendra la première dans quelques années. Doit-on s’en inquiéter ?
Les États-Unis soutiennent que l’émergence de la Chine est basée sur la tromperie et le vol de la propriété intellectuelle détenue par des entreprises occidentales.
Cela a déjà été vrai. Effectivement, pendant des années, les dirigeants occidentaux ont toléré la piraterie chinoise en contrepartie de l’accès au marché de ce pays.
De nos jours, les choses sont plus complexes.
• Recherche et développement
Selon le World Intellectual Property Indicators 2012, sur les 2 140 000 millions d’inventions dans le monde en 2011, 526 412 venaient de Chine, soit 24,6 % (en comparaison avec 23,5 % de provenance américaine).
Cette première place, la Chine l’a perdue puis regagnée depuis.
En 2015, le nombre de brevets chinois était supérieur au total des brevets américains, japonais, coréens et européens.
• Les études supérieures
Aux États-Unis, il existe un grave problème d’accessibilité économique aux études supérieures. En 2017, les établissements américains d’enseignement supérieur (lycées, universités, écoles spécialisées) ont décerné 3,9 millions de diplômes (dont plus d’un demi-million à des étudiants étrangers).
En 2012, les universités chinoises décernaient 6,2 millions de diplômes, sans compter les 800 000 étudiants chinois diplômés à l’Étranger.
• Gaspillage militaire vs investissements structuraux
Les États-Unis ont fait la guerre en Corée de 1950 à 1953.
Ils ont fait la guerre au Vietnam de 1955 à 1975.
Ils ont fait la guerre du Golfe en 1990 et 1991.
Ils ont participé à la guerre au Kosovo en 1998 et 1999.
Ils ont fait la guerre en Afghanistan de 2001 à 2014.
Ils ont fait la guerre en Irak une seconde fois de 2003 à 2011.
Ils ont abattu le régime de Kadhafi en 2011, livrant la Libye au chaos et à l’anarchie depuis.
Ils ont fait la guerre en Syrie depuis 2011.
Et maintenant, ils provoquent l’Iran.
Sans y prendre part directement, ils ont soutenu la guerre Iran-Irak (de 1980 à 1988), les guerres en Yougoslavie (de 1991 à 2001), la guerre en Tchétchénie (de 1994 à 2000), la guerre du Donbass (en Ukraine, depuis 2014).
Bref, selon l’avis de l’ex-président Jimmy Carter, les États-Unis ne sont rien de moins que la nation la plus belliqueuse de l’histoire de l’humanité.
Pendant ce temps, la Chine n’a joué un rôle important que durant la guerre en Corée. Son rôle fut très secondaire ou insignifiant dans les autres conflits.
Conséquemment, depuis 1979, les États-Unis ont dépensé 3 000 milliards de dollars en dépenses militaires.
De son côté, la Chine a construit près de 30 000 km de chemins de fer à grande vitesse, mis sur pied le plus vaste réseau de tours de transmission de téléphonie 5G, construit des ponts, des routes, modernisé ses infrastructures et construit des millions de tours résidentielles (dont beaucoup sont encore inoccupées).
Bref, la Chine a préparé l’avenir.
• La guerre économique
Par le biais de décrets présidentiels et le réseau d’espionnage révélé par Edward Snowden, les États-Unis livrent une guerre économique à tous les pays avec lesquels ils font affaire et n’hésitent pas à saboter l’économie de leurs alliés, dont la France.
Pendant ce temps, la Chine utilise la diplomatie et son pouvoir de dépenser pour établir des partenariats économiques en vue de créer une nouvelle route de la soie et déployer sa stratégie dite du ‘Collier de perles’.
Il s’agit de deux aspects d’une même volonté de domination hégémonique par la douceur.
Parallèlement, la Chine est devenue le principal créancier du gouvernement américain, étant détentrice de la majorité des bons du Trésor américain. Or jamais la Chine n’a exigé que les États-Unis deviennent communistes ni exigé qu’ils modifient leur politique étrangère.
Il est douteux que les États-Unis auraient laissé le choix à la Chine si c’était l’inverse.
Un pouvoir autoritaire
Le taux d’incarcération est moindre en Chine qu’aux États-Unis puisque ces derniers ont le taux le plus élevé au monde.
Les États-Unis représentent 5 % de la population mondiale mais abritent 25 % des prisonniers de la planète, soit deux-millions de personnes.
Depuis quelques temps, le États-Unis et les organismes non-gouvernementaux qu’ils financent accusent la Chine d’emprisonner un million d’Ouïghours (musulmans) dans des ‘camps de rééducation’
qui seraient, en réalité, des camps de concentration.
Pour simplifier la discussion, supposons que cela soit vrai. Le nombre de Chinois incarcérés demeure alors inférieur au nombre d’Américains en prison. Quand à la proportion des prisonniers, on doit garder à l’esprit que la Chine est quatre fois plus populeuse que les États-Unis.
D’autre part, lorsque de jeunes enfants sont séparés de leurs mères et meurent en captivité par manque de soin, tout gouvernement qui utilise officieusement ce moyen pour décourager l’immigration clandestine ne peut pas se prétendre champion des droits de la personne.
En somme, il serait temps qu’on réalise que depuis l’élection de Donald Trump, les États-Unis ont emprunté la même pente dangereuse que celle empruntée par l’Allemagne dans les années 1930.
Communiste ou impériale, la Chine a traversé trop de guerres civiles au cours de son histoire pour accepter d’exercer autre chose qu’un pouvoir autoritaire sur son propre peuple.
Si on devait nous dire qu’il existe un gouvernement qui n’hésite pas à crever des yeux, casser des dents, briser des mâchoires et provoquer des commotions cérébrales pour rétablir l’ordre, personne ne serait surpris d’apprendre qu’il s’agisse du gouvernement chinois.
Pourtant c’est précisément ce qu’a fait le gouvernement libéral pour réprimer le Printemps érable au Québec.
Et sans avoir suivi le cas des Gilets jaunes, j’ai cru comprendre que l’État français avait également utilisé des armes à mortalité réduite contre certains de ses citoyens.
En Israël, les soldats tirent sur les manifestants palestiniens avec des balles réelles. L’Espagne n’y va pas de main morte contre l’expression de la démocratie catalane.
Bref, quand il s’agit de rétablir l’ordre, plus un État se sent menacé, plus il réagit de manière autoritaire.
La Chine n’est pas différente.
Conclusion
De toute évidence, la Chine profite de l’attitude belliqueuse et ruineuse des États-Unis pour établir tranquillement les bases de sa puissance industrielle et commerciale.
Que sera son attitude une fois devenue No 1 mondial ? Personne ne le sait.
Tout ce qu’on sait c’est que la Chine sera alors la première puissance économique sans être la première puissance militaire.
Or le pays le plus puissant pourrait être dirigé par quelqu’un psychologiquement instable, atteint de graves problèmes de la personnalité, et dépourvu de scrupule à recourir au mensonge et à la haine afin de parvenir à ses fins.
Bref, si un pays devait déclencher une guerre mondiale d’ici quelques années, ce ne sera pas la Chine.
Références :
Détention d’enfants migrants : une tête tombe en plein scandale aux États-Unis
Carter, Trump, Trudeau et les armes
La Chine championne du monde des dépôts de brevet
La Chine, dragon de l’innovation
Les guerres de l’opium du 19e siècle en Chine
Liste historique des régions et pays par PIB
Nombre de diplômes de l’enseignement supérieur obtenus aux États-Unis entre 1950 et 2029 (en milliers)
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